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 Tout en cadence... et en décadence ♔ Thalia

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Elikia Lutyens
Prince Compositeur

Elikia Lutyens

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MessageSujet: Tout en cadence... et en décadence ♔ Thalia   Tout en cadence... et en décadence ♔ Thalia EmptyMer 24 Oct - 19:07

Il y a quelques temps, un rapport de ses espions avait fait venir à la connaissance d'Elikia l'identité de la Princesse qui ne lui avait pas donné son vote à l'occasion de son élection. Une femme de chambre avait surpris une conversation houleuse entre deux portes chez Thalia Morlone pour qui le jeune Directeur du Conservatoire semblait être devenu un terrible motif d'aversion. De fil en aiguille, en faisant cheminer un ou deux ducats d'une poche à l'autre, les petites souris qui tendaient l'oreille pour le compte du socialisme avaient obtenu l'intéressant renseignement. Au fond, cela n'avait pas été une surprise pour le compositeur, il s'en doutait depuis sa rencontre avec Otton Egidio. Ce jour-là, il avait compris que la politique des Princes n'était guère unifiée, qu'ils formaient rarement de projet commun, qu'enfin ils avaient plus à cœur de défendre les intérêts de leur propre faction que ceux de la Ville (quand ce ne sont pas simplement leurs intérêts personnels). Cela lui avait brisé quelques illusions, mais il avait retenu la leçon.
Le bon Otton lui avait offert sa voix, il avait été assez transparent sur le sujet. Hanae Ibihn, elle, avait tiré parti de l'éviction des Industriels pour reprendre leur portefeuille. Restait Thalia Morlone, riche marchande de son état, qui avait la charge des finances publiques. Il était à parier qu'elle ne prévoyait pas de desserrer les cordons de la bourse pour des investissements sociaux qui, nécessairement, sont très peu lucratifs à court terme. Alors, oui, il avait gagé sur elle.
Bonne pioche.

Malgré tout, comme il n'était pas assez naïf pour croire que la cynique Rectrice soutiendrait la moindre de ses propositions au Conseil, le garçon prenait en compte dans ses calculs qu'il devrait accompagner ses diverses initiatives d'un argument économique qui rassurerait peut-être Morlone et la rendrait plus favorable aux mesures qu'il espérait mettre en application. Il a d'abord contacté son banquier et ami, Neil Voben, qui l'avait pris en affection malgré l'inconstance notoire de ses comptes. Un banquier de mèche avec un socialiste, c'est une combinaison peu banale, mais le jeune homme est aussi mécène. Au-delà de leurs points de vue politique, qui même à l'occasion se rejoignent, ces deux-là avaient appris à se connaître et à s'apprécier lors de rencontres dans les salons, galeries et musées, à l'Opéra et à de nombreux concerts.
Aussi, quand une idée a germé dans l'esprit d'Eli à force de recherches et de nuits d'insomnie à la bibliothèque, il a couru à la banque pour consulter son aimable dirigeant. Le concept né de la cervelle enflammée de son camarade a rapidement plu à Neil, car à un bon entendeur un mot suffit. Le Prince s'était bien aperçu que le départ des Industriels coûtait au sens propre à la trésorière du Conseil, car ils s'en allaient avec leurs subventions que le Conservatoire malgré son succès, ne pourrait certes pas égaler. Mais que diable ! Une chose au moins ne souffre pas de doute dans la vie d'Elikia : l'argent, quand on sait en chercher, on en trouve. Il doute évidemment que sa collègue soit intéressée par des taxations sur les revenus ou le patrimoine (ce qu'il lui demandera tout de même, car qui ne tente rien...), mais la Ville peut compter sur d'autres types de ressources que les recettes fiscales. Et elle n'a pas inévitablement besoin des Industriels pour en profiter ! Il est donc temps de cesser de pleurer leur évincement, et de regarder l'avenir d'un œil neuf et audacieux. La Banque Voben, qui a également à y gagner, se rangerait à leurs côtés si Thalia Morlone y consentait. Neil a d'ailleurs rédigé un courrier fort précis et financièrement argumenté pour soutenir le plan de son ami et le présenter d'un ton très professionnel à la Princesse Navigatrice. Ensuite, Elikia, à son tour, a pris sa plus belle plume pour ouvrir le dialogue avec sa principale opposante politique.

