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 [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro

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Catherina Damoroff
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Catherina Damoroff

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MessageSujet: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptySam 16 Juin - 21:17

Il ne fallut en effet qu’un instant, comme Catherina l’avait prévu, pour que quelqu’un ne vienne lui adresser la parole.

Ce fut un homme d’âge mur, armé de deux coupes, sur lesquelles la pianiste lorgna, avant de dévisager son fan. Elle le sentait profondément stressé, il ne lui aurait pas fallu ses talents d’empathe pour le deviner, l’expression même qu’il arborait tenait du petit chiot effrayé, et elle lui offrit un sourire qu’elle voulut rassurant, même si elle appuyait tant ses émotions que l’effet souhaité était rarement celui obtenu.

Le premier borborygme que parvint à éructer l’homme fit douter l’artiste de ses capacités cognitives, mais, peu prompte au jugement, dans son immense bonté, elle le laissa poursuivre, haussant tout de même les sourcils dans une moue dubitative.

- Je me suis laissé dire qu’une boisson avant de monter sur scène saurait vous être agréable. Et pour peu que ma compagnie ne vous soit pas déplaisante, partageriez-vous un moment avec moi ? J’vous avoue que votre compagnie est plus agréable que les cadavres dont je m’occupe habituellement.

Catherina n’était certainement pas une dinde effarouchée, elle avait vécu dans un certain dénuement une bonne partie de sa vie, pour autant, elle n’était plus habituée depuis longtemps aux choses sordides que l’on pouvait croiser dans un quotidien banal, et encore moins dans un quotidien qui ne l’était pas, comme semblait l’être celui de son interlocuteur.

Pour autant, entourée d’invités, dans un environnement compassé et festif, l’horreur qu’aurait dû susciter la phrase de l’homme ne l’atteignit pas trop, sûrement beaucoup moins que si elle avait été à côté des macchabés évoqués.

Cela dit, son esprit volubile eut besoin d’une fraction de seconde de réflexion pour trouver la réplique la plus adaptée.

Elle se pencha vers l’homme, saisissant la coupe de ses longs doigts, et lui souffla, sur le ton de la confidence :

- Vous êtes au bon endroit alors. Tous les invités en ont au moins un dans le placard je vous le garantis.

La longueur de ses pendants d’oreille effleura légèrement le veston du légiste, tandis que Catherina se redressait, et trempait ses lèvres dans le breuvage qu’il venait de lui offrir, plutôt fière de son trait d’esprit. Sa langue pouvait être acerbe quand elle le désirait, et elle laissa totalement de côté le macabre de l’évocation pour se concentrer sur son sens le plus figuré. Elle préférait vivre aux pays des idées, plutôt que dans celui où les gens mouraient vraiment.

- Merci pour le verre, j’avais la gorge un peu sèche. Il fait chaud, vous ne trouvez pas ? C’est parce que l’ambiance est explosive, tout le gratin réuni sous le pont d’un vaisseau de guerre… On dirait le début d’un récit épique ! Mais le point d’orgue de la soirée n’est pas encore atteint.

L’artiste se permit un clin d’œil, alors que son regard parcourait brièvement la salle, une nouvelle fois. Toujours personne d’intéressant en vue. Et puis babiller avec un inconnu ne l’avait jamais dérangé, au contraire, elle aimait rencontrer de nouvelles têtes.  

- Orgue, piano, hm, vous l'avez ?

Ajouta-t-elle avec malice.
Sa franchise et sa propension à jouer à la pipelette devant le premier venu, autant que devant un personnage important, avait de quoi intimider et dérouter, ou agacer, c’était selon.

Mais elle était sans inhibitions particulières. De plus, il fallait bien admettre qu’il était presque rafraichissant de se faire aborder avec une phrase autre que « vous êtes très en beauté ce soir », ou « je suis votre plus grand fan ! », ou encore des cris, et un évanouissement sur ses chaussures cirées, ce qui lui était déjà arrivé une fois ou deux.

Il fallait encore voir si ce monsieur avait de la répartie, ou la moindre conversation, critère prioritaire pour l’artiste, et qui se retrouvait rarement chez ceux qui l’abordaient.

Elle aimait être adorée, bien entendu, il lui semblait avoir mérité cette ascension sociale, et ce rang qui était désormais le sien, à cause de tout le travail fourni pour y parvenir, et ainsi ne rien devoir à personne et pouvoir bien jouir de l’enthousiasme suscité.

Pour autant, même si parler d’elle était plaisant, elle n’aimait pas qu’on tombe littéralement en pamoison devant sa personne. Elle aimait se sentir spéciale, mais pas se sentir si spéciale qu’elle en devenait quasiment une idole intouchable, et ainsi, à qui beaucoup ne pouvaient aligner deux mots.

Catherina chérissait dans la nature humaine une sorte de naturel, de spontanéité, qui était d’ailleurs gravée dans sa propre personnalité, et qui se retrouvait écornée dès lors qu’on la traitait de la sorte.

Dans ses délires fantasques, il lui arrivait de se couvrir les cheveux, et de s’habiller avec simplicité, pour se promener sans être vue, parce que, parfois, profiter de la cité se faisait sans dizaines de commentaires sur sa présence, et sans centaines d’interruptions pour signer des autographes.

Parfois, mais pas ce soir, ce soir elle était un sujet d’admiration. Sujet, oui, mais pas objet.

C’est pour cela qu’avant que son interlocuteur n’ait pu poursuivre sur quoi que ce fut, elle demanda avec un sourire, avec la ferme intention de mener la danse :

- Vous travaillez à la morgue, monsieur… ?

Elle haussa un sourcil, marquant son interrogation quant au nom de l’homme, et précisa, non sans malice.

- Je suis Catherina Damoroff. Enchantée.

Et de s’incliner à demi devant lui, avec grâce, prenant le parti de se jouer de la nervosité qu’elle sentait irradier autour de son interlocuteur. La pianiste ne se fit pas moqueuse, mais ne savait pas non plus être très sérieuse.  L’intensité des émotions de l’homme ne pouvait, en outre, que lui tirer un large sourire.
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Wilhelm Zolt
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptyLun 18 Juin - 13:49

Wilhelm Zolt n’est pas ce que l’on peut appeler un homme sûr de lui, et il est pourtant au plus de fort de son assurance actuellement. Bien que le quarantenaire se tienne droit, ses coupes de champagnes en mains, le légiste de la ville d’Excelsa doit bien se l’avouer, il a gaffé, et craint bien évidemment la réaction de la pianiste face à lui.

Le docteur en costume noir jette d’ailleurs un discret coup d’œil demi-circulaire, cherchant à repérer, à observer, si un prieur n’a pas entendu sa fantasque remarque, et serait bien décider à le questionner sur son activité qui peut sembler bien frauduleuse.

La réaction de la pianiste surprend le légiste. L’on peut même dire qu’elle le laisse pendant quelques secondes interdit. Cette stupeur ne l’empêche pas d’écouter avec une attention toute particulière les dires de l’égérie du Conservatoire et le docteur ne peut retenir un franc sourire à son trait d’esprit. Quelle femme définitivement très intéressante. En plus d’être très douée avec un clavier d’ivoire, elle n’est pas facilement impressionnable, et même capable d’un humour subtil, mais sachant toucher son auditoire.

Catherina Damoroff, que voici une jeune femme épatante. Ne semblant pas effrayée par sa remarque, et l’invitant même à poursuivre la conversation, le légiste s’accorde un remerciement intérieur à la Cité. En servant la Ville comme on le peut, on est visiblement récompensé par la providence, et pour Wilhelm Zolt le cadeau est cette rencontre, et les quelques mots échangés avec son idole.

La surprise et l’angoisse passées, le docteur se permet d’accompagner sa partenaire de discussion atypique en dégustant de la manière la plus élégante dont il soit capable son verre de champagne. Il va sans dire que Wilhelm Zolt ne brille pas par sa prestance en bonne société, on peut même penser, à le voir qu’il s’agit d’un homme du bas peuple, parachuté ici par on ne sait quel miracle, osant adresser la parole à la personne la plus attendue de la soirée. Quel toupet !

L’évocation de la morgue arrache un sourire contrit à l’homme. Il est vrai que les endroits où l’on étudie les cadavres ne sont pas légion dans la Ville, et la morgue en fait partie, la pianiste peut donc supposer à juste titre qu’il s’agit de sa profession.

Le fait que l’égérie du Conservatoire se présente à lui interroge le docteur, qui incline légèrement la tête, redressant ses lunettes par la suite, profitant de ce simple geste pour calmer ses idées et afficher un sourire poli sur ses lèvres.

