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 You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]

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Izei Ingenoc
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MessageSujet: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyLun 3 Sep - 10:12

Je vis dans un brouillard de terreur, depuis quelques jours. Trop de traumatismes en même temps, ça va être long à expliquer. On m'a bousculé mon quotidien et c'est pas le genre de chose que je supporte facilement. Ces temps ci j'en ai vu des dures, mais c'est pas fini. Il faut que je préside une cérémonie maintenant ! Enfin très exactement, dans dix minutes. Là c'est pas encore mon tour de rentrer.

Autant on s'arrange pour ne pas me balancer dans un dîner d'ambassadeur ou dans foule qui tire des feux d'artifice, autant ça va être compliqué de me faire éviter les rituels de ma propre religion. On déconne pas avec ces trucs là. Si un bouquin sacré a dit que c'était chacun son tour de faire le guignol au milieu, c'est comme ça on y peut rien.
Y a énormément de trucs que je peux foirer. Je peux me casser la gueule dans mon costume de cérémonie ridicule, oublier les paroles, ne pas arriver à faire la partie magie comme il faut, vomir de stress devant tout le monde, me faire tomber l'épée du Fondateur sur le pied, tuer quelqu'un, renverser une bougie et foutre le feu à Saint Gabriel. Des tas. Des millions. J'ai du mal à respirer.

Probablement à cause du costume de cirque. Ça pèse dans les vingt kilos, c'est beaucoup trop chaud, je peux pas lever les bras au dessus des épaules et je sais pas encore ce qui va se passer quand j'aurais envie d'aller aux toilettes. Dans le Fort on s'emmerde pas, on est entre nous, mais dès que ça touche à Saint Gabriel y a du budget sur les trucs qui brillent et le titanesque. En soi, on pourrait faire la même chose dans une cabane, pour ce qui est de la magie pure et dure. Une grande cabane, vu qu'il faut au moins une trentaine de vicaires.
Mais ça serait con de pas utiliser le grand machin en pierraille avec du doré partout hein ? Et puis des vicaires en plus pour regarder, histoire de faire du monde. Peut être qu'ils devraient aussi rajouter du feu et une fosse avec des pics sur le chemin pour y aller, et un mec qui attend devant avec une bûche pour t'en mettre un grand coup dans les couilles.

Je me penche (dans la mesure du possible, j'ai pas beaucoup de souplesse en boîte de conserve gothique) pour vomir dans l'évier. Oui il y a un évier. Je suis dans la pièce qui sert à ranger les bougies, les teintures, l'encens et les prieurs qui doivent surtout pas se salir pendant dix minutes. Même pour les grandes chapelles sacrées il faut passer un coup de balais dedans de temps en temps. Je m'essuie la bouche sur un bout de tissu qui traîne, probablement une bannière millénaire d'une valeur inestimable. Y a un frère dont c'est le métier de s'occuper de tout ça. Il est venu m'aider à m'habiller tout à l'heure. Ce sale planqué. Bien fait.

J'ai déjà eu le droit à une autre cérémonie la semaine dernière mais... je sais pas, il y avait moins de monde. Et puis on m'égorgeait, alors si j'avais foiré je serais mort et personne n'aurait eu le temps de me pointer du doigt pour me dire que j'ai merdé. Et puis... et puis bah y avait pas de trucs à dire, il n'y avait pas à se rappeler qu'il faut d'abord faire ci avant ça, se mutiler comme ci et se placer comme ça. Il y avait une meuf avec un couteau, un condamné à mort, moi avec un chouette bavoir blanc et voilà.

Oui bon ça fait un peu dramatique comme ça mais je raconte mal. C'était pour prouver à mes pairs que je suis capable de transférer mes blessures sur mes ennemis. Du coup y a une dizaine de grands vicaires qui regardent – de loin, parce qu'un mec égorgé c'est un peu imprévisible et ça vise mal.On te met un espèce d'écharpe blanche, pour qu'on voit le sang dessus. Apparemment je m'en suis bien sorti. Sur mon bavoir il y avait pas beaucoup de sang. J'ai fait vite. Après ils rangent ça dans une armoire et c'est fini.
Ils ont été gentils les grands vicaires après ça, même si j'étais très intimidé parce qu'il y a du beau monde dans le tas. Par exemple frère Luc dit « le Boucher » (ce n'est pas original, mais un bon surnom ne meurt jamais). Je l'ai déjà vu s'enfoncer un hameçon dans l’œil et l'arracher dans le même mouvement en pleine rue, pendant des agitations ouvrières. J'arriverai jamais à faire un truc pareil. Il... aime ça, on va dire. Un petit bonhomme bedonnant, un peu chauve avec des lunettes. On dirait pas comme ça. Mais très gentil, sinon. Il m'a expliqué un tas de trucs, il m'a dit qu'il était content de voir une nouvelle tête à table (parce qu'il faut que je change de table pour manger, je t'ai dit qu'on faisait rien que me bousculer dans mon quotidien et que c'était insoutenable). Il a dit aussi que c'était bien de voir quelqu'un d'un peu calme, qui ne fait pas de crise de rage pour un oui ou pour un non. « Calme », je ne sais pas, mais pour la rage effectivement c'est pas le bon bonhomme. Enfin tout ça était très traumatisant, mais c'est du passé. Pourquoi je penserais au passé alors qu'il y a un tas de futur sur lequel je peux paniquer ?

Un mec est venu me chercher. Je sais pas qui, je suis pas en état de reconnaître les gens. C'est mon tour. Je me dirige vers mon destin, tout tremblant et ruisselant de sueur.

- Ça va ?

- Je... chépa. Ouais ?

- Ne vous inquiétez pas. Enfin, vous avez déjà vu comment ça se passait. Des gens qui s'évanouissent, qui pleurent ou qui se défèquent dessus ça arrive. On est entre nous.

Je le sais bien mais ça ne me rassure pas du tout. Le gars m'aide à mettre le masque. Il y a beaucoup de références guerrières dans ces événements là, parce que c'est quand même de la magie pour faire du mal aux gens. En l'occurrence, niveau esthétique de sociopathe, il y a un visage hurlant en métal noir à la place de mon visage. Juste deux trous pour les yeux. Ce n'est pas très confortable et ça sent vite mauvais là dedans. On ne peut pas tourner la tête. Ça a l'avantage de mettre beaucoup de distance entre moi et le reste du monde vu que j'ai l'impression d'être un scaphandrier.

Ce qui m'a sauvé c'est que je suis rentré sans m'arrêter. Si j'avais fait une pause, j'aurais jamais pu redémarrer. Là c'était trop tard j'étais devant tout le monde, condamné à faire le guignol. En avant.

Je me rappelle à peine pourquoi je suis là. Lyssia et frère Otton (que son statut ne sauvera pas d'une mort atroce si il doit en être ainsi), les endurcir. Ah oui c'est vrai ils sont là. Je ne peux pas les voir mais ils doivent être à genou quelque part à ma gauche. J'entends des bruits de soulagement, je comprends pourquoi : certains sont là depuis l'aube, mon arrivée signifie que ça commence. Pour l'avoir vécu, rester à genou des heures en silence sur de la pierre ça rend fou.
Je me dirige vers l'estrade au milieu, avec une statue qui tient une épée à l'horizontale. C'est l'épée du Fondateur, l'objet le plus sacré du coin. Il faut toujours commencer par faire une petite prière devant. Le texte c'est quelque chose dans ce goût là : « merci d'avoir fait une ville, on vit dedans c'est pratique il fait moins froid que dehors. Promis on étrangle les étrangers avec leurs propres boyaux si ils viennent y voir. Merci aussi pour la magie et l'épée, d'ailleurs, ça nous aide bien pour ça. Vous avez vraiment pensé à tout ». Mais dans un langage désuet avec des mots compliqués. De toute façon personne ne peut m'écouter marmonner – jamais réussi à faire mieux qu'un bruit d'accordéon troué quand on me demande de parler devant autant de monde. Est ce que c'est grave si on ne m'entend pas ? J'ai prévenu que je ferais pas mieux. On m'a dit que ça irait très bien. C'est juste de la déco de toute façon.

Certains frères et sœurs sont doués pour les prêches, les petits effets de manche, ce genre de truc les amuse. Moi le seul cadeau que je peux faire à mon public, c'est d'expédier toute la partie blabla le plus vite possible. Je suis sûr que ça fera plaisir.

Donc, blablabla, bla blabla, aller à gauche, voilààà. Je m'entaille ensuite la paume de la main, avec un couteau qu'on m'a tendu sur un coussin rouge. Ensuite, je laisse du sang tomber sur un espèce de socle en granit très vilain. Très sale.
Ça, c'est aussi de la bonne tradition débile. Il faut offrir son sang à la Ville, très bien. Mais le bouquin sacré a pas dit qu'il fallait essuyer le socle sacrificiel après. Enfin, je ne sais pas comment ça s'est passé à l'époque, mais je suis sûr que c'était juste une bande de feignants qui voulaient pas nettoyer la grotte à prière. Il y a eu la construction de Saint Gabriel entre deux, mais le socle est resté. C'est immonde, ça fait une espèce de gangue poisseuse sur le granit. Ça sent mauvais. Le pèlerin peut repartir avec la satisfaction de savoir que son plus précieux liquide sert à nourrir des asticots. J'avoue que c'est impressionnant dans le genre dégueu. T'as pas envie d'envahir des maboules qui gardent une relique pareille.
Tout le monde est d'accord avec moi, mais on va pas arrêter de faire ce truc simplement parce que c'est débile. Où est ce qu'on va si on raisonne comme ça ?

Bon, on rigole, on rigole, mais c'est qu'il faut aller buter le léopard maintenant. En avant. C'est la plus grande distance que je dois couvrir pendant le rituel, et ça me demande beaucoup d'effort, niveau psycho-moteur. Faut beaucoup forcer sur les cuisses, et ne pas se casser la gueule sur un bout de tissu qui traîne du costume. J'ai envie d'arracher le masque pour respirer. Heureusement que la bestiole est immobilisée.