Après avoir longuement hésité, il s'est décidé pour une invitation cordiale dans un lieu où la conversation pourrait se faire plus légère, éventuellement, et ne pas se concentrer sur des points de désaccord (ce qui aurait l'inconvénient de le rendre plus détestable encore aux yeux de cette grande dame). Quoi de mieux à ces fins qu'un musée ? Ou même, une séduisante maison de curiosités ? Il serait dans son élément et lui ferait goûter d'autant plus facilement sa bonne volonté qu'il honorerait le sens de l'hospitalité.
Il lui a proposé un rendez-vous pour la fin de la saison de la Forge, dans la soirée, avant le dîner, une fois qu'ils auraient réglé chacun leurs impératifs de la journée, et spécifié qu'il fermerait l'accès de la maison aux visiteurs. Elle avait accepté. La proposition était polie, très civile, et avançait avec tact le bénéfice de se rencontrer entre quatre yeux pour la première fois, de prendre contact, tout d'abord, puis de discuter de communs intérêts.
La maison-musée où il souhaitait voir la Princesse avait été cédée au Conservatoire par testament, après la mort de sa propriétaire quelques décennies plus tôt. Paloma Ravel, belle et riche marchande d'art, était aussi mécène de personnes de talent, égérie et maîtresse de la célèbre peintre Judith Lehoia. Elle avait fait construire la demeure pour y mener une vie de frasques, de fêtes et de débauche érotique avec ses nombreuses amantes, mais aussi pour y rassembler ses immenses collections dans un esprit insolite et impressionnant de créativité. Elle l'avait appelée « Maison Titania », sans rougir de son goût de la démesure. Tout est resté ainsi qu'elle l'a laissé à sa mort et il semble que l'extravagante vieille femme soit seulement sortie faire une course aux enchères et puisse revenir d'une heure à l'autre.

Elikia quant à lui, s'est habillé avec son raffinement et sa inventivité ordinaires, afin de faire honneur à l'histoire de la maison et à sa renommée sulfureuse, où le scandale et la sensualité se mêlent aux mystères ésotériques, jusqu'aux soupçons de quelque sombre sorcellerie. Sa parure est faite d'une longue veste en soie inspirée du kimono, légère et d'une teinte pâle d'azur qui tire vers la lavande ou le lilas. Elle dévale jusqu'à ses pieds comme une eau fluide et son dos flotte paisiblement derrière lui. Ce voile marin qui recouvre sa silhouette vive, aux lignes souples et aux courbes délicates est un hybride satisfaisant entre le manteau élégant et le déshabillé, à la fois confortable et charnel. Outre la coupe de l'habit, très adaptée aux chaleurs de la Forge, ce sont les motifs baroques brodés sur l'étoffe qui signent son style fantasque et flamboyant. Il s'agit d'assemblages de fleurs, narcisses, glycines et pivoines, et de ramages foisonnants cousus de fils dorés, bleu intense et corail, parfaitement accordés cependant avec le reste de la tenue, en voile de coton doublé, blanc cassé, simple et aérienne. Les pans de la veste découvrent en effet un haut audacieusement court, coupé au-dessus de son nombril et laissant deviner les ombres de son ventre nu, ainsi qu'un pantalon haut qui souligne la minceur de sa taille. Ces vêtements épanchent un parfum aux accords végétaux et marins, un souffle frais où on décèle la présence du lotus, enrobée de freesia, de pivoine et de lys blanc, et relevée d'un œillet plus épicé.

Ses manches sont longues et amples, elles dissimulent les affreuses cicatrices qu'il doit à son passé d'ouvrier, tout comme ses gants en dentelle blanche où transparaît le vernis doré de ses ongles. Du reste, un trait de crayon noir au bord des cils allié à un fard safran sur les paupières, s'occupent d'accentuer son regard derrière le cerclage rond de ses lunettes. Il a aussi parfaitement apprivoisé sa chevelure à l'huile de coco et sculpté ses petites boucles serrées avec art, en les emmêlant de quelques brins de gypsophile, petites étoiles blanches fleurissant dans une charmille noire. Des pendants d'oreilles y entrelacent également leurs chaînes subtiles en or blanc, qui soutiennent de fines perles rondes. Ses chaussures à talonnettes enfin, ainsi qu'une broche ouvragée en forme d'abeille, qui boutonne son petit haut, rappellent les tons corail de sa veste dans un souci d'équilibre et d'harmonie.
Il ignore si de telles dispositions seront au goût de la Princesse Navigatrice – même s'il ne peut pas nier qu'il a songé à se servir de ces attraits pour adoucir l'humeur de sa sévère homologue.

Mais s'il veille si soigneusement sur son apparence, c'est par-dessus tout au nom de sa satisfaction personnelle. Il est bon de se sentir fringant, cela lui inspire de la confiance et de la hardiesse. Les séances de maquillage, au théâtre, lui avait toujours permis de surmonter son trac. Il entrait dans la peau d'un brillant personnage – énergique, passionné, chaleureux et plaisant, mais aussi ingénieux et visionnaire. Les doutes, les inquiétudes, la nervosité maladive du petit jeune homme obnubilé de responsabilités et hanté par la volonté de porter le monde entier sur son dos devront rester à la porte de la Maison Titania.