Ayant réussi à saisir l’attention de la vedette de cette soirée, à lui de réussir à avoir suffisamment d’intérêt à ses yeux pour faire durer ce moment aussi longtemps que possible.

Wilhelm Zolt lève alors son verre, inclinant à nouveau la tête avant de déguster une autre gorgée du breuvage légèrement alcoolisé. Pour se donner du courage ? Pour se donner une contenance ? Ou parce qu’il a soif ?

« Il est vrai que tout ceci annonce les prémices d’une soirée se voulant grandiose. » Il s’humecte les lèvres. Humour ? Trait d’esprit ? Provocation ? La décision est prise de ne pas tenter le troisième choix, trop audacieux.

« La flotte Excelcienne voguant à travers vents et tempêtes, menant les armées de courageux soldats et Prieurs de la Ville en direction de glorieuse bataille, le tout sur une musique de votre registre... »
Le légiste le masse le menton, semblant réfléchir à l’idée, avant de secouer la tête et de sourire largement.

« Mais j’en oublie la politesse. Je sais qui vous êtes ma chère, je vous ai reconnu… A vos cheveux. » Le légiste souffle un rire, avant de remettre en place ses lunettes. Il est vrai qu’une telle couleur ne passe pas inaperçu. Vient désormais le moment délicat de la présentation… Mensonge ou vérité ? Les membres de l’Apothicariat ne sont pas très appréciés en ville, mais le Légiste ne sait pas réellement tenu informé de tout ceci. Jouons franc jeux.

« Que la ville me garde. »
Marmonne-t-il avant de dévisager la pianiste. « Je suis Wilhelm Zolt, le Légiste de la ville. Je ne travaille donc pas à la morgue, mais je pourrais. » L’homme se redresse, enhardit par un sursaut d’orgueil."Je dois vous avouer que je ne suis pas familier de pareil endroit. La mort est une compagne qui n'a pas beaucoup de discussion, et les rapports sont souvent plus glaciaux que cordiaux." Il s'accorde un haussement de sourcil. "Glacial, mort, vous l'avez ?"
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Catherina Damoroff
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptyLun 18 Juin - 14:55

Tandis que son interlocuteur répondait, le sourire de Catherina s’agrandissait lentement. Au moins l’homme n’était il pas cloué sur place par la peur. Sa voix était plutôt bien timbrée, en outre, ce qui était une caractéristique que la pianiste ne manquait jamais de remarquer chez les gens avec qui elle s’entretenait.

Elle le laissa s’exprimer, tandis qu’elle en profitait pour observer sa personne, non sans curiosité. Il était indubitablement plus âgé qu’elle, et son visage avait quelque chose de dur et d’austère s’il n’avait pas pris son de sourire. Elle était certaine qu’il pouvait paraître plutôt intimidant en d’autres circonstances.
Zolt. Légiste. L’artiste eut tôt fait de faire le lien avec l’Apothicariat. Les liens de la femme avec cette faction étaient pour le moins… Réduits. Elle n’avait jamais porté grand intérêt à leurs travaux, et sa santé avait toujours été de fer, la dispensant d’aller quérir leur aide. Il lui était arrivé d’envoyer de l’argent sous un faux nom pour faire soigner sa mère après un accident à la manufacture, mais c’était bien tout.

Cela étant Elikia avait demandé à Catherina d’être attentive et réceptive à toute information. Zolt paraissait bien démuni au creux de la foule, et elle ignorait exactement quel pouvoir avait un légiste, bien qu’il lui semblât avoir peut-être entendu son nom cité ci ou là, sûrement lu dans une gazette locale relatent la résolution d’une enquête pour meurtre, ou toute autre affaire sordide.

En somme, ils étaient tous deux diamétralement opposés par leurs seuls destins, Catherina s’épanouissait naturellement dans la lumière, comme une herbe folle, alors que le docteur devait indubitablement avoir une activité bien plus solitaire. Cette pensée poétique tira un rictus à la pianiste.
Elle n’était pas venue pour frayer avec ses semblables qu’elle croisait bien trop souvent à son goût. Au contraire, rencontrer des gens qu’elle n’aurait pu croiser nulle part ailleurs sur ce bateau bondé, qui grouillait de personnalités adulées tout autant que d’anonymes, faisait partie de l’aventure.

Catherina eut un rire cristallin au trait d’esprit de Zolt, aussi plat soit-il il répondait au sien qui était bien piètre également, et ce petit jeu lui plut. Elle dodelina de la tête, faisant doucement tinter ses boucles d’oreille.

Il parlait bien, il avait un ton ronflant pour présenter les choses, comme un comédien toujours prêt à déclamer un texte appris de tête.

- Enchantée, Monsieur Zolt. Peut être préférez vous Docteur Zolt, ou Wilhelm ?

Elle remit soigneusement une boucle derrière son oreille, tout en le scrutant dans les yeux. C’était son tic dès lors qu’elle cherchait à appréhender les émotions de son interlocuteur. Elle avait toujours l’impression de mieux les percevoir en le fixant directement au fond de l’iris.

- Mes cheveux ? Je pensais que c’était mon port, ma robe, ou … mon aura de célébrité qui attire le chaland à des kilomètres à la ronde, semble-t-il. Mais ne parlons pas de moi, même si c’est une activité passionnante, je ne suis pas nécessairement le personnage le plus fascinant de cette soirée.

Catherina offrit au légiste un sourire plein d’ironie, ne manquant pas de remarquer que ce n’était sûrement pas ce qu’il pensait, lui.

- Oh, et ne vous inquiétez pas, je ne crois pas qu’on devienne un jour familier des poignées de main et des politesses à n’en plus finir.

Lâcha-t-elle avec son effronterie qui avait tendance à lui attirer tant d’ennuis et à la caser dans le rôle d’une sotte incapable de tenir sa langue.

- Ils ne sont pas drôles, hm ? Assommants, même ! Croyez-moi, vous ne perdez rien à rester avec des cadavres, au moins ils ne peuvent pas vous faire la leçon, ou vous contredire, remarquez, ce doit être des oreilles très attentives !

Elle eut une de ces poses dramatiques dont elle s’était fait la spécialiste incontestée avant de poursuivre avec la même cadence qu’un canon sur un champ de bataille, inarrêtable.

- Puisque vous parlez de la guerre, sachez que je pèche un peu quant aux compositions épiques. La mort m’inspire peu, mais c’est un fond de commerce comme un autre, il faut le dire. Je m’y emploierai sûrement un jour. Un requiem sur un air de fête… J’aime faire scandale. Ou peut-être une marche funèbre ? Qu’en dites-vous, c’est vous qui êtes intime avec la mort, après tout, quelle musique pourrait bien lui plaire ?

Elle le scruta, en haussant un sourcil. Si c’était elle particulièrement qu’il avait abordé, alors soit il était un fan, soit il voulait s’afficher avec une célébrité. Le second cas l’aurait déçu, quant au premier, elle lui jeta une discrète épreuve : s’il connaissait ses compositions, il devait savoir qu’elle s’était déjà prêtée à l’exercice du registre épique pour un balais fantastique aux côtés du maître à danser du Conservatoire. Une de ses œuvres préférées, d’ailleurs, en toute modestie – qu’elle ne possédait guère. Et surtout une des plus connues, rien de très compliqué à savoir, mais elle aimait qu’on goûte la musique, jamais autant qu’elle, ç’aurait été chose impossible, mais au moins assez pour tenir une conversation.

Catherina cherchait surtout les êtres passionnés, et n’avait aucune envie de s’embarrasser d’une sangsue venue simplement grapiller quelques secondes sous le feu des projecteurs.

Qu’il lui donne un avis constructif en répondant à sa question, et elle était sûre de s’être trouvée un agréable compagnon pour la soirée.

Sa démarche avait aussi quelque chose d’un peu intéressé, mais elle ne se l’avoua qu’à demi-mot. Il fallait qu’elle sache quelle figure il était au sein de l’Apothicariat. Si Elikia souhaitait qu’elle furète un peu partout, se faire une connaissance dans une faction qui lui était totalement étrangère sonnait comme un bon début.

L’artiste adressa au légiste un sourire, léger et piquant, tout en s’éventant paresseusement. L’ivoire de l’éventail aspirait la lumière environnante tout en rappelant les touches de son piano qu’elle ne tarderait pas à rejoindre.
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Wilhelm Zolt
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptyVen 22 Juin - 15:19

Le légiste hausse un sourcil à la demande de la diva, mais s’accorde une seconde de réflexion, son cerveau carburant à toute allure, cherchant à prolonger cette rencontre que le docteur espérait en venant ici. Monsieur Zolt fait trop pompeux, Docteur signifie qu’il se limite à sa fonction et son degré d’étude et Wilhelm est bien trop familier. Utilisons un joker.

