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 Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]

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Izei Ingenoc
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MessageSujet: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyMer 24 Jan - 23:09

J'étais en train de lire. C'est un peu ridicule de me voir faire, parce que je jongle entre la très grosse loupe de la compta et mes lunettes, en reculant la tête pour faire la mise au point. C'est un texte complètement imbitable de toute façon, genre délire de Prieur ermite sous champignon. J'abandonne quand l'auteur commence à raconter comment il a atteint la transcendance en se pinçant les tétons. J'aimerais beaucoup ne pas penser « ah non merde, encore un », parce que c'est un cliché un peu humiliant pour nous. Maiiiiis... voilà. Voilà quoi. Je balance le bouquin sur le guéridon où il finira de moisir. De toute façon j'ai mal aux yeux et la meuf qui s'occupe des messages elle va me tuer si elle retrouve pas sa loupe.

Je relève le nez sur la pièce où je me trouve. Un espèce d'alcôve entre l'escalier qui descend à la lingerie et le couloir qui va vers une des petites bibliothèque. C'est très grand le Fort, et comme il a eu plein d'ajout au fil du temps y a plein de pièces et de recoins qui servent plus à rien, genre là où je me trouve. Quelqu'un a mis des très vieux fauteuils et une sculpture tristounette, pour la lumière c'est une petite fenêtre crasseuse qui fait le boulot. Personne passe dans le coin. Un endroit parfait pour lire. J'ai quand même de la compagnie mais ça compte pas : C'est un mec tout vieux qui s'appelle « Sal » (ou j'ai entendu des gens lui dire ça). L'hiver dernier il a fait une mauvaise chute en utilisant la magie et depuis il fait que répéter « ils arrivent ». Juste des fois il crie ça. Le reste du temps il regarde dans le vide en tremblant. Bon, il sert à rien mais on va pas le foutre dehors à son âge non ? Puis moi j'aime bien, ça fait de la présence, même si il crie.

Et là y a un mec qui passe et qui me dit « ah au fait y a Machin qui veut te voir » et c'est fini la tranquillité. Du coup je ramène Sal à sa cellule (ILS ARRIVENT) pour pas qu'il chie dans un coin où ça se voit pas (autre problème qu'on rencontre avec la démence et un endroit très grand), puis je vais voir ce qu'on me veut. Probablement quelque chose qui a à voir avec le Dehors. J'ai aucun moyen acceptable d'esquiver le truc, ma seule résistance possible c'est de lire dans des endroits où je suis difficile à trouver.

Je vais dans une pièce avec une grande carte de la ville posée sur une table. Il y en a plusieurs comme ça. C'est très pratique pour ne pas avoir des conversations à base de « mais dans la rue Basse tu veux dire à coté de l'ancienne usine de... » « mais nan, entre la meuf qui fait les beignets ouvert la nuit et le rémouleur » « mais je vois pas où c'est comment que j'y vais ». Et Machin il est là. Je l'appelle Machin parce qu'ils sont tous interchangeables, ces connards. C'est les mecs qui ont des informateurs et qui disent où aller aux gens, grosso modo. Ils apportent les mauvaises nouvelles quoi. Après ça dépend du contexte. Leur boulot ne m'intéresse absolument pas. Le niveau zéro de la passion. Il n'y a même pas de bagarre, qui me donnerait l'occasion de tester des trucs. Il faut écouter des gens parler de... tu vois rien qu'y penser ça me fait déjà chier !

Il faut que j'aille à la caserne de la Borée. Ils ont besoin d'un mec qui passe les murs par là bas mais on m'a pas dit pourquoi. C'était bien la peine d'aller dans la pièce avec la carte ! Je prends un cilice pour y aller plus vite et, surtout, passer par les toits. Je vais pas passer par la rue, en marchant avec mes jambes comme un connard. En plus la Borée ça pue la merde, peut être je me ferais piquer mes bottes et un métèque va venir s'accoupler sur mon tibia.
Le trajet est rapide, j'arrive jusqu'à la caserne où je cherche un mec qui a l'air gradé, ou un peu au courant – en boitillant à cause du cilice autour de ma cheville. Je continue de me téléporter pour chercher plus vite. Ça fait bizarre aux gens quand je le fais près d'eux mais je m'en fiche.
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Isabela Velásquez
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyJeu 25 Jan - 23:20

La matinée est bien entamée lorsque le frère Achille se présente au dortoir d’Isabela. La chose est curieuse, car aujourd’hui est un jour de repos pour l’ensemble des prieurs et prieuses présents dans la pièce, mais on peut lire sur son visage que la chose est également importante, alors tous lèvent le nez de leurs distractions pour écouter ce qu’il a à dire.

