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 Recrutement [PW Salwa]

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Phineas Gold
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Phineas Gold

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MessageSujet: Recrutement [PW Salwa]   Recrutement [PW Salwa] EmptyDim 26 Aoû - 12:35

On pouvait dire que Phineas Gold vivait sa meilleure vie. Il avait la chance, tous les jours, de faire le métier de ses rêves, au sein d'un journal qu'il avait lui-même fondé avec des amis, devenu le plus lu d'Excelsa. Sa vie telle qu'elle était lui plaisait, il écrivait, menait des interviews, réalisait des reportages, rencontrait chaque jour de nouvelles personnes. En plus, il vivait juste à côté de son lieu de travail. Le studio était petit, mais pour lui seul, ça suffisait largement.

Le Vox était imprimé à environ 110 000 exemplaires par jours. Les presses, situées juste à côté de la salle de rédaction, tournaient quasiment en continu. Fort heureusement, un mur épais et isolé avait été installé. Le journal était distribué dans tout Excelsa, et des accords avaient été passés avec plusieurs contrées étrangères afin d'assurer la livraison du Vox par-delà les frontières de la Ville. Bien sûr, les technologies actuelles ne permettaient pas une grande viabilité de ces méthodes. Rien que pour les Atlasis, il fallait compter environ 5 jours pour que les éditions du Vox soient livré. C'était comme de l'astrologie, au fond. Les citoyens étrangers observaient la vie excelsienne avec plusieurs jours de retard. Pour cela, Phineas suivrait avec attention l'avancée de ce fameux projet de chemin de fer. Pour le Vox, cela pourrait être un moyen de faire parvenir l'information à leurs voisins bien plus vite !

Cependant, en éternel insatisfait, Phineas en voulait toujours plus pour son bébé. Augmenter son influence, son tirage et satisfaire ses lecteurs en permanence. Il discutait régulièrement avec ses collaborateurs, des plus anciens aux plus jeunes, sur ce qui pourrait être fait pour contribuer à l'évolution positive du Vox. Ouvrir une tribune aux auteurs du Conservatoire, afin que ces derniers puissent publier, épisodes par épisodes, leurs contes, roman ou opéra ? C'était une piste à envisager.

Mettre l'accent sur le sensationnel et les sports ? Tentant évidemment, si le but était d'écouler plus de tirages. Mais en terme d'intégrité journalistique, Phineas avait préféré écarter cette hypothèse. Le Vox était un journal généraliste, avec sa part de sport et de sensationnalisme. Mais il devait rester avant tout un vecteur de l'information générale.

Finalement, c'est l'un des co-fondateurs qui avait suggéré d'élargir la rédaction. De tenter de recruter. Le Vox avait la majeure partie du temps fonctionné avec une rédaction de six journalistes, les six qui s'étaient associés pour fonder le journal. Régulièrement, la rédaction recevait de jeunes aspirants journalistes, mis à l'essai pendant un ou deux mois. Aucun n'avait été intégré comme rédacteur à plein temps, mais les plus doués travaillaient en temps que pigistes. Ceux-là était d'une grande aide, étant donné qu'ils permettaient au Vox de couvrir l'information dans la majeure partie des districts. Mais les pigistes n'étaient pas autorisés à traiter autre chose que des sujets locaux. Alors peut-être, en effet, qu'une nouvelle plume régulière au Vox pourrait apporter du sang neuf.

Phineas s'était donc mis en quête de recrue potentielle. Trouver un candidat intéressant n'avait pas été difficile. C'était d'ailleurs une candidate : Salwa Hawabazzi, la plume montante de La Ligne de Myre, le deuxième journal d'Excelsa. Elle s'était récemment faite remarquée pour ses interactions avec un criminel masqué. Un sujet qui n'avait pas été traité en profondeur par le Vox, faute d'éléments suffisant à garantir la véracité de l'information. Le Prieuré n'avait pas non plus souhaité s'exprimer sur le sujet. Résultat, n'était paru qu'un court article, rédigé au conditionnel. Pas le style favori de Phineas, loin s'en faut.

Mais cette Salwa pouvait peut-être s'affirmer comme une recrue de choix pour le Vox. Bien sûr, ses collaborateurs l'avaient charrié, laissant entendre qu'il ne recrutait la jeune femme que pour affaiblir un concurrent direct. Ça ne lui avait même pas traversé l'esprit. Le jeune homme ne se préoccupe que de son bébé. Il avait donc rédigé sa lettre à l'intention de sa compatriote journaliste.

Phineas a écrit:
Phineas J. Gold
Journaliste-rédacteur au Vox
Impasse de la plume, Sainte-Héléna

À l'intention de Salwa Hawabazzi
La Ligne de Myre

Chère Mademoiselle Hawabazzi,

Journaliste-rédacteur pour le Vox, nous gardons un œil attentif sur les autres rédactions excelsiennes. Vos derniers articles ont attiré notre attention. Dans une volonté de constante amélioration de notre journal, nous souhaiterions vous convier à un entretien préliminaire dans nos locaux, en vue d'une éventuelle intégration à notre rédaction. Il s'agirait pour nous de discuter de nos attentes respectives ainsi que de notre vision du métier de journaliste, afin de nous assurer que vous correspondiez à l'état d'esprit du Vox.

Bien à vous
Phineas Jebediah Gold

Bien entendu, il était hors de question d'offrir une place de rédactrice à Salwa sans la connaître un minimum auparavant. C'est pour cela qu'en cas de réponse positive, il avait demandé à s'entretenir lui-même avec la jeune femme. Son franc-parler pouvait rebuter, mais au moins mademoiselle Hawabazzi saurait à quoi s'en tenir.
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Salwa Hawabazzi
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MessageSujet: Re: Recrutement [PW Salwa]   Recrutement [PW Salwa] EmptyLun 27 Aoû - 15:23

L’index plié qui frappa à la porte de son bureau lui fit lever la tête et s’arrêter le cliquetis de sa machine à écrire. En reconnaissant son rédacteur en chef elle lui sourit en guise de bienvenue avant de se rejeter au fond de son fauteuil de travail et de lire dans ses yeux la contrariété. Elle se demanda ce qu’elle avait bien pu faire. Elle n’eut pas longtemps à attendre. Humphrey jeta une enveloppe sur sa table de travail.

« Tu reçois du courrier du Vox maintenant ? »

Elle haussa les épaules. Premièrement, pour une fois elle n’avait rien à voir avec la contrariété de son patron et de plus, elle se dit que ce devait forcément être une erreur ou un canular. Elle ne pouvait pas dire qu’elle était une employée rebelle. Si on lui confiait une mission, pourvu que ce ne soit pas la rubrique nécrologique, elle s’y pliait plutôt de bonne grâce. Mais elle avouait qu’elle suivait ses idées et ne renonçait jamais à un sujet qui la titillait quitte à remettre à plus tard les sujets qu’elle jugeait moins importants. Comme ses critères étaient parfois très personnels, ses heurts avec le taulier n’étaient pas rare, même si elle savait que ce dernier reconnaissait ses qualités et l’avait à la bonne, ce dont elle ne se privait pas d’abuser si nécessaire.

Le temps qu’elle se redresse pour jeter un coup d’œil à l’enveloppe par-dessus sa machine à écrire, il avait déjà tourné les talons. Contrarié mais pas indiscret, elle pouvait lui rendre cette grâce. Elle avait du mal à imaginer que sa vie professionnelle puisse être meilleure que ce qu’elle vivait actuellement. Si bien sûr, on pouvait toujours envisager des améliorations comme le salaire. Salwa avait une vie en dehors du journalisme et cette vie était un peu dispendieuse et encore se limitait-elle. Dans ce contexte une augmentation n’aurait pas été de refus. De même avoir une complète liberté sur les sujets qu’elle devait traiter lui éviterait les confrontations pénibles même si elles lui manqueraient sans doute avec le rédacteur en chef. Et en dernier lieu ne pas passer son temps à courir après un photographe ou un graveur comme si elle mendiait leurs services serait tellement reposant. Mais elle devait bien se montrer réaliste de temps en temps. Ce dernier laissait tout son temps et une partie de son argent dans le journal et elle n’avait pas besoin d’éplucher les comptes pour comprendre que les finances du journal étaient plus que serrées. En outre avoir du répondant en face d’elle, ne lui déplaisait pas plus que ça du moment qu’elle obtenait ce qu’elle voulait. Pour résumer, sa vie professionnelle la satisfaisait autant que possible.