Enfin je crois que là aussi il faut que j'explique, parce que c'est très débile. Du temps de la cabane en bouse, buter un léopard à une cérémonie religieuse avait du sens. Y en avaient plein, ils mangeaient le bétail et les enfants. Ça faisait un bon ennemi. Maintenant... bah maintenant il faut payer des chasseurs de Trius pour le trouver, le putain de léopard. Alors on commence à réfléchir à le supprimer, ou à le remplacer par autre chose. Surtout que c'est pas une cérémonie ouverte au public, il n'a aucun intérêt. Mais bon vu que celui là, il est déjà payé...

Niveau chaînes et broche à gigot, chez les vicaires il y a largement ce qu'il faut. L'animal est suspendu par les pattes dans un dispositif de ce style, probablement mourant vu qu'il est là depuis plusieurs heures la tête en bas. Son thorax est luisant de bave, il a la respiration fébrile et les yeux vitreux (y a beaucoup de vicaires adorateurs de chat, je ne sais pas pourquoi, et je crois que certains arguments à propos du léopard sont dictés par une sensibilité mal placée). Je l'éventre. Il y a deux personnes qui tiennent mes manches pendant que je suis dans la partie charcuterie de l'affaire, c'est traditionnel aussi cherche pas.

Là, c'est un des rares cas où avoir grandit dans une ferme me sert. J'ai vu des spectacles pénibles lors des éditions précédentes, où celui qui préside galère beaucoup sur ce passage. Moi je t'ai trouvé le pancréas en deux secondes, je te découpe ça comme à la boucherie, hop. Je sais pas pourquoi, j'ai mis quelques coups de couteau en plus pour enlever les ligaments et la graisse, un moment de zèle inopportun. Mais j'ai fini par me rappeler ce que je faisais là et j'ai coupé deux petits bouts pour qu'un mec aille en filer chacun un à Lyssia et au Premier Prieur. Pourquoi un pancréas ? Sur ce coup là j'en ai aucune idée. Ils doivent le bouffer, c'est tout. Dans le temps, chaque impétrant devait se farcir le pancréas en entier. Au bout de plusieurs centaines d'années de vomi et de perte de temps, on est revenu dessus. Tu vois qu'on s'adapte à des trucs des fois ! Ça reste dégueu, mais gérable en moins de dix minutes de mastication pénible.

Pendant ce temps je me mets à genoux, face à tout les autres vicaires, et aux deux malheureux. Là j'ai fait que deux trois blabla comme ça, mais là c'est le gros morceaux. Je n'arrive pas à parler de manière audible, mais de toute façon tout le monde récite la prière en même temps. Un truc du genre « j'espère que ces deux là vont pas mourir, mais si ils le font ils auront quand même contribué à la grandeur de la Ville, sympa à eux ». Version longue, longue, loooongue. Y a beaucoup de passages sur le fait que la magie c'est cool, et que euh, si elle est là c'est pas pour rien. Pendant ce temps Lyssia et le Premier Prieur sont censés fermer leur bouche (finir de mâcher, au besoin) et nous écouter leur souhaiter une mort utile à la Ville, pas trop longue et pas trop douloureuse malgré ce qu'on va leur faire. Et que si elle est longue et douloureuse - ce qui a des chances d'arriver si on cherche la gloire de la Ville - notre magie sèmera l'effroi dans le cœur des ennemis et c'est une très bonne chose. En fait, mourir aujourd'hui c'est pour les petits veinards. Ils ne doivent donc pas avoir peur et se réjouir d'affronter cette épreuve aux deux issues heureuses.
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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyVen 7 Sep - 23:21

C'était un grand jour. Sur ordre du Premier Prieur, la Chapelle de Saint Gabriel a été fermée au public. Au public au sens large, en fait : les frères et sœurs les plus gradées n'y avaient pas accès, à moins d'être des vicaires. Les gardes devant les portes avaient leurs ordres : personne n'entre après le début des cérémonies, même si les pires hurlements devaient se faire entendre. Le secret devait être préservé. Il valait mieux, Otton le savait.

Ce n'était pas sa première fois, dans cette situation. Il avait été fait vicaire il y a des années de cela, lorsqu'il finit par maîtriser les bases de la Magie de la Douleur et apprendre les textes sacrés par cœur. Avant cela, il se soumit aux rituels de l'Endurance. Ceux-là mêmes qui allaient être perpétrés aujourd'hui. Accessibles au plus grand nombre de Prieurs, ils n'en étaient pas moins violents et fondés sur le Sacrifice. De soi et d'autrui. Pour la Ville. Pour la Victoire. Pour avoir plus de moyens à utiliser au service d'Excelsa.

Il était là, à genoux depuis des heures sur la pierre froide, au milieu de frères et sœurs. Torse nu, il attendait. La douleur dans ses articulation était déjà suffisante pour qu'il puisse se téléporter. Mais il demeurait immobile au maximum, récitant les passages qu'il était autorisé à prononcer. Dans cette pièce sacrée, en ce moment particulier, il n'était pas vraiment le Premier Prieur. Il était un frère parmi d'autres frères, demandant humblement leur aide pour qu'ils le rendent plus fort. Plus résistant. Moins faible.

Et il n'était pas seul à en faire la demande. Lyssia était là, à côté de lui, également à moitié nue. Elle avait le droit de s'appuyer sur ses mains, elle. C'était plus humiliant, pour rappeler aux nouveaux venus qu'ils avaient encore beaucoup à faire en matière d'endurance. Mais cela leur permettait de tenir tout ce temps par terre. Elle pouvait donc passer de la posait que maintenant son mentor, redressée, à celle d'une servante nettoyant le sol à la main. L'humiliation n'était pas l'objectif, bien sûr. L'humilité certainement, mais aussi dans une moindre mesure. Le but était d'avoir un aperçu de ce qui les attendait. L'endurance, c'était aussi pouvoir tenir le coup sur la durée. Rester immobile aussi longtemps que possible était aussi important que de supporter les tortures à venir.

Si Lyssia voulait commencer à vraiment maîtriser la Magie, il lui fallait durcir son corps et son esprit. Sinon, la Douleur allait la dévorer et la rendre folle. Ça arrivait parfois. D'où la nécessité d'être prêt. Il ne l'avait pas protégée durant toutes ces années pour la voir se suicider dans la démence. Ce ne serait bon ni pour eux, ni pour la Ville.

Izei, en tenue rituelle s'en sort aussi bien et aussi mal que la plupart des gens. A un moment, il faudrait peut-être la moderniser... Si certaines concessions ont dû êtres faites aux progrès du temps et de la civilisation, d'autres ne pouvaient l'être. La Tradition n'était pas exactement ce qui faisait que la Magie fonctionne... Mais elle constituait une base solide.

Ses gestes sont assurés lorsqu'il est question du léopard... Ce n'est pas le moment le plus glorieux. Certaines suggestions concernaient l'usage de prisonniers humains. Mais les vicaires en utilisaient déjà assez comme ça. Et ce n'était pas toujours bon pour le moral. Les rites de l'Endurance étaient exécutés à la demande des prieurs ordinaires et pas seulement de fanatiques sadiques et détachés de l'humanité. Le léopard attaché et semi-déshydraté, c'était bien passez...

- Au Nom de Saint Gabriel. Pour la Ville.

Otton ouvrit la bouche pour recevoir son morceau de pancréas. La bouche un peu pâteuse, le goût du sang et de l'organe et un début de fatigue ne font pas très bon ménage, mais c'est la tradition. Le Prince, regardant droit devant lui, mâchait lentement. Il ne fallait pas se précipiter. Ce n'était pas agréable, mais l'erreur à ne pas commettre était de se mordre l'intérieur de la joue en plus. Ou s'étouffer avec un morceau de pancréas trop grand et avalé trop vite. Certains disaient qu'il valait mieux tenter de faire de petits bouts avec ses dents et les avaler au plus vite. Dans tout les cas, c'était tiède et répugnant. Mais c'était la Tradition. Et la récompense était un corps plus fort. Plus à même de servir la Ville. Ça, ou la mort. Ou l'handicap... Il y avait plusieurs options, hélas.

Sans tourner la tête, il lança un coup d’œil à Lyssia, espérant qu'elle s'en sorte bien, pour une première fois.
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Lyssia Oskario
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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyDim 9 Sep - 9:01

Je me regarde un long moment dans le miroir… La mixture que m’a donnée mon botaniste préféré est toujours aussi efficace : plus une trace de roux dans ma chevelure presque argentée. Tant mieux. Ça n’aurait pas été très classe de débarquer à une cérémonie officielle avec des restes oranges dans les cheveux. Déjà que j’ai pas hyper bonne mine… En même temps ça peut s’expliquer assez facilement : une nuit d’entrainement pleine de douloureuses surprises qui m’a laissé un souvenir brûlant et infecté sur le flanc, suivit d’un entrainement non moins rude avec Otton, ensuite je suis partie en mission à Viminal, mission qui n’a pas été de tout repos non plus, après ça je suis rentrée, j’ai passé deux jours et trois nuits sur mon article (ben oui, j’étais supposée être une journaliste, si l’article que j’écrivais n’est pas publié, ça pourrait éveiller les soupçons de certaines personnes… surtout ceux d’un certain homme masqué…), j’ai enchainé sur une mission dans les ruelles les plus mal famées de la Borée, je me suis entrainée… et voilà. On est maintenant…

Putain, j’ai besoin de vacances moi…

Je rajuste ma tenue de cérémonie, je coiffe une dernière fois mes cheveux pour les rendre bien brillants et bien lisses. Même moi j’ai envie de passer la main dedans pour les caresser tellement ils ont l’air doux… D’ailleurs il me faut une bonne minute pour me rendre compte que je suis en train de le faire. Je me racle la gorge en regardant autour de moi d’un air gêné… heureusement, personne n’est entré dans ma chambre à mon insu. Imagine la tronche que le type aurait tirée en arrivant et en me voyant câliner ma propre chevelure comme une grosse débile… Pas top pour la crédibilité ça.