Lieu de rencontre entre curieux ou de confrontation entre caractères forts, la demeure après tout, exige de ses visiteurs de la saveur, une piquante expressivité ou un brin de folie peut-être, et surtout de la grandeur, cette fierté d'âme qui tient envers et contre tout le menton levé et le front haut. Car c'est la folie des grandeurs qu'elle affiche sans détour et en premier lieu sur son immense façade au relief rocheux, irrégulier et sinueux, et aux allures troglodytes. Elle présente de légères ondulations, étrangetés architecturales qui évoquent le ressac de la mer, et des reflets aquatiques produits par le jeu des rayons du soleil sur des fragments de verre colorés et des mosaïques en céramique bleue, ocre ou verte. On croirait l'entrée somptueuse d'une excavation naturelle et sous-marine abritant des mystères venus du fond des âges.
Une créature préhistorique semble s'être perchée et assoupie sur la villa au lieu du toit, c'est comme un dragon au corps arqué et asymétrique qui se prélasse en faisant scintiller ses écailles sous les lumières cuisantes du ciel. Les tuiles en céramique, incrustées d'éléments métalliques, présentent un curieux dégradé de vert, à droite, sur la tête de la bête, à qui une lucarne sert d’œil unique. Le vert passe au bleu intense, puis au violet sur son corps massif au centre, et celui-ci vire au vermillon et aux roses intenses pour la queue qui s'enroule sur le côté gauche. Des tuiles à la disposition sinusoïdale, façonnées comme des armures ou des carapaces de tortues, hérissent l'échine de l'énorme serpent de mer, tout en haut de l'édifice. Mais surtout, une tour en pierre pointue s'enchâsse au-dessus du toit et on dirait avec surprise, quand on y dirige son attention, que le dragon est transpercé d'une lance alors que ses victimes gisent encore sous sa carcasse.

Depuis le perron de la maison, c'est elles qu'Elikia observe, les yeux luisants de curiosité, en attendant son invitée. Selon les interprétations de certains spécialistes, ces balcons aux formes courbes doivent représenter les crânes décharnés d'animaux mythiques dévorés par la puissante créature. D'autres y voient des masques de carnaval, mais s'il faut trouver un sens à l'ensemble de la construction, le jeune compositeur juge l'idée inepte. De surcroît, la façade en grès du premier étage est pourvue de grands vitraux en plomb multicolore, parés de menuiseries élégantes. Devant ces fenêtres, de fines colonnes sculptées à la manière d'un fémur ou d'un humérus – d'os, sans le moindre doute, enchevêtrés dans une décoration florale – paraissent soutenir l'édifice et confirment bien pour lui la macabre hypothèses.

Ces cadavres des profondeurs, noyés dans une flore marine qui reprend ses droits, sont les gardiens d'un secret cabalistique dont seuls les initiés ont reçu les clés. Ceux-là entrent également dans la maison en quête de sublime, de beauté et d'absolu, mais ils savent, comme l'extravagante propriétaire des lieux en son temps, que ces démonstrations de force – artistiques ou d'une autre espèce – ne sont que des jeux voués un jour ou l'autre à la poussière. Cet appel à l'humilité, Elikia l'a reçu depuis bien longtemps en tant que grand maître d'un art de l'éphémère et si sa rencontre avec Thalia Morlone se plaçait sous le signe d'un grandiose antagonisme entre deux Princes, il voulait en vérité lui tendre courtoisement la main et solliciter son assentiment avec respect.

La déclaration écrite du fils Voben, ornée du cachet de la banque, est toujours nichée précieusement dans la discrète poche intérieure d'Elikia et il a la conscience très aiguë que cette amitié qu'il avait nouée depuis quelques années avec Neil pourrait lui ouvrir aujourd'hui quelques portes – à la condition qu'il mène judicieusement sa barque. Il ne doit pas se laisser gagner par la solennité de ce moment, cependant. Il sera impératif de faire bonne figure et pour cela, de ne pas paraître fébrile.