Elle finit tout de même par saisir l’enveloppe, effectivement tamponnée du cachet du Vox et la fit tourner entre ses doigts, un peu songeuse. Elle se demandait bien ce que le journal concurrent pouvait bien lui vouloir. Elle se montrait le plus réglo possible avec ses confrères et elle ne méritait pas de lettre d’insultes. Ce n’était même pas une réponse à une de ses demandes comme semblait le soupçonner son patron. Elle ne leur avait même jamais écrit… Mais ce n’était pas en tirant des plans sur la comète qu’elle saurait ce que signifie cette lettre. Le coupe papier s’inséra sous le pli du rabat et la lettre fut bientôt déplié sous les yeux de la journaliste. Quelques secondes plus tard, la feuille la feuille gisait sur le bureau et la journaliste joignait ses deux mains de chaque côté de son nez en proie à mille interrogations autour du contenu de la lettre. Elle se demandait bien ce qui avait pu intéresser le patron du Vox à la contacter. Elle ne souffrait d’aucun complexe d’infériorité et se sentait assez flattée de cette attention, mais Phineas Gold avait déjà ce qu’il lui fallait, enfin, lui semblait-il, vu de l’extérieur…Lorsqu’elle parcourait le journal concurrent elle devait bien en admettre les qualités…

A moins que le but de son intégration soit d’affaiblir la Ligne de Myre. Cette hypothèse ne la scandalisa pas plus que cela. Ecrire ici ou écrire là, quelle importance ? L’importance ? Forcément de pouvoir le faire dans de bonnes conditions, supérieures à celles connaissaient déjà dans son journal. Est-ce que le rédacteur en chef du Vox pouvait les lui offrir ? Il n’y avait qu’une seule façon de le savoir. Mais pour l’heure ele devait finir ce qu’ele avait commencé avant l’arrivée de la lettre.

Ses doigts reprirent leur danse effrénée sur le clavier de la machine à écrire jusqu’à l’apposition du dernier point. Le feuillet rejoignit les trois autres qui attendaient leur petit frère pour former un tout. Puis elle en inséra un nouveau dans la machine et en regarda quelques secondes le haut qui dépassait de la barre de maintien sur le rouleau noir d’entrainement comme pour vérifier leur parallélisme, mais surtout pour savoir comment commencer sa réponse. Puis les doigts entrèrent en danse.


Citation :


le 53/RN/1126
à Monsieur Phineas J. Gold    
Journaliste-rédacteur au Vox
Impasse de la plume, Sainte-Héléna
EXCELSA


Cher Monsieur,


C’est avec étonnement mais néanmoins plaisir que j’ai reçu votre courrier du 51/RN/1126. C’est tout à votre honneur de vous intéresser aux autres rédactions et très flatteur pour moi de me voir pressentie pour intégrer votre rédaction.
Comme vous le notez, il est indispensable pour s’assurer que cette idée en est une bonne. Je souscris donc à une rencontre dans vos locaux. Comme vous n’avez pas proposé de date, je me permets de vous suggérer le matin du 57/RN1126 à 8h.
Bien à vous

Salwa HAWABAZZI
Recrutement [PW Salwa] 18081211001316109915844779

PS. Un simple télégramme suffira pour confirmer notre rendez-vous.





En passant devant le bureau de son patron avec sa lettre de réponse cachetée, elle lui déposa celle en provenance du Vox, sans attendre de réaction de sa part, se demandant seulement si elle avait proposé suffisamment de dates. Par bonheur, la date proposée convint et la rouquine se présenta à la porte du journal à 7h55. Le temps annonçait parfaitement les chaleurs de la saison des forges qui approchait à grand pas, mais une fois à l’intérieur du bâtiment, il aurait bien pu venter qu’elle ne s’en serait pas rendue compte.

Sous son chapeau cloche d’organza blanc à larges bords, elle était vêtue d’une chemise blanche à large col et au décolleté en V des plus décents. Un corset de coton vert jade brodé ton sur ton de motifs végétaux mettait comme d’ordinaire sa silhouette en valeur au-dessus d’une longue jupe de silco, asymétrique, vert sauge, courte sur la hanche gauche et tombant sur la cheville droite. Pour l’occasion, elle avait chaussé de hauts talons de cuir noir, ajourés en une sorte de résille géométrique. Son éternel sac à main l’accompagnait également alors qu’elle avait renoncé, une fois n’est pas coutume, à son ombrelle. Peut-être la fraicheur et le soleil encore bas du matin lui permettaient-ils ne s’en passer…

Au rez de chaussée du bâtiment, une porte fléchée lui indiqua l’escalier à emprunter pour rejoindre les locaux du journal. La lumière y était artificielle et un peu jaune par rapport à celle de l’extérieur. En passant l’entrée, deux portes s’offraient à elle et personne pour l’accueillir. C’était insuffisant pour la rebuter et un bruit familier lui venant de sa gauche, il ne lui restait plus qu’à se faire annoncer à celle qui lui faisait face. Elle jeta un coup d’œil à sa montre pendentif, souvenir de sa mère 7h59, elle pouvait se permettre de frapper.

Quelques poignées de secondes plus tard, personne n’avait ouvert, aussi se permit-elle d’entrebâiller et de passer doucement la tête à la porte.

« Excusez-moi… J’ai frappé mais… »


Quelques paires d’yeux se tournèrent vers elle avant de se tourner vers un des hommes présents.

« J’ai rendez-vous avec M. Phinéas Gold… »
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MessageSujet: Re: Recrutement [PW Salwa]   Recrutement [PW Salwa] EmptyLun 27 Aoû - 22:06

Quelques jours plus tard, la lettre de Phineas avait reçu une réponse positive. Elle proposait même une date de rencontre. Parfait, c'était un premier bon point, elle savait prendre des initiatives. Non pas qu'il en doutait, mais il était plaisant d'en avoir la confirmation. Conformément à sa demande, un simple télégramme confirma que le rendez-vous était pris.

Certains auraient sans doute maugréé à l'horaire matinal, mais le journaliste n'était pas de ceux-là. En général, ses journées débutaient vers 6h30 du matin, alors ce n'était rien. Il serait déjà au Vox lorsque la jeune femme entrerait au premier étage.

C'était devenu sa routine. Le Vox n'avait pas de rédacteur-en-chef désigné, chacun des six membres fondateurs étaient plus ou moins égaux et également qualifiés pour prendre des décisions et relire les articles des pigistes. Cependant, par son abnégation et sa force de travail, c'était bel et bien Phineas qui se retrouvait le plus souvent dans le rôle de décisionnaire. Après tout, il était généralement le premier arrivé et le dernier parti. Lorsqu'il poussait les portes de la rédaction, à sept heures tapantes, il faisait en général le point avec les deux techniciens, si ces derniers n'étaient pas déjà rentrés chez eux. Cela consistait simplement à s'assurer que les livraisons aux différents points de vente s'étaient déroulées sans accroc, et que les presses étaient toujours fonctionnelles. Une fois ces points réglés, la journée pouvait commencer.

D'abord le courrier. Le Vox recevait une petite dizaine de lettres chaque jour en moyenne. Certaines -rares- faisaient l'éloge d'un article, d'autre venaient pointer une erreur ou une faute d'inattention. Le journal s'efforçait de constamment vérifier ses sources, autant de fois que nécessaire, mais il arrivait de temps à autres qu'une information se révèle erronée, ou qu'un changement de dernière minute n'invalide l'article complet. On n'en tenait pas rigueur, tout le monde faisait des erreurs. Ce que Phineas ne tolérait pas, c'était de bâcler un article. Il devait souvent répéter la même chose aux pigistes :

N'hésitez jamais à prendre quelques heures de plus pour être sûr que votre article soit juste. Quitte à ce qu'il paraisse dans l'édition de demain.

Pour les actualités locales, les petites rédactions de quartier étaient en général plus rapide, ce qui était parfaitement normal. Les reporters publiaient une édition spéciale, généralement pas plus de quatre pages relatant des différentes anecdotes de la journée. Résultat, l'information intéressante était noyée au milieu de cinquante autres, et tenait sur cinq lignes. En tant que premier journal de la Ville, le Vox tenait à prendre plus de recul et à traiter les événements en profondeur. En ce sens, publier l'information un jour plus tard n'avait pas grande incidence.