J’ai vraiment besoin de vacances…

C’est Otton qui m’a imposé cette cérémonie, ce… rituel… je ne sais pas en quoi il consiste, ni vraiment à quoi il sert. Il ne m’a vraiment pas dit grand-chose en fait… seulement que c’était un rituel sacré et que ça allait m’aider dans mes entrainements pour la Magie de la Douleur. Je grimace légèrement, j’en sais pas assez et ça m’angoisse. Je ne suis qu’une simple prieuse, et pas depuis bien longtemps en plus… donc bon, des rituels, j’en ai pas vu des masses. Surtout pas des rituels dans ce genre-là. J’ai peur de pas être à la hauteur, de décevoir mon tuteur… j’ai peur d’y rester aussi… la dernière fois qu’on m’a parlé d’un rituel, Izei m’expliquait que ses pairs avaient l’intention de l’égorger… Vous je sais pas, mais perso, m’imaginer quelqu’un en train de m’ouvrir la gorge avec une lame c’est pas vraiment ce qui me rassure le plus. J’ai confiance, parce que c’est Otton qui m’a demandé, mais je flippe ma race quand même, je peux pas m’en empêcher.

Je vais demander des vacances…

On m’a poussée jusqu’à un endroit précis sans rien me dire. Avec Otton. Je lui ai adressé tout un tas de regards interrogatifs, mais s’il m’a regardée aussi, il l’a fait tellement discrètement que je ne m’en suis pas rendue compte.
On nous fait signe de nous mettre à genoux… et on attend. On attend… on attend… on attend encore… Je n’ai pas une très très bonne notion du temps quand je ne suis pas en mission ou que je ne vois pas le soleil, mais je peux vous assurer que ça dure littéralement des plombes. J’ai largement le temps de me rendre compte que seuls certains frères sont dans l’assistance, et que c’est donc l’une de ces cérémonies auxquelles je n’ai normalement pas le droit d’assister… super… vachement rassurant ça aussi. J’ai aussi tout à fait le temps d’avoir l’impression que le sol pénètre mes genoux et mes tibias, comme s’il avait envie de s’incruster en moi. Pendant un moment, mon imagination vagabonde et me guide vers d’étranges images sur lesquelles j’ai des protèges genoux et tibias en rocher, d’autres sur lesquelles c’est une véritable armure.
Au bout de quelques heures, je finis par m’appuyer sur mes mains. J’ai mal aux genoux, au dos, à la nuque, je commence même à avoir mal au crâne. Je reste comme ça le temps de reprendre mon souffle et de calmer les tremblements de mes cuisses, c’est-à-dire une bonne demi-heure. Après ça je me redresse et je reste comme ça jusqu’à la fin. Otton est là, les plus hauts gradés nous fixent… je ne peux pas lui faire honte. Non. Je veux qu’il puisse être fier de moi, alors même si mes jambes se remettent à trembler et que j’ai l’impression qu’on broie lentement ma colonne vertébrale en faisant des torsades au niveau de la nuque, et en l’écrasant dans le reste de mon dos… eh ben je ne bouge plus.

Je voudrais déjà être en vacances…

Y’a des gens, ils passent leurs journées à buller au bord de l’eau, à cultiver leurs champs, à vendre leurs chaussures, à signer des contrats, à inventer des trucs, à préparer à bouffer… Y’a des gens qui vont pêcher, qui vendent des fruits sur le marché, qui volent à l’étalage, qui tuent leur prochain pour gagner de l’argent… Y’a des gens qui vendent leurs corps, qui coupent les cheveux, qui écrivent des poésies, qui montent la garde, qui notent des plaintes… Y’a des gens qui font le ménage, qui soignent les malades, qui éduquent les enfants, qui planifient des cambriolages dans les beaux quartiers… Y’a des gens qui font des tonnes de choses… des gens qui ne font rien… des gens qui vivent, d’autres qui survivent… et moi ? Moi je passe des heures agenouillée sur le sol glacial d’une sale glauque avec des tâches peu ragoutantes et qui ne laissent aucun mystère sur leurs origines sanglantes. Eh ouais… on a pas tous les mêmes passe-temps.

Vacances, vacances, vacances, vacances…

Au début, j’essayais de penser à autre chose, genre le vent, le soleil, l’odeur des fleurs… mais à cause de l’ambiance, j’en suis vite arrivée à une légère différence : le sifflement glacial d’un vent d’hiver, la lune blafarde, l’odeur du sang… Je ne peux pas dire que tout ça me débecte complètement, je savais quand même un peu à quoi m’attendre, mais je mentirais si je disais que je pourrais vivre en permanence dans ce genre d’atmosphère.
Finalement, il y a enfin du mouvement. Je regarde, stupéfaite, Izei s’avancer avec des mouvements un peu chelous, comme si la tenue qu’il portait était aussi confortable qu’un cercueil avec des trous pour les pieds et les bras…
Il marmonne tout plein de trucs dont je ne pige même pas la moitié parce qu’il baragouine surtout dans sa barbe. Pas fait pour parler devant un auditoire le Professeur… si je n’avais pas l’impression qu’on enfonce des morceaux de verre brûlant dans mes genoux et le reste de la moitié inférieure de mes jambes, ça m’aurait sans doutes fait sourire… mais là, non. Je ne souris pas non plus quand il découpe vivant un pauvre léopard… Alors que les choses soient claires, je n’ai rien contre les sacrifices, ça fait partie des traditions, du décorum… et puis ça fait plus sérieux un rituel quand y’a un meurtre dedans, même si c’est celui d’un animal. Mais j’aime bien les chats… du coup ça m’emmerde un peu quand même. Surtout que les léopards, c’est vachement joli comme gros chat.

Je voudrais bronzer sur une plage…

J’ai beau être à la fois fascinée et dégoutée par la vision d’un Izei parfaitement dans son élément pendant qu’il découpe cette pauvre créature qui devait probablement avoir le plus magnifique des ronronnements, je ne peux pas m’empêcher de commencer à frissonner. Ben oui… ici on ne tape pas dans la pudeur et dans la différence entre les sexes… Donc je suis torse nu. Eh ouais… on s’éclate à Rituel Land… si Otton n’avait pas été près de moi, j’aurais été mal à l’aise. Pas parce qu’on voit mes seins, c’est pas la première fois, mais parce que certains vicaires sont vraiment flippants… y’a pas écrit « viol » dans leurs yeux, mais des fois on peut lire des trucs comme « sang », « viande », « souffrance »… J’suis certaine que la plupart d’entre eux prennent leur pied en torturant des gens. Bref, peu importe le respect immense que j’ai pour tous ces hommes, être seule et à demi-nue devant eux, à genoux pendant des heures… ça m’aurait vraiment fait flipper je pense.

Une belle plage de sable fin, calme, silencieuse…

Et puis, Izei s’approche avec des morceaux encore fumants d’organe de léopard, et je comprends enfin que cette journée va probablement rester dans le top cinq des pires journées de ma vie pendant un sacré paquet de temps. Le type à qui il donne les morceaux s’approche de nous. Il en donne un à Otton, qui balance la phrase rituel avec un calme imperturbable et un regard déterminé avant d’engloutir la viande crue et dégoulinante de sang comme si c’était un canapé au concombre. Eurk… rien que de voir ça j’ai déjà la gerbe…

Et puis c’est mon tour…


- Au nom…

J’ai la gorge tellement sèche que le filet de voix qui s’échappe de mes lèvres est parfaitement inaudible. Je me la racle, et reprends.

- Au nom de Saint Gabriel. Pour la Ville.

J’ouvre la bouche, le type dépose le morceau de pancréas sur ma langue tandis que quelques gouttes de sang coulent sur ma lèvre et mon menton avant de venir s’écraser mollement sur ma poitrine et de dégouliner sur mon ventre jusqu’à aller tâcher le haut de mon pantalon. J’aurais pu soupirer et m’essuyer, mais je suis concentrée sur ce que j’ai à faire… et surtout, je focalise tout ce que je peux pour ne surtout pas vomir ou avoir un haut le cœur devant tout le monde. Je mâche le truc du bout des dents… le goût métallique du sang explose dans ma bouche, me suffoquant presque. Je mâche. La chaleur du morceau d’organe qui vivait encore il y a quelques instants me dégoute, j’ai envie de tout recracher à la gueule des spectateurs… Je mâche… Je me dis que l’avaler tout rond serait peut-être plus facile, mais j’ai vu Otton prendre son temps alors je veux faire pareil… Je mâche… encore et encore, je broie entre mes dents cette horreur qui me donne envie de me pendre… quand j’ai finis, j’ai les larmes aux yeux, mais j’ai avalé sans vomir. Je suis fière de moi.

Le sable, le bruit des vagues, une petite brise, un cocktail avec une décoration en fruits… Aaah… j’ai vraiment besoin de vacances…

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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyVen 14 Sep - 13:52

Je prends une grande inspiration tremblante. C'est l'heure de la magie. Je ne suis pas assez puissant pour faire les deux en même temps, il faut les passer un par un. On ne m'a pas donné un ordre précis. Je vais commencer par frère Otton, parce que si Lyssia meurt sous mes yeux je n'arriverai jamais à finir la cérémonie. Enfin... je souhaite que le Premier Prieur reste vivant bien sûr, c'est juste que... bah il m'offre pas de biscuits et tout ça. Il reste pas dans mes jambes. Il avait qu'à être une jolie jeune fille aussi, qu'est ce que tu veux que je te dise.

En fait, le principe de la cérémonie, c'est simple comme tout : on va tous le torturer en même temps. Tous les vicaires ici, ils ont pris de la potion, ils sont prêts, on va tout lui balancer. Ça va être le bordel dans son cerveau ; il n'est pas conçu pour ressentir plusieurs corps à la fois. Ça dépasse franchement ce qu'un humain peut expérimenter dans sa vie. C'est une anomalie. Du coup soit ça le tue, soit il s'habitue et il supporte mieux les petits aléas de la vie, comme la magie.
En fait, techniquement, c'est moi que tout le monde va torturer, mais comme je vais quasiment tout rebalancer à frère Otton c'est pas très grave. Je suis seulement là pour m'assurer que le flux est constant et qu'il ne meurt pas d'une crise cardiaque à cause d'un sursaut brutal. Il y est déjà passé de toute façon, ça va aller.

