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 Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]

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Gabriel Gaultier
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MessageSujet: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyMer 29 Mai - 21:45

Il y avait deux types de journées, les normales, et les autres. Ce matin-ci était un matin tout ce qu'il y avait de plus banal. Gaultier-fils s'était levé tôt, il avait pris son petit-déjeuner, puis il avait eu une réunion à propos d'une conférence avec son professeur. Ils avaient parlé de sa thèse, il avait été mis en garde à propos de « la folie de ses idées », et les choses avaient repris. Désormais, il était bientôt midi, et Gabriel donnait cours aux premières années. Il était davantage écouté par les filles que par les garçons, même si dans l'ensemble, sa classe restait silencieuse. Il conservait une voix posée, une pose droite, et un sourire au coin, indéchiffrable. Même lorsqu’une élève lui demanda si ont pouvaient guérir de maladie avec du sucre, et du café. Même là, même s'il n'en pensait pas moins, il conserva son calme. Il lui expliqua dès lors, sans aucun mépris dans la voix - si ce n'était qu'il en avait plein dans le coeur - que c'était peu probable.

Enfin fut venu le temps de la dissection.

Oh... rien de bien méchant. Après tous, il s'agissait de simples grenouilles, crucifiées sur une planche en bois, qu'on ouvrait en deux. Le jeune homme passa parmi les rangées, les mains dans le dos, observant d'un oeil avisé l'art du scalpel de certains étudiants. Et quand bien même, il accordait - intérieurement - plus d'attention aux filles - Bonnet C, au minimum - qu'aux garçons, il lançait ici et là quelques remarques permettant d'approfondir leurs connaissances. En soi, disséquer des grenouilles avait été longtemps son cours le moins plaisant. D'abord, il trouvait cela fort odieux. Enfin, ces créatures étaient laides. D'ailleurs, il s'employa à raconter :

« Ne soyez pas touché par leur sort, il y a dans ce monde, des êtres vivants avec moins de valeurs que d'autres. L'intelligence est un talent accordé qu'aux humains. »

Et pas à tous les humains, pensa-t-il en leur offrant un autre sourire en coin, mystérieux. Lui avait une vie avec de la valeur, jugea-t-il d'ailleurs.

Enfin, une fois que le cours fut terminé, et que les élèves purent - plus ou moins - mener à bien leur mission du jour, il les laissa filer. Gabriel rangea en silence sa classe, il ramassa les feuilles, il observa les cadavres des grenouilles, songeant qu'il avait là une bien triste vision. En soi, il ne ressentait pas de la peine pour leur sort, il ne pensait pas compatir. Non. Il se sentait chagriné pour ce qu'elles lui inspiraient. Elles étaient pathétiques. Gabriel Gaultier soupira, le regard voilé par la mélancolie. Le soleil tapait contre les baies vitrées, son profil était dessiné dans un éclat de lumière doré. Habillé dans un costume noir, le col de sa chemise remonté, il paraissait trop jeune pour être déjà professeur. Enfin, doctorant. Il était posté devant la table d'une certaine fille. Vingt ans, pas plus. Pas moins. Jolie. Plantureuse.

Gabriel regardait ce qu'elle avait fait de sa grenouille, et il s'interrogea alors sur le phénomène qui conduisait une si jolie fille à montrer tant de rage à réduire en bouillie une grenouille morte. Il était pris dans ses pensées ; il songea à son frère, son meilleur ami. La grenouille avait la bouche ouverte, ses pattes étaient clouées sur la planche, ses organes avaient été sortis dans tous les sens ; l'intestin avait été à moitié déchiqueté au scalpel. Du travail de barbare.

Dommage.

Peut-être que cela lui ressemblait, au fond. Cette barbarie.
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Izei Ingenoc
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyMer 5 Juin - 12:30

On doit encore se déplacer pour de la science. Je n'aime pas beaucoup la science. C'est comme de la criminalité classique, mais en ajoutant des produits qui peuvent te brûler, t'asphyxier ou t'empoisonner. Des bidons plein de trucs qui explosent judicieusement placés. Des conduites de gaz dans lesquelles il ne faut pas tirer.
En plus du coté du Prieuré la science n'a pas le vent en poupe. On s'est drôlement fait emmerdé par des universitaires fous ces temps ci. Et que je t'invente des robots tueurs par ci, de la drogue par là. Enfin maintenant je mets en joue dès que je vois un type avec des vêtements de poètes en train de dire des mots de cinq syllabes. Je suis pas le seul. L'ambiance est un peu tendue. C'est les robots tueurs qui ont fait craquer les nerfs de certains. Y en avait des vachement réalistes. Certains ouvriers qui bossaient dans la fabrique clandestine avaient fait subir les derniers outrages à certaines pièces. On voit des choses dans ce métier que personne ne devraient jamais voir.

Donc y a un type qui a commencé à dire qu'il y avait un universitaire qui bossait sur les cerveaux. Ça a carburé sec du coté des chefs. Là, il faut préciser un peu où on se situe niveau étude du fonctionnement psychique au sein des prieurs, voire de la population globale d'Excelsa : On a jamais commencé.
Il y a certains artistes qui ont le pouvoir magique de sentir les émotions des gens. Je vois ça comme un espèce de tour de passe-passe pour gens fragiles qui s'ennuient beaucoup trop. Sinon je sais que certains étrangers d'Etrangie ont une magie équivalente (et sans doute complètement idiote aussi). Le pays dont on parle se situe très loin de toute façon, pour ce que j'en sais ils mangent leurs enfants et ils se déplacent en faisant la roue.

Enfin un bon citoyen d'Excelsa il se voit comme une unité de production qui se met à se décomposer au bout d'un certain temps. Je vois même pas pourquoi je mettrais le siège de moi même dans l'organe spongieux entre mes deux oreilles. C'est pas des choses auxquelles on pense. Donc voilà, quelqu'un parle d'étude de cerveaux, personne ne s'est dit que c'était pour faire des trucs sympas avec. Moi perso je pense qu'il les mange. Y a un autre qui a proposé des cuves avec des tuyaux. Des collègues ont lancé des paris, mais je participe pas à ces choses là, j'en ai seulement entendu parler.

Donc nous sommes allé voir ça à cinq. On est pas des abrutis, l'un d'entre nous a demandé avant à quelle heure il donnait cours, pour pas fouiller partout pendant qu'il y avait plein d'élèves. Parce que c'est gênant. Pas vrai qu'on a fait ça ?
Évidemment qu'on est arrivé pendant qu'il donnait cours. On est des abrutis.