Ce jour-là, il était arrivé pile à l'heure, comme d'habitude. Suivi sa routine quotidienne. Deux de ses collaborateurs étaient arrivés à 7h30, tandis que les presses commençaient déjà à chauffer pour imprimer deux articles qui n'avaient pas trouvé leur place dans l'édition de la veille. Au Vox, on imprimait au fur et à mesure, l'assemblage venait après.

7h59, la porte s'ouvrit légèrement. Les trois journalistes levèrent la tête, lorsqu'une tête coiffée d'un chapeau blanc s'annonça. Elle disait avoir rendez-vous avec Phineas. C'était évidemment Salwa.

Mademoiselle Hawabazzi ! Mes excuses, avec les presses à côté on ne vous a pas entendu frapper. Entrez, entrez !

Malgré l'épais mur qui séparait la salle de rédaction de la salle des machines, il restait toujours un peu de bruit. Tout en s'approchant de Salwa pour lui serrer la main, Phineas détailla rapidement la jeune femme. Elle s'était très bien habillée, bien mieux que le jeune homme, qui ne portait qu'une simple chemise bleu ciel et un pantalon noir des plus standards.

Passons à côté, nous pourrons parler plus tranquillement.

Avec un sourire, il l'emmena jusqu'à la salle de détente. Là, il tira un fauteuil qu'il offrit à Salwa, avant de se poster à la fenêtre, qu'il ouvrit. De la poche arrière de son pantalon, il tira son paquet de cigarette, en récupéra une avant de proposer à la jeune femme.

Vous fumez ?

Une fois sa cigarette allumée et la première bouffée de fumée expirée dans l'air matinal d'Excelsa, Phineas entra dans le vif du sujet.

Merci de vous être déplacé. Comme je l'ai indiqué dans ma première lettre, le Vox pourrait être intéressé par votre plume. Cependant, avant d'envisager votre recrutement, il nous a semblé normal d'avoir ce petit entretien, afin d'en savoir un peu plus sur vous. Si vous le voulez-bien, j'aimerais que vous me parliez de vos débuts. Comment avez-vous choisi le journalisme ? Qu'est-ce qui vous a motivé ? Et aujourd'hui, quelle est votre vision de votre métier ?

C'était une entrée en matière somme toute classique. Avant de parler des détails d'un potentiel emploi, Phineas désirait simplement cerner un peu mieux la personnalité de Salwa Hawabazzi.
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MessageSujet: Re: Recrutement [PW Salwa]   Recrutement [PW Salwa] EmptyMer 29 Aoû - 8:44

Dès la première seconde, le regard de la rouquine se promena sur les gens et les objets de l’endroit dans lequel elle arrivait. Elle avait comme acquis une sorte de tic de tenter de prendre la température des nouveaux lieux dans lesquels elle pénétrait. L’agencement des lieux, et l’activités de gens étaient souvent un bon indicateur et même si elle pouvait se démentir la première impression était toujours importante.

Ici, tomber sur une équipe au travail lui apparut comme un point positif. Pas forcément le terme équipe mais au travail et non à tergiversation ou même à brassage de l’air pour se donner l’illusion de faire quelque chose. L’heure matinale ne voulait pas forcément dire grand-chose sachant que par les fortes chaleurs qui s’annonçaient, une bonne partie d’Excelsa allait adopter un rythme en phase avec les températures, c’est-à-dire travailler le matin de bonne heure jusque midi et reprendre en fin d’apprès midi alors que le soleil se faisait moins haut sur l’horizon. Une bonne partie d’Excelsa sauf les ouvriers soumis à des patrons qui arguaient quez sous terre l’air reste frais ou que leurs bâtiments étaient suffisamment isolés de la chaleur pour poursuivre le travail.

La grande table était ordonnée et la bibliothèque qui lui faisait face montrait un classement impeccable. Mais l’un des hommes présents l’interpelait déjà et s’excusait de ne pas l’avoir entendue frapper. Elle lui sourit avec indulgence tout en pénétrant da,ns la pièce à son invitation.

« Il n’y a pas de mal. Les choses doivent se faire et tout ne va pas s’arrêter pour moi. Bonjour à tous. »

Elle tendit la main à l’homme sui venait vers elle et qui sachant qui elle était devait être Phinéas Gold.

« Phineas Gold je présume ? »

Puis elle fit le tour des trois pigistes qui se trouvaient là, distribuant sourires et poignées de main pour finir par un petit sourire gêné à la cantonade pour s’excuser d’avoir interrompu le travail. Les présentations d’usage établies elle put se concentrer sur son interlocuteur privilégié. Si elle avait tenté d’être présentable, il n’en était rien du leader du Vox qui n’avait rien mis en œuvre de spécial pour leur rendez-vous. Il avait la tenue qui s’approchait plus du technicien qui allait intervenir sur les plombs ou les rotatives que du journaliste prêt à écrire un article et encore moins se présenter à une entrevue pour un futur papier, son rasage vieux de trois jours à vue de rouquine ne plaidait pas en sa faveur. Elle était bien loin de la moustache impeccablement taillée d’Humphrey. Elle n’allait cependant pas s’arrêter à cela ; Bien sûr, l’image que ça lui renvoyait n’était pas spécialement flatteuse. Après tout c’était lui qui l’avait invitée et il aurait pu faire le même effort qu’elle. Elle resta cependant impassible. D’un autre côté elle voyait l’homme dans son jus et c’était certainement l’image qu’elle aurait de lui au quotidien si jamais ils faisaient affaire.

Elle se contenta d’emboîter le pas à son hôte jusqu’à la pièce qui jouxtait la salle de travail. Apparemment c’était une salle de détente et elle accepta le fauteuil qui lui était tendu.

« Merci. »

Elle le regarda se planter à côté de la fenêtre tout en ôtant son chapeau inutile à l’intérieur et l’obligeant dans cette configuration où il la dominait en restant debout à se rompre la nuque à force de tenter de voir sous le bord de son couvre-chef le visage de Phineas Gold. Elle accompagna son refus d’une cigarette d’un petit geste de la main.

« Je ne fume pas... merci. »

Les haleines de cendriers froids étaient pour elle une raison suffisante de ne pas se polluer avec le tabac. Elle regarda le souffle enfumé sortir du nez de son hôte. Certes la cigarette lui allait bien et complétait son style à merveille, mais elle se demanda si ses amours acceptaient de l’embrasser. C’était absolument hors de propos mais l’entrevue n’ayant pas encore véritablement débuté, elle avait laissé cette pensée futile la traverser. Son chapeau avait rejoint le coin du dossier et elle attendit patiemment que le fondateur du Vox éclaircisse la raison de son invitation.

Son attente ne fut pas déçue car il entra immédiatement dans le vif du sujet. Elle ne put réprimer un sourie amusé devant l’étendue de la question qu’il posa. Un sujet de dissertation d’entrée au Conservatoire n’aurait pas mieux fait. Elle croisa sa jambe couverte au-dessus de la nue et tira du bout des doigts le pan de sa jupe. Elle regarda devant elle pour entamer sa réponse. Décidément, parler à quelqu’un qui vous surplombe n’était pas très confortable !

« Mes début… Je suppose que vous ne voulez pas que je vous parle de mon enfance ?... J’ai donc débuté lors de mes études au Conservatoire, que nous avons dû fréquenter un temps, au même moment… »

La parenthèse la fit un peu sourire. Il ne devait pas se souvenir d’elle, par contre, ce son côté le souvenir d’une bande d’illuminés qui avait fondé l’embryon de ce qui devait devenir le Vox était bien vivace en elle. L’aventure était séduisante, mais elle les trouvait à l’époque un tantinet arrogants et prétentieux dans leur attitude, ce qui ne l’avait jamais incitée à aller échanger avec eux. Encore une question de première impression. D’ailleurs ce devait être réciproque car de leur côté ils n’avaient jamais regardé du côté de la rouquine et de toute manière très peu du côté des autres étudiants en général. Mais tout cela était du passé et elle pouvait très bien avoir eu des sentiments erronés à cette époque où, à peine sortie de l’adolescence, tout est facilement, ou blanc ou noir.