Une meuf à droite me fait un petit signe de tête interrogatif pour savoir si j'ai fini de « parler », vu que personne ne peut m'entendre. Je hoche la tête pour dire oui. Bon allez, c'est parti.
La première demi seconde est... pas agréable du tout ? L'enfer de douleurs il est pour moi là. Je me mets à voir tout le décor se dédoubler, j'ai un goût de... de métal chaud dans la bouche, et pourtant j'ai très froid. Je remarque aussi que quelqu'un a eu l'excellente idée de venir avec une mycose vaginale ou un truc comme ça, ce qui provoque des douleurs que je ne devrais jamais ressentir de ma vie. Heureusement je balance le bébé à Otton.

C'est dur, quand même. Normalement le mec à ma place, ça lui arrive souvent de faire une transe religieuse ou quelque chose comme ça. Se laisser aller. Mais moi j'ai pas envie de me rouler par terre et de me pisser dessus devant tout le monde. Je mets toute la force de mon agoraphobie à rester à genoux et immobile. Je peux te dire qu'à force de m'inquiéter de tout ce que je fais, de ce que tous les autres font, en permanence, ça me donne de grands stocks de force mentales quand il s'agit d'être tétanisé dans un coin. Le seul moment de relâchement que j'ai eu, c'est de soulever un peu le masque pour prendre quelques goulées d'air.
En même temps j'ai carrément autre chose à foutre que de m'inquiéter du confort. Y a beaucoup beaucoup de magie. J'ai l'impression d'être secoué dans tous les sens, ou coincé sur un cheval fous, alors que je ne bouge pas. J'aurais bien vomi si je m'étais pas déjà fait vidé par mon stress de parler devant une foule. J'ai horriblement froid mais en même temps je sue toute la flotte que j'ai. Heureusement qu'on fait pas ça tous les jours.

Je ne sais pas combien de temps ça dure. Trop long, sans doute. C'est un autre vicaire – qui n'est pas à genou par terre avec les autres, il fait plutôt l'assistant du magicien ce petit veinard – qui donne le signal pour qu'on arrête de torturer. Le Premier Prieur a survécu, assez dignement pour ce que je peux en juger parce que je crois l'avoir à peine entendu hurler. En même temps j'ai pas fait très attention. Sur la fin, le décor se dédoublait par mille et j'entendais les couleurs, alors voilà pour la description objective.
C'est au tour de Lyssia.

La même meuf que tout à l'heure me fait un autre signe de tête. Est ce que ça va, est ce qu'on a reprit son souffle, et est qu'on peut finir la cérémonie que tout le monde rentre chez soi. J'ai eu deux secondes d'hésitation avant de faire oui de la tête. Je n'ai pas eu le courage de mentir, de dire que je n'avais pas la force et qu'il faudrait que sœur Lyssia devait un peu avant de mourir à cause de nous tous.

La moitié de l'assistance se lève. Eux, ils ont droit d'aller se changer et de rentrer dans leur cellule dormir douze ou quinze heures ; c'est fini pour eux. Comme c'est la première fois de la sœur, on ne va pas lui balancer tout ce qu'on a balancé pour le Premier Prieur. Mais déjà, avec une vingtaine de vicaires elle a de quoi s'occuper.
Pendant la cohue, un vicaire lui explique en deux trois mots ce qui va lui arriver. Ce genre de truc faut mieux garder le secret jusqu'à la fin, pour pas gâcher. Par contre, on a dû lui expliquer bien avant qu'il n'y avait pas de retour en arrière possible. Pas de reconversion, pas de pré-retraite, rien (enfin déserter ce n'est pas bien vu à la base, bien sûr, mais certaines situations sont plus négociables que d'autres). La vie privée peut en prendre un coup, quoi. Ça ne m'a jamais trop pesé, mon rêve c'était de me cacher ici autant que possible. C'est un autre monde, évidemment. Mais pour les gens qui aiment des choses étranges comme sortir, se marier, avoir des enfants, des amis, une maison, certains obstacles nouveau peuvent se présenter. Lyssia aura tout le loisir de le découvrir la première fois qu'elle se téléportera sans faire exprès en tenant quelque chose de fragile dans les bras, genre un enfant en bas âge (et que le-dit enfant a provoqué l'incident en frappant ses lunettes de toutes ses petites forces, un exemple au hasard absolument pas inspiré de la vie réelle), ou qu'il faudra abandonner un être cher pendant plusieurs mois pour une expédition en bateau inutile (toutes les expéditions en bateaux sont inutiles puisque c'est en dehors de la Ville, tu comprends ? En fait, on devrait détruire toutes ces merdes dès cette seconde. Les détruire par le feu). Enfin voilà. Maintenant c'est trop tard elle est baisée.

On l'a donc soigneusement torturée aussi à plusieurs, sans bouger. Ça m'a aussi semblé très long. J'ai craqué, je me suis bouché les oreilles pour ne pas l'entendre. Maintenant j'ai un goût de couleur dans la bouche. Vivement qu'on aille tous se coucher. Monde de merde.
Au moins je sais qu'elle est vivante, sinon la magie reviendrai me claquer la gueule comme un élastique pété. Personnellement je me très proche du léopard là. Surtout niveau asphyxie, j'ai pas les poumons plein d'eau à force d'être suspendu par les pattes mais l'effet est le même. Je me bave dessus en respirant par la bouche, tout comme lui. Ça doit pas être joli-joli sous le masque, je comprends pourquoi on m'en a mis un (d'autant que j'ai un tout petit peu vomi à l'intérieur juste en rentrant. Personne n'a rien vu parce que j'ai continué à marcher, mais autant de monde qui me regarde d'un coup je... j'ai pas supporté). Ça fait des heures que ça dure. J'ai vu du coin de l’œil qu'Otton saignait du nez genre fort, mais lui il est tranquille on va plus rien lui faire de trop pénible. Mais déjà ça c'était... y a longtemps. Là je vois plus rien, j'ai plus assez d'oxygène pour ces fonctions secondaires, tout va alimenter la partie de mon corps qui s'occupe de la magie (je ne sais pas laquelle c'est, j'ai lu une fois un truc à la con comme quoi c'était le pancr... oh).

Mais on est arrivé au bout, Lyssia n'est pas morte. Je n'ai pas vu le signal, j'ai juste senti que les autres s'arrêtaient. Après ben... tout ça, tout le reste, le Premier Prieur et Lyssia, c'est plus mes oignons maintenant. En fait, je peux sortir. Je l'ai fait d'ailleurs. Un poil trop rapidement pour le décorum peut être, et sans doute que ça ressemblait à une fuite éperdue d'un œil extérieur. Mais y a vraiment beaucoup de monde. J'ai eu peur de rester coincé au sol à cause de la fatigue et du poids du costume, mais ça va, j'ai assez l'habitude de la station à genoux pour encaisser. Je ne veux pas regarder ce qu'on a fait, croiser le regard de quelqu'un, je veux retrouver l'évier de tout à l'heure.
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Otton Egidio
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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyVen 14 Sep - 18:34

Ce n'était pas la première fois. C'était la troisième. Et l'horreur était toujours imprévisible.

Otton s'était préparé. Un minimum, en tout cas. Il avait médité, fait de l'exercice, bien mangé et bu du vin la veille. Ça n'avait servi à rien. Leurs frères et sœurs se mirent en position et la magie inonda la Chapelle. L'une des plus vieilles parties du Fort, les premières pierres d'Excelsa, goûtèrent le sang qui se mit à lui couler du nez. Et probablement de plusieurs autres nez. Serrer les dents, hurler, pleurer ou gémir n'allait pas aider. Toutes les personnes présentes connaissaient son niveau d'endurance surnaturelle... Et elles firent ce qu'il fallait pour lui offrir une chance de s'améliorer ou de périr en essayant.

Le Prince ne s'écroula pas dans son vomi. Il avait même gardé le contrôle de sa vessie (ce qui ne fut pas le cas la fois précédente). Peut-être le fait que ses parties génitales le brûlaient comme si une infection décuplée les dévorait pendant que tous les nerfs de son corps étaient tiraillés avec des pinces chauffées à blanc.

Ce n'était même plus une torture. Les tortures, il y a des haut et des bas. On pose des questions, on laisse le temps au cerveau de traiter l'information et de saisir l'ampleur de la menace. Là, toutes les sensations lui tombèrent dessus comme un obus. Son corps explosait encore et encore. C'était paralysant, comme si chaque centimètre carré de sa personne était cloué au sol avec des câbles en cuivre sous tension. Ses gencives se mirent à saigner, la tension dans ses muscles devint insupportable si bien qu'il allait encore être courbaturé pendant des jours. La Douleur était telle qu'elle altérait son corps et son esprit, les renforçant et les abrutissant à la fois. S'il y survivait, cela allait laisser des marques. Des marques assez importantes pour que les blessures ordinaires, mêmes celles infligées au combat, ne puissent plus l'handicaper. Il allait sortir de cette salle plus fort ou ses frères allaient l'en extraire en direction du bûcher funéraire.

Les yeux révulsés, Otton frappa son torse avec son poing, dans une tentative idiote de chasser la douleur... Ou de se prouver qu'il ne sentait plus rien en plus de ce qui surchargeait déjà ses sens et son esprit.

La douleur cessa quasi instantanément, comme si on avait coupé l'alimentation d'une machine diabolique. Le Premier Prieur tomba à quatre pattes et cracha par terre. Seulement après tout ce temps il se rendit compte qu'il avait oublié de respirer pendant qu'on le torturait. Son corps réclamait de l'oxygène et poussait ses poumons à travailler à plein régime pour rattraper le retard. Au-dessus de sa tête, il y a eu quelques murmures d'approbation. Plusieurs formules et bénédictions furent échangées.

- Bénie soit la Ville. C'est pour elle que nous souffrons. Le Sacrifice dans la Persévérance a été honoré.