Il y a une petite fenêtre sur la porte de la salle de classe. Avec des carreaux et tout, hyper classe. Comme ça on a pu remarquer notre erreur avant de rentrer. Ça grouille d'étudiants. Du public. Ah merde. L'une d'entre nous a décrit l'intérieur aux autres :

« Ils sont en train de faire les cons avec des grenouilles. »

Moment d'observation silencieuse du fin limier excelsien. Des civils rôdant dans les couloirs nous évitent largement en nous fixant. Le fin limier décrit :

« Ben on dirait que le mec est pas là. Y a un gamin tout devant les autres, mais il a l'air de rien foutre, juste reluquer une fille. On va aller lui demander. »

Dans les sorties de groupe de ce style, mon truc c'est de me cacher bien derrière et de suivre. Ce que je fais présentement. Des fois je hoche la tête en fronçant les sourcils, sinon je soulève des papiers en faisant semblant de les lire, ou j'ouvre des placards. Ça dépend.

On rentre à cinq. Les murs sont couverts d'illustration angoissantes, type « vos viscères en action », et il y a des trucs chelou qui flottent dans des bocaux. Je passe les étagères en revue au cas où un cerveau humain traînerait par là. Ma collègue fait un pas en avant. Elle fait bien le boulot, mais elle ressemble à un squelette avec des cheveux et un peu de peau qui flotte autour. Et elle pue le tabac. Quand je reste trop longtemps dans la même pièce qu'elle j'ai l'impression de vivre dans un cendrier géant. Et non seulement elle a les doigts jaunes, mais le tour de sa bouche est jaune aussi. J'aimerais pas être le gamin à qui elle parle de près.

« Il est où le prof ? »

Moi je soulève un papier – en faisant attention de prendre les écritures dans le bon sens pour pas passer pour un con et avouer ma faiblesse à l'ennemi.
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Gabriel Gaultier
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyMer 5 Juin - 21:38

Un... Deux... Trois.

Gabriel inspira, mais il n'expira pas. Il garda son souffle en apnée, le temps que les cinq hommes - et femmes - de foi rentrent dans sa salle de classe, sans avoir demandé d'autorisation. Il ne bougea pas plus, la main posée sur une table d'étudiant, et il se contenta d'un sourire. Il soupira ensuite, discrètement. Il jugea les cinq personnes, chacune leur tour sans un mot. Puis, la question vint « où est le prof ? » accompagné d'un papier tenu par un énergumène. Oui, énergumène, Gaultier-fils n'avait pas de mot plus approprié. Il resta de marbre, même s'il songea qu'on se foutait de sa gueule.

« Quel professeur ? »

Retourna-t-il avec patience. Puis, sans rien ajouter, il reprit ce qu'il était en train de faire : ranger. Il alla vers son bureau, il ouvrit un tiroir, et il en sortit des gants. Il les enfila en écartant les doigts, et en faisant claquer l'ourlet contre son poignet. Il prit ensuite des boîtes pour ranger chaque grenouille disséquée dedans, en prenant soin de ne pas se salir. Il avait une idée grossière de ce qui l'attendait ; il lui manquait le « pourquoi ? » Cependant, Gabriel n'avait pas envie que sa classe pue la grenouille pourrie, la viande avariée. À chaque fois qu'il remettait avec précaution les grenouilles, il notait sur son calepin à quel élève elle appartenait. Le but était aussi d'évaluer la dextérité de ses élèves à ouvrir un être sensible en deux.

Pendant ce temps, les Prieurs qui passèrent outre le fait que le jeune homme se moquait d'eux précisèrent :

« Gabriel Gaultier. »

Gabriel laissa son geste en suspens, la patte d'une grenouille coincée entre l'index et le pouce, tandis que le corps était balloté au-dessus de la boîte. Il la laissa retomber, puis il acheva :

« Moi-même.
- Haha très drôle petit, il est pas là ? »

Gabriel sourcilla à peine, il se contenta de cligner des yeux. Ouais bon. Là... Il ne pouvait pas faire plus. Il ravala son sentiment de colère et de frustration, qui était de TOUJOURS paraître PLUS jeune qu'il ne l'était vraiment, en se rassurant ; ils étaient débiles, voilà tout. À force de faire des danses tribales en s'ouvrant les veines, histoire de croire qu'on se téléporte, suite à la prise de drogues, ou tout autre chose de plus ou moins idiot que les Prieurs faisaient au nom de la foi. Gabriel eut envie de se venger, il hocha la tête, puis il ricana :

« Mes excuses, mon sens de l'humour laissent à désirer. Il est en salle des professeurs. »

Gabriel regroupa les boîtes, il les déposa sur son bureau, puis il fit un signe du menton pour leur demander de le laisser passer. Les mains dans le dos, il s'arrêta juste devant le chihuahua névrosé du groupe. Il avisa d'un coup d'oeil son visage, les marques si elles étaient visibles ; son allure générale. Les cernes aussi, la vivacité du regard. Il le fixa d'ailleurs et il sourit :

« Est-ce un document officiel ? »

Gabriel parlait du papier que l'autre tenait devant lui, comme si ça pouvait le protéger d'un mauvais sort.
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyJeu 6 Juin - 11:00

J'ai eu un bref regard paniqué vers mes collègues, par réflexe. La plupart ne savent pas lire. Moi j'ai appris en tant que sorcier d'élite, mais bien après l'âge normal. C'est difficile d'inventer autour de la paperasse, je manque de matériel.
D'habitude les criminels sont analphabètes aussi. C'est une des raisons pour lesquelles je déteste les universitaires, ils sont beaucoup trop créatifs.

« On répond pas aux questions. »

Heureusement que faire parti d'une secte religieuse t'aplanit nettement le cours des conversations, on s'en sortirait pas sinon.

« Elle est où la salle des professeurs ? »

Mais je commence à avoir des petits doutes. De temps en temps j'ai des fulgurances, et le « mes excuses, mon sens de l'humour laissent à désirer. Il est en salle des professeurs. » dit d'un ton blasé me laisse à penser qu'on est en train de nous prendre pour des cons. L'apothicariat embauche peut être effectivement ses prof dans une crèche. Mais j'ose pas le dire à voix haute. C'est toujours très gênant quand on débat entre nous devant des civils.

« Bon personne bouge je vais voir, je reviens. »

Et là je me téléporte. Si tu pouvais le faire aussi simplement en te mordant la langue, toi aussi tu quitterais les pièces de cette façon. Fais pas le jaloux.
Circuler par bonds de dix mètres dans l'espace c'est pratique, et ça évite les regards curieux – enfin ça les évite pas mais je ne suis pas là pour les voir, ce qui change absolument tout. Ça me prend à peu près le temps qu'il faut pour dire « bonjour il est là Gabriel Gautier ? Merci » et cligner des yeux deux trois fois. J'ai à peine eu le temps de profiter de la bonne odeur de cigare et d'alcool fort qui règne dans la salle.

Je retrouve mes collègues comme je les ai laissé, en train d'essayer d'avoir l'air intimidant. Ils ont un peu plus l'habitude des gens qui se téléportent, même si les vicaires passent souvent pour des mecs zélés et malsains même au sein du Fort. Je vois pas pourquoi.