Aussi il patiente en redécouvrant les lieux, les cils plissés et une main en visière pour protéger ses yeux du soleil. Les portes en fer forgé de la maison, peintes en ivoire, sont d'ors et déjà ouvertes et dévoilent un intérieur paisible, comme en effet une sorte de grotte sous marine où venir se recueillir après avoir affronté les turbulences de la ville.
Cette atmosphère contrastée lui rappelle la tempête qu'il avait observée au large, la saison dernière, et le laisse doucement songeur. Il avait commencé à composer des esquisses symphoniques, à ce sujet – qui n'avaient de symphonie que le nom, en fait, car il s'attachait toujours à décloisonner la musique de ses structures traditionnelles. Celles-ci embaumaient beaucoup trop le papier et la poussière à son goût, et il avait quant à lui besoin d'air frais, de lumières, de couleurs, de temps cadencés et surtout de nouveauté. En tout cas, l'attente et la réflexion font tournoyer l'immense palpitation de la Mer qu'il tentait de rythmer quelques semaines plus tôt, avant d'être pris à nouveau dans le tumulte des affaires politiques. Le rythme. Le rythme innombrable de la mer. C'est essentiel. Il en superposerait sept, peut-être, au moment le plus vif, dans un thème pour évoquer l'agitation multiple des flots : de gigantesques murs d'eau qui s'élèvent, se gonflent, se creusent puis s'effondrent. Et dans l’œil du cyclone, le chant des bassons et des cors pour célébrer sa majesté et des cordes en sourdine pour sa calme beauté. On pourrait obtenir un effet de lumière irisée sur l'eau grâce aux harmoniques des violons, aux bruissements des harpes et à une longue tenue de quelques contrebasses, puis à l'adjonction d'un jeu de timbres cristallin.

L'esprit fourmillant de réjouissantes idées sonores, il soupire avec bien-être finalement, et sans y penser, remue des doigts dans le vide comme pour cueillir un accord au piano, quand il ne fredonne pas simplement à mi-voix. Parfois, revenant de ses méditations, il jette un regard inquiet à travers la rue peu fréquentée, à cette heure, dans l'espoir (ou la crainte ?) d'y reconnaître l'imposante silhouette de Thalia Morlone. Bientôt, il aurait en tête des calculs plus graves et plus âpres qu'un Dialogue du Vent et de la Mer...
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Thalia Morlone
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MessageSujet: Re: Tout en cadence... et en décadence ♔ Thalia   Tout en cadence... et en décadence ♔ Thalia EmptyMer 31 Oct - 13:10

Un problème après l'autre.

En ce moment, il y en avait beaucoup.

Thalia Morlone était assise devant sa coiffeuse, son reflet pâle et indécis témoignait de ses soucis. Un observateur extérieur aurait dit que la Princesse Navigatrice prenait les choses vraiment trop à cœur, il n'y avait pas de quoi s'en faire.

Et pourtant.

Depuis l'arrivée du nouveau Prince à la table des quatre, Thalia Morlone était celle qui se sentait le moins tranquille. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Les deux autres semblaient ravis ; après tout ils avaient eu le Prince qu'ils voulaient.

Avaient-ils au moins réfléchi à la situation ? Thalia comprenait bien les défauts des Industriels aux yeux de ses collègues, mais voyons... Le Conservatoire ? Ces saltimbanques rois du divertissement avec peu de moyens en liquide ? Bien sûr, l'art et l'influence n'avaient pas de prix... Mais ce n'était pas ce qui remplissait concrètement les caisses de la Ville.

Thalia Morlone songeait à se retirer de la partie. Le nouvel équilibre du Conseil ne lui correspondait pas vraiment. Mais la place était trop belle. Les avantages trop juteux. Et si elle partait, que faire du temps qui se libérerait ?

La Princesse Navigatrice relut les mots d'Elikia Lutyens pour la troisième fois. Elle cherchait un sous-entendu entre les lignes, une intention cachée, un traquenard, un miel vinaigré. Elle n'en voyait pas. Il n'y avait aucune raison de se dérober de ce rendez-vous. Cela n'aurait fait que repousser l'échéance, en tant que membre des Quatre ils allaient se côtoyer un jour ou l'autre. Pendant combien d'années ?

Thalia Morlone soupira et termina de se préparer. C'était le jour J. Elle avait répondu au Prince Compositeur dans un délai raisonnable, le rendez-vous était fixé à la Maison Titania. Un ancien bouge rempli de curiosités que l'on pouvait revendre à des prix intéressants.

Quelle tenue porterait-il ce soir ? Thalia avait remarqué l'originalité du jeune Prince, chacune de ses apparitions s'apparentait à l'ouverture d'une pochette surprise: on ne savait pas quelles couleurs et textures l'extravagant artiste allait marier. Heureusement pour lui, Lutyens avait un goût certain et ne se ridiculisait jamais dans ses accoutrements. Aux yeux de Thalia en tout cas, elle lui reconnaissait cette qualité. Mais il fallait en avoir du temps à perdre pour faire tant de chichis...