L’homme en costard se contente de sourire franchement, cette mimique inhabituelle soulève avec difficulté les commissures de ses lèvres, mais l’homme n’est pas une créature ignorante de la joie. Bien que rare, ses sourires sont toujours francs et chaleureux.

« Dame ? Miss Damoroff ? Ou Catharina ? » La réponse se veut tout d’abord une question, autant partir sur des bases saines et éviter les surnoms condescendant comme ma chère, ma petite ou encore mon enfant. L’on ne parle pas à une jeune femme lambda dans la rue de la ville !

« Permettez-moi de vous laisser le choix de la formulation qui vous convient le mieux, je ne me formalise pas pour si peu. Tout le plaisir est pour moi. »

Fixer la star que l’on admire depuis des années dans les yeux sans détourner le regard ni se sentir mal à l’aise doit être un exercice déroutant pour la plupart des habitants de la ville.
Mais hélas, à moindre mesure, Wilhelm n’en fait plus partie. Il côtoie la mort quotidiennement, et envisage même d’essayer de la maîtriser. Un projet titanesque qui l’oblige à développer une certaine assurance.

A travailler sur des forces pareilles, l’on n’oublie parfois la simplicité de la vie.

L’ironie et la facilité avec laquelle la diva se permet de jouer avec les codes de son monde d’apparat et d’hypocrisie arrache au Docteur un regain d’intérêt pour la femme, plus que pour l’artiste. Celle-ci semble réussir l’incommensurable exploit d’appartenir aux classes hautes de la ville et à ne pas perdre le Légiste dans les méandres d’une réflexion trop compliquée pour lui. La politique et toute ses affaires sont trop abstraites pour son imaginaire, l’homme est un gaillard de terrain, vaguement un spirituel en ce qui concerne la santé, mais gère plus.

« Une oreille attentive qui ne peut hélas pas nous répondre nous renvoie bien souvent à parler à un mur. » L’homme s’accorde un rire, sirotant son verre de champagne avant de continuer
« Peut-être suis-je artiste à ma manière ? Discuter avec un mort alors que l’on analyse la vie… Tout ceci sonne presque… Presque ! Poétique. »

L’homme s’accorde un très léger forcement de sourcils à la question de la pianiste. Tout le monde en ville a entendu parler, ou du moins a eu écho du triomphe de sa composition épique pour le balais mis en scène par le maître à danser du Conservatoire. Mais celle-ci soulève un point intéressant, comment sublimer la mort, fin inexorable de tout être dans ce monde.

L’homme fixe un instant la diva avant de croiser les bras, sa main libre venant masser son menton et se glisser dans ses rouflaquettes, signe d’une intense réflexion.

« Votre composition pour l’œuvre du maître à danser du conservatoire est bien trop… Agressive. Pour un thème comme la mort. Si vous cherchez à décrire l’état de mort, il vous faut de la douceur. Rien n’est plus inerte qu’un corps mort. Peut-être laisser une place au silence ? »

Le légiste sait la pianiste innovante dans ses œuvres, donc il ose lui faire des propositions. Il n’a rien à perdre après tout.

« Cependant, si vous souhaitez décrire la mort d’un personnage ou d’une personne et ainsi calquer votre musique sur le processus, il faut que vous prévoyiez la mort en amont. Une mort brutale demande un tempo différent d’une mort lente, ou d’une agonie je pense. De plus certains accords que vous réalisez, telle la répétition, ou les crescendos, peuvent simuler diverses fonctions vitales ! Les battements du cœur qui ralentissent ou même la respiration qui devient difficile ! Vous pouvez aussi mettre en musique le corps qui tombe ! Et … ! »

Le Légiste s’interrompt d’un coup, honteux. Il s’est laissé emporter, comme à son habitude dès qu’il aborde son travail avec quelqu’un, et allier son métier, sa passion, à son plus grand divertissement, a quelque chose de magique.

« Pardonnez-moi, je m’emporte. »

L’homme souffle un rire, se doutant que l’égérie n’est hélas pas suffisamment aveugle pour ne pas s’en être rendue compte.


Dernière édition par Wilhelm Zolt le Jeu 28 Juin - 1:07, édité 1 fois
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Catherina Damoroff
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptyLun 25 Juin - 1:18

Le sourire de la pianiste s’agrandissait à mesure que le Légiste s’exprimait, elle ressentait son enthousiasme comme une agréable onde, qui dissipait même le malaise et la gêne que l’homme avait pu ressentir jusqu’à présent.

La passion se glissait dans les mots de Zolt, même tapie, Catherina savait la pister et la mettre à jour. Elle ne songea même pas à l’objet morbide qui captivait le légiste, même si cela aurait peut-être dû lui mettre la puce à l’oreille.

Quand il eut fini de parler, sans qu’elle ne l’ait interrompu même une seconde, la pianiste dodelina de la tête.

Tout le monde avait tendance à l’appeler Catherina. Son nom de famille, d’emprunt, lui semblait toujours gênant dans une conversation, aussi elle enjoignait volontiers ses interlocuteurs à utiliser directement son prénom. Il fallait dire qu’elle était loin d’être à cheval sur les convenances sociales.

- Vous pouvez m’appeler Catherina, Docteur Zolt.

Taquine, elle lui adressa un nouveau sourire. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’être joueuse…
En l’appelant ainsi, elle mettait en exergue son titre, comme s’il était le personnage important dans la conversation. C’était d’une fausse-modestie qui cantonnait à la vanité, en d’autres mots, parfait pour la diva.

- Et, non, ne vous excusez pas. Vous parlez avec votre cœur, je le sens.

La phrase était délicieusement métaphorique, poétique, mais l’homme ne pouvait se douter de la véracité de chaque mot.

- C’est une qualité, Docteur Zolt, n’en doutez pas. La franchise et la passion passent trop souvent pour des vices, de nos jours, mais ce n’est pas moi qui vais vous les reprocher.

Catherina prit un instant de réflexion, goûtant à l’alcool au fond de sa coupe avec nonchalance, et s’éventant dans le même mouvement.

- J’imagine déjà ce que vous décrivez. Je pense à quelque chose de léger, comme une sensation lancinante d’aller-retour, quelque pour exprimer le sang charrié, de plus en plus lentement. Les graves pour les battements du cœur, le decrescendo pour la vie qui déserte le corps.

Les doigts de la femme décrivaient d’harmonieux mouvements dans l’air comme si elle se figurait déjà les touches de son piano sous ses doigts. C’était un style qu’elle n’avait jamais exploré, elle n’était pas beaucoup inspirée par les choses mornes du quotidien, mais elle s’était attelée sur une importante composition musicale.

Elle n’écrivait que pour elle, mais il arrivait qu’on lui propose des partenariats, en l’occurrence un ballet. Catherina se contentait alors de prendre connaissance du scénario, et de composer à sa guise les oeuvres d’accompagnements. Cette fois-là, justement, le héros trépassait au dernier acte, et il revenait à la tâche l’épineuse tâche de mettre en musique son agonie.

- Je vais vous faire une confidence, Docteur Zolt.

De nouveau, elle se pencha sur lui, joueuse.

- Il se trouve que la composition pour ce soir contient un passage entier qui retranscrit l’eau, les vagues, lancinantes, le mouvement et la grandeur de l’océan. Avec quelques accords de plus, le rythme serait presque similaire à ce que vous décrivez.

Elle sourit en coin, heureuse qu’il ait relevé son insinuation.

- Vous avez raison, mon œuvre épique n’a pas grand-chose qui pourrait séduire la mort, mais songez-y, la musique est tout ce qu’est la vie. Elle est mouvement, bruit. Comment laisser place au silence en son sein, alors ?

C’était une vraie question, autant pour la pianiste elle-même, qu’à l’intention de son interlocuteur.
En vérité, Catherina craignait le silence. S’il y avait bien quelque chose qui l’effrayait c’était la chape de plomb qu’il faisait peser sur chaque souffle.

Oui, Damoroff n’avait pas peur de grand-chose, mais cela au moins parvenait à la remplir d’appréhension, d’où son désir informulé de toujours remplir chaque moment de flottement.
C’est ainsi qu’elle s’était spécialisée dans le grandiose, dans le puissant et l’immense, durant cette quête d’absolu qui la laissait toujours assoiffée.

Pour autant, une artiste n’était jamais complète si elle ne s’essayait pas à de nouveaux registres. Catherina se demandait bien comment elle aurait pu laisser à sa peur la moindre place au sein de son œuvre tandis qu’elle la combattait sans cesse sur les touches de son piano.