Il marmonna plus pour lui que pour l'assemblée. En général, les prieurs qui sortaient vivants et conscients de ce genre de rituels étaient prêts à bénir tout et n'importe quoi. D'ailleurs, ses paroles ne devaient pas êtres bien claires à cause du sang, se mêlant à la bave et à la morve qui lui coulaient du visage sur les dalles de pierre ancestrales.

Bientôt, ce fut le tour de Lyssia. Ce n'est que maintenant que Otton se demanda s'il avait bien fait de lui imposer ça... Non, aucun doute n'était possible. Elle refuserait de taire son intérêt pour la Magie. Alors elle devait payer le prix, comme tout le monde. Les conséquences des pratiques occultes sans préparations seraient encore pires que ce qu'elle allait endurer ici. Et elle l'endura. Il l'entendait, sans avoir la force de tourner la tête. Heureusement, ils n'étaient que deux, cette fois. Elle n'eut pas trop le temps de s'imprégner de l'horreur des autres candidats. L'intensité de sa souffrance était peut-être moindre, mais elle demeurait écrasante. Pour un corps plus délicat, encore jamais soumis à la Douleur, c'était une épreuve... Qu'elle réussit, elle aussi.

Alors que les autres vicaires stoppaient le flux de magie, Lyssia eut un peu de temps pour s'en remettre. Izei s'éloigna, mais il restait une dernière chose à faire. Celle qui incombait au plus important d'entre eux. Les vicaires formaient une sorte de conseil. Quiconque pratiquait la magie de la Douleur à un niveau suffisant avait son mot à dire. Mais les règles du Prieuré s'appliquaient à eux.

Au prix d'un effort titanesque, Otton se remit sur les genoux, puis posa un pied à plat. Il jura intérieurement. Ses muscles le maudissaient et crachaient leur venin, sans pitié. Mais il finit par se mettre debout, sous une nouvelle vague de murmures. Les vicaires n'applaudissaient pas les survivants, pas plus qu'ils ne pleuraient leurs morts. Mais il était clair qu'Otton était des leurs. En réalité, il était leur supérieur, comme il l'était pour tout le Fort. Chancelant, mais debout et la flamme dans le regard. Un courant d'air aurait suffit à le remettre à genoux. Mais il fallait être fort, encore quelques instants.

Sa voix était rauque, mais il fit de son mieux pour la faire résonner dans la chapelle.

- La Persévérance a payé ! Le Sacrifice a été fait ! Des hochements des têtes accompagnèrent ses paroles. Nous avons Obéi aux lois de notre Ville. Elle nous l'a rendu pour nous rendre plus Vigilants. Nous combattrons pour sa Sécurité.

Ça, c'était préparé. Caser les Cinq Préceptes dans si peu de phrases, c'était compliqué pour un semi-analphabète qui venait de se faire passer dessus par une assemblée de vicaires de la Douleur. Mais sa fille adoptive rejoignait leur cercle aujourd'hui. Et il ne comptait pas aller se coucher avant d'en informer tout le monde.

- Une nouvelle sœur nous rejoint, mes amis. Elle a souffert et elle a survécu. Elle est digne de défendre cette Ville, comme nous le faisons tous. Otton s'approcha de Lyssia et lui tendit la main. Il pouvait l'aider, mais elle allait devoir se lever seule. Je suis fier d'elle. Et nous pouvons tous l'être.
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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptySam 15 Sep - 7:07

Avant toute chose, je pense qu’il est important de préciser que non… personne n’a pensé qu’il serait sympa de me mettre au courant de ce qui allait suivre. J’avais même pas fini de lutter contre mon envie de vomir quand j’ai compris que non, la cérémonie n’était pas finie. Ah… moi qui pensais que j’allais pouvoir rentrer me rouler en boule sous mes draps en pleurant parce que j’ai dû manger un bout de chat géant et magnifique encore fumant… sauf que je ne suis pas au bout de mes surprises, loin de là.

Les Vicaires échangent des regards entendus, Izei hoche la tête et a l’air de se concentrer… comme tous les autres. Je jette des regards angoissés un peu partout… et puis Izei se crispe et je comprends qu’il est question de magie. Une magie collective ou quelque chose dans ce goût-là. Un truc tellement gros et puissant que j’ai presque l’impression de sentir la magie vibrer autour de moi, dans tout l’espace qui nous entoure… et puis je vois l’expression d’Otton. Son nez se met à saigner, beaucoup trop pour que ça soit juste un coup de chaud, surtout qu’on se les pèle, il serre les dents, il ne respire pas… Je ne sais pas quoi faire, je n’ai aucune idée de ce qui est en train de lui arriver, et personne ne fait rien. Le type qui semble servir d’assistant à Izei me voit esquisser un geste en direction du Premier Prieur et m’arrête d’un seul regard. Ah d’accord… donc c’est normal… ça n’a pas l’air très digne le morceau de cérémonie auquel il doit se plier… Heureusement, moi je suis plus jeune, plus fragile et tout… à mon avis, quand ils en auront terminé avec lui, ils me feront réciter des trucs et on pourra tous s’en aller…

Sauf que non. Pas du tout. Pendant qu’Otton se met à quatre pattes en respirant comme un buffle et en crachant de la salive et du sang partout par terre devant lui, l’autre type vient vers moi et me souffle quelques mots aux oreilles. J’ai pas tout compris parce qu’il marmonne comme un con, mais en gros, les Vicaires vont faire mal à Izei, Izei va me faire mal à moi, et il est très important que je rende Otton fier, parce que c’est lui qui a insisté pour que je fasse partie de la cérémonie. Ah… Je ne dis rien parce que je suppose que je n’ai pas le droit de dire « Nan mais c’est bon en fait, ça ira merci, j’ai pas envie d’avoir mal comme ça aujourd’hui… demain peut-être… » et puis parce que l’assistant de mon professeur a sorti pile les mots qu’il fallait pour me dissuader définitivement de jouer les poules mouillées. Je dois rendre Otton fier de moi, et il a insisté pour qu’on me fasse ça. Il avait parlé d’endurance la dernière fois… peut-être que tout ce bordel sert à ça.

A peu près la moitié des présents se fait la malle. Je suis hyper soulagée… ça veut dire que ça fera vachement moins mal. C’est pas que je sois une chochotte ou quoi hein, non… c’est juste que je connais assez bien Otton et les rumeurs qui tournent sur lui pour savoir qu’il sait gérer la souffrance comme personne… mais moi non. Pas du tout… La blessure que m’a infligé Izei sans le vouloir me fait encore vachement mal, parfois ça me réveille la nuit, y’a même des moments où j’en ai tellement ma claque que je pleure de frustration pendant des plombes, juste parce que la souffrance est constante. Donc non… je pense pas être capable de le rendre fier si tout le monde s’y met. Mais avec cinquante pour cent de douleur en moins, ok, pas de soucis. Je vais en chier mais ça ira, j’peux gérer ça.

L’espoir, c’est bien joli… mais quand la réalité vous rattrape, ça peut parfois faire très, très mal.

Je crois que j’ai commencé à hurler à la seconde même où ça a débuté. Mais quand je dis hurler, c’est vraiment hurler… pas juste crier fort hein… Là, si on m’a pas entendue à l’autre bout de la ville, c’est qu’il y a un soucis. Disparus les genoux qui font mal à cause de la position, partis… maintenant j’ai l’impression qu’on a entièrement immergé mon corps dans un énorme bac de lave en fusion, qu’on m’en a fait avaler, et qu’on a remplacé chaque millilitre de mon sang par cette saloperie de roche liquide. Même dans mes cauchemars les plus affreux je n’ai jamais imaginé une souffrance pareille. Je perds la notion du temps, c’est comme si mon supplice durait des semaines entière pour autant que je le sache. Oubliée la fierté que je veux qu’Otton et Izei ressentent, oublié le respect que je voulais obtenir de la part des Vicaires… oubliées les vacances… Je ne peux pas penser, impossible, de toute façon mon cerveau est probablement en train de brûler, comme tout le reste. Je fonds littéralement, de l’intérieur et de l’extérieur. En plus de la lave qui coule partout, un petit malin s’est amusé à planter des aiguilles crantées dans chacun de mes nerfs. J’vais crever… c’est sûr, j’vais crever… et vivement d’ailleurs, que ça s’arrête enfin !

Et puis ça s’arrête. D’un seul coup. Pendant une seconde je pense que je suis morte… et puis j’ouvre les yeux et je me rends compte que je suis allongée par terre, roulée en boule avec la tête entre les mains. Je redresse un peu en m’aidant de mes bras qui tremblent tellement que j’ai l’impression d’être un popcorn coincé dans un bocal percé en pleine tempête de vent… et je vomis par terre. Je cligne des yeux… dans mon vomis il n’y a pas grand-chose. Une bouillie sanglante, probablement le pancréas, des morceaux blancs tout petits et pointus, de la bile et du sang. J’avais pas mangé hier soir, j’étais trop nerveuse… Sans faire attention à ce qui se passe autour de moi, je louche sur les petits bouts blancs… je passe ma langue sur mes dents, dans le doute… ah oui, merde… y’en a deux qui ont pété sous la pression. J’ai vraiment dû serrer les dents très très fort, heureusement que ma langue ne se trouvait pas au milieu à ce moment-là parce que sinon elle aurait été sectionnée en deux. J’me suis pas pissé dessus… probablement parce que ça fait un sacré bail que je n’ai rien bu non plus, toujours à cause du trac de devoir participer à ma première vraie cérémonie « privée ».

Un mouvement attire mon regard, et je mets du temps à comprendre que c’est ma propre main. Elle tremble tellement que j’étais pas sûre… y’a des trucs blancs dedans. Je me mets à genoux tant bien que mal pour lever les mains vers mes yeux, et je comprends que ce sont des cheveux. Mes cheveux… je m’en suis arraché des mèches entières… Y’a aussi du rouge sous mes ongles. Je palpe mes joues… je me suis salement griffé le visage. Pourquoi j’ai fait ça ? Et puis… qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ?