« … donc parcours classique en son sein, stages dans divers journaux dont certains ont disparu de nos jours, bibliothèque, beaucoup… Bien notée… Humphrey Octaviani est venue me recruter à l’issue de mes études et me supporte depuis. »

Elle leva les yeux vers le fumeur qui n’avait pas quitté son encoignure de fenêtre et lui jeta un sourire interrogateur pour voir si son esprit de synthèse lui convenait. Comme il ne semblait pas vouloir l’interrompre elle choisit de poursuivre.

« Le choix du journalisme… La question est : est-ce que j’ai choisi le journalisme ou bien est-ce l’inverse ? En fait, la vérité est que je ne sais rien faire d’autre qu’écrire et que dépeindre ce que je vois jour après jour est bien plus facile que de faire un effort d’imagination.  En plus,  les gens ont eu le tort d’apprécier mon travail. Ajoutez à cela un caractère de peste que chacun s’accorde à me donner depuis mon enfance… »

Il y avait une part de raccourci un peu exagéré dans ses paroles, mais les résumés sont toujours sujet à caricaturer. Et puis développer en un long exposé sa vie professionnelle qui croisait à plusieurs reprises sa vie privée lui paraissait fastidieux et prématuré. S’il voulait en savoir plus il aurait tout le loisir de poser des questions plus précises au fur et à mesure de l’entretien. De toute façon elle n’avait rien à vendre et n’avait mis aucun enjeu dans cette entrevue qu’elle avait acceptée par curiosité, que pour être honnête son égo en avait été flatté et qu’enfin, une occasion de voir ou même de s’engager vers de nouveaux horizons ne se laisse pas passer. Elle était donc très détendue et c’est sans aucune pression qu’elle répondait à Phinéas J. Gold.

« Quand-à ma vision du métier, je crois qu’elle est plus que pragmatique. Il faut bien vivre non ? Donc pourquoi pas le journalisme ? J’ai la chance de prendre du plaisir dans ce que je fais et j’ai la prétention de le faire consciencieusement. »

La part de provocation qu’elle avait mise dans la fin de sa réponse ne pouvait cacher une part de vérité. L’absence de routine, l’adrénaline qu’elle lui avait procurée en bien des occasions et sa ténacité qui lui imposait de creuser ses papiers le plus possible ne serait-ce que pour assouvir sa curiosité en avait faite ce qu’elle venait de décrire. Ses yeux pétillaient derrière un battement de cils lorsqu’elle poursuivit.

« Et vous Monsieur Gold ? Vous devez avoir un parcours et une vision des choses très personnelle sinon vous n’auriez pas fondé le Vox. »

Après tout, si son interlocuteur voulait en savoir plus celle qu’il avait en tête d’engager, cette dernière avait également envie d’en savoir plus sur son potentiel futur patron et ce au-delà de la légende Gold du journaliste entrepreneur, omnipotent et incorruptible.
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MessageSujet: Re: Recrutement [PW Salwa]   Recrutement [PW Salwa] EmptyMer 29 Aoû - 21:44

Phineas resta debout le temps de fumer sa cigarette. Salwa ne fumait pas, il lui paraissait donc normal de ne pas enfumer la pièce. À intervalle régulier, il passait donc la tête par la fenêtre afin de recracher la fumée. De plus, sa main restait inlassablement hors de la pièce. D'autres employés du Vox ne fumaient pas, il avait donc l'habitude.

Lorsqu'il eut terminé, il prit place sur le fauteuil face à la jeune femme, sans l'interrompre alors qu'elle lui racontait rapidement ses études. Ils avaient fréquenté le Conservatoire à la même période ? Ce n'était pas impossible, quand bien même Phineas n'avait pas fini ses études. Quel âge avait Salwa d'ailleurs ? De visu, il aurait dit plus jeune, mais on pouvait bien avoir des surprises. Et comme son visage ne lui évoquait pas de souvenir particulier, il n'avait aucun indice.

Peut-être, en effet. Se contenta-t-il de marmonner.

De plus, le jeune homme n'était pas des plus sociables à l'époque. Lui et son groupe d'ami, qui étaient aujourd'hui ses plus proches collaborateurs, fonctionnaient avec un puissant esprit de groupe, et restaient tranquillement dans leur coin, sans embêter personne. Et personne ne les embêtaient. Donc ils vivaient leur vie tranquillement, allait boire quelques bières de temps à autres, là où les bars n'étaient pas trop regardant sur l'âge légal, et menaient leur petit projet.

Contrairement au sien, le parcours de son invitée était des plus classique pour le journalisme. Elle avait été engagée à La Ligne de Myre dès son diplôme obtenu, c'était assez impressionnant. Phineas, par le biais de connaissance commune, avait déjà eu l'occasion de rencontrer Humphrey. Pas forcément son personnage préféré, Gold le voyait comme un homme d'affaire plutôt qu'un rédacteur-en-chef. Le genre qui préfère écouler ses papiers plutôt que de se soucier de leur qualité. Mais à nouveau, Phineas connaissait assez mal l'homme, et ce n'était que son propre ressenti personnel.

Humphrey, bien sûr. Le meilleur rédac-chef de la Ville !

Il y avait une grosse pincée d'ironie dans sa voix. Après tout, vu qu'il n'y avait pas de rédac-chef au Vox, Octaviani était par défaut le rédacteur-en-chef numéro 1, étant donné que son journal était second au nombre de tirage.

Salwa ne s'arrêtait pas, embrayant sur son choix du journalisme. À nouveau, Phineas écouta attentivement. Sa raison de choisir le journalisme était somme toute assez similaire à la sienne. Durant son enfance, Gold se dirigeait plutôt vers une carrière de romancier, mais c'est finalement le journalisme qui est devenu sa passion. Toutefois, alors que la jeune femme ponctuait sa phrase, le visage du journaliste se rembrunit.

Pouvez-vous m'en dire plus sur ce « caractère de peste » et sur la manière dont il affecte votre vie professionnelle ? Ce genre d'attitude n'est pas compatible avec l'état d'esprit du Vox, je préfère vous le dire tout de suite.

Soudainement, le ton s'était un peu durci. Il était hors de question que Phineas intègre à sa rédaction un élément à problèmes. Tout aussi talentueuse soit-elle, Salwa ne pouvait pas s'attendre à bénéficier du moindre traitement de faveur. Elle travaillerait dans les mêmes conditions que tout le monde, point.

La rouquine continua ensuite quelques secondes, expliquant sa vision pragmatique et sa prétention à faire son travail consciencieusement. Phineas s'était légèrement enfoncé dans son fauteuil, sa main droite passant négligemment sur sa barbe.

Consciencieusement... C'est très intéressant que vous utilisiez ce terme. Je ne doute pas que vous soyez une journaliste exemplaire. Cependant, si je ne m'abuse, vous vous êtes retrouvée dans l’œil d'un cyclone des plus chaotiques récemment, justement parce que vous n'aviez pas été assez consciencieuse. Je me trompe ?

Phineas avait lu les deux articles liés à L'As, signés par Salwa Hawabazzi. Le second indiquait que le mercenaire, un fou dangereux masqué et armé d'un fleuret, s'était introduit dans l'appartement de la journaliste, dans un premier temps pour lui indiquer une erreur dans sa première publication.

Ne vous méprenez pas, je ne cherche pas à vous rabaisser de quelques manières que ce soit. Je ne peux qu'imaginer l'expérience traumatisante que vous avez subi, et je ne peux que vous admirer pour le courage dont vous avez fait preuve, en étant si virulente dans votre second article. Cependant, si vous aviez été au Vox au moment des faits, par volonté de ne pas risquer le diable, nous ne vous aurions pas laissé publier ce papier en l'état. Du moins, pas sans l'assurance que le Prieuré soit en mesure d'assurer une protection rapprochée. Il marque une pause, laisse le temps à Salwa de lui indiquer un élément qu'il n'a pas en sa possession. Après tout, peut-être que le Prieuré assure sa protection depuis cet article. Peut-être y a-t-il une patrouille en bas ? Quand au premier article, nous vous aurions sans doute encouragé à enquêter plus longtemps, afin de vérifier les hypothèses que vous avez émis à tort. Quitte à sortir l'article le lendemain.