« C'est bien lui en fait le prof. On m'a dit qu'il fallait pas se fier à sa bouille de petite fille. »

Je répète la crasse de son collègue, parce que je suis un peu agacé d'avoir fait l'aller et retour pour rien. Ma collègue qui sent le cendrier aboie à cinq centimètres du visage du fan de cerveaux :

« Faut qu'on te parle en privée et qu'on voit ton bureau. »

J'aimerais bien que tous les étudiants s'évaporent instantanément, mais ils nous fixent tous sans bouger avec des yeux de chouette. On se trouve entre eux et la porte. C'est pour ça qu'ils osent pas s'enfuir comme les civils de d'habitude, j'imagine. Mais j'ai l'impression d'être le seul à en avoir conscience. Je me décale en crabe de quelques pas.
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyJeu 6 Juin - 21:00

Le chihuahua névrosé et marqué fut le seul à réunir ses trois neurones. Gabriel lui indiqua donc sa destination, et il l'observa disparaître. S'ensuivit un silence très gêné, où il demanda - quand même - à ce qu'on laisse ses quelques élèves encore présents passer.

Une poignée, déjà, murmurait en se demandant pourquoi LEUR PROFESSEUR avait un groupe de Prieurs sur le dos. Il croisa les bras, tandis que ses yeux allaient d'un Prieur à un autre. Elle n'avait pas fière allure, la police de foi. Peu de personnes belles, peu de personnes semblant en bonne santé. Bien entendu, Gaultier-fils ne remettait pas en doute le fait que le plus faible d'entre eux le battrait au bras de fer ; toutefois, il était certain qu'il vivrait moins longtemps que lui.

Lorsque le chihuahua névrosé revint, Gabriel raccrocha son regard à lui. Il nota les détails, comme les marques sur les mains. La magie de l'automutilation possédait un sens du romantisme exacerbé qu'un adolescent de douze ans aurait chanté dans un poème. En prose. Le talent est une chose qui n'est pas innée.

Dans tous les cas, s'ils cherchaient à l'impressionner avec des tours de passe-passe, il leur faudrait du temps.

Mais... son temps était précieux.

Dans tous les cas, la remarque ne le fit pas réagir. Du moins, Gabriel n'en laissa rien transparaître, pas de battement de cil, pas de regard fuyant ou de plissement des yeux. Il n'écouta même pas ceux qui en discutèrent, cependant, il prévoyait déjà de rajouter du sel dans le café de la salle des professeurs. Il recula d'un pas, lorsque la dame puant la sueur et le tabac humide essaya de le convertir à sa religion, en lui crachant son haleine crouteuse en plein dans la face. Il se contenta d'un sourire poli, et il leur assena :

« D'abord, je termine de ranger ma classe. »

Ce qu'il fit, les grenouilles pourries au soleil, ce n'était pas son plat préféré. Il leur fit signe de le laisser passer, puis il héla une élève dans le couloir, Suzanne, afin qu'elle vienne reprendre ces petites grenouilles coupées en deux, et qu'elle les ramène en lieu sûr. Il prit les copies, il les rangea dans sa mallette, il remit les chaises convenablement.

« Avez-vous un document officiel à me présenter ? »

S'enquit Gabriel, une fois que l'ordre régna superficiellement dans sa classe. Il prit ensuite les devants, sa mallette en main, et il leur donna l'adresse de son bureau. Ils pouvaient fouiller la casse, s'ils le voulaient, mais ils n'allaient rien trouver d'intéresser. Bref.

De l'extérieur, c'était saugrenu de voir le cervologue - nom qu'il avait inventé -, entouré de Prieurs sortant tout droit de l'antre des cauchemars de Kévin, douze ans. C'était limite s'ils ne donnaient pas l'impression de faire partie de sa garde privée. Et comme faire le chemin en silence avec des compagnons aussi laids l'ennuyait, Gabriel leur demanda chacun leur nom. Ça faisait passer le temps.

« Comment se porte Otto Egidio ? »

Ensuite, Gabriel leur posa des questions sur la pluie et le beau temps. Lorsque ce fut le tour du chihuahua névrosé, il l'interrogea :

« Prenez-vous quelque chose pour vous préserver d'une éventuelle anémie ? »

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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyVen 7 Juin - 0:21

On ne l'a pas empêché de ranger ses grenouilles mortes. Un Prieur sent instinctivement que la gestion des cadavres est une chose importante, on peut comprendre ce soucis. Par contre la question du papier officiel a été légèrement plus épineuse. La justice à Excelsa se contente de « c'est nous qu'on a raison » en terme d'argumentation juridique. En fait c'est plutôt l'effet inverse qui se produit : les gens ne veulent pas que leurs noms apparaissent sur nos papiers, en aucune façon. Personne ne court après ça. Je rédige de temps en temps des rapports, avec beaucoup d'application et de labeur, mais c'est plutôt pour détailler les dégâts matériels et les balles utilisées. Du coup je sais pas quoi répondre pour le papier officiel moi. J'ai encore moins l'habitude qu'on me parle calmement  :

Euh... non ?

Les gens en savent pas lire de toute façon, et la plupart des prieurs non plus. Mes quatre collègues présents sont parfaitement analphabètes par exemple. Je suis un peu l'intellectuel délicat de la bande. D'habitude les flingues, les épées et les uniformes suffisent à convaincre tout le monde.
On parvient quand même à se faire guider jusqu'au bureau par le dangereux cervologue. Il a une technique particulièrement agaçante pour faire chier : il nous parle normalement. C'est très difficile de garder un bon personnage de prieur chiant et froid quand un type vient à revers vous parler de la pluie et le beau temps. Ça donne une envie irrésistible de lui répondre sur le même ton. Un collègue a hélas cédé à la tentation quand le suspect a commencé à poser des questions à propos de la santé du Premier Prieur : il y en a qui adorent parler du grand chef. Dans le fond j'arrive à jouer l'énerver dans un contexte ultra précis, celui d'être convaincu par ma supériorité morale. Il me fout tout en l'air ce con. Je commence à me ronger les ongles, chose que je ne fais pas habituellement en présence de criminel.
Et maintenant il s'en prend à moi avec ses questions de merde.

« Euh ben euh... non, pas en ce moment. »

La fumeuse me jette un regard impressionné, sans doute éblouie par ma compréhension du mot « anémie ». Je suis assez concerné par le problème pour le connaître, ça veut dire « manquer de sang » ou quelque chose comme ça. Les vicaires morts des siècles précédentes ont eu une littérature abondante pour ce genre de petits tracas du quotidien. En général ils conseillent des régimes à la con, ou des prières. J'ai un peu tout testé, dans le doute, parce que je suis aussi calé en médecine qu'en psychologie. Des encens bizarres dans ma chambre, des exercices physiques. Il y a même une fois où j'ai avalé du mercure (censé régler ce problème et celui des vers intestinaux chopés à la ferme familiale, a marché ni pour l'un ni pour l'autre). Je suis quand même resté blême avec une tendance à m'évanouir en cas d'excès.
Bon évidemment on a aussi des rituels bien messe noire pour développer une endurance physique surnaturelle. On ne s'en sortirait pas si il fallait utiliser notre seule intelligence pour ça. Je me mets à tripoter mes manches, seconde étape des tics nerveux. Puis j'ajoute :

« La magie s'occupe bien de ce genre de détail » - non ce n'est pas vrai, on meurt tous d'infections de merde, mais moins - « et vous ça va l'anémie ? »

Mais pourquoi j'ai demandé ça ? Je... je sais pas, j'ai paniqué, il fallait dire un truc pour l'occuper. N'importe quoi. J'ai paniqué. Maintenant je regarder droit devant moi et je dis plus rien jusqu'à ce qu'on trouve les cerveaux.
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyVen 7 Juin - 10:00

Effet escompté.