Je sais que je le sais, mais je n’arrive plus à mettre le doigt sur la partie de mon cerveau qui fait le lien entre les choses. J’ai mal partout, mon champs de vision s’obscurci et se rétrécit dangereusement… je vais tomber dans les pommes. Je ne me rends compte que des larmes coulent sur mes joues que quand le sel qu’elles contiennent se met à me brûler les griffures. J’entends une voix… il me faut des trésors de concentration pour comprendre que c’est celle d’Otton. Je ne comprends rien de ce qu’il raconte, c’est aussi flou dans mes oreilles que ça l’est devant mes yeux ou dans ma tête. Je vois vaguement sa main devant moi… dans un mouvement très très lent parce que j’ai l’impression que ça m’arrache la peau du bras et de l’épaule, je glisse ma main tremblante dans la sienne. Je crois que je dois me lever… Alors je m’exécute. Lentement, avec des gestes saccadés et des petits gémissements pas glorieux du tout. Ma gorge me brûle comme si j’avais avalé un océan d’eau bouillante et de papier de verre.

Une fois debout, je chancelle. Je ne suis même pas capable de serrer la main d’Otton pour m’aider à me tenir debout. Je regarde autour de moi… des gens partout qui me regardent. Ah oui… une cérémonie… j’étais venue pour une cérémonie… je devais rendre Otton fier. Je crois qu’il a prononcé ce mot mais j’en suis pas tout à fait certaine. Le voile sombre continue de tomber devant mes yeux, je n’y vois plus grand-chose… mon esprit cesse finalement de me soutenir, et je ne comprends plus rien du tout… Je dois avoir l’air d’une folle qui a pris trop de médicaments.


Mon regard tombe sur le léopard et je souris subitement avec un air complètement allumé…

- Oh… un chat… il est beau le chat...

Je ne reconnais pas ma voix, on dirait que quelqu'un l'a râpée et que j'ai fumé pendant cent ans...
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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyLun 17 Sep - 18:37

C'était fini.

Les vicaires partaient, les derniers priant encore plus pour leur propre compte que par nécessité du rituel. Les plus jeunes allaient certainement devoir nettoyer le sang, la bave et le vomi. La Chapelle devait être remise en l'état pour l'ouverture au public, dès demain matin. Il faudra probablement ouvrir toutes les fenêtres pour aérer ça. Et encore, il y avait peu de chances pour que toutes les traces disparaissent aussi vite.

Otton sentait la crispation de ses muscles se délier lentement. Ils allaient le faire souffrir demain. Pour le moment, il pouvait encore tirer un peu sur la corde, avant de s'effondrer. Il offrit son épaule comme appui à Lyssia avant de se pencher pour la faucher et la porter comme... eh bien comme cela arrivait avec le moins costaud des deux époux. Elle n'avait ni la force, ni la conscience pour résister et semblait toute légère dans ses bras engourdis. A chaque fois qu'il clignait des yeux, le Prince sentait qu'il avait un peu plus de mal à les ouvrir à nouveau...

Mais il trouva encore la force de donner quelques ordres. Une cellule avec deux lits. Un frère capable de panser les blessures de Lyssia et de quoi boire et manger. Et qu'on les laisse seuls après. C'était un bon plan. La Ville devait pouvoir tenir le coup sans le Premier Prieur encore quelques heures. Otton resta assis à côté du lit de sa protégée tout le temps qu'il fallut pour la forcer à boire un peu d'eau et à nettoyer son visage. Quelques pansements et bandages pour plus de sécurité. Elle s'endormit (ou perdit conscience) rapidement et le Premier Prieur choisit d'en faire de même.

Il s'allongea à son tour et s'autorisa d'enfin lâcher prise sur cette cérémonie. Il ferma les yeux et s'endormit quasi instantanément.

Le réveil ne fut pas facile. C'est la douleur qui le tira de son sommeil. C'était seulement maintenant, plusieurs heures plus tard que son corps avait choisit de lui rappeler qu'on ne pouvait pas le malmener de la sorte sans conséquences. Celles-ci allaient sans doute durer plusieurs jours... Le Premier Prieur avait l'impression d'avoir fait le tour de la Ville en courant de toutes ses forces, sous la pluie et pendant qu'on lui donnait des coups de bâton. Rien d'aussi monstrueux que ce que ses frères et sœurs lui avaient fait subir. Mais se redresser un peu et tendre le bras vers le gobelet d'eau posé sur la table entre leurs lits avait été une souffrance.

Otton resta allongé encore un long moment, priant, récitant les Cinq Préceptes et remerciant la Ville de vouloir encore de lui à Son service. Lorsque Lyssia bougea dans le lit et ouvrit les yeux à son tour, il se tourna vers elle.

- Pas de gestes brusques... Tout va bien et tu dois te reposer, Lyssia. Il fallait surtout éviter de la brusquer. Elle risquait de vouloir se défendre contre un ennemi invisible, traumatisée par l'expérience du rituel ou quelque chose dans ce genre. Je suis très fier de toi. Maintenant, tu es prête à apprendre la magie, si tu le souhaites toujours. Sinon... ta foi t'a rendue plus forte. L'essentiel est de se reposer, maintenant.

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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyMer 19 Sep - 6:57

J’ai l’impression d’avoir été engloutie dans un océan de douleurs. Je remue très vaguement pour tester mes membres… ils sont en feu. J’entends la voix d’Otton à travers une sorte de brouillard qui vrombit dans mes oreilles en piquant mes tympans en y plantant de petites aiguilles chauffées à blanc. Je comprends le sens de ses mots, mais ils n’atteignent pas vraiment mon cerveau. J’ai la sensation désagréable que tout est ralenti. Quand je finis enfin par ouvrir les yeux, la faible lueur de l’unique bougie de la pièce me brûle les rétines et je laisse échapper un petit gémissement… qui m’arrache la gorge. Tout ça, ajouté à la brûlure d’Izei qui me fait plus mal que jamais, finit par me faire paniquer. Là tout de suite maintenant, je ne me souviens pas de pourquoi j’ai mal partout comme ça, et même si j’ai entendu la voix de l’homme le plus important de ma vie, je ne peux pas m’empêcher de me redresser d’un bond en pensant avoir été kidnappée par va savoir qui pour va savoir quelle raison… grossière erreur…

Je pousse un cri de douleur et me laisse retomber sur le lit en me recroquevillant sur moi-même. Mon visage me tire comme si on y avait accroché des pinces dans tous les sens. Je suis essoufflée comme si j’avais couru un marathon et tout mon corps est agité de tremblements violents qui ne m’aident ni à me calmer, ni à oublier la douleur. Je suis crispée, tendue, et je serre convulsivement ma couverture entre mes mains.


- J’ai… mal…

Ma voix est rauque, brisée, presque inaudible, et parler me fait un mal de chien. C’est comme si on m’avait arraché la peau, mais à l’intérieur de ma gorge. C’est ça qui me fait revenir à moi. J’ai crié. J’ai crié tellement fort et tellement longtemps que ça m’a blessée de l’intérieur. Me souvenir de ça me fait me souvenir du reste : la cérémonie, le rituel, le léopard, Izei, le pancréas, ce goût immonde sur ma langue, Otton en train de subir une torture abominable, et puis moi, en train de subir la même chose d’une manière beaucoup moins digne que lui. Comment peut-il prétendre être fier de moi ? Je me suis écroulée, j’ai vomis, je me suis arraché les cheveux et lacéré le visage avec mes propres ongles… c’est tellement pathétique…

Je finis par rouvrir les yeux en faisant attention à ne surtout pas regarder la flamme vacillante et timide posée sur la table de nuit entre nos deux lits, et j’observe mon tuteur un moment. Il n’a pas l’air d’être dans un bien meilleur état que moi : il est allongé comme un malade, la tête tournée dans ma direction, ses mouvements sont lents, calculés, même quand il cligne des yeux il va plus lentement que d’habitude. Cette vision est un véritable calvaire pour moi… je n’ai qu’une seule envie : me lever d’un bond, me précipiter vers lui et tout faire pour qu’il se sente mieux. D’abord parce que c’est mon tuteur et que je l’aime plus que n’importe qui d’autre au monde, ensuite parce que c’est le Premier Prieur… si il va mal, la Ville va mal, et le bien-être de la Ville est ma priorité absolue. J’essaye de tendre la main dans sa direction, mais ce simple mouvement m’arrache un nouveau gémissement, et l’empressement que je mets à reprendre ma position initiale m’en arrache un autre.

Je ne peux rien faire pour l’aider, je ne peux rien faire pour la Ville, j’ai mal partout et je me sens à la fois affreusement mal et incroyablement inutile. Ça fait trop de choses à gérer pour moi… alors je me couvre de honte en réagissant comme une gamine de trois ans : je me mets à pleurer en enfouissant mon visage douloureux dans ma couverture et en murmurant que je suis désolée au moins vingt fois sans discontinuer… pitoyable…

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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyJeu 20 Sep - 11:02

Bah pour moi ça a été beaucoup plus facile. Le sale planqué est venu m'aider à me rhabiller normalement, j'ai pris un bain, un repas léger. Je me suis brossé les dents puis je suis allé dormir. Le lendemain j'étais courbaturé, mais somme toute en forme.

Je suis allé vers la partie « infirmerie » du Fort. Elle est très ancienne, faut dire qu'on en a souvent besoin. L'endroit est assez angoissant, il n'y a pas beaucoup de lumière et j'associe fortement ces lieux à la douleur et à l'ennui. Surtout à cause de l'odeur de désinfectant. Dès qu'elle approche de mes narines, je me crispe parce que je m'attends à avoir des points de suture. Mais non. Là ce n'est pas pour moi.

J'ai demandé à un frère qui semble bosser là où se trouvait sœur Lyssia, il m'a répondu qu'elle était avec le Premier Prieur, dans la chambre là bas. La même chambre ? Oui oui. Ah zut.
Moi ça m'emmerderait beaucoup que frère Otton déboule dans la pièce où je dors (ça m'emmerde aussi beaucoup quand c'est Lyssia qui le fait cela dit, mais ça ne l'a jamais retenue ni même ralentie). Donc j'imagine qu'il n'est pas très chaud non plus pour que je débarque pendant qu'il ronfle en bavant sur son oreiller. Mais je veux pas l'embêter c'est l'autre que je veux voir ! Comment je fais comment je fais ?