Pour Thalia Morlone, le temps c'était de l'argent. Elle enfila une robe de velours carmin et se fit aider par sa domestique pour l'ajuster sur ses épaules. L'étoffe descendait jusqu'à ses chevilles, frôlant une paire de bottines pointues en cuir noir.

Simplicité ou séduction ? La Princesse hésita sur le maquillage à adopter. Elle passa de lourds bracelets d'argent à ses poignets que ses manches légèrement évasées recouvraient. La coupe de la robe était modeste, sauf à la hauteur des épaulettes. L'esthétique de la partie du buste et des épaules avait été travaillée de sorte à donner une impression d'importance et de sévérité. Les cheveux détachés de la dame d'ébène contrastaient avec cette esthétique altière: Thalia Morlone était toujours tirée à quatre épingles mais sa chevelure divisée en petites nattes enroulés sur elles-mêmes avait plus un goût d'aventure que les salons calmes et élégants de la Ville. Lorsqu'elle cherchait à augmenter son aura d'autorité, Thalia rassemblait ses locks en un gros chignon parfaitement symétrique accompagné d'un foulard somptueux qui rassemblait le tout. Aujourd'hui elle ne voulait pas trop écraser son interlocuteur, du moins pas dans un rendez-vous officiel... Alors elle laissa ses cheveux lâchés. Un trait fin de noir pour accentuer l'amande de ses yeux et c'était fini.

Elle ne s'encombra d'aucun autre accessoire. Dans la rue nimbée de soleil déclinant, son escorte marchait à dix pas derrière elle. Thalia Morlone se serait bien passée de la présence des prieurs dans son quotidien. Elle aimait évoluer seule, une escorte qui la suivait était comme un boulet à traîner.

Elle aperçut la silhouette d'Elikia au loin, au pied de l'imposant bâtiment.

Généralement elle se gardait bien d'être médisante sur qui que ce soit. Thalia Morlone était connue pour sa politesse égale en toutes circonstances. On se demandait même parfois si elle était capable de ressentir autre chose que de l'intérêt pour les finances. Elle avait pris les choses en main plus récemment, se montrant beaucoup plus aux festivités et autres rassemblements dont les gens sociables raffolaient. C'était la plaie, mais toujours fructueux et instructif. Peut-être que l'image de la dame d'ébène changerait grâce à ses actions...

Thalia n'appréciait aucunement ce que représentait Elikia Lutyens. L'homme derrière les idées était peut-être agréable, qui sait ? La Princesse Navigatrice n'était pas avide de le savoir: pour elle, il y avait un intérêt uniquement dans le cas du commerce et des finances. Elle espérait tirer profit de cette rencontre, évidement... D'une manière ou d'une autre. Elle avait déjà une idée, une pensée qui germait depuis quelques semaines... Et celui-là même qui l'attendait sur le perron de la Maison Titania pourrait l'aider à atteindre son objectif.

Parfait.

« Bonjour Altesse. » Ça lui écorchait la bouche de d'admettre que cet homme siégeait à la même table qu'elle au conseil mais les règles de politesse étaient les règles... Thalia avait adopté un masque affable, la mine intéressée. Elle avait noté son petit manège avec ses doigts qui remuaient dans le vide : « quoi que ce vous fassiez en ce moment, s'il s'agit de composition je ne vous serais d'aucun secours. Comment vous portez-vous ? Êtes-vous prêt pour ce que vous m'avez réservé pour ce rendez-vous ?»

Thalia Morlone s'était approchée un peu plus près de la porte, pressée d'entrer mais attentive à son interlocuteur. Elle s'était calmement immobilisée près de l'entrée, l'air avenant quoiqu'un peu amusé sur sa dernière question. Après sa journée de travail, elle était prête pour faire face à cet utopiste chanceux. Chanceux d'avoir acquis une place au conseil, et également pour rencontrer ce soir une Morlone dans d'assez bonnes dispositions.
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Elikia Lutyens
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MessageSujet: Re: Tout en cadence... et en décadence ♔ Thalia   Tout en cadence... et en décadence ♔ Thalia EmptyLun 19 Nov - 16:07

Malgré ses scrupules qui lui font lever la tête et émerger de ses méditations, de temps à autre, l'arrivée de la Princesse Navigatrice le prend par par surprise. Il range aussitôt ses doigts agiles et animés qui n'ont pas manqué d'attirer l'attention de la grande dame et s'efforce de ne pas rougir trop sensiblement. Les Saints soient remerciés, il est né avec une carnation fort sombre et ses élans d'embarras ne s'y lisent que pour un œil exercé, mais ils sont malheureusement encore trop nombreux pour un homme du monde et il faut à tout prix tenter de les maîtriser. Aussi, comme tout acteur qui se respecte, il ignore la chaleur qui lui est montée aux joues, se redresse, lève le menton et se tient bien droit dans ses habits fleuris pour saluer Thalia Morlone d'un sourire aimable.