Demie-réponse, Gabriel haussa un sourcil, en plus de noter les hésitations dans la voix du chihuahua névrosé. Dans tous les cas, il se contenta de marcher, puis lorsque la question lui fut retournée, il répondit :

« Cela peut aller. »

De toute façon, ce n'était pas tant l'anémie qu'il craignait, mais les trop longs face à face avec le soleil. Sa mélanine s'était évaporée trop jeune, vers ses dix ans, lorsqu'il était resté dehors à jouer trop longtemps avec son frère. Un coup de soleil dans le dos, sur le front ; il avait salement morflé. Donc, le Prieur ne reconnaissait pas son état, ou bien il n'osait pas admettre devant un inconnu qu'il était en mauvaise santé ? Manque de sommeil, une énergie consommée dans leur magie obscure, et un peu trop de fanatisme. D'où le surnom de chihuahua névrosé. Et tout cela pour apprendre à se téléporter, plutôt que de prendre les transports comme tout le monde, et éviter de vider son sang le tapis de Madame Bovette.

En plus, il se rongeait les ongles.

Gabriel les mena à travers les couloirs, jetant des regards au coin autour de lui. Il observait les étudiants, surpris, ceux des professeurs et des pions, mais il étudiait surtout comment les Prieurs se comportaient ici. Si pour le commun des mortels, on aurait pu trouver la situation inconfortable ; une marche de la honte ! Pour lui, il n'en était rien. Sourire, salutation envers les personnes qu'il connaissait, il leur demandait au passage un « comment allez-vous aujourd'hui ? », sans se soucier de l'aura oppressive des Prieurs. Enfin, Gabriel les mena en dehors du campus, songeant qu'ils voulaient surtout fouiller l'endroit où il étudiait. Il n'avait pas encore de bureau à proprement parler. Habituellement, Gabriel restait dans la bibliothèque des doctorants, des lieux d'études avec tellement de livres et de paperasse que ses gardes du corps tourneraient de l'oeil.

Ils sortirent d'un bâtiment, afin de rentrer dans un autre, celui réservé aux professeurs et aux doctorants - donc. Des petits appartements, sans cuisine, mais avec une salle de bain, et une chambre. Un étage, puis deux, à grimper, et enfin, son appartement. Chambre d'étudiant, à la limite, au vu de la petitesse, et du côté très ordonné. Gabriel sortit ses clefs, il les inséra dans les serrures - dans quoi d'autre ? -, puis il ouvrit la porte. Son lieu d'étude et de repos était presque vide. C'était à peine si l'on avait l'impression que quelqu'un vivait là-dedans. Le lit était fait, les étagères remplies de livres brillaient l'intellect romantique - ça ne veut rien dire. Il y avait une grande malle glissée sous le lit, à laquelle Gabriel donna un regard.

Sa table était posée contre le mur, accompagnée d'une lampe, et il avait été rangé. Pas de livres, pas de paperasse, seul son encrier et sa plume. Gabriel laissa les Prieurs se mettre à leur aise, il se trouva une place contre le mur, et il croisa les bras. Il n'avait rien à se reprocher, et au fond, il était agacé de la gratuité de la situation. Un autre regard sur la mallette, et ce fut là qu'il dit au Chihuahua Névrosé :

« Faîtes attention à vos mains, vous devriez me laisser regarder. »

Gabriel se détacha du mur, il se dirigea vers le Prieur ; il ne le toucha pas. Il attendit l'autorisation :

« Je peux ? »
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyVen 7 Juin - 13:26

Tout le monde commence à se sentir mal à l'aise. Ça ne ressemble pas à un labo de scientifique fou. Je commence à douter de la source. On a pris des renseignements avant : si cerveau il doit y avoir, c'est forcément dans ces endroits que le professeur fréquente. Sinon, on a vérifié, il n'a pas loué de petit garde meuble quelque part, il ne fréquente pas un réservoir d'égout particulièrement isolé. Pas à notre connaissance en tout cas. Et l'endroit où il nous mène n'évoque pas le meurtre et la barbarie.

Ce sont des logements de fonction. Ça sent le propre, quoi qu'un peu vieux, et des gens nous regardent d'un air surpris depuis les paliers pendant qu'on monte les escaliers. Il y aussi une légère odeur qui flotte dans l'air, celle que j'associe à l'apothicariat : les désinfectants. C'est une odeur forte que les docteurs emmènent partout avec eux. Ça me stresse, en général si je la sens c'est que je vis un sale moment, c'est quasiment un réflexe pavlovien.

On pénètre dans une petite chambre, bien rangée. Il a des trucs d'intello comme du matériel pour écrire. J'imaginais plutôt le type avec des draps en satin et des dorures, il a l'air ultra décadent avec sa bouille d'ado et ses fringues de poète. Pas de cerveaux en vue. Le meurtre et la mutilation c'est quelque chose de salissant, bruyant, ça ne peut pas être ici. Il y a bien des malles en dessous du lit... mais bon sang, arracher un cerveau d'un crâne ce n'est pas une petite opération. Je n'ai jamais décapité personne, mais je sais qu'un humain ça ne se découpe pas comme du beurre. Je marmonne tout seul :

« Il y a peut être des caves, ou.... »

Ou je ne sais pas. On peut se balader comme on veut et malmener la plupart des gens, mais ça devient compliqué quand on touche aux institutions d'Excelsa. L'armement, la science. Ils ont leurs petits secrets, c'est arrangé entre eux et les princes et ça ne nous concerne pas. Ça devient compliqué. Je fixe le vide avec intensité en rongeant l'ongle de mon pouce, et je sursaute quand le cervologue me parle de mes mains.