Une nouvelle pause. C'était au tour de Salwa de demander plus de renseignement. Normal, si elle était amenée à travailler ici, il était tout aussi important qu'elle soit à l'aise avec ses collègues que l'inverse. Avec un sourire, Phineas corrigea :

Je n'ai pas fondé le Vox. Nous l'avons fondé. Cinq amis et moi. Je tiens à ce que ce soit bien clair auprès de tous. Nous sommes tous sur un pied d'égalité ici, et vous le serez également si vous êtes amenée à nous rejoindre. Pas de rédacteur en chef, les journalistes titulaires se chargent de se relire mutuellement. Ce qui m'importe le plus, ce qui nous importe le plus, c'est la vérité. Bien sûr, nous ne pouvons pas prétendre détenir la vérité, mais nous tenons à ce que les informations que nous publions soient vérifiées par plusieurs sources fiables. Nous sommes intransigeants là-dessus.

Il vient poser les coudes sur ses genoux, se courbe un peu plus et se rapproche légèrement de Salwa par la même occasion. Un sourire sincère se forme sur son visage.

Pour nous, le Vox, c'est comme notre enfant. On a travaillé très dur, dans un premier temps pour le lancer alors que nous n'étions qu'étudiants, puis pour tenir de front la production et les cours. Nous avons tous pris l'énorme risque de quitter le Conservatoire sans diplôme, afin de nous consacrer à 100% sur le Vox. Vous imaginez sans doute la fierté que nous pouvons ressentir, maintenant que notre bébé est ce qu'il est. C'est pour cela qu'avant d'envisager une éventuelle offre à votre égard, nous souhaitons nous assurer qu'en aucun cas vous ne pourriez fragiliser, ou même détruire ce que nous avons mis tant d'année à créer.

Phineas n'était pas paranoïaque de nature, mais l'idée que Salwa ait accepté l'entretien, puis projette de rejoindre la rédaction, dans l'unique but de saboter le Vox de l'intérieur, pour ensuite revenir en héroïne à la Ligne de Myre lui avait traversé l'esprit. Si tel était le cas, la rouquine allait très vite se faire un ennemi. Mais avec un sourire, Gold s'adossa à nouveau, mains sur les accoudoirs.

Si vous avez des questions concernant le fonctionnement du Vox, n'hésitez pas.
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MessageSujet: Re: Recrutement [PW Salwa]   Recrutement [PW Salwa] EmptyVen 31 Aoû - 21:18

Salwa observait son interlocuteur et passait au crible ses interventions. Elle tentait de se faire un portrait de son hôte qui fasse abstraction de ce qu’elle pensait savoir de lui. Presque contre son gré, son caractère au minimum bourru mais peut être aussi asocial continuait de dominer l’impression qu’elle avait de lui. Certes il faisait l’effort de fumer à la fenêtre mais pas celui de ne pas fumer du tout afin de mener cet entretien qu’il voulait professionnel mais pour lequel il ne semblait pas vouloir se contraindre à rien, ni dans sa présentation, si dans ses manières.

D’ailleurs sa première prise de parole sonnait comme un tantinet, blasée. Elle ne s’attendait pas à ce qu’ils échangent des souvenirs d’anciens combattants sur leurs années d’étude, mais sa façon de marmonner comme si ce n’était pas du tout ce qu’il attendait d’elle malgré son entame désirant tout connaître de son passé et son cursus était assez déplaisant. Mais soit, ils n’étaient là ni l’un ni l’autre pour forcément sympathiser elle devait sans doute se faire à sa façon d’intervenir comme lui à la sienne… Et elle devait bien s’estimer heureuse qu’il ait enfin consenti à lui faire face, presque dans une attitude respectueuse.

Si elle avait espéré que la suite le serait plus (respectueuse), elle comprit bien vite qu’elle serait pour ses frais. Apparemment Phinéas J. Gold avait un avis sur tout et savait tout sur tout, ou en tout cas pensait savoir tout sur tout. A croire que son image d’arrogance héritée de ses jeunes années n’était pas si usurpée que cela et la rouquine se félicita de ne rien attendre de cet entretien. Cela la laissait libre de ses paroles autant que lui se permettait de l’être. En revanche elle devait lui accorder cette qualité, il ne ménageait pas de round d’observation lorsqu’il menait un entretien, les choses ne trainerait pas en bavardages inutile et les deux protagonistes en sauraient vite suffisamment pour se faire une idée sur l’envie qu’ils auraient, ou pas, de travailler ensemble.

L’ironie qu’il adressa à l’évocation de la figure de son rédacteur en chef lui vrilla les tympans. Elle ne portait pas spécialement son patron aux nues. Elle avait suffisamment d’accrochages avec lui pour en connaître les défauts, mais elle lui accordait plusieurs qualités qui faisaient qu’elle travaillait encore à la Ligne de Myre. Il était honnête et consciencieux, savait diriger une équipe en étant entre autres, capable de passer sur les débats un peu vifs et les paroles définitives de certains de ses membres comme la rousse journaliste pour ne nommer qu’elle. Il connaissait le contenu de son journal sur le bout des doigts. En sus, il parvenait à équilibrer une comptabilité qu’elle savait sur la corde raide et qui lui payait son salaire et celui des autres membres de l’équipe. Pour l’instant elle décida de laisser passer cette pique, mais était certaine de la garder en mémoire.

A la question suivante ce fut son tour de laisser pointer un peu d’ironie dans son sourire. Comment son côté peste affectait sa vie professionnelle ? Ce n’était pas compatible avec l’esprit du Vox ? Ma parole ! C’est qu’il allait la gronder ! Elle pinça les lèvres en une moue faussement navrée tandis que ses grands yeux se faisaient coupable.

« Je dois confesser tordre les barres à caractère des machines de mes collègues… »

Elle reprit une physionomie égale pour poursuivre

« … mais ça c’est seulement lorsque je m’ennuie et que je n’ai pas un os à ronger, comme mener une enquête jusqu’au bout même si mon supérieur, fût-il le meilleur rédac-chef de la Ville, n’est pas très enthousiaste. »

Elle avait un peu appuyé ce titre donné quelques minutes auparavant par son interlocuteur à son patron.

« Il faut dire que je déteste laisser quelque chose d’inachevées. Alors, parfois je passe outre. Ce n’est pas bien. Je sais. »

Il n’y avait aucune provocation dans cette dernière phrase mais aucun faux regret non plus. Il le savait, maintenant, il devrait faire avec son entêtement et le mauvais esprit dont elle était capable quel que soit celui du Vox. Par contre question provocation Phineas J. Gold s’y connaissait mais il ne tomberait pas sur une ingrate, surtout s’il attaquait son travail sans rien savoir de comment elle le menait. Elle lui sourit comme si elle lui était reconnaissante de s’inquiéter de sa santé.

« Je vous remercie de votre compassion mais je vais bien et je sais que l’admiration que vous dites me porter vous empêche de me rabaisser. De même que votre humilité vous dispense de juger la concurrence et son travail. »

Elle garda son sourire pour continue, ses yeux braqués dans les siens.

« Elle est d’autant plus inutile que vous ne semblez, vous fier qu’à une seule source pour vos allégations c’est-à-dire les vôtres qui n’étiez pas présent au-dessus de mon épaule lorsque j’ai effectué mon travail. Donc oui, vous vous trompez, mais pourrais-je vous en vouloir ? L’erreur est humaine n’est-ce pas ? Même pour un si brillant journaliste qu’il n’a pas eu besoin de finir son cycle de formation. Ne pas savoir n’empêche personne d’avoir un avis. N’est-ce pas ? »


Elle marqua un arrêt. Il faudrait qu’elle se renseigne pour débusquer au sein de le Ligne de Myre, la taupe du Vox qui lui donne de si mauvaises informations.

Puis elle écouta attentivement le discours sur le travail d’équipe et le partage de la direction qui n’en était pas une puisque chacun était sur un pied d’égalité. Elle se demandait si ce type de fonctionnement lui conviendrait. D’un côté, elle adorait avoir les coudées franches pour prendre des initiatives et ce serait l’occasion rêvée d’y parvenir, mais en même temps elle sentait bien la responsabilité envers les autres que le système Vox sous-tendait et avoir la responsabilité des autres, très peu pour elle. Chacun devait être autonome et responsable de son travail. Après les papiers faisaient ou non l’affaire, et pouvaient être rejetés de même qu’un journaliste faisait ou non l’affaire et pouvait donc quitter le journal. Relire tout le travail des autres alors que pendant ce temps elle pouvait faire avancer son propre travail lui paraissait une perte d’énergie.