D'un coup d’œil appréciateur, il remarque la grande élégance de cette femme, dont la haute stature s'allie à une robe d'un rouge profond et aux épaulettes sévères pour ajouter à sa majesté naturelle. Elle est superbe et Elikia n'aurait pas manqué d'être intimidé si elle l'avait voulu. Pour l'instant, il se contente d'être admiratif et de se demander comme toujours... que cherchez-vous à me dire dans de si beaux atours ?
Le message est équivoque. Elle communique beaucoup de sérieux, une prestance olympienne, mais pas non plus de solennité : plutôt la volonté de se faire remarquer par son aplomb et son audace. Et cependant, le velours carmin qui glisse, souple et moelleux, sur ses bras gracieux et qui souligne onctueusement l'ombre de ses jambes fait croire à des intentions plus subtiles, et plus séductrices. Une experte en textile de luxe comme elle n'est certainement pas sans connaître le glamour irrésistible d'une telle étoffe, qu'elle a d'ailleurs complété en libérant sa chevelure sombre sur ses épaules, où elle écume au gré de la brise et des inclinations de sa tête. Quelles sont vos intentions, Thalia Morlone ?
Une quinzaine d'années les sépare, elle et lui, mais il ne peut pas s'empêcher de lui trouver du charme, à sa manière d'arranger ensemble la délicatesse et l'importance, les traits anguleux et volontaires de sa figure et les courbes caressantes de ses cils. Ses facettes conflictuelles qui s'harmonisent mystérieusement piquent la curiosité d'Elikia et font en même temps une mine avenante à la Princesse.

Ses mots, quant à eux, sont d'une parfaite courtoisie mais trahissent aussi une forme de rigidité, de sociabilité apprise et entravée, quand ils s'essaient à la légèreté. Est-ce une taquinerie innocente qu'elle veut lui adresser, lorsqu'elle évoque ses activités de compositeur, ou cherche-t-elle à s'imposer d'entrée de jeu en rappelant son homologue à ses devoirs ? Ce n'est pas impossible qu'elle ait souhaité enrober une manifestation de son autorité dans une plaisanterie – mais il est aussi probable qu'elle ait tenté de se rendre simplement agréable.
C'est pourquoi le jeune homme en appelle à la finesse et à l'habileté pour formuler sa réponse. D'abord, un rire d'oiseau chanteur s'envole paisiblement de sa gorge, puis il joint ses mains gantées avec précaution, les lèvres ornées d'un sourire ciselé.

« Oh, rassurez-vous, la composition n'est pas au programme. Je réserverai encore ces réflexions pour moi-même un moment : vous êtes ponctuelle, elles ont eu le temps de germer, mais guère de mûrir. »

Il plisse des cils un instant, à la façon d'un chat rusé, en laissant à Thalia une à deux secondes pour apprécier la réponse à son (hypothétique) sous-entendu. Car s'il en est venu à penser musique plutôt qu'affaire, c'est qu'il est prêt depuis longtemps à la recevoir et même qu'il l'attendait. Malgré son exactitude, cette chère Princesse est tout de même en retard relativement au petit parvenu qui a su soin d'arriver en avance... Oh, cette réplique n'a rien de bien méchant, il ne la lui a donné que par goût du jeu et du défi. Et s'il n'y avait dans son propos nulle insinuation de gens sérieux et respectables qui n'estiment en rien les professions artistiques, elle ne verrait en sa réponse qu'un simple compliment.
Il y a veillé. Les intentions d'Elikia aujourd'hui sont celles d'un diplomate et d'un négociateur, il ne veut pas la vexer. D'ailleurs et en vérité, il la connaît très peu, Thalia Morlone. Et il n'a pas de pressentiment particulier à son égard. Elle adhère à une idéologie diamétralement opposée à la sienne – mais enfin, comme la plupart des gens, aussi il n'a pas besoin de s'en offusquer.