« Hein ? » J'y jette un coup d’œil, puis j'ajoute. « Me soigner, ça vous aidera pas si on trouve des cerveaux. »

Mais le mec a l'air ultra serein et il n'y a pas de cerveaux. Je jette des regards paniqués à mes collègues. La fumeuse hausse des épaules et réponds :

« Bin, ça coûte rien de gratter une consultation... »

Du pragmatisme excelsien de première force. Je tends les mains devant moi. Je ne suis pas du tout tactile, très pudique, mais dès qu'il s'agit de médecine je me fais tripoter sans broncher. Ça fait trente ans que je fais ça, c'est l'habitude. Le Fort a sa propre infirmerie pour les vicaires, un endroit où la bienveillance et l'empathie ne sont pas mis en avant. Il faut s'adapter ou mourir, ce qui m'a poussé à adopter un comportement de bétail placide dès qu'un type avec un stéthoscope s'approche de moi.
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Gabriel Gaultier
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Gabriel Gaultier

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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyVen 7 Juin - 15:01

« Si je cachais des cerveaux, ce ne serait pas dans ma chambre, où je n'ai rien pour les conserver en bon état, ou même pour les stocker. »

Pragmatisme avant tout, peut-être avec un soupçon de sarcasme enjolivé par sa voix douce et son sourire bienveillant. Quant à la question qui intéresserait le lecteur, Gabriel Gaultier n'avait pas encore les moyens de trouver des cerveaux en bon état ; si ce n'était celui du collègue qui avait osé le traiter de fillette. Dans tous les cas, ses recherches étaient au stade de la théorie, ses consultations analytiques n'apportaient pas le romantisme barbare qu'on espérait d'un psychiatre — ou cervologue dans cet univers-ci — dépendant à la caféine. Tout au plus, la seule chose que les Prieurs pouvaient retrouver, c'était un mot doux dans un tiroir, laissé par un·e élève. Et des menaces de mort.

Concernant la malle, sous le lit ; il s'agissait d'un retournement de situation — si on l'ouvrait — qui décevrait le Chihuahua Névrosé. Gaultier avait l'impression qu'il imaginait plus les choses qu'il ne les voyait réellement ici, et que ne rien trouver pourrait lui provoquer une crise d'angoisse. Peur de l'échec et de l'abandon ?

« Bien. »

Heureusement pour Izei, sa soeur était plus pragmatique que lui. D'ailleurs, dans une chambre faisant à peine 15m², rester en compagnie d'hommes et de femmes de foi dont la largeur des épaules était deux fois plus imposantes que la sienne le fatiguait. Il y avait ceux qui fouillaient réellement, qui allaient dans la salle de bain ; là aussi, la seule chose de compromettante qu'ils pouvaient trouver, c'était de l'après-rasage. Chose inutile aux vues de sa mâchoire glabre. Mais l'espoir faisait vivre.

Gabriel alla d'ailleurs dans la salle de bain, il se lava les mains en s'excusant auprès des gentilshommes délavés de les déranger dans leur travail. Il prit ensuite de quoi désinfecter les plaies, et des bandages. Il retourna dans la chambre, il fit signe au Chihuahua Névrosé de prendre place sur son lit. Ses mains étaient d'une étonnante blancheur, sans la moindre cicatrice. Grandes, effilées, aux ongles coupés courts, elles étaient extrêmement froides. Il attendit que le Prieur lui prête les siennes pour commencer à désinfecter les plaies.

Maintenant venait le temps du cours d'hygiène.

« Vous devriez éviter de vous ronger les ongles, après tout, les mains sont le plus grand nid à microbes que l'on peut trouver. »

Si on oubliait le nid d'un Prieur névrotique qui grattait ses plaies après avoir eu une diarrhée, sans avoir pris la peine de passer ses mains sou l'eau.

« D'autant plus que ces microbes peuvent se retrouver dans votre bouche. »

Histoire de lui faire un peu peur. Gabriel imbiba un tissu doux d'alcool à 80°, et il commença à tapoter les plaies du Chihuahua Névrosé avec attention.

« Vous avez oublié de me donner votre nom. »

Remarqua-t-il, tout en inspectant l'état de ses mains. Contraste amusant, entre la peau du Prieur, et de la sienne. Il était plus vieux qu'il le semblait, lui aussi, non ?
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyVen 7 Juin - 18:57

Le cervologue est assez délicat dans ses soins. Son seul défaut c'est qu'il a les mains froides. Mes plaies se remettent à saigner légèrement pendant qu'il les nettoie, mais sinon elles ont bien meilleures mines.
Je ne trouve qu'une seule chose à répondre quand il me fait un cours d'hygiène :

« J'ai déjà été opéré deux fois pour des panaris. »

C'est histoire de signaler que c'est pas un petit con qui a à peine fini de faire sécher son acné qui va faire passer mes mauvaises habitudes. En plus je suis vexé de me faire traiter de dégueulasse par un monsieur de l'université. Je me suis beaucoup éloigné des habitudes de ma famille, j'ai accès à une salle de bain, je pensais donner le change. Je pense même à me raser de temps en temps, alors que la plupart des hommes que je connais gardent un nid à merde dégueulasse autour de leur bouche. Mais non. Le cervologue fait la grimace en regardant mes doigts.

« Puis j'ai pas de microbe dans la bouche, je mange pas n'importe quoi. »

Il me demande mon nom. Je lui ai pas répondu tout à l'heure parce que je me disais que quatre prénoms à retenir lui suffirait amplement, mais non. Il a des méthodes pour déstabiliser les forces de l'ordre que je n'ai jamais vu auparavant.

« Euh... Izei ? »

Je vois pas pourquoi j'hésite, c'est bien moi, mais voilà. Je jette un œil à mes collègues, qui ont fini de fouiller la toute petite pièce et qui commencent à avoir l'air salement désoeuvrés. L'un d'eux pointe du doigt la malle sous le lit.

« Ben... je vais regarder dedans, ils sont peut être là les cerveaux. Tu lèves tes jambes une minute ? »

Je lève les jambes pour laisser frère Bart tirer la malle-à-cerveaux. Moi, je pense qu'on est complètement couillonnés pour ce qui est de trouver des organes humains aujourd'hui, mais j'ose pas le dire... Oh et puis merde hein. Le type est en train de me poupougner les doigts, c'est pas le moment de faire le malin :

« Vous écrivez un livre sur les cerveaux ou un truc comme ça non ? Vous en faites quoi ? Ils sont où ? »
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptySam 8 Juin - 1:26

Gabriel Gaultier était à peu près certain que les Prieurs pouvaient créer une nouvelle bactérie, ne serait-ce qu'à cause de leur mode de vie. Il n'avait pas envie de le toucher. Il n'avait pas peur des plaies, il n'avait pas peur des amputations — il ne le pratiquait qu'en théorie —, mais le manque d'hygiène l'horripilait. Ou plutôt, l'absence de conscience était quelque chose qu'il ne parvenait pas à concevoir. À quel moment, cet être pensant s'était dit que l'état de ses mains n'était pas grave ? Il tamponnait, doucement, puis une fois que les marques parurent propres, même plus belles qu'au départ, Gaultier les pansa. Il prit un bandage, et avec du doigté, il termina.