En outre, cette histoire de collégialité sonnait faux à ses oreilles. De ce qu’elle avait vu, rien de collégial ne lui était apparu, ni du point de vue symbolique ni du point de vue de l’action. Si sa lettre d’invitation était rédigée au pluriel, en revanche elle n’était signée que d’une personne de même que son entête et non d’une entité supérieure. Lorsqu’elle était arrivée, Phinéas seul relisait les articles des journalistes présents et à aucun moment il n’avait mentionné l’absence de ses cofondateurs et sans doute, associés. Elle n’avait pas assez d’expérience de cette équipe, qui après tout fonctionnait peut-être comme il le disait mais tout cela sonnait comme le pouvoir non assumé d’un homme qui se cache derrière des camarades. La question tournait autour du refus d’une place qu’il méritait peut-être. Chaque équipe se donne un leader, institutionnel ou informel. Pourquoi n’assumait-il pas d’occuper cette place ? Elle n’avait pas envie de chercher la réponse à cette question. Elle ne cherchait pas à occuper ce genre de poste. Ce n’était pas par peur du pouvoir ni même celle d’être une leader tyrannique, ce qu’elle serait sans doute, mais plutôt à cause des responsabilités que cela vous donne et du temps nécessaire à occuper une fonction qui l’éloignerait de ce qu’elle ne voulait continuer plus que tout à faire, enquêter et écrire. Elle ne cherchait pas la réponse mais la question s’était posée à elle sans qu’elle y prête attention.

Quand-à leur éthique d’enquêteurs et écrivains, rien de nouveau même s’il semblait fier d’avoir découvert quelque chose qu’il pouvait asséner aux autres comme s’il était le seul à connaître et à mettre en application.

Ce qui semblait sincère en revanche, alors que ce « nous » illusoire _ où se nichait-il donc ce fameux « nous » ?_ émaillait encore son discours,  c’était la fierté affichée d’avoir réussi à créer ce journal, le faire croitre et le maintenir au sommet. Elle le serait tout autant si elle s’était lancée dans une telle aventure et avait rencontré le succès. Elle eut un petit sourire sincèrement admiratif.

« J’imagine assez cette fierté et elle est des plus légitimes. C’est une belle aventure, mais puisqu’il m’est permis de poser des questions, j’aimerais bien que vous définissiez « l’esprit » du Vox dont vous m’avez parlé tantôt et ce que cela implique concrètement. »


Car enfin, elle avait eu un aperçu de ce qui ne correspondait pas à cet « esprit ». Et encore n’était-elle pas bien sûre des intentions qu’il voulait bien lui prêter après qu’il n’ait pas réussi à déceler le tait d’humour qu’elle s’était permise en se présentant comme une peste. Pour le reste, hormis les grands classiques du journalisme et une collégialité à laquelle elle ne croyait qu’à moitié, il était bien difficile pour la rouquine de définir quel pouvait être ce fameux « esprit ».

Elle papillonna des cils attentifs pour signifier qu’elle était impatiente d’en savoir plus, grâce à une description qui la convaincrait définitivement.
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MessageSujet: Re: Recrutement [PW Salwa]   Recrutement [PW Salwa] EmptyDim 2 Sep - 22:25

Un léger souffle, plus appuyé que les précédents, perça ses narines. Visiblement, l'histoire du caractère de peste, c'était de l'humour qu'il n'avait pas compris. Soit. Ou alors si elle cassait vraiment volontairement le matériel de ses collègues, cette Salwa était folle, mais il ne le pensait pas.

Elle lui expliqua ensuite qu'elle avait plusieurs fois ignoré des demandes directes de son supérieur, afin de continuer à mener des enquêtes jusqu'au bout. C'était étrange... est-ce que les résultats de ces enquêtes avaient ensuite été publiés ? Si c'était le cas, soit les articles qui en résultaient étaient d'excellente qualité et ne pouvaient pas décemment être laissés de côté, soit le rédacteur-en-chef était des plus généreux. Bien sûr, Phineas n'avait pas d'expérience dans d'autres rédactions, mais il n'imaginait pas le chef d'un journal refuser une enquête, puis laisser sa journaliste la mener sans sanction, puis enfin publier son papier ! Mais bon, si Salwa avait une marge de manœuvre aussi gigantesque à la Ligne de Myre, elle ne devrait pas se sentir perdue au Vox.

Le rôle d'un journaliste du Vox, c'est justement de mener son enquête jusqu'au bout, si il ou elle juge que le résultat apportera une valeur ajoutée à la publication. Si vous veniez à nous rejoindre, vous auriez toute la latitude nécessaire pour mener vos enquêtes. Bien sûr, il appartiendrait ensuite aux autres journalistes de relire vos écrits et de juger si l'article est publiable. C'est ainsi que nous fonctionnons.

Il s'enfonça un peu plus dans son fauteuil, une main sur la tempe, tandis qu'un sourcil interrogateur se dressait sur son visage. Salwa s'était complètement braqué, et le vilipendait avec véhémence. En gros, elle lui rappelait, avec un bon vieux ton passif-agressif, qu'il n'avait pas à juger son travail, ce qu'il n'avait pas fait. Elle se moqua également de sa position, celle du fondateur qui avait tout quitté pour son journal et qui avait réussi son pari.

En effet, je me fie à une seule source, et cette source, c'est vous. Dans votre second article, vous avez mentionné que l'homme masqué s'était introduit chez vous, en partie pour rétablir la vérité à propos du second meurtre évoqué dans votre premier article. Vous avez écrit ça, pas moi. Donc je me fie à vos écrits, puisque s'ils sont parus dans le journal, j'imagine bien volontiers que vous ne les avez pas inventés.

Le ton était sans appel. Si elle persistait à dire qu'il se trompait, alors elle avouait indirectement que ses deux articles en rapport avec L'As n'étaient que mensonges et inventions.

Je ne prétends pas savoir ce que vous traversez, je n'étais pas chez vous au moment des faits. Mais le rôle du journaliste est de transmettre des informations avérées à ses lecteurs. Si les informations que vous avez écrites dans votre second article sont en effet avérées, alors vous n'avez pas été assez consciencieuse dans l'enquête qui a mené à votre premier article sur le fleurettiste. Ce n'est ni la connaissance des faits, ni un avis personnel que j'émets là. C'est la simple conclusion à laquelle n'importe qui ayant lu ces deux papiers est arrivé.

Cette histoire de caractère de peste avait beau être de l'humour, Phineas sentait qu'il y avait un fond de vérité. Salwa semblait très mal prendre toute critique à propos de son travail, ce qui était très embêtant en vue d'une possible intégration au Vox. De la manière dont il ressentait les choses, le journaliste avait l'impression qu'Octaviani passait absolument tout à la rouquine. Peut-être parce qu'elle était la poule aux œufs d'or, la rédactrice phare de son journal ? Ou alors parce qu'il n'avait pas le cran de sanctionner la jeune femme lorsqu'elle ignorait ses ordres ? Cupidité ou faiblesse, dans les deux cas le rédacteur-en-chef ne remonterait pas dans l'estime de Gold aujourd'hui. Quant à Salwa, son attitude ne semblait pour l'instant pas convenir à ce que le Vox recherchait.

Mais la conversation continuait, et la rouquine s'intéressait désormais à l'esprit du Vox. Ce qui caractérisait le journal et comment il fonctionnait. Phineas fronça légèrement les sourcils. Il venait de lui expliquer tout ça... mais soit, ça ne faisait pas de mal de se répéter.

L'esprit du Vox, c'est simplement le travail sur un pied d'égalité. Nous recevons chaque jours plusieurs pigistes, réguliers ou non, qui désirent être publiés dans nos colonnes. Ils sont libre de proposer les sujets de leur choix, bien que nous imposions qu'ils puissent être traité dans la journée. Quant aux six fondateurs, moi inclus, nous nous occupons exclusivement d'enquêtes et d'articles de fond. Nous faisons en sorte que l'un d'entre nous se trouve toujours à la rédaction, justement pour relire les papiers des pigistes ou ceux en attente des titulaires. Et nous alternons, afin que tout le monde puisse y trouver son compte. Par exemple, si aujourd'hui je ne devrais pas avoir à sortir du bureau, sauf événement exceptionnel, c'est moi qui serait chargé de couvrir la grande course d'aviron, dans quelques jours.