- Il paraît que le silence a sa propre beauté, figurez-vous. Qu’il s’y glisse des nuances délicates, qu’il suffit d’être une oreille suffisamment attentive pour l’écouter. Je ne me suis jamais prêtée à cet exercice, le propre de mon métier c’est de remplir le vide qu’il laisse. J’ai peur qu’en lui faisait trop de place, il ne finisse par étouffer tout le reste.

C’était à la fois délicieusement poétique, et en même temps un reflet pur et sans tâche des réflexions qui tournaient dans l’esprit de l’artiste. Elle pensait toujours la musique avec autant d’intensité.

- Mais n’est ce pas ce qu’est la mort, finalement ? L’absence de musique ? C’est comme ça que je me la figure, en tout cas.

La pianiste sourit à Zolt, de nouveau. Son ton était narquois, mais elle ne plaisantait pas tout à fait.

- Votre avis revêt de l’intérêt à mes yeux, n’en doutez pas. J’aime parler à des… spécialistes. Comment en vient-on à vouloir étudier un sujet comme le vôtre, je me le demande…

La femme souffla un rire, et reprit une gorgée, du bout des lèvres. Il ne fallait pas être saoul à la fin de cette soirée.

- Cette ambiance doit bien vous changer de votre quotidien, Docteur Zolt ! La présence de tout ce qui se fait de mieux à Exclesa – le ton était narquois - n’est-elle pas trop intimidante ? C’est votre… première fois, si je puis dire ?

Il aimait sa musque. Plus que tout, il aimait la musique. Il n’était pas trop timide, et se comportait même avec une certaine aisance pour un homme n’ayant jamais fréquenté ce milieu.

Le ton de la pianiste était guilleret, presque extatique, à mesure qu’elle devisait sur son art. Son visage était métamorphosé, ses traits se faisaient l’éloquent pote parole de chacune de ses émotions. Elle faisait plus que parler, elle vivait ses propres mots, elle les incarnait.

Cette caractéristique avait parfois de quoi rebuter, mais c’était pour cela aussi que l’on louait parfois la beauté de Catherina, comme illuminée de l’intérieur, magnifiée par une inextinguible énergie.
Le Légiste venait d’en avoir une petite démonstration, et la pianiste lui adressa un sourire innocent en sirotant sa boisson.

Elle comptait bien continuer la conversation, c’était décidé, il lui plaisait, de son ton à tout ce qui émanait de lui, même si elle ne songea pas à l’impression de malaise qui lui trottait au fond du crâne depuis qu’il avait évoqué sa profession.

Il était l’appréciable proie qui allait subir en cette soirée toutes ses facéties, il ne le savait juste pas encore.
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptyJeu 28 Juin - 16:25

De nombreuses émotions traversent l’esprit de Wilhelm Zolt, en accord avec les tonalités de l’instrument de madame de Saint-Juste, alors que le Légiste observe avec intérêt l’artiste dont il se croit le plus grand fan lui faire un court de musicologie. Le Docteur, c’est là l’appellation qu’a souhaité lui offrir l’égérie du Conservatoire et l’homme en costume ne sait trop comment le prendre.

Une infime seconde, le fait que celle-ci le cantonne à sa simple fonction, oubliant l’homme face à elle, lui retourna les entrailles. Avant d’être Légiste, avant d’être le découpeur de cadavre, Wilhelm Zolt espère réussir à garder cette parcelle d’humanité si chère à son cœur. Côtoyer la mort ne doit pas lui faire oublier sa condition de mortel, et bien que l’homme soit la personne la plus proche, voire intime, de la mort en ville, le Légiste est soumis aux mêmes lois que les autres concernant sa compagne de travail : il cédera lui aussi sa caresse.

Après avoir écouté religieusement la star de la soirée et ses explications, le docteur croise les bras et se permet de siroter sa flûte de champagne, d’un air qu’il souhaite banal. Hélas pour lui, son coude glisse contre son avant-bras et le Légiste manque de renverser son verre, évitant in-extremis la plus grosse gaffe de sa vie. Une maladresse qui lui arrache un froncement de sourcils et une crispation de mâchoire : Officiellement, en cette soirée Wilhelm Zolt peut le dire, il déteste les mondanités et cette ambiance !

« Eh bien, pour être tout à fait honnête avec vous, et pour vous accorder une confidence à mon tour, je n’ai guère eu dans ma vie passée le temps et l’envie de pareilles fêtes, ni même, pour tout vous dire, les moyens. »

Le Légiste hausse les épaules dans un geste badin, soufflant un rire, avant de venir masser à nouveau ses rouflaquettes, observant avec intérêt son interlocutrice. Avouer à la pianiste que toutes ses économies passent dans ses places de spectacles risque de passer pour une réclamation de pitié ? Et Wilhelm Zolt n’a pas besoin de telles fioritures. Ne laissons pas les travers de la vie gâcher ce moment.

« Vous me voyez honoré de l’intérêt que vous portez à mon avis, Miss D… Catherina;» L’homme toussote, appeler l’égérie du conservatoire par son prénom, et discuter avec elle de musique et de mort… Le Légiste cligne des yeux et un très léger effroi le parcourt de pied en cape. Tout ceci n’est qu’un rêve ? Un pincement de ses côtes lui ôte ce questionnement, et le Docteur repose son attention sur la pianiste.

« Humpf, donc. Le silence est harmonieux mais il faut pour cela l’appréhender, et… Savoir l’écouter pour déceler toutes les merveilles qu’il recèle. » L’homme en costard lève sa main, tenant la coupe de champagne presque vide.
« La mort est unique, mais universelle. Nous finissons tous dans ses bras, un jour ou l’autre. » Sauf les Kéméthis. La réflexion manque de lui échapper, et Wilhelm Zolt se mord les lèvres. L’étude du cadavre à l’Apothicariat fut bénéfique pour ses travaux, mais le Légiste tâtonne encore, inutile d’en discuter ici, et surtout en pareille compagnie.

« Et nous nous retrouvons tous dans le silence. Il me semble. Il est absolu Catherina, et votre art le sublime. » Le Légiste hausse un sourcil, redressant de sa main libre ses lunettes. « Votre musique prend place dans le silence, mais lorsque vous vous arrêtez, n’est-il pas en permanence autour de nous ? La mort est inéluctable, comme le silence. Vous pouvez crier, pour le briser, mais vous devrez respirer inévitablement, et donc il reviendra. »

L’homme secoue la tête, avant de soupirer. Wilhelm Zolt vient à nouveau de se laisser emporter dans ses explications et ses ressentis, que trop peu de personnes en ville peuvent comprendre selon lui. Il se dit sûrement que les Légistes sont des êtres reclus, des dégénérés, prenant plaisir dans la découpe et l’autopsie.

« Comment en vient-on à étudier la mort, et pourquoi choisir pareille voie... » Le Docteur observe la pianiste dans les yeux. Cette curiosité le touche plus qu’il ne souhaiterait vraiment l’admettre. Trop peu de personnes s’intéressent à son savoir, et les jeunes recrues n’ont pour le moment pas les tripes suffisamment accrochées pour s’imaginer découper des êtres humains morts durant toute une vie. Aussi la relève tarde à venir pour Wilhelm Zolt.

Peut-être son projet est-il voué à l’échec. Peut-être son entreprise folle est-elle inutile ? Peut-être que partager son espoir donnera un nouveau sens à sa recherche ?

« Voyez-vous… Je suis devenu Légiste car je trouvais plus de réconfort dans l’étude des morts que des vivants. Moins de plaintes, moins de jérémiades. » Il fronce les sourcils grondant légèrement. « Les morts ne se plaignent pas que la vie est trop dure, mais les familles donneraient tout pour quelques instants de plus… » L’homme observe la salle d’un geste vague, avant de revenir à la pianiste. « Je pense que c’est dans la mort, que se trouve le moyen de prolonger la vie des personnes de notre belle Cité. Et si la Ville me le permet, peut- »

Wilhelm est interrompu par le changement de tempo dans la musique de Sérafine de Saint-Juste, et avec elle, une certaine agitation saisissant les personnes présentes. Le Légiste aperçoit du coin de l’œil l’Amiral invitant le Prince Prieur, ce qui arrache aux Légistes un haussement de sourcil. « Le rouge et le blanc ensemble… Comme le sang sur une blouse. » Marmonne-t-il.

Wilhelm Zolt déteste, non, exècre la danse. Le Légiste se trouve malhabile, et n’a d’ailleurs que très peu de pratique, il est beaucoup plus à son aise au maniement du scalpel qu’au suivi d’un quelconque rythme avec un jeu de jambes. Cependant, relativement attentif à son environnement, le Docteur remarque plusieurs hommes qui doivent être forts charmants pour la haute-société, mais passablement ridicules pour lui, au vu de leurs accoutrements, se diriger en direction de la pianiste.