Après un petit quart d'heure de préparation psychologique, j'ai passé la tête par la porte. J'ai rien vu d'horrible, ils dorment tout les deux. Ils ont des mines affreuses, j'aimerais pas sentir l'haleine du Premier Prieur, mais ils respirent. Ils sont vivants. Puis une fois que j'en étais là, je me suis senti couillon et je suis parti.

J'avoue que j'ai commencé à tourner en rond comme une poule inquiète. C'est la première fois que je fais ça, et si j'ai mal fait ? Ils avaient pas l'air en forme quand même. Est ce que quand j'ai vécu ces rituels, j'étais aussi mal ? Je m'en souviens pas très bien. Ce n'étais pas agréable, ça c'est sûr, mais je n'ai plus le détail. Combien de temps je suis resté au lit après, est ce que c'était si affreux que ça ? Je sais pas, tout est affreux tout le temps qu'est ce qu'on en a à foutre ? Moi, rien. Mais je vais retourner jeter un œil pour être sûr.
Ça a été une lutte intérieure violente pour y retourner. J'en ai très envie, mais il y a frère Otton que je n'ai surtout pas envie de déranger. Il me fait moins peur que la Première Prieuse d'avant, ça c'est sûr. J'aurais jamais oser approcher de sa chambre à elle, même pas à deux couloirs de distance. Lui... bah ça fait moins peur mais peur quand même. C'est pas simple. Puis il peut m'en vouloir pour le rituel – ça serait injuste, certes, mais très humain. Je me souviens avoir ressenti de grosses bouffées haineuse pendant certains entraînement, quand j'étais jeune. Lyssia aussi est pas à l'abri de ça. Mais j'aimerais juste voir que la convalescence se déroule bien. C'est tout.

Donc j'y suis retourné, j'ai de nouveau bloqué devant la porte (qui a un très vieux judas et un verrou à l'extérieur tout rouillé, parce que dans le temps on savait rire). J'ai passé la tête. Cette fois ci, Lyssia pleurait à chaudes larmes à plat ventre dans son lit. Otton m'a lancé un regard genre « kesskipass », avec la tête des grands jours. Le genre de tête qui mérite une cafetière pleine à elle toute seule. Devant cette double vision d'une horreur absolue, j'ai paniqué, je me suis enfui, j'ai claqué la porte (en faisant « aïe » parce que je me suis un peu pincé le pouce dans l'urgence du moment).

Je me sens plus très bien maintenant. Bon, les gens qui pleurent on à l'habitude dans le coin. Surtout la nuit. Quand je me balade dans un couloir et que j'entends des sanglots à travers une porte, je me sens chez moi. Moi même j'ai une excellente pratique de la chose. Je connais plein de placards et de trucs comme ça où on peut se cacher pour pleurer si la cellule est trop loin pour l'urgence (d'ailleurs je sens que les toilettes qui ferment de l'étage au dessus vont être mises à contribution dans un avenir proche). Mais quand même. Ça me chiffonne. Puis y avait le Premier Prieur ! Il m'a vu l'espionner ! C'est à peine moins grave.

En m'enfuyant j'ai croisé un autre grand vicaire qui venait aux nouvelles (faut bien le dire, c'est qu'un tas de commère qui s'emmerdent). J'lui ai dit que les deux étaient en train de se reposer comme des chochottes, qu'on y était passé avant et qu'il fallait pas en faire un caca nerveux puis je suis allé m'enfermer aux toilettes pour faire la chochotte moi aussi.
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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyVen 21 Sep - 20:54

Lyssia venait de faire ses premiers pas dans une partie de sa carrière qui la changera à jamais. Si elle finit effectivement par devenir une vicaire, son monde ne sera plus jamais le même. Chacun était marqué différemment par ces expériences, par sa progression dans la maîtrise de la Magie. Otton n'avait que très peu progressé ces dernières années, occupé avec sa fonction de Prince. Mais il payait le prix de ce pouvoir, lui aussi. Moins que d'autres, ceux qui avaient donné leur vie à la Magie...

Il surestimait probablement sa propre forme en ce moment. C'est sûr qu'il pouvait se lever et marcher si nécessaire. Cependant, niveau fraîcheur, il était très loin d'être décent. Entre les yeux injectés de sang, la fatigue, les muscles encore crispés et l'haleine qui avait déjà plus agréable... On l'avait connu plus présentable.

Ce n'était pas ce qui importait le plus. Lyssia était là, à souffrir des conséquences du rituel et il n'y avait pas grand-chose qu'il puisse faire pour la soulager. Le temps devait faire son oeuvre, les plaies se cicatriser. Et elle serait remise sur pied. Marquée à jamais, mais bien d'attaque pour la suite de sa longue vie de bons et loyaux services envers la Ville.

- Je sais. Sois forte encore un peu, ça finira par passer.

Il lui caressa les cheveux, du moins là où elle n'en manquait pas. Dans ces cas-là, le moindre contact pouvait faire mal. Mais, même si elle avait l'impression d'avoir été misérable, elle était sortie de la Chapelle en triomphe. Contrairement à bien d'autres gens, elle était en vie. Et ça, c'était un succès en soi.

- Tu as été très brave. Il y a de quoi être fier. Pour le moment, repose-toi.

Otton but encore une gorgée. Son attention fut attirée par l'ouverture du judas... Ah oui, frère Izei. Sur le moment, le Premier Prieur ne trouva rien à dire, à la fois plongé dans ses pensées et physiquement démonté... A bien y réfléchir, il apprécierait que quelqu'un vienne veiller Lyssia à son tour. Il avait cruellement besoin de se laver. Rester un peu dans l'eau chaude lui ferait le plus grand bien tant au niveau de la sueur qui collait à sa peau que de ses muscles endoloris. Puis, d'ici quelques heures, il devrait retourner à ses devoirs.

Quant à elle, la jeune prieuse allait devoir tenir le lit encore un jour ou deux. Et elle ne repartirait pas en mission avant une dizaine. Si Izei pouvait rester avec Lyssia, Otton serait certainement rassuré. Il ne se sentait pas d'aller lui courir après, par contre.
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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyDim 23 Sep - 0:07

En temps normal, je serais absolument ravie qu’Otton montre un peu d’affection envers ma personne en me caressant les cheveux. Je me repasserais même probablement la scène en boucle pendant des jours et des jours en sautillant de joie comme une gamine décérébrée à qui on a promis un bonbon par jour quand elle arriverait à se passer d’une couche la nuit… sauf que là, ce simple geste me donne l’impression qu’on verse de la lave sur mon cuir chevelu. Je me recroqueville sur moi-même comme s’il m’avait frappée, mais au moins ça me distrait un peu de ma tristesse, et mes sanglots se calment lentement, me laissant avec un hoquet et des yeux rouges. Je renifle piteusement. Je n’ai même pas remarqué le bref passage d’Izei, j’étais trop occupée à me morfondre et à couiner comme une gosse de deux ans qui a égaré sa sucette au miel.

Finalement, juste quand je recommence à prendre conscience de la tronche que je dois avoir et que je me torche le nez sur la couverture, on frappe à la porte. Le son résonne dans mes pauvres petites oreilles martyrisées comme si on avait sonné un gong à deux millimètres de mes tympans, je commence par sursauter brutalement comme il se doit, puis je gémis douloureusement, parce que quand j’ai sursauté, tout mon corps s’est crispé, et que ça fait un mal de chien. Sans attendre de réponse, la brute qui a frappé entre dans la chambre que je partage avec Otton et vient s’installer entre nous comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.


« - Ah ! Frère Otton, vous m’avez tout bonnement impressionné aujourd’hui. Quelle maitrise ! Si j’avais été à votre place j’aurais probablement rendu leur indépendance à tous les fluides contenus dans mon corps. C’était du grand art ! Une cérémonie splendide, merci ! C’était un véritable émerveillement d’assister à ça. »


Je suis partagée entre plusieurs sentiments. D’abord, j’ai envie de le tuer pour pouvoir être tranquille avec ma souffrance et parce qu’il parle beaucoup trop fort pour que je puisse tolérer ça sans geindre d’une manière parfaitement pathétique, ce que je fais d’ailleurs, ensuite j’ai envie d’exploser de fierté parce que quelqu’un fait des compliments à Otton… et j’adore quand les gens font ça, après tout, il est juste parfait… et pour finir… non rien. C’est tout. C’est déjà pas mal pour un esprit focalisé sur « Aïe, j’ai mal. ».

« - Quand à vous, Sœur Lyssia, je tenais à venir vous féliciter personnellement. Rares sont ceux qui réussissent à tenir, et vous l’avez fait avec presque autant de brio que notre Premier Prieur, vraiment, félicitations. Je suis ravi de bientôt pouvoir vous compter au nombre de mes estimés collègues. »

Bon d’accord, finalement il ne mérite peut-être pas la mort, pas tout de suite. Je suis quand même presque vexée pour Otton qu’il me compare à lui, mais ça part d’un bon sentiment. En réalité, ce qui me trouble le plus, c’est le fait que ce vicaire semble si enjoué… c’est vrai que le seul exemple régulier de vicaire que j’ai sous les yeux, c’est Izei. Qui est assez loin d’être une personne « enjouée » au final… il y a bien Otton aussi, mais il reste très sérieux en général, même quand on seuls tous les deux. En voir un tout guilleret me trouble profondément… j’ai l’impression d’avoir raté un épisode.