Phineas marque une courte pause, se lève. Il propose quelque chose à boire à Salwa. Enfin, le choix n'est pas immense : café ou eau. Il va se chercher un verre du second, et apportera à son invitée ce qu'elle demande, si elle demande quelque chose.

Puis il reprend place, boit une gorgée d'eau et reprend là où il s'était arrêté.

Si vous nous rejoignez, vous passeriez donc le plus clair de votre temps sur des enquêtes, avec quartier libre sur le sujet. Toutefois, sur des périodes d'un ou deux jours, une fois de temps en temps, vous seriez amenée à occuper la place qui est la mienne aujourd'hui, et qui est en quelque sorte celle de rédactrice-en-chef. C'est ça l'esprit du Vox : nous sommes six rédacteurs-en-chef non-officiels, qui nous passons le relais. Serait-ce une perspective qui vous conviendrait ?

Si elle disait non, leur entrevue s'arrêterait là. Phineas n'était vraiment pas enthousiasmé par Salwa. Ainsi, même si elle disait oui, il reviendrait très rapidement à « l'étude » de son caractère, afin de lui laisser une nouvelle chance de se présenter sous un jour plus avantageux que jusqu'à présent.
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MessageSujet: Re: Recrutement [PW Salwa]   Recrutement [PW Salwa] EmptyMar 4 Sep - 17:42

Elle se demandait bien ce que le patron du Vox allait inventer et comment il allait réagir à ce qu’elle lui avait révélé. Décidément depuis que cet entretien avait débuté elle avait l’impression de mener une étude sur une nouvelle espèce ou une nouvelle société, un microcosme dont la seule entrée était la parole du gourou; Pour ce qui était de croiser les sources, elle en était pour ses frais et se sentait obligée de s’en remettre à ses impressions ce qu’elle détestait par-dessus tout même si son interlocuteur lui, laissait libre cours à ses interprétations. En fait ils devaient tous les deux être dans la même situation, celle d’appliquer à un entretien d’embauche des principes qu’ils appliquaient avec plus ou moins de de bonheur à leur métier. Elle se demandait s’il n’y avait pas là une extrapolation abusive, mais les déformations professionnelles ne se maîtrisent pas toujours.

Le fonctionnement du Vox lui semblait d’une lourdeur impressionnante. Pourquoi faire perdre son temps à six personnes quand une seule pourrait se charger d’émettre un avis sur les articles? Il fallait qu’ils n’aient vraiment rien d’autre à faire! Car en somme cela faisait presque quotidiennement au  moins six articles à relire, ou sinon cela signifiait que le journal tournait au ralenti et se limitait à une feuille de chou d’une page ce qui n’était évidemment pas le cas, les éditions du Vox étaient là pour en témoigner. Où était donc le hiatus?

Elle devait bien l’admettre également, à cette procédure de relecture elle ne voyait aucun avantage bien au contraire. Cela signifiait une confiance absolue dans le regard et les critiques des autres associés (elle n’avait toujours pas trouvé d’autre terme pour parler de cette équipe). C’était déjà assez difficile entre amis lui semblait-il. Cetee façon de faire devait être un piège pour une quelconque amitié!... Qu’en restait-il au bout de tant d’années où les désaccords devaient avoir été légion ou alors c’était à désespérer de leur esprit critique. Si elle prenait son propre cas les divergences de point de vue avec son rédacteur en chef était monnaie courante. Si leur collaboration avait perduré c’est qu’ils avaient réussi à prendre la mesure l’un de l’autre, et quoiqu’elle en dise, elle avait concédé une certaine autorité à son supérieur, qu’elle se faisait fort de remettre en cause à chaque fois qu’elle le jugeait nécessaire mais une autorité tout de même. Dans le fonctionnement du Vox, les interactions entre personne de même statut devaient être très compliquées à gérer, ou alors ils avaient mis en place des procédures de régulation qui elles aussi devaient leur prendre un temps fabuleux. Non décidément cette façon de procéder ne lui semblait pas la plus pertinente qui soit.

Evidemment, la perspective de pouvoir mener ses enquêtes à leur terme et selon ses choix était une offre alléchante, mais elle était contrebalancée par cette lourdeur de relecture et de fonctionnement. Elle ne releva pas le fait que cela doive ajouter une valeur à la publication. Elle ne savait pas ce que cela recouvrait exactement. Plus d’argent pour le journal ou une meilleure information pour le lecteur? Les deux devraient être concomitants mais la réalité qui voyait des journaux mettre la clé sous la porte malgré un contenu excellent ne respectait pas cette évidence loin de là.

En outre, travailler avec quelqu’un qui cherchait à avoir absolument le dernier mot quitte à faire comme s’il ne comprenait pas de quoi l’on parlait ne l’enthousiasmait pas plus que cela non plus. On peut toujours avoir des avis divergents mais reconnaître ses torts était la première des qualité qu’elle attendait de ses associés ou de ses supérieurs. Celui qui lui faisait face l’avait mis en cause sur sa façon de faire son travail et face à sa réponse contre attaquait sur le fait qu’elle se soit trompé… Mais qu’elle était stupide! Phineas J. Gold ne se trompe jamais! C’était un axiome de départ qu’elle avait omis de prendre en compte!

“Et il ne vous apparaît pas que cette conclusion est erronée?”

Elle avait pris le ton de regret résigné de celle qui se rend compte que la personne en face d’elle n’est pas aussi brillante qu’elle voulait bien le laisser penser.

“ Il est vrai que faire la différence entre travail consciencieux et résultat de ce travail, entre démarche et résultat, entre vérité et recherche de la vérité_de la plus grande exactitude possible devrais-je dire_ n’est pas donné à tout le monde”

Elle haussa un sourcil interrogateur et inclina la tête de côté comme pour tenter de voir si l’arrogant avait saisi ce qu’elle voulait qu’il comprenne.

C’était pourtant le B. A. BA du journaliste et de beaucoup de métiers qui travaillent sur de l’information, surtout celle qui implique des êtres humains. Elle avait obligation de moyen pour tendre vers le plus d’exactitude possible. Que ces moyens l’aient tout de même conduite à une erreur, elle le concédait. A contre coeur, certes, car elle détestait cela, mais son erratum était là pour prouver qu’elle savait l’admettre.
Elle continua donc aussi calmement

“C’est pourquoi je suis obligée de ne pas vous tenir rigueur  que vous insinuiez que je n’ai pas fait mon travail consciencieusement, sans même connaître les démarches que j’ai mises en oeuvre avant d’écrire mon papier et sur lesquelles, je ne vous ferai pas l’affront d’avoir l’air de vous faire la leçon, chose que vous faites très bien tout seul. Vous ne pouvez donc juger que du fait que je me sois trompée et non que je n’ai pas été assez consciencieuse.”

Elle marqua une brève pause pour détacher ses deux propos.

“ D’autre part, j’espère que vous n’en êtes pas là, mais à moins de ne publier que des relevés de température ou des résultats sportifs, et encore, est-on certain de détenir jamais la vérité?”

Elle aurait pu finir en demandant quelle sorte d’informations il distillait dans son journal pour pouvoir être aussi assuré de leur vérité, mais il faut savoir s’arrêter et elle n’avait pas l’âme pédagogique et elle n’était pas certaine qu’il soit sur le même longueur d’onde qu’elle. En fait, elle était quasiment certaine du contraire.

D’ailleurs au fil de la discussion certains termes ne semblaient pas avoir le même sens pour le journaliste et la journaliste. Un pied d’égalité? Apparemment certains étaient plus égaux que d’autres puisque les pigistes n’avaient pas les mêmes droits que les six associés. Pas les mêmes prétentions en terme de sujet, pas la possibilité de relire les articles des autres. Ils devaient donc être des journalistes de seconde zone, eux. Si idéaux il y avait derrière les pratiques affichées du journal, ils étaient bien mis à mal.

Mais pour le moment elle n’en avait pas entendu parler de ces fameux idéaux. Phineas J. Gold lui avait seulement fait étalage d’un mode de fonctionnement qui ne la convainquait pas sans le rattacher à des valeurs flagrantes ou même originale. Ses positions sur le journalisme étaient des plus traditionnelles et la seule originalité, celle de leur comité de relecture ne se rattachait à aucune vraie valeur puisqu’elle contredisait immédiatement cette égalité qu’elle prétendait servir. Non vraiment, elle cherchait encore le théoricien qui avait énoncé ce à quoi le fonctionnement de ce journal se référait.