Mettre fin à cette discussion à cause d’une danse semble à l’homme en costard une hérésie, aussi prend-t-il un énième risque en cette soirée, après avoir toussoté.

« Humpf. Je suis piètre danseur, mais… Accepteriez-vous ma compagnie pour continuer cette discussion ? Vous avez ma parole que j’essayerais de ne pas marcher sur vos pieds et sur votre robe. » L’homme s’accorde un sourire désolé. « En tout cas je ferais de mon mieux.» Surpris par sa propre hardiesse, il s’entend dire. « A mon âge, mes vieux os me font mal... »

Après avoir pris autant de risques en une soirée, du repos fera le plus grand bien au Légiste, heureusement la fête de la Vie arrive bientôt...
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptyJeu 28 Juin - 16:41

Le regard de Catherina s’était fait attendri, tandis que son sourire était plus doux. Elle s’éventait doucement au rythme des paroles de son interlocuteur, faisant voltiger les mèches qui encadraient ses traits altiers.

Zolt l’émouvait bizarrement avec ses petits faux pas. Il était drôlement ingénu, ce qui contrastait avec sa face sérieuse qui avait de quoi intimider, d’autant qu’il était d’âge mur.

Si le fait qu’il soit peu fortuné n’étonnait pas la femme, cela ne la dérangea pas outre mesure. Il avait des manières, ce qui était à peu près tout ce qu’elle demandait, pas de ronds de jambe, mais un certain savoir-vivre tout de même.

Cependant que le Légiste parlait, ses mots sonnaient avec une étrange véracité que l’artiste ne put nier, même si elle ne put tout à fait se ranger à l’avis de l’homme.

Son point de vue faisait pourtant sens, mais Catherina avait peu l’habitude de trouver un répondant sur ce sujet où généralement on se contentait d’hocher la tête pour approuver ses dires et non de rebondir pour parachever la réflexion. On trouvait vite la femme trop poétique ou emportée dès lors que l’art devenait le centre d’une conversation, suivre le fil de sa pensée devenait alors épineux à suivre, tandis qu’acquiescer bêtement ne demandait guère d’efforts.

Le propos aurait pu dériver toujours autour du même thème, mais il bifurqua d’une manière inattendue. Une pointe de malaise s’insinua chez la pianiste quand Zolt évoqua le fait de prolonger la vie.

Qu’entendait-il par là ? Un instant, au moment où le tempo de la musique se fit plus allegro, Catherina demeura interdite, avant que les paroles suivantes de son interlocuteur ne la fassent reprendre pied avec la réalité.

Ce devait certainement être une sorte de métaphore, mais l’homme paraissait tout à fait sérieux. Pourtant, il arrivait aussi à l’artiste de s’exprimer par énigmes ou périphrases, plus souvent qu’à son tour même, elle ne pouvait donc pas lui jeter la pierre.

A la gêne se succéda une curiosité dévorante mue par l’attrait tout naturel pour ce qui est nouveau, inconnu, et potentiellement fascinant.

Elle maudit silencieusement De Saint Juste pour décider sa fichue danse à ce moment, tout en jugeant très froidement les notes que la violoncelliste égrenait. Un pli se creusa sur le visage lisse de Catherina tandis qu’elle s’éventait furieusement.

Elle avait bien senti tous ces rapaces qui n’attendaient que ce moment pour se joindre à la conversation, s’imaginant sûrement déjà la faire malhabilement voltiger sur la piste de danse.
La proposition de Wilhelm fut donc un soulagement qui tira à Catherina un sourire radieux puis espiègle. Oh ça oui, ça allait jaser.

On s’attendait indubitablement à l’apercevoir dans ces parages, et aux côtés de gens aussi riches et célèbres qu’elle-même.

On s’imaginait sûrement la voir virevolter dans les bras de quelque grand nom de la cité, et les ragots dureraient ainsi quelques jours. On deviserait alors de choses futiles, on s’imaginerait déjà le mariage, la tripotée de bambins, la retraite heureuse, et puis on oublierait. Jusqu’à la prochaine fois, du moins, où un nouveau prétendant serait désigné, et que, à nouveau, on s’épandrait en commérages.

Qu’importe si rien ne venait étayer les faits, une simple apparition publique aux côtés d’Elikia avait déjà valu à la pianiste les plus fantaisistes des rumeurs.

Rien de nouveau, malheureusement, et Catherina préférait désormais en jouer que de ruminer un fait qu’elle était impuissante à changer.

Mais alors que ce soit un homme quasiment inconnu, tout à fait hors de sa sphère sociale, un novice des soirées mondaines, voilà qui risquait d’alimenter les conversations pour les semaines à venir.

C’était de cela que la pianiste raffolait, comme un pied de nez bien senti à toutes les convenances, elle souhaitait obtenir quelque chose hors de sa portée, que le bon sens lui déconseillait, mais l’instantané avait beaucoup plus de valeur s’il n’était pas gâché par une mûre réflexion.

- Vous savez à quoi vous vous exposez, très cher ?

Catherina lâcha un rire un brun acide alors qu’elle repliait son éventail d’un coup sec le glissant dans son escarcelle, mais son visage demeurait bienveillant.

- Je ne sais même pas si je devrais faire à De Saint-Juste l’illustre honneur de danser sur ses piètres compositions au rythme balbutiant, mais soit, ce sera avec plaisir.

D’un geste doux, comme devant un animal que l’on ne souhaite pas effrayer, la femme se permit de glisser son bras sous celui du Légiste, lui adressant un regard d’encouragement, tandis qu’elle percevait déjà à la périphérie de son champ de vision plusieurs silhouettes qui s’étaient figées de déception.

- J’ai souvent dû mener de piètres danseurs, n’ayez crainte, cet art n’est pas si inné qu’on pourrait le croire. Je ne suis moi-même pas une experte. Je vais vous donner un conseil : prenez un air assuré. C’est tout ce qu’il faut pour que tout le monde croit que vous l’êtes.

Elle se pencha légèrement vers lui, restant un peu plus que nécessaire près de son oreille, sachant pertinemment que plusieurs pairs d’yeux étaient braqués sur eux, tout en n’en ayant cure :

- J’espère que vous achèverez la phrase que notre musicienne a si mesquinement interrompue par ce qu’elle ose qualifier de musique. Sachez qu’il n’y a pas d’endroit plus discret pour une conversation qu’au creux d’une foule qui danse.

Avec un haussement de sourcils, Catherina indiqua, non sans un ultime sourire, qu’elle attendait que l’homme la mène jusqu’à la piste.
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptyJeu 5 Juil - 13:24

Paraitre assuré n’est pas foncièrement un exercice difficile pour le Légiste. Il faut un certain aplomb pour observer parfois dans le blanc des yeux les experts mortuaires des Prieurs, ou les apprentis sorciers de l’Apothicariat avant d’assurer avec une certitude à en déplacer des montagnes que leurs diagnostiques sont biaisés, voire totalement faux. Cet exercice est commun pour le Docteur, et bien qu’il n’y prenne certainement pas un plaisir jouissif, Wilhelm Zolt a appris à se satisfaire de cet air choqué et de fausse remise en question que ces charmantes personnes lui offrent lorsqu’il fait preuve de son savoir-faire.


Mais la danse n’est clairement pas son office, aussi à la remarque de la pianiste, l’homme s’accorde un discret rire, avant d’afficher un franc sourire alors que l’égérie du conservatoire glisse son bras sous le siens. Qu’importe sa maladresse sur une piste de danse, Catherina Damoroff lui tient le bras par la ville ! Festival de joie, d’euphorie, de sens et de plaisir dans le cerveau du Légiste de la Cité, alors que celui-ci bombe légèrement le torse et se redresse totalement avant de remonter ses lunettes, dans le prolongement d’un geste, ayant déposé sa coupe sur le plateau d’un serveur passant par là.