« Enchanté Izei. »

Souffla Gabriel avec un sourire commercial. Une fois que tout fut bon, il se déplaça, et il ne dit rien quant à la malle qu'on tirait hors de sous le lit. On l'ouvrit, sans lui demander son accord. Gabriel reprit place contre le mur, dans une posture ouverte ; sans croiser les bras. Il haussa un sourcil, lorsque les Prieurs constatèrent qu'il n'y avait pas de cerveau dans la malle. Toutefois, ils voyaient surtout des vêtements de très bonnes factures, soigneusement pliés. Sur le côté, il y avait quelques lettres, qui en soi n'avaient rien de compromettant. Trois lettres anonymes, la première était très affectueuse, à l'écriture carrée. Les deux autres... étaient plus ou moins similaires, si ce n'était les bouts de lettres plus tranchants, incisifs. Et insulteuses. On ne le traitait pas de fou, on ne l'insultait pas pour d'éventuels meurtres. En réalité, on lui souhaitait de ne jamais faire carrière, ou de se faire tuer. Parce qu'il était un « fils de pute. »

Le souci, c'était que sa maman était une femme très respectable. Gaultier n'avait pas non plus le nom de l'auteur, et il lui était impossible de lui prouver qu'il n'était pas...

Un fils de pute.

La première était aussi un peu érotique. Un érotisme de bas-étage dont il se serait bien passé. Bref.

Après les commentaires hasardeux sur le contenu des lettres, ou le fait tout simplement qu'on demanda à Izei de les lire à sa place — il aurait pu, après tout, Gabriel était la seule personne dans la pièce à savoir compter et écrire — plus que son propre prénom. Gabriel attendit donc, patient, en songeant qu'il avait envie d'un café, bien noir.

« Rien qui ne se corse, je présume ? »

Oui, comme un café corsé.

« Oui, en quelque sorte, Monsieur Izei, répondit le jeune homme. J'essaye de comprendre la complexité du cerveau humain, pourquoi certaines personnes sont amenées à faire certaines choses, pourquoi d'autres ne perçoivent pas le monde comme le notre. Il s'agit avant tout d'acclimater mon point de vous à celui des autres. C'est intéressant. »
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyVen 14 Juin - 13:28

Maintenant que j'ai les mains emballées dans de la gaze – jamais su faire un bandage propre tout seul, surtout sur les mains, ça finit en mode « moufles » -, je dois lire des putain de lettres. Ça ne me laisse pas le temps d'être reconnaissant. Je me sens pas sur mon terrain, et j'ai un public relativement important. Heureusement il est principalement constitué d'analphabètes. Un de mes collègues me tend des enveloppes comme si elles allaient exploser. Je sors les feuilles. J'identifie des écritures en patte de mouche avec beaucoup de boucles. Je déteste la calligraphie de ces trucs. Je commente :

« Oh putain... bon attend. »

A la ceinture de mon uniforme est accroché un tas de merde. Des holsters, évidemment, du bric à brac religieux, un couteau de combat... j'en décroche une boîte rectangulaire. Je l'ouvre. J'en sors une paire de lunettes, que je déplie avec précaution. Je fais la mise au point entre la feuille en papier et les verres ; je dois éloigner l'un et l'autre de mon visage d'une certaine distance pour lire les pattes de mouche qui se trouvent sur la feuille. Elle est à l'envers. Je la retourne.

S'en suivent de longues minutes de silence gênant. Je lutte pour ne pas marmonner ce que je lis ou suivre la ligne avec mon doigt – je sais que l'image ne jouerait pas en ma faveur - puis je donne mon verdict :

« Ces deux là c'est du cul, et là c'est des insultes. »

Je hausse des épaules et je range mes lunettes. En vrai il y a des mots que j'ai pas compris. Je crois que j'ai saisi l'essence de certains. Je ne préfère pas en parler.

« Des insultes pour quoi ? »

« Juste des insultes. Je ne sais pas. C'est de la merde on s'en fout ! »

Ensuite, monsieur le fou de cerveau fait le petit malin. Effectivement, ça se corse pour nous. Il a explosé sa grande œuvre et comment dire... personnellement, j'ai commencé à hyperventiler au mot « acclimater », mais je pense que la majorité d'entre nous ont fini sous assistance respiratoire à partir du passage sur la complexité du cerveau humain.

Il y a eu un silence douloureux de quelques secondes. Ça avait l'air d'avoir du sens, ce qu'il disait. Mais rien compris. Certains mots étaient compréhensibles un par un, mais mis tout ensemble ça s'est barré en couilles. Genre « percevoir ». Je connais ce mot, je l'utilise pas à tous les coins de phrase, mais je connais. Bin là ça m'échappe complètement.

Un de mes collègues s'est avancé. Un type petit mais trapu avec une grosse moustache et des grosses mains. Il en a foutu une dans la truffe du professeur Gautier. Une belle baffe, bien envoyée, avec le visage qui part sur le coté et tout. Je sais que ce gars là est aussi con que violent – il en faut des gens comme ça dans une armée – et que se sentir en infériorité intellectuelle ne lui a pas plût (moi j'ai l'habitude de me sentir inférieur dans de nombreux domaines alors je le vis mieux). Il dit d'un ton calme :

« Bon du coup ils sont où les cerveaux ? »
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyDim 16 Juin - 13:54

Un coup de poing dans le nez.

Sur l'instant, son cerveau se contenta de « couper » le fait. Gabriel tomba sur le côté, sonné. Il n'avait pas mal, il ne ressentait rien. Certains diraient « sidération psychique ». D'ailleurs, il y aurait pensé lui-même, s'il n'était pas justement en sidération psychique. Il ne ressentait pas la douleur, de même qu'il n'était pas capable de « voir » la situation. Sentiment de vide soudain, le cerveau qui dit « non, ce n'est pas arrivé ». La question survint ensuite, et avec pragmatisme, il se demanda enfin pourquoi cherchaient-ils des cerveaux en boîte dans son appartement de fonction. Il songea même si ce n'était pas un mauvais coup d'un de ses collègues qui le détestait. Il se contente de se relever, il chancèle un peu, mais il ne ressent rien. Rien de rien.

« Je ne fais pas ce genre d'expériences, je peux simplement vous montrer mon bureau si vous le souhaitez. »

La voix un peu tremblante, mais rien de notable. Il sort de sa chambre, et c'est une fois dans le couloir, au regard surpris d'un de ses collègues que son cerveau déduise que quelque chose ne va pas. Par habitude, Gabriel se met à sourire, mais devant la mine déconfite et pâlissante de l'homme face à lui, il jette un coup d'oeil par terre.

Et c'est là qu'il voit du sang.

Première pensée : heureusement qu'il est habillé en noir, car le sang, c'est difficile à enlever.

Il ouvre les mains, et il voit les gouttes s'écraser au creux de ses paumes. Ses mains très blanches se colorent de rouge. Il inspire, il a l'impression que le monde tourne autour de lui.

D'où ce sang peut-il bien venir ? Gabriel jette un coup d'oeil à Izei qu'il vient de soigner, mais il ne se rappelle pas avoir vu du sang. Des croutes, pas très belles, mais pas de sang.

Parce que c'est lui qui saigne.

Parce qu'il s'est pris un coup de poing dans le nez.