Non, il ne peut préjuger de quoi que ce soit : pour se faire une opinion, il devra réunir une quantité appréciable d'observations, et comme toutes les opinions, elles seront mises à l'épreuve de l'expérience et du temps. Les artistes aussi ont quelque chose des hommes de science. La rationalité est une qualité particulièrement chère aux yeux du Maître Compositeur, surtout quand il faut l'appliquer à son propre comportement. A moins d'être très émotionnellement engagé ou de se trouver face à un individu en position manifeste de délit moral, Elikia n'est pas prompt à dédaigner ou mépriser son prochain. Quand cela arrive, toutefois, il est extraordinairement difficile de revenir dans ses faveurs, parce qu'il n'a pas de temps à perdre avec les pourris et les nuisibles. Du moins, c'est ce dont il essaie souvent de se convaincre.
Il n'est pas question de cela aujourd'hui, évidemment.

La Princesse est à ses côtés, à présent, et le domine presque de sa haute carrure. Il l'envisage avec tranquillité, refoulant au fond de lui la nervosité que lui inspirait cette rencontre pour faire bonne figure. Souriant chaleureusement et plongeant ses yeux noirs dans les siens, il lui tend une de ses mains couvertes de dentelles pour serrer la sienne.

« Bienvenue à la maison Titania, Altesse, où je pense être prêt, en effet, à faire en sorte que cette soirée vous soit aussi douce que profitable. » Son sourire frémit de malice et d'enthousiasme. Il relâche sa main ainsi que son regard, et lève la tête pour reporter son attention à l'architecture spectaculaire de la maison. « Cet endroit m'a semblé convenir à notre réunion. Il rappelle qu'afin de faire croître le rayonnement excelsien, les marchands et le Conservatoire ont souvent marché de concert. Entre autre. »

Il cille et pince des lèvres avec beaucoup d'amusement en pensant à la nature exacte des liens noués par l'ancienne navigatrice, propriétaire des lieux, et la peintre Judith Lehoia. Cependant, il se garde bien d'en parler (pour le moment) sans quoi Thalia se méprendrait immédiatement sur ses intentions, et même un facétieux comme lui ne le juge pas préférable.
Vif et léger, comme à son habitude, il s'écarte galamment du chemin et d'un geste, invite la grande dame à passer la porte ouverte de la maison-musée.

« Si vous voulez bien entrer, Madame. Nous laisserons nos escortes respectives s'organiser ensemble pour garder les accès à la maison, qu'en pensez-vous ? Quant à nous, une visite nous attend, ainsi qu'une bonne discussion et un apéritif en terrasse. »

Il jette un regard aux Prieurs qui s'attroupent désormais devant les marches de la demeure. Les gardes de la Princesse ont pu rencontrer Sœur Salem, une grande femme qui arbore une épaisse chevelure noire, une allure gaillarde et une physionomie énergique, et Sœur Naia, sa collègue au caractère tempéré, revêtue d'un voile pourpre. Mais, malgré le stoïcisme qui lui est coutumier, cette dernière est encore rougissante de la visite qu'elle a effectuée pour sécuriser les lieux et lance parfois des œillades douloureuses à sa camarade. Elikia soupire très discrètement en remarquant leur manège. Divine Excelsa, qu'il faut de patience, quand on joue les entremetteurs...
Néanmoins, il n'est pas mécontent de laisser toute cette troupe encombrante derrière lui. La nécessité de vivre constamment sous la surveillance des Prieurs avait tendance à lui porter sur les nerfs. Aussi, quand l'affaire est entendue, il emboîte le pas à Thalia et abandonne les militaires à leur devoir. Ce ne serait sans doute pas agréable de faire le pied de grue dans la rue, mais les feux de la Forge s'éteignent doucement à mesure que le soir tombe, l'attente sera donc tolérable. Et puis, il leur apportera à boire et à grignoter le moment venu, et voilà tout.

Comme la façade le laissait imaginer, à peine entrés dans la maison, les visiteurs ont le sentiment d'avoir posé un pied dans l'univers mystérieux d'une grotte sous-marine. Des trouées de lumière creusées dans la roche baignent le vestibule d'une atmosphère bleutée. Les puissants rayons du soleil s'étiolent à travers les bulles de verre soufflé des vitraux, et ainsi métamorphosés, coulent en vapeurs mauves, céruléennes, azurées ou turquoises dans le hall. L'endroit est déjà étonnamment intime, étroit, de petites dimensions et inspire une impression irrésistible de confort et de sécurité. Les murs peints en ocre ondulent dans une danse bizarre et hypnotique, comme si l'architecte avait pris parti d'ignorer la symétrie ou la ligne droite, jusqu'à la conception des poignées de portes ou de la rampe de bois d'un discret petit escalier, à leur droite, qui semblent adaptée exactement à la forme de la main.
L'escalier menait autrefois aux quartiers du personnel de maison, aux réserves et aux cuisines. Désormais, ces pièces servent de remises pour quantité d'objets en restauration, rangés méticuleusement, ou qu'on n'expose qu'à des occasions particulières.
Les formes courbes des portes et des fenêtres évoquent l'intérieur d'un bateau, mais leurs montants en chêne capturent un esprit plus baroque, sculptés de serpents de mer, de fossiles biscornus et d'autres formes saugrenues de la nature. Une ouverture à double battant donne sur un patio qui constitue la principale source de lumière dans la pièce.