« L’on croirait que je vais donner cours à l’une de mes classes d’étudiants. » L’homme souffle un rire, hilare alors qu’il s’avance en direction de la piste à grandes enjambées assurées. « Mais je suis ici l’étudiant en matière de danse, le paradoxe est cocasse. » Son sourire franc fait place à une mimique plus froide, de circonstance, alors qu’ils rejoignent la piste, saisissant avec la prudence et la douceur d’un horloger la taille de la pianiste. « Permettez ? Voyons si à mon âge j’ai toujours des restes de mon bal de promotion. »


Un sourire entendu à la pianiste, un regard froid aux divers prétendants essayant de se mettre sur son chemin, et un hochement de tête, plus tard, pour signifier le départ des festivités : les voici virevoltant sur la piste. Bien que d’une carrure banale pour un Excelsien, Wilhelm Zolt sait mettre dans son regard cette lueur de détermination qui impressionnera les plus faibles. Piètre danseur pour de nombreux spectateurs, le Légiste réussit l’incommensurable exploit selon lui, de ne pas marcher sur les pieds et la robe de sa partenaire, un fait qui se retrouvera certainement dans son mémoire, s’il lui prend la lubie d’en écrire un jour.


« Je pense m’exposer à moins de ragots, de on-dit, de bagatelles ou de messes-basses que vous, ma chère. Comme vous l’avez deviné un peu plus tôt, je ne suis pas adepte de pareilles soirées, ainsi ma présence à vos côtés doit hélas faire tache d’encre. » L’homme incline la tête, souriant presque désolé, avant de souffler un rire. « Je ne me permettrais pas de juger Madame De Saint-Juste, j’avoue avoir un faible pour le piano, le violon m’étant, en solitaire, plus difficile à l’oreille. L’âge, sans doute. »


Impossible pour l’homme d’avouer à la femme avec laquelle il danse sur un bateau de guerre en pleine mer qu’il n’a d’yeux et d’oreilles que pour elle, mais cette phrase n’est pas tout à fait fausse. Le violon, à la longue, lui donne la migraine.


Achever sa phrase précédente, aucunement. Le Docteur se rend compte qu’il vient de se laisser à nouveau aller jusqu’à même évoquer ses travaux les plus personnels, il est important à l’avenir de faire plus attention aux mots sortant de sa bouche, les oreilles curieuses étant légion.


« Oh vous savez, je disais seulement que, si la ville me le permet, mes travaux se dérouleront bien. Une expression populaire. La mort étant ma compagne de travail, j’admets réfléchir et y penser souvent. A tort ou à raison, qui sait ? »


Une demi-vérité, la mort obsède le Légiste, et son étude est pour lui une affaire de tous les instants. Chaque meurtre qu’il étudie le rapproche un peu plus de son objectif, il est temps de poser les questions, d’être acteur de l’échange.
« Vous m’avez avoué ne pas avoir penser à la mort dans vos compositions, le silence vous effraie-t-il… ? Serait-ce pour ça que vos compositions s’offrent parfois tant de rythme et d’envolées ? »


L’homme cligne des yeux en s’écoutant parler. L’on pourrait presque croire qu’il maîtrise son sujet, alors qu’il se contente de détourner la conversation. Assez parlé de lui, parlons d’elle.
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptyJeu 5 Juil - 18:31

Ce fut avec un sourire attendri que Catherina guida le Légiste sur la piste de danse.
Elle ne se permit aucune folie, De Saint-Juste ne devait absolument pas avoir l’impression qu’on profitait de sa musique, ah ça non !

Mais tout de même, la pianiste se glissa avec grâce parmi les duos qui chancelaient sur les notes grêles. C’était d’une main plus ferme qu’on n’aurait pu l’escompter de la part de la femme qu’elle guida son partenaire, lui cintrant le dos, et gardant un mouvement régulier, qui n’avait certes rien de très élaboré, mais permettait au moins de donner le changer.

Cela permit à la pianiste de s’apercevoir, non sans une certaine aigreur, qu’elle était bien plus petite que Zolt. Ca avait toujours été le drame de sa vie : de n’être pas un peu plus grande. Elle se faisait sans cesse dominer par ses interlocuteurs, et devait se rehausser pour palier un peu ce seul défaut qu’elle trouvait à sa personne.

Sans être vaniteuse – quoi que – Catherina était très satisfaite de son apparence. Tonique, elle tenait bien l’effort de ces réunions mondaines qui pouvaient être bien plus épuisantes qu’il n’y paraissait. Mener la danse, au sens propre comme figuré, ne fut cependant pas très difficile, quel que soit la taille de Wilhelm, il n’était pas bien charpenté, ce qui empêchait l’artiste d’être écrasée par sa carrure.

Ce fut l’occasion de zieuter de droite et de gauche pour apercevoir ceux qui dansaient également. La maîtresse de la soirée, Maeva O’Fell au bras du Prince prieur… Voilà quelque chose que Catherina ne manquerait pas de raconter à Elikia.

Le jeune Shah… Il était bien fait de sa personne, elle lui aurait bien touché quelques mots ce soir, mais comme il était déjà occupé par des figures politiques au moment de l’arrivée de la pianiste, elle avait abandonné cette idée.

Finalement, elle n’était pas mécontente de son sort. Elikia serait sûrement fier d’elle : elle se faisait des connaissances dans d’autres milieux, elle semait les graines d’un réseau prolifique. Plus important : elle s’amusait, malgré la désagréable musique de Saint-Juste, et malgré la présence de tous les rapaces à la bouche pleine de ragots.

C’était une belle soirée, et elle n’avait finalement pas si chaud que ça, c’était elle qui donnait les directives sans avoir à feindre l’intérêt, puisqu’elle en ressentait réellement.
Un sourire radieux naquit sur ses lèvres, tandis qu’elle accélérait légèrement la cadence, glissant au Légiste :

- Laissez-moi faire.

Les longs doigts de la femme possédaient une certaine poigne. Sa svelte silhouette décrivit une complexe arabesque, pouffant de rire à l’air de certains autour d’elle, quand elle manqua d’éborgner un homme, non loin, d’un de ses ongles.

- Oh, très cher, vous êtes un élève que je qualifierai d’acceptable. Il y a encore du progrès à faire, je vous le concède, mais au moins n’êtes vous pas en train de me piétiner. Il vous reste encore quelques traces de votre jeunesse, je vous assure.

Elle était revenue contre lui, après s’être permis ce petit écart, et le scrutait de ses yeux tempétueux, s’exprimant à mi-voix malgré son ton extatique.

Il avait des tournures de phrases si ingénues qu’elles en devenaient charmantes ; c’était toujours mieux qu’un coq qui se pavanait, songea-t-elle. Et puis sa phrase, il ne l’avait pas achevé, et il refusait de le faire, la curiosité attisée de Catherina était désormais piquée au vif.

Ceci dit, elle n’aurait pu attester que Zolt venait de mentir. Mais quelque chose ne sonnait pas juste, dans la musique qu’étaient le flot de ses mots. C’était cette impression viscérale qui l’avait fait, de nouveau, le dévisager, l’iris dans l’iris, comme pour percer à jour ce qu’il cherchait à dérober et le lui arracher.

Elle cilla, de peur que son acuité soit trop visible, tant sa pupille vibrait de son attention, et préféra papillonner un instant de côté, ajoutant d’un ton innocent :

- Ne vous inquiétez pas pour les on-dit, je pense que nos princes et princesses vont être le sujet de toutes les discussions dès demain, je serai bien vite oubliée. Dame O’Fell choisit bien ses cavaliers, en tout cas : elle et le prince ont l’air tellement raide, qu’on se figure deux balais qui se font la cour.

C’était surement suffisamment stupide et badin pour qu’elle puisse de nouveau le dévisager, avec cette même intensité, et, se dérober la seconde d’après, tout en espérant qu’il ne remarque pas son petit manège. Il y avait tellement d’émotions, de cœurs qui débordaient, épinglés sur les vestons, qu’elle n’arrivait plus à se concentrer suffisamment, avec ses propres pensées qui charriaient un flot incessant de sensations.

Elle eut un instant un vertige, et renversa la tête en arrière, lâchant un rire bref.

"Concentre-toi, Catherina."

- J’ajouterais que de Saint-Juste est une terrible vipère qui doit être terriblement désolée de n’être que l’ouverture alors que je suis le point d’orgue, si elle est sage je lui laisserai peut-être quelques miettes de ce prestige mais…

Le ton, sauvage, laissa place à un sourire, enjôleur. Kaléidoscope d’expressions, de sentiments, de sensations : la pianiste était dure à suivre dans sa danse effrénée, et le légiste en faisait désormais l’expérience.

- Vous me posez une question bien personnelle, Wilhelm.

Il se pouvait bien qu’elle en soit même troublée, interdite, et qu’elle babille pour ne pas y répondre. Mais ça, non, elle ne l’avouerait pas, même sous la torture.

- Ai-je le droit pour y répondre de me dérober si habilement que vous venez de le faire, ou cela pourrait il vous aiguiller quant à la réponse à votre interrogation ?

Dans les dernières saccades que De Saint Juste tiraient à son instrument, la pianiste se cramponna plus fermement à son partenaire, scellant ses mots dans l’espace, presque trop intime, qu’elle venait d’établir entre eux.