Le salaire qui lui serait proposé pouvait bien sûr faire pencher la balance si jamais il compensait tous les défauts qu’elle identifiait dans le fonctionnement du journal, mais elle en doutait et n’avait même pas envie d’en aborder la question

Au détour de sa réflexion elle se  demanda si un article de fond devait-il toujours être traité sur plusieurs jours? Si elle était pigiste avec l’envie d’en traiter un, elle aurait collecté la matière avant de se présenter au Vox voir même aurait apporté son article déjà écrit. Mais sans doute un journaliste de seconde zone ne pouvait-il prétendre à écrire ce genre de chose. Il ne devait pas lui non plus être assez consciencieux pour cela. Curieusement, et bien que ce ne soit pas son genre d’éprouver ce genre de sentiment, surtout pour des inconnus, elle se sentit une étrange solidarité avec les pigistes engagés par le Vox

Quand-à la course d’aviron, à moins de voir couler les embarcations, elle se demandait bien comment il pourrait transformer cela en article de fond. D’un petit geste de la main et avec un sourire elle déclina l’offre d’une boisson pour continuer à écouter le maître es journalisme et idéaux

Une perspective qui lui conviendrait? Si elle faisait le bilan de ce qu’elle avait appris aujourd’hui, elle devait bien admettre que non. A aucun moment elle n’avait éprouvé l’enthousiasme qu’elle espérait ressentir en arrivant ici. Entre l’arrogance de son interlocuteur, un prétendu esprit qui ne lui apparaissait que comme de la poudre aux yeux, doublé d’un fonctionnement qui lui semblait aberrant, elle se demandait bien quel goût pourrait bien avoir la liberté qui lui était promise.

“Ecoutez... Non.”


Elle se leva gracieusement et sans hâte et mit la main sur son chapeau.

“Je ne pense pas que la perspective de travailler au Vox m’enchante. Je pourrais en développer les raisons, mais je ne pense pas que cela vous intéresse, assis comme vous l’êtes sur un monceau de certitudes.”

Elle s’était tournée vers la vitre afin de profiter de son reflet et vérifier l’assise de son couvre-chef.

“Je suis navrée de vous avoir fait perdre un temps qui doit vous être précieux. Je vais pouvoir retourner à mon manque de rigueur et rassurer le meilleur rédacteur en chef d’Excelsa.”

Elle lui tendit la main en lui adressant un sourire ironique avant de poursuivre.


“Ne vous dérangez pas, je connais le chemin.”


Enfin, elle passa la porte de la salle de repos et traversa la salle de relecture et de rédaction en lançant d’un ton enjoué, sans se soucier de savoir si Phineas la suivait ou non..

“Au revoir Messieurs!”

Quelques secondes plus tard elle était dans la rue où le soleil lui parut soudain plus éclatant et le ciel plus pur.
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MessageSujet: Re: Recrutement [PW Salwa]   Recrutement [PW Salwa] EmptyMer 5 Sep - 23:32

Lorsqu'elle lui indiqua, indirectement certes, mais sans trembler du menton, que sa conclusion était erronée, Phineas en fut estomaqué. Ses deux sourcils se levèrent en signe d'incompréhension. Il n'en était même plus au stade de remettre en cause son travail, ce qui, il le comprenait bien aisément, pouvait être très mal pris. Là, c'était simplement la conclusion logique à laquelle même le dernier des demeurés pouvait arriver. Alors il s'esclaffa, rapidement. Il se maîtrisa, se rendant compte que c'était tout de même assez impoli, mais il asséna rapidement :

Si ma conclusion est erronée, alors vous n'avez aucun droit de vous appeler "journaliste".

Avec un ton d'une prétention à couper le souffle, et un refus absolu d'entendre la moindre forme de critique, Salwa lui expliqua qu'il n'était pas capable de différencier travail consciencieux de travail erroné. C'était presque terrifiant de voir une "consœur" aussi hermétique à toute forme de contestation sur son travail. C'est comme si personne ne lui avait jamais fait la moindre remarque.

Vous avez affirmé que le fleurettiste était responsable du meurtre sur les docks. Or, aux dernières nouvelles connues, les seules personnes à avoir entraperçu notre homme sont : un Vicaire, qui ne s'est pas exprimé publiquement -au même titre que le Prieuré-, et une poignée de citoyens de Domus, à moitié endormis, témoins dans la pénombre de l'altercation entre l'homme masqué et le Vicaire. Tous bien loin des docks, donc. Autre témoin du fleurettiste... un homme qui ne peut plus témoigner, vu qu'il est mort... Ah non, puisque le criminel lui-même est venu jusqu'à chez vous pour vous dire que vous vous étiez trompé !

Il y avait une pointe d'énervement dans la voix de Phineas. Il ne comprenait pas comment Salwa pouvait encore affirmer avoir été suffisamment consciencieuse dans son enquête, alors que tout portait à croire le contraire.

Votre article ne fait état que des similitudes entre les blessures de l'homme des docks et celles du Prieur. Vos sources ont peut-être émis l'hypothèse que l'homme masqué soit responsable, mais vous avez pris un sacré raccourci en suggérant clairement que le meurtrier était le même. Mais si malgré tout vous persistez à croire que vous avez bien fait votre travail sur cette enquête, alors vous n'avez rien à faire au Vox.

Elle prendrait ça pour une volonté d'avoir le dernier mot. Elle penserait bien ce qu'elle veut, Phineas n'en avait pas vraiment cure. Derrière la plume prometteuse qu'il avait cru entrevoir dans les colonnes de la Ligne de Myre se cachait une incompétente imbue d'elle-même, incapable d'entendre la moindre critique et persuadée de faire son travail correctement, quand bien même une erreur de débutante avait failli lui coûter bien plus cher que de la mauvaise pub.

Elle continuait à déblatérer ses commentaires à la limite de l'insultant, tout en lui demandant comment il comptait détenir la vérité. Phineas ne l'écoutait plus qu'à moitié, avachi un peu plus dans son fauteuil, une main fermée sur la tempe.

La vérité absolue, je vous le concède, personne ne peut vraiment la détenir. En ce qui concerne les événements liés aux courses d'aviron, le Vox publiera en effet les résultats, comme n'importe quel journal digne de ce nom. Je relaterais ensuite les faits tels que je les ait vu et vécu, apportant ainsi aux lecteurs ma version de la vérité, selon ma propre expérience.

Dans d'autres circonstances, il lui aurait sûrement fait la leçon, lui aurait expliqué que si l'on n'avait pas été directement témoin d'un événement (ce qui était majoritairement le cas), les sources officielles, c'est-à-dire les communiqués publiés par les différentes factions d'Excelsa, devaient avoir le plus de crédit. Ensuite, les propos des témoins oculaires, et uniquement ceux-là, devaient être relayés, en attendant le dénouement de l'enquête. Toute autre source d'information devait être cité au conditionnel. Du moins c'était comme ça que le Vox fonctionnait.

Le verre d'eau qu'il alla se chercher l'aida à calmer un peu ses nerfs. L'un de ses collaborateurs était arrivé au bureau, et l'interrogea du regard. Il eut une idée très claire de l'opinion de Phineas lorsque ce dernier secoua la tête d'un air dépité.

Lorsqu'il retrouva la salle de détente, il constata avec plaisir que Salwa n'était pas non plus enchantée à la perspective de rejoindre le Vox. Tant mieux, leur discussion n'avait que trop durée. Elle se leva, Phineas resta assis. Sur son monceau de certitude, apparemment, mais bon, il n'en était pas à sa première insulte aujourd'hui.

Vous avez raison, vous m'avez déjà fait perdre assez de temps comme ça. Nous serons tous les deux d'accord pour dire que cette entrevue était désastreuse. Je me permet de réitérer, vous n'avez rien à faire au Vox.

Une pique supplémentaire, elle lui tendit la main avec un air ironique cloué sur le visage. Gold, lui, demeurait stoïque, signifiant sa volonté de ne pas accepter sa poignée de main.

Ce n'est pas que je ne veux pas, mais j'ai peur que votre incompétence soit contagieuse.

Phineas rendit à Salwa son sourire ironique et la regarda partir, sans regrets. Quelques secondes plus tard, il retrouvait la salle de rédaction pour débriefer avec son collaborateur et ami.
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