Au-dessus de la porte, un portrait de l'ancienne propriétaire peinte dans sa jeunesse, accueille ses invités d'un regard fier et ombrageux, piqué d'une étincelle de malice. Le style de Judith Lehoia, sa maîtresse, et de son époque « dorée » sont immédiatement reconnaissables ainsi que son goût pour l'art des mosaïques et pour les estampes atlasis et prinnoises, dont les motifs apparaissent comme autant de précieux joyaux sur un fond jaune. La dame qui déploie lascivement un éventail coloré est présentée de trois-quart, revêtue d'un kimono qu'elle a laissé glisser de son épaule avec sensualité. Une peau ivoirine émerge des tissus richement ornés dont le modèle est grande partie couvert et caché, tâche à laquelle l'éventail s'emploie aussi, en laissant pourtant deviner aux yeux exercés la forme du sein gauche de Paloma Ravel et l'aréole de son mamelon. Cela n'échappe pas à Elikia, en tout cas, qui connaît la technique du caché dont Lehoia se servait, peignant parfois les corps nus jusque dans les détails anatomiquement précis de leur sexe, avant de les recouvrir de riches parures. L'épaisseur de la couche de peinture sur la toile en témoigne, comme un effet de matière, qui n'est guère perceptible sur les reproductions.
La noirceur impérieuse du regard de la propriétaire et la maintien de sa coiffure, subtilement décoiffée, contraste avec le rosissement de ses joues qu'il n'est pourtant pas malaisé d'interpréter. Cela lui donne un tempérament particulier, fort et séducteur, au milieu de toutes ces couleurs vives et des symboles qui l'entourent comme de bons augures. Parmi eux, un héron, une grue, des fleurs de lotus et un phénix splendide, dont le langage n'est connu qu'au-delà des montagnes de l'ouest et ici seulement dans quelques niches d'adeptes du Conservatoire.

Le jeune maître des arcanes laisse sa belle invitée se livrer aux contemplations qu'elle désire, sans la presser de renseignements invasifs. La découverte artistique prend parfois un aspect religieux qu'il serait grossier de troubler et qu'il ne vaut mieux pas brusquer, aussi il se tait quelques instants, attentif toutefois à un signe ou à un mot de Thalia qui appellerait à un éclaircissement de sa part. Il ignore si elle a besoin d'un guide pour cette visite et préfère l'autoriser à juger elle-même de cette nécessité. Rien ne presse, de toute façon.
Derrière les portes gardées par Paloma Ravel, la cour intérieure jette des scintillements bleutés, comme des charmes aquatiques, conçus par les reflets des céramiques qui font tout le revêtement de cette pièce. Grimpant dans les hauteurs comme une étroite cathédrale et vitrifiée au plafond, elle sert à la fois de cage d'escalier et de puits de lumière. L'escalier lui-même, ouvragé dans un bois précieux, s'accompagne de rampes semblables à la colonne vertébrale d'un animal préhistorique.

Mais cette folle architecture ne s'offrira entièrement aux yeux de la Princesse que plus tard, si elle décide de prendre le chemin de gauche en ouvrant la porte qui mène au salon des invités et au fumoir. Jusqu'ici en retrait derrière elle, souriant énigmatiquement, Elikia referme l'entrée en fer forgé sans un bruit, tout en douceur. Puis d'un pas lent et léger, sur lequel flotte paisiblement sa longue veste en soie, il vient se poster à ses côtés, le regard animé d'un éclat joueur. Sa magie, insidieuse et imperceptible, grignote en même temps chaque parcelle de l'air qu'ils respirent et établit subtilement son empire dans la maison, aux aguets des moindres vibrations qui pourraient traverser sa toile. C'est une de ces soirées où il lui est interdit de laisser quoi que ce soit échapper à sa vigilance.

Il attend de voir où la curiosité entraînera les pas de Thalia, bien qu'il finisse par rompre le silence pour répondre poliment à sa question de tout à l'heure, certes formelle, mais pour laquelle une réplique est tout de même de rigueur :

« Je me porte à merveille, de mon côté. Et vous, comment allez-vous ? » Ses yeux sombres détaillent la coiffure libérée et épanouie de sa compagne, et pétillent de plaisir et d'amusement. « Permettez-moi de vous dire que votre mine est resplendissante. »
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