- Il n’y a pas de silence, Wilhelm, même si vous vous arrêtez de crier, il y aura votre souffle. La vie est bruyante, mais la question est alors, qu’est ce qui différencie le bruit de la musique ? Pour beaucoup des présents, vous verrez, pas grand-chose. C’est presque fini, alors regardez les applaudir, et dans leurs faces, vous vous apercevrez qu’ils n’ont rien compris à ce qu’ils ont écouté.

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Wilhelm Zolt
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptySam 14 Juil - 17:28

Alors que l’homme en costume noir s’efforce de réussir à paraître un minimum à son aise dans un accoutrement dont il n’a pas la moindre habitude, les coups d’œil insistants de la pianiste le questionne. C’est certainement le lot des artistes de cette renommée que de fixer leurs interlocuteurs dans le blanc dans yeux, une pratique pouvant mettre mal à l’aise les plus inexpérimentés, Zolt le suppose.

Hélas, ou heureusement, seule la destinée le sait, le Légiste de la grande Excelsa n’est pas homme à se faire facilement impressionner. Les affaires lui aillant retourner les entrailles se comptent sur les doigts d’une main, et ce n’est pas un regard insistant cherchant l’on ne sait quoi qui le troublera. Du moins le pense-t-il.

Il est vrai que la pianiste possède cet air bien à elle, égérie du conservatoire, mais aussi tempête inarrêtable dont les frasques et les humeurs mettent à mal tout ceux travaillant à ses côtés, d’autres encore lui prêtent des caprices de diva, celle-ci pouvant décider de tout plaquer pour partir avec son piano dans un coin reculé sous la protection de la ville.

Racontars et rumeurs font la part belle à tous les fantasmes sur Catherina Damoroff, mais Wilhelm Zolt préfère se forger son propre avis. Le charmant bout de femme qu’il enlace de ses longs bras semble à son aise au milieu de tous ses gens, mais plus que tout, c’est son esprit qui captive le Légiste.

Loin d’une femme adepte des pensées volatiles et des fards de la haute-société, l’homme de l’Apothicariat a rencontré un être avec lequel il peut évoquer deux de ses plus grandes passions, la musique, et la mort. Cette discussion n’est pour lui qu’un régale intellectuel.

L’apprenti danseur, dont les belles années sont désormais bien lointaines, observe du coin de l’œil quelques commères, pointant du doigt le couple improbable évoluant sur la scène, la bouche cachée par un éventail, laissant ainsi les ragots et les rumeurs prendre forme.

Qu’à cela ne tienne, à défaut de s’intégrer dans ce monde bien trop forgé sur l’apparence pour lui, Zolt s’accorde un temps en compagnie de sa muse, ce qui n’est pas pour lui déplaire. La remarque de la pianiste fait mouche, ainsi elle a remarqué son changement de sujet ? Une femme bien intéressante. Et sa question pertinente. Un autre test de sa part ? Ou un intérêt sincère pour son avis ?

« Ma chère. J’ose, si vous me permettez ces termes alambiqués… » Il lève l’index. « Alambique, Apothicariat… Vous l’avez ? » Se permet-il, un clin d’œil complice. « Je me permets d’espérer, qu’à défaut d’être un expert, je sais reconnaître de la bonne musique. Or, si vous acceptez mon avis de profane... » L’homme dodeline de la tête, laissant les dernières notes de violon s’écouler avant d’écarter légèrement les mains, se tournant vers la scène dans un grand geste, retrouvant sa théâtralité de salle d’autopsie.

Applaudissant lentement, Zolt énonce, le claquement de ses mains rythmant ses paroles telle celui de la lame de la guillotine sur la nuque de ses victimes.

« Froide, mécanique, hautaine. » Trois mots, trois applaudissements. « Dame de Saint Juste ne cherche pas à meubler le silence. Elle cherche à transposer sa connaissance de la musique en art, mais est bien trop mécanique. L’on peut discerner ses doigts sur la corde, presque deviner l’accord suivant. Tout ceci manque cruellement de passion, de volonté de partage. »

L’homme hausse un sourcil à l’attention de la pianiste, il lui propose son bras, s’avançant pour regagner le gros de la foule.

« Je vous proposerais bien un verre, essayant une énième fois d’éluder un sujet de conversation que je ne peux pas aborder au milieu de tout ce monde, pour vous proposer de nous en éloigner, en nous rendant… Sur le pont, par exemple ? Mais, nous nous exposons à une explosion de commérage si vous acceptez... »

L’homme souffle un rire, affichant un franc sourire avant de dévisager l’égérie du conservatoire, aborder son projet avec pareille personne serait du suicide, mais l’homme pense savoir manier aussi bien les mots que le scalpel. Si sa langue se veut aussi habile, l’on peut lui accorder qu’elle tranche tout autant.

« Risqueriez-vous des racontars futiles pour connaître mon secret ? Ou tout ceci n’est que poudre aux yeux selon vous ? »

L’homme croise les bras, sourcils haussés, souriant largement, Zolt peut d’ailleurs se l’avouer… Il s’amuse.


Dernière édition par Wilhelm Zolt le Dim 15 Juil - 1:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptyDim 15 Juil - 1:24

Catherina était accrochée au bras du Légiste désormais, à s’éventer nonchalamment, se réjouissant de la conversation qui prenait un ton délicieusement critique.

Elle avait à peine daigné applaudir durant la représentation de Saint-Juste, seule une légère moue hautaine avait agité ses traits, tandis qu’elle se pâmait d’un geste de la main.

La danse avait été fort agréable, de quoi vivifier les sens et s’échauffer un peu les sangs. Par la suitee climat de la soirée ne paraissait que plus électrique, torturé par l’attente.

Un sentiment grisant s’emparait alors de la pianiste : elle savait que c’était bientôt à son tour de se produire, que plus d’une attention était tournée vers elle. Bien sûr, c’était elle qu’on requerrait, qu’on désirait… Qui d’autre ?

Sûrement image biaisée par un manque de lucidité, c’était pourtant celle plaquée clairement au creux de l’esprit de la femme tandis qu’elle se tournait vers le Légiste à sa proposition, le regardant par en-dessous, un sourire narquois aux lèvres.

- Votre analyse est perspicace.

Elle souffla légèrement, en remettant une mèche en place. Même après s’être agitée autant, son front restait lisse quoi que légèrement brillant.

- Voyez-vous, on veut souvent vous faire croire que dans la musique il est question d’une petite étincelle, d’un quelque chose d’inné et d’exceptionnel. C’est un mythe, une débilité même.

Catherina récupéra une coupe de champagne sur le plateau d’un serveur qui passait, observant De Saint-Juste sur son estrade, à présent. La pianiste remercia mécaniquement, et trempa ses lèvres dans le breuvage. Quelques notes s’écoulaient encore, ce serait bientôt la clôture, et l’égérie avait beau chercher partout du regard, nulle trace de son collègue, Chandra.

Dans les loges non plus, elle ne l’avait pas croisé. Une terrible aigreur lui tordit la bouche : on ne plaisantait pas avec le protocole dès lors qu’on évoquait la musique. S’il avait l’outrecuidance d’être en retard, il s’en ferait rabattre les oreilles jusqu’à la fin de ses jours – ironique, quand on connaissait les heures qu’il fallait attendre aux membres de la Cabale pour voir poindre le bout du nez de Damoroff.

D’un geste sec, Catherina reposa la boisson, marmonnant un « trop amère », avec l’air pincé d’une diva offensée, s’attirant par la même une kyrielle de regards qu’elle ignora superbement pour offrir de nouveau l’intégralité de son attention au Légiste, ainsi qu’un large sourire.

- La musique, c’est mathématique. Des signes sur une portée que l’on doit exécuter dans le temps juste, au rythme correct. Cela peut très bien être fait par n’importe quel quidam ayant la volonté d’apprendre, et assez de patience et de persévérance pour s’y employer. Aux oreilles d’un profane, cela sonnera juste dans tous les cas. Non, l’Art, le vrai, réside ailleurs.

Elle écarta les bras, dans un geste si large qu’elle poussa plusieurs de ses voisons, bien qu’elle n’en parût absolument pas gênée.

- Il faut apprendre pour connaître, mais pour maîtriser il faut désapprendre. Ne plus même savoir comment on a fait pour être capable de savoir tout cela. Vous marchez, et c’est tout, c’est imprimé en vous, et de la même manière je joue, je joue parce que c’est devenu une faculté inhérente à ma personne. Il faut savoir aller plus loin que ce qui nous a été enseigné, le transcender, le perfectionner, mais attention !