Et c'est que maintenant que la douleur arrive. Il ne bouge pas, il ne réagit pas, il a juste mal. D'un coup. La douleur, il en est bien tolérant ; après tout, enfant, il s'amusait — au repas de famille — à s'enfoncer une fourchette dans le dos de la main, sans tressaillir. Assez longtemps pour apprendre à se contrôler, mais pas assez pour en conserver les cicatrices ; le but était de ne jamais se faire prendre. Mais il y a une différence entre une douleur que l'on contrôle, et celle qui survint. Leur montrer qu'il est innocent, ah oui ! Il a failli oublier. Gabriel leur montre une direction, tandis que son corps prend conscience de la situation, en même temps que son cerveau. La douleur s'étend dans son nez, son sang est brûlant, et plus les secondes défilent, plus il a la sensation que le monde évolue.

C'est bien simple, il lui devient impossible de reconnaître les visages de ses collègues, sortis de leurs tanières afin de savoir ce qu'il se passe. On lui demande ce qu'il vient de se passer, et il répond que ses travaux de recherches se trouvent dans son bureau, et qu'il doit y conduire les Prieurs.

Puis il s'écroule.
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyMer 19 Juin - 15:53

« Mais qu'est ce qu'il fait ce con. »

Voilà que le professeur de cerveau nous quitte au détour d'un couloir. Pas en s'enfuyant, en s'évanouissant comme un gros abruti. Une fois vautré par terre avec le nez en sang et son petit corps flagada d'enfant de 8 ans aux membres désordonné exposé à la vue de tous, il est un manifeste hurlant contre les violences policières. Même moi je me sens pas très fier. Je commente :

« Putain t'as frappé comme un sourd ou quoi. Tu lui as pété un truc dans le visage c'est sûr. »

J'aime pas les trucs pétés dans le visage. En vrai ça craint. C'est plein de petits os qui foutent la merde. C'est facile de tuer un type en lui enfonçant le nez dans le cerveau.
Au début c'était cool de l'avoir frappé, parce qu'il a arrêté de dire des conneries métaphysiques et qu'il est devenu clair et concis. Cette productivité se paie.

Des gens sont en train de nous fixer. Ils ne se précipitent pas pour s'occuper de leur collègue à terre. Il n'a pas trop d'ami visiblement. Vu ce que je connais du bonhomme, queutard et condescendant, ça m'étonne pas beaucoup (mais qu'est ce que j'en sais j'en ai j'en ai pas non plus). Tout le monde se regarde en chien de faïence pendant quelques secondes. Puis je romps le silence :

« Il est où le bureau de Gaultier ? »

Un universitaire d'un certain âge pointe une porte du doigt. Je chope le pied droit du bel endormi, et un de mes collègues le gauche. On le traîne par terre. La douceur de vivre ce n'est pas l'ambiance au Fort, je vois pas pourquoi les autres y auraient le droit. Et puis j'ai l'épaule droite bousillé, je vais pas porter des gens dans mes bras comme si c'était des princesses, même si ils en ont la silhouette.
Au passage de la porte, on ne peut pas empêcher Gabriel de se cogner le crâne et l'épaule contre le chambranle. J'ai essayé de pas rajouter des bleus à la liste, mais il n'est pas très coopératif.

Ce qu'on peut dire du bureau sans le décrire, c'est qu'il n'y a pas de cerveau visible. Ma collègue fumeuse a commencé à explorer, mais ça m'étonnerait qu'il s'en cache un dans un tiroir. Le professeur reste vautré au sol... parce qu'on ne sait pas quoi en faire. Moi, je ne sais pas, en tout cas. Quand le sentiment de désœuvrement devient trop fort, je pousse son corps inconscient du bout du pied pour le réveiller.
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptySam 22 Juin - 15:56

Le plus frappant dans son bureau, c'est qu'il ne semble pas habiter. Une impression vague, tout est tellement ordonné que rien ne semble jamais le visiter. Un peu comme sa chambre d'ailleurs ; juste une impression. Chaque objet est à sa place, et y reste. C'est simple, lorsque les gens de ménage viennent là, ils repartent en se disant que personne n'occupe ce bureau. Pas de cerveaux, peu de notes, rien. C'est l'idée qu'il n'y a aucune personnalité chez lui, rien. Un vide profond. Gabriel ne s'attache à rien. Ils fouillent, ils ne trouvent rien, ils continuent de fouiller. Plus ou moins grossièrement, plus ou moins finement. L'un pense qu'il est suffisamment intelligent pour dissimuler des faux tiroirs, d'autres que ce n'est qu'un blanc-bec intellectuel. Alors on vérifie les tiroirs, on continue, après l'avoir laissé au sol parce que malgré tout, il reste encombrant à transporter. S'évanouir pour un coup pareil fait qu'on le traite simplement de tapette.

Mais il n'y a rien. Tellement rien que ça frise le ridicule.

L'un émet l'idée d'abandonner ; ce ne sont que des rumeurs.

Et au bout d'un moment; Gaultier se réveille plus ou moins. Il a très mal au crâne, le cerveau en compote, et il lui faut de longues minutes pour comprendre ce qu'il se passe. Il ne s'est jamais cuité de sa vie, mais là, il a la sensation d'être un mec bourré, tellement bourré qu'il se serait retrouvé par erreur dans les fesses d'un Monsieur-Madame-Plus-Viril-Que-Lui. Il a envie de vomir. Ce qu'il lui rappelle les deux dernières minutes, c'est le sang. Et l'agression. Parce que c'est bien de ça dont il s'agit, n'est-ce pas ?

Non. On n'admet pas le malaise ni la peur. On enferme tout ça dans un coin de son cerveau, et on l'oublie.

Gabriel tente de se relever, il a mal au nez, et à la tête. Il chancèle, et sa première pensée est : pourquoi ne l'a-t-on pas emmené à l'infirmerie ? Son urgence est de s'allonger convenablement, et vérifier que rien n'est cassé. Et ne pas parler du fait qu'il s'est évanoui sous le choc. Jamais.

Baisse de tension. Regard un peu trouble. Pouls inconstant, tantôt rapide, tantôt lent. Sans doute dû au stress.

Mais non. Il n'est jamais stressé, voyons.

On lui parle enfin, on lui résume la situation. Gaultier n'est pas en état d'argumenter, en fait, mais... disons qu'il est suffisamment borné pour tenter de prendre la situation avec clarté. On l'a frappé ? Ce n'est pas bien grave. Rien n'est grave, tout va bien.

Mais il a sacrément la nausée.

Les Prieurs sont partagés, entre la fumeuse blasée de ne rien trouver, son agresseur frustré qui cherche tout et n'importe quoi. Izei qui... il ne sait pas trop. Et les deux autres, un peu gênés d'avoir frappé un innocent. Sentiment maternel, encouragé par son physique de bellâtre approchant la vingtaine.

SAUF QUE NON IL N'A PAS VINGT ANS BORDEL
.

On lui donne même une tape dans l'épaule, en lui assurant qu'un coup de poing dans le nez, ça n'a jamais tué personne. Il en rit avec les autres.