Je réussi à marmoner un vague « M’rci » histoire de ne pas passer pour la gamine la plus impolie de toute l’histoire de l’humanité, mais ce simple semi-mot me donne l’impression qu’on racle l’intérieur de ma gorge avec une râpe pour faire une salade de carottes sanglante…

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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyDim 23 Sep - 19:00

Ah mais il faut que j’aille par le couloir de l’infirmerie pour rentrer à ma chambre. Je suis du côté opposé là. C’est le problème quand on fuit éperdument, on réfléchit pas beaucoup. Au moins y avait un évier j’ai pu me passer de l’eau sur le visage.
Du coup, je dois repasser devant Lyssia et Otton. La magie c’est mieux tout seul. A plusieurs ça fout la merde, comme ça. D’un coup on se rappelle « ah oui c’est vrai que ça consiste à faire du mal aux gens ». C’est pas très confortable mentalement.

Dans le foutu couloir, je croise une sœur maigrichonne avec une jambe dans le plâtre. Elle a l’air très emmerdée.

- Frère Eric est rentré dans la chambre du Premier Prieur et de la petite ! Il s’est faufilé ici comme une anguille, j’arrête pas de le perdre...

- Hein ? ...oh putain euh... frère Eric, celui qui est... enfin euh...

A court de vocabulaire poli, j’ai agité la main près de ma tempe en faisant une grimace. C’est pour ne pas dire « complètement cinglé ».

- Oui ! Je l’ai entendu parler de ses fluides corporels ou je sais pas quoi !

- Oh putain.

Pour quoi il va nous faire passer ce con ? Enfin je sais qu’il en fait pas exprès mais c’est énervant. On le laisse assister aux cérémonies pour lui faire plaisir, mais après ça l’excite et il fait n’importe quoi.
En fait le problème c’est qu’il est devenu fou très tard. Un jour il est devenu tout bizarre, genre euphorique mais inquiétant, puis il a essayé de se pendre. Depuis il en est resté à moitié gogol. On dirait pas comme ça parce qu’il est habillé normalement, propre, il parle, avec emphase en plus, mais si tu l’écoutes trop longtemps t’as vite envie de te poncer le cerveau au papier de verre. Une fois il m’a parlé de l’influence de la magie sur son sperme pendant vingt minutes (et pour le coup, c’est moi qui ai failli devenir fou). On a arrêté de le laisser sortir quand il s’est mis à raconter partout que Myre venait le visiter dans son sommeil (et t’imagine bien la nature des visites, moi je refuse de répéter des horreurs pareilles). Enfin voilà il zone là toute la journée et il fait l’animation.

Le problème, c’est qu’avant de devenir fou il a été vicaire pendant vingt ans. Le bon gars quoi. On peut pas le foutre dehors. Mais en même temps il en a encore pour des années à vivre, pas de famille, il encombre. D’habitude les gens deviennent fous bien avant, pendant le noviciat, pendant qu’on peut encore s’en débarrasser. Là il nous a bien eu, ce con. Heureusement il n’essaye pas trop de foutre le camp (ce n’est pas parce qu’il est fêlé qu’il a oublié comment se téléporter). Je ne sais pas où il croit être, où il en est dans sa tête. La plupart du temps il est joyeux-glauque. Des fois il s’énerve un peu, mais c’est gérable (quand on le frappe il se recroqueville par terre je ne sais pas pourquoi). En tout cas il parle sans arrêt.

- Bon je vais le chercher.

Je ne vais pas laisser la personne avec des béquilles se battre contre la grosse porte en fer (je parle d’expérience, cet endroit n’est pas étudié pour l’accessibilité) et frère Eric. Ce qui me différencie des cinglés c’est que j’arrive encore à faire les choses importantes même quand ça me fait vraiment chier. Et c’est comme ça que je suis rentré dans la chambre du chef des armées d’Excelsa en disant :

- Oh désolé désolé ! J’espère qu’il a pas sorti sa teub.

D’habitude il faudrait me torturer pour que je dise « teub », comme ça, devant des gens, mais là on me prend un peu de court. Et puis en fait il a encore son pantalon alors ça va. Je suis tellement soulagé. J’ai vu des frères et sœurs lui remettre son futal comme si il avait deux ans, mais moi j’arriverais jamais à faire pareil. Je veux bien lui courir après quand il va se téléporter sur les murailles, mais le reste ça va beaucoup trop loin pour mes vœux.

- Euh... viens frère Eric. On va pas embêter sœur Lyssia alors que c’est sa première fois hein ?

Je le tire doucement par l’épaule.

- On va aller dans un endroit avec des gens moins fatigués, et tu pourras leur parler de tes fluides corporels.

- Comme le sperme ?

- Oui ! Voilà ! Exactement !

J’ai l’air un peu exalté mais parce que je suis au bord de l’effondrement psychique total. Mais malgré ça, on a réussi à sortir de la chambre sans que personne ne baisse son pantalon, alors on s’en tire pas si mal. La sœur m’attendait :

- Je vais accompagner Eric. Je n’ai pas réfléchi, mais j’imagine que vous veniez voir au moins la gamine. C’est normal.

- Euh... oui oui.

C’est comme ça que je me retrouve à re-retourner dans la chambre. J’ai bêtement dit « oui ». Maintenant je peux plus me barrer comme un connard. Je me faufile jusqu’à un tabouret à coté du lit de Lyssia. Je ne regarde pas le Premier Prieur. Avec de la chance il ne se sentira pas agressé tant que je ne croiserai pas son regard. Il va peut être un peu pisser sur les murs pour marquer son territoire, à la rigueur. Peut être traîner le cadavre d’un novice en haut un arbre. Mais normalement je devrais survivre.

- Ben euh... salut.

Je ne sais pas pourquoi, je lui fais un petit coucou avec la main. Je fais toujours des trucs super débiles quand je ne me sens regardé par trop de monde. Enfin là ils sont que deux mais ils comptent pour plusieurs. Le Premier Prieur doit se demander pourquoi je glande. Je devrais probablement être en train de euh... casser des cailloux pour le Fort. Quelque chose. Prendre un chiffon et laver une fenêtre au pire. Me rendre utile. N’importe quoi. Il doit me prendre pour un feignant ! J’aurais peut être dû rester debout ça aurait été plus plus dynamique, et plus respectueux. Je crois. Je l’ai lu quelque part, ou je l’ai rêvé. Enfin bref. Voilà, c’est pour ça que c’est chiant quand il est là !

- Et euh... ça va mieux ?

Lyssia a une tête qui dit que ça va pas mieux. Mais la question stupide allait bien avec le coucou de la main.

- Mais ‘fin... ça va passer. Ca passe presqu... ça passe à chaque fois je veux dire. Dans deux semaines t’y penseras même plus. T’as besoin de quelque chose de dehors ?

Ca me donnerait une excuse pour sortir. Enfin ça aurait pu, mais l'autre salaud de Otton il dit qu'il part prendre un bain. Rien qu'à le voir bouger j'ai mal pour lui, sortir du plumard a l'air pénible. J'ose pas lui ouvrir la porte, ça va l'énerver. Enfin du coup je me retrouve en tête à tête avec Lyssia qui fait une petite mine. Hé, c'est lui qui est allé ramener une gamine de onze ans. Et il arrête pas de me la laisser dans les pattes depuis !
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MessageSujet: Re: You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia]   You can't smell your own shit on your knees [Otton/Lyssia] EmptyMar 11 Déc - 13:52

Le simple fait d’avoir dû me concentrer pour comprendre ce que disait le type un peu trop joyeux m’a littéralement épuisée. J’entends que quelqu’un entre, qu’il y a une nouvelle conversation, quelqu’un sort, quelqu’un entre… Je referme les yeux, la pièce tourne dans tous les sens et j’ai beaucoup de mal à tenir mon fil de pensées en place. En fait j’y arrive même pas du tout… Y’a toujours la douleur qui prend presque toute la place, y’a Izei que j’ai entendu et qui est assis à côté de moi, Otton qui a bougé, toujours ce goût dans ma bouche, le joli chat de tout à l’heure, des éclairs rouges qui fusent derrière mes paupière, plus ou moins syncro avec les pulsations de ma migraine… J’arrive pas à réfléchir…

Je dois faire un effort de malade pour me concentrer et entendre la fin de ce que me raconte mon professeur. Je grimace quand il me demande si je vais mieux. Mieux que quoi ? Que quand ? Qu’hier ? Non… Qu’il y a dix minutes ? Non plus… en fait j’ai même l’impression qu’au plus les secondes dégoulinent sur moi, au plus j’ai mal. Ça empire…

J’entends sa dernière phrase. Je la comprends à demi et lui adresse un regard flou entre des paupières presque scellées… Je ne réponds pas, ça ne sert à rien… je ne sais pas quoi dire. Lui non plus je pense… la seule chose à laquelle j’arrive à m’accrocher, c’est à l’image du joli chat que j’ai vue avant de sombrer dans l’inconscience.

Si je me concentre bien dessus, j’arrive à l’imaginer en train de courir dans les bois, traquant sa proie entre les troncs et les broussailles. Il bondit au-dessus des buissons, s’aplati sur des rochers, disparait dans les hautes herbes et grimpe sur les arbres grâce à ses griffes disproportionnées. Au début, je souris. C’est joli à regarder, et c’est rigolo quand il s’arrête pour jouer avec un truc qui vole (pétale, feuille, libellule…) avant de reprendre sa traque. Et puis je ne souris plus du tout… parce que ses griffes grandissent encore. Ensuite, son museau change de couleur, sa fourrure aussi, et sa forme deviens incertaine. A la fin j’ai devant les yeux une masse informe aux couleurs électriques et changeantes, qui darde ses énormes griffes dans ma direction pour lacérer mon visage.

Je pousse un hurlement qui me ramène à la réalité, je me redresse (trop vite) en gémissant, passant mes mains sur mon visage pour me prouver que ça n’était qu’un rêve… sauf que mon visage est couvert de bandages, et que je sens des blessures douloureuses en dessous… c’était pas un rêve !

Je me tourne vers Izei en lui agrippant les bras comme si ma vie en dépendait.


- Professeur !

Ma voix ressemble à un grincement de porte rouillée…

- Il faut qu’on s’en aille ! Le tas coloré va nous griffer, il a déjà dissout le chat, il n’a gardé que les griffes !

Je me lève d’un bond, bien décidée à fuir pour sauver ma vie… et la douleur que mon geste provoque me faire retomber en position allongée, inconsciente…
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