Catherina leva un index, dressé comme un i, l’air mortellement sérieux.

- On ne brûle pas les étapes. Tous ces petits parvenus qui s’imaginent qu’ils vont révolutionner la musique sans rien y connaître au préalable, très peu pour moi !

La pianiste roula des yeux dans une pose dramatique, aussi théâtrale que pouvait l’être son comparse d’une soirée.

- Quant à De Saint-Juste… Eh bien elle n’a jamais appris que créer du nouveau à partir de l’ancien ce n’est pas une insulte – que dis-je, un blasphème ! - à la sacrosainte partition d’un artiste mort depuis deux siècles. Avec des gens de son acabit, on ne pourra jamais attendre aucune forme de complétion, on stagnera, je vous le dis ! Ce n’est pas la nature de l’art que de rester inerte.

Un léger sourire désolé, pour ce long cours, et un nouveau regard lourd vers la scène, et voilà Catherina repartie dans une nouvelle tirade.

- Mais pardonnez donc ce babillage !

Elle se rapprocha de lui d’un pas hardi, pour se couper de toute attention indiscrète, si près désormais qu’elle sentait son souffle frémir sur sa nuque, et lui glissa à l’oreille.

- Mon tour vient bientôt, mais ensuite, ce sera avec plaisir que je vous accompagnerai pour que nous discutions dans un cadre plus calme… Après le sempiternel bain de foule, cela va se soit.
Elle se recula d’un pas dansant, adressant à l’homme un sourire qui relevait un coin de sa bouche en une expression taquine.

La pianiste avait pleine conscience de la fascination qu’elle exerçait sur le Légiste. Et voilà que la conversation avait pris une tournure aussi intéressante qu’inattendue.

Naturellement curieuse, Catherina était surtout intéressée par ce que pouvait bien avoir à dire Zolt de si secret ; cela ne manquerait pas de fasciner Elikia. Elle devait lui obtenir ces informations, elle avait l’intuition que cela revêtait une certaine importance que son interlocuteur s’évertuait à lui cacher, à moins qu’il ne cherchât à l’appâter pour faire son intéressant, mais il ne semblait pas de ceux-là, et, l’empathe qu’était la pianiste se fiait souvent à son instinct.

Il y avait un profond enjeux politique derrière tout cela qu’elle ne cernait pas encore très bien.
Pour le moment, tout ce dont elle avait conscience, c’était de s’amuser comme une petite folle !
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Wilhelm Zolt
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MessageSujet: Re: [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro   [Concert sur le Saint-Virgile] Requiem allegro EmptyJeu 2 Aoû - 1:06

La leçon de musique de l’égérie est appréciable et Wilhelm Zolt se prend à comparer la musique aux arts médicaux. Bien que les deux touchent des domaines bien différents, ils se marient avec grâce dans leurs méthodes d’apprentissage, le par cœur et la répétition encore et toujours jusqu’à la maîtrise parfaite. Et c’est l’une des nombreuses choses qui ont poussé le Légiste à devenir ce qu’il est aujourd’hui.

L’homme en costume noir n’est guère surpris de cette ressemblance. Un célèbre proverbe de la ville stipule que « La Ville associe avec grâce ceux qui ont les même désirs et méthodes pour la protéger », la Cité lui permet donc de rencontrer la pianiste en cette soirée. Zolt ne peut que lui en être reconnaissant.

Alors que le Légiste observe Catherina s’approcher de la scène et y prendre place, un sursaut de conscience scientifique lui intime de prendre la poudre d’escampette pour se soustraire à cette future entrevue avec l’égérie. Les regrets s’accumulent dans son esprit, et Wilhelm cherche dès à présent un moyen d’endiguer le flot de curiosité qu’il a libéré chez la pianiste. Ses recherches ont bien avancé suite à l’étude de la victime de Kemeth, mais son objectif est loin d’être atteint.

Ses ruminations disparaissent alors que les premières notes de la pianiste résonnent dans les entrailles du navire de guerre servant de salle de spectacle tandis qu’un sourire béat prend naissance sur les lèvres du Légiste. Cette représentation est la raison pour laquelle il est à bord de ce navire, la raison pour laquelle il s’inflige les parfums aussi saoulant que le plus fort des alcools.

La raison enfin, pour laquelle Wilhelm Zolt, Légiste de la grande Excelsa, s’inflige la compagnie de personnes dont la seule utilité à ses yeux, au-delà de certainement diriger des affaires d’une importance qui lui échappe, serait de servir sa cause. La magie de la musique et du piano de Catherina opère à nouveau, et les idées du Docteur se font plus limpides. Loin d’être les affres de l’alcool et de l’ivresse, cette clarté d’esprit trouve sa source dans les notes rebondissant avec grâce sur les murs de métal.

La musique, stimulateur de l’intellect de Wilhelm Zolt depuis de nombreuses années, lui a permis à de nombreuses reprises d’élucider des affaires sordides, mettant ses méninges à rudes épreuves. Mais ceci est un secret que le Légiste se garde bien d’offrir à l’artiste, son travail et sa faction le rangeant dans la case des personnes « bizarre » pour la plupart des habitants, inutile d’accentuer le trait.

Les notes et fluctuations des accords de la pianiste accompagnent les méandres de la pensée du Docteur, alors que celui-ci saisit une coupe de champagne avant d’aller trouver place, dans l’un des sièges présents aux abords de la scène. Sans être au plus près, Wilhelm Zolt s’accorde une distance raisonnable, celle lui permettant de saisir chaque note et son écho.

Le sourire semblant figé sur le visage du Légiste et l’admiration visible dans son regard d’ordinaire si sévère peuvent presque faire passer le Docteur pour un autre. Ses idées accompagnent le tempo du piano, et son esprit s’égare.

Plongé dans ce qui pourrait être un magma de données anatomiques, Wilhelm Zolt ère dans les méandres de son intellect tortueux. Le savoir médical du légiste gravite autour de son champ de vision, occultant sans réellement le faire la salle, les chaises, les convives, ne laissant que la pianiste et son instrument, au centre d’un tourbillon d’hypothèses et de réflexions scientifiques.

La mort.

Une notion qui de tous temps a fasciné les hommes et femmes de ce monde. Savants et médecins s’efforcent, à grand renfort de prothèses, d’opérations et d’injections de repousser l’inéluctable. Mais aucun n’a réellement apprit à la côtoyer.

Si les uns et les autres connaissent, tout comme le Légiste, le fonctionnement d’un corps humain, si les alchimistes apprennent sur le bout des doigts la moindre substance naturelle et son effet sur les organes d’un être, si les chirurgiens savent réparer avec le plus grand soin un corps brisé…

Aucun n’analyse et ne plongent aussi souvent ses mains dans les entrailles de la mort que le Légiste.

Aucun n’ose analyser les cadavres qu’ils laissent derrière eux. Ont-ils la sagesse et l’intelligence de récupérer les organes, qu’ils utiliseront plus tard dans d’autres opérations, stockant ceux-ci dans d’immenses chambres froides, dans des containers appropriés ?

Y pensent-ils seulement… ?

Pensent-ils à tous ces gens, morts ? A toutes ces personnes dont le Légiste, inlassablement, ouvre et découpe les entrailles, récupérant ce qui peut l’être ? Ont-ils seulement une fois eu la curiosité de franchir les portes de son bureau ? De lire ses notes ?

La mort emportera tout et tout le monde. « Les Hommes vont et viennent, mais la Cité reste » Mais que vaut une Cité vide ? Que deviendra Excelsa sans ses défenseurs ? Que deviendra la Ville, si les hommes sont condamnés à périr… ?

Quand est-il de Kemeth ?

Grand cartésien, Wilhelm Zolt n’offrait jusqu’à il y a peu qu’une oreille distraite à toutes les rumeurs provenant de la province de Kemeth. Des sorciers, des magiciens, des médecins, capables de soigner sans toucher ? Capables de maîtriser la Vie elle-même, peut-être ? Celle-ci serait donc maniable ?

Le questionnement virevolte devant les yeux du Légiste en un maelstrom de d’interrogations, disparaissant dans un brouillard, alors que la pianiste abat ses doigts sur les touches d’ivoires dans une dernière note mourant lentement avant d’offrir à la salle ce que redoute l’artiste.

Le silence.

Le silence pesant de tensions, d’attentes, d’admiration. Le visage du Légiste se ferme à nouveau alors qu’il se joint aux applaudissements, ne s’étalant pas en vivats et autres louanges. Saisissant deux coupelles de champagne, Wilhelm Zolt laisse l’égérie à son bain-de-foule, s’avançant lentement en direction de la sortie.
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