« Malgré tout, j'ai besoin d'aller à l'infirmerie, s'il vous plait. »

Parce qu'il faut rester poli en toutes circonstances, ça ne se fait pas de traiter les gens d'ignares. Il leur laisse fouiller s'ils le veulent encore, de toute façon, ils trouveront que des bestioles en train de ronger le bois d'une bibliothèque. D'autres l'aident donc, quand les moins affables continuent de chercher.

C'est alors qu'on tombe sur quelque chose : un paquet de copies d'élèves, corrigées.

Mais il n'est pas en état de remarquer qu'il en manque une.

Passionnant.

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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyMer 26 Juin - 19:59

L'ambiance du groupe s'est clairement scindé en deux. D'un part les gens qui aiment bien voir un universitaire saigner du nez, d'autre part ceux qui n'aiment pas l'idée de molester un gars pas assez vieux pour se raser. Je suis partagé. J'aime quand même beaucoup imposer les choses par la force. Le reste... nous envoie dans les limbes du « on sait pas comment faire ». Enfin dans ce cas de figure précis je crois qu'il n'y a pas de cerveaux. C'est pour ça que c'est contre productif de lui taper dessus. En tout cas faudrait prendre quelques renseignements avant. Je suis sûr qu'on peut le choper au niveau des mœurs, déjà, pour ce que j'en ai lu.
La fumeuse intervient :

« Bin voilà, il voulait acclimater son point de vue, et maintenant il réclame l'infirmerie. Putain de bébé. Frère Izei, tu veux pas faire un truc sale s'il te plaît ? Qu'il nous dise où sont ces fichus cerveaux.
Je crois pas que... »

Là ma collègue m'a fait un regard méchant. Déjà ça se fait pas de contredire devant un civil, je me sens en tort. Ensuite, je suis pas très doué pour les trucs de hiérarchie. J'ai une fonction importante plutôt sur le plan cérémoniel et quand il s'agit de faire de la magie sale. En dehors de ça je pue la merde, soyons francs. Un regard suffit à anéantir mon libre-arbitre.

« D'accord. »

De mon coté ça ressemble à fermer les yeux quelques secondes. Du coté de Gabriel Gaultier c'est l'enfer qui lui tombe dessus. Il s'écroule et prend son souffle pour hurler, sauf qu'il y a trop à exprimer en même temps et trop d'adrénaline partout pour s'oxygéner correctement. C'est assez triste à voir. J'espère qu'il va pas se pisser dessus. Je déteste quand les gens font ça. Enfin voilà, c'est quelques secondes de magie de douleur. On sait quand j'ai fini parce que la victime reprend des couleurs et se remet à respirer normalement.

« C'est tout ?
- Bin le cœur pourrait lâcher. Avec les... les machins. Tout ça. Il a déjà bien mangé là.
- Ouais, chais pas. J'en ai plein le cul de laisser filer des putain de cinglé parce qu'il faut pas faire du mal aux gens. Modernité de merde. »

Et là elle crache par terre. C'est pas joli sur le parquet. Je négocie une ultime fois :

« Je vais pas utiliser la magie sur ce type pour le plaisir. »

La fumeuse fronce les sourcils. Personne n'a envie de voir un vicaire se faire plaisir. Moi non plus. J'aimerais vraiment pouvoir dire sans mentir que toutes ces rumeurs sur le cuir et les machins sont bidons. J'aimerais vraiment. Dans la réalité, il y a certaines pièces du Fort où je ne vais plus pour éviter des spectacles navrants. Au fil des années, j'en ai hélas trop appris, assez pour développer des mécanismes d'évitement et de déni. J'ai quand même assez de neurones pour savoir ce que des mots comme « plaisir » et « magie » peuvent avoir comme impact sur le prieur profane. Et ça marche.

« Bon OK. Mais on fait quoi du coup putain ?
- Ben euh... je sais p...
- Et l'autre, on le laisse vautré dans sa bave là ? »
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Gabriel Gaultier
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MessageSujet: Re: Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei]   Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum [PV : Izei] EmptyMer 26 Juin - 21:22

La torture ? Très bien. Deuxième fois que le pauvre s'écroule en l'espace de dix petites minutes. On dit toujours qu'il n'y a que la première fois qui fait mal, mais est force de constater que la seconde est plus que douloureuse. Son esprit sort littéralement de son corps, et il a la sensation d'observer la scène sans y être vraiment, comme s'il flottait au-dessus et qu'il était spectateur. Il a mal, mais de nouveau, son cerveau coupe tout, et il sombre dans du coton. Oui, son coeur pourrait lâcher, mais c'était mal le connaître. C'est quand même stupide en tant que cervologue d'admettre qu'il aura besoin de parler de ce qu'il s'est passé à quelqu'un : se confier ? BERK. Il dira quoi ? Qu'il a déjà bandé sur les seins de sa professeure de piano ?

Dans tous les cas, Gabriel était en train de suffoquer au sol. Son esprit ne tenait pas le coup ; deux agressions en trop peu de temps, il ne comprenait pas simplement pas. Peut-être que plus tard, il sera capable de mettre les mots là-dessus. Pour l'instant, il y pensera sous forme de rêves, et c'est tout. Il avait donc après un bon moment la sensation de dormir en bavant sur le côté ; il  percevait vaguement ce qu'il se passait autour de lui, mais sans plus. Un peu comme s'il était en train de rêver, et qu'il pouvait se réveiller d'un moment ou un autre ; ce genre d'état de mi-conscience. Plus tard, Gabriel allait écrire ce dont il se souvenait dans un journal. Les expériences étaient importantes, surtout lorsqu'il s'agissait de lui-même.

Il ne se réveille pas.

Pour faire bien chier les Prieurs, Gabriel Gaultier ne se réveille pas. Et c'est à ce moment-là que Suzanne - son étudiante favorite, ayant toujours un D à ses.. hem, notes — pointa le bout de son nez. Suzanne aimait toujours faire croire qu'elle avait besoin de lui pour comprendre ses cours ; il ne se passait rien. Mais... c'était un amour courtois suffisant pour avoir envie de la rajouter à ses trophées. La charmante Suzanne — donc — entrouvrit la porte, elle trouva son professeur dans cet état, et elle se mit à crier de toutes ses forces en partant en courant. Ce fut grâce à cela qu'on découvrit la scène, et que Maman-Gaultier apprit la chose. D'autres professeurs arrivèrent, dont un d'une cinquante d'années, aux tempes grisonnantes. Il demanda aux Prieurs ce qu'il s'était passé.

Le moment était très gênant. Pour eux.

Au moins, cela eut le mérite de le sortir de son propre bureau, et de se faire soigner. Pendant ce temps, les Prieurs purent prendre le temps de constater qu'ils s'en étaient pris à une personne innocente. Pas de cerveaux, juste une copie d'élèves qui manquaient, et qu'il remarquerait plus tard. Si les Prieurs l'ont suivi dans l'infirmerie de l'école, ils attendent longtemps. Très longtemps. Gabriel finit par se réveiller. Il baragouine quelque chose à propos de se rouler dans de la glace, mais son cerveau l'a déconnecté de la partie.
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