Naia, la plus jeune de leur chambrée, repose son miroir de poche et ses épingles sur ses genoux, tandis que Salem, d’un an son ainée, interrompt la lecture de sa nouvelle érotique. Joseph, le grand rouquin, continue de dormir le ventre à l’air, parfaitement imperturbable, et enfin Isabela et Cassim, tous deux installés sur le lit d’à côté, mettent en pause leur intense partie de backgammon. Jupiter, le plus vieux de la portée, n’est pas rentré de son séjour aux toilettes. Tant pis pour lui.

Le frère Achille, après s’être présenté, explique rapidement qu’on lui a demandé de quérir Isabela, et que, dans le désordre, c’est urgent, c’est le responsable de la caserne qui la demande, et qu’on ne lui a pas dévoilé grand-chose de plus. C’est un petit jeune, probablement à peine un ou deux ans dans le service régulier, et ses cheveux blonds sont coupés très court près de son crâne, à l’exception d’une petite mèche à l’avant qui lui donne des airs de poussins. Il est parfaitement désolé de les déranger, surtout pendant une journée de repos – la nuit précédente ayant été marquées par une certaine dose de célébration dans le district Virtua, les patrouilles de garde n’ont pas eu beaucoup d’occasions de se reposer avant –mais vous comprenez, c’est urgent, et je ne vais quand même pas protester les ordres

Un petit soupir las au bord des lèvres, Isabela repose le gobelet à dés qu’elle tenait encore dans les mains.

« Ce n’est rien, mon frère. Je viens. »

Pas avec enthousiasme, parce qu’il ne faut pas pousser, mais voilà. Puisque c’est urgent…

« De toute façon, j’allais perdre. » La chose n’était pas encore tout à fait décidée, en réalité. « Le frère Cassim n’arrête pas de tricher. »

Ça, en revanche, c’était très probable. Le jeune garçon s’offusque, ou du moins fait très bien semblant, et porte une main à son cou comme une grande dame blessée. Ses dreadlocks volent légèrement lorsqu’il secoue la tête.

« Ceci, ma sœur, est un odieux mensonge. Je suis le plus honnête de tous les hommes !
- Mh-hm… »


La jeune femme se lève, laissant traîner son regard sur l’expression faussement outrée de son ami, qui la gratifie aussitôt d’un clin d’œil culoté. Quel petit con indécrottable. Naia, sur le lit d’à côté, cesse un instant d’arranger son voile pour rouler ostensiblement des yeux.

Alors que leurs pas s’éloignent, en claquant sur le carrelage du couloir principal, Isabela peut entendre le sermon très fleuri que Naia est en train de passer à Cassim à propos du mensonge. Elle ne peut en distinguer les mots, mais aux rires qu’il semble déclencher parmi le reste de ses compagnons de dortoir, il doit être particulièrement incendiaire. Après tout, la pauvre avait bien dû perdre la moitié de sa solde en jouant contre lui, une semaine auparavant.

Le frère Achille, qui mène la voie quelque pas devant sa charge, semble particulièrement intrigué par la question, et au bout de quelques mètres encore il se retourne pour la questionner.

« Comment peut-on tricher au backgammon, sœur Isabela ?
- On fait les yeux doux à son adversaire pour qu’il nous laisse gagner.
- Vraiment ? »


Cette possibilité semble laisser sans voix le frère Achille, dont les lèvres restent entrouvertes sur une expression parfaitement stupéfaite. Ses yeux luisent un instant d'un mélange de confusion et d'inquiétude. Isabela pouffe, tranquillement, amusée par l'expressivité enfantine de son visage.

« Ça ou les dés pipés. »

Le gloussement se transforme en rire plus franc, et le pauvre garçon devient écarlate. Accélérant le pas pour échapper au regard amusé de son aînée. Ils quittent l’aile des chambres, pour se retrouver, après une lourde porte à battant, dans l’espace d’intendance, où se trouvent les salles d’eau et de restauration. Quelques prieurs s’affairent, ici et là, au ménage où à la préparation du repas de midi, puisque la caserne ne compte que très peu d’employés extérieurs. A l’urbaine, tout le monde met les mains dans les seaux de ménage - ou pire ; c’est comme ça que ça fonctionne.

Puis il parait que c’est bon pour l’humilité.

« Tout de même, je me demande bien ce qu’on peut me vouloir à cette heure-ci.
- On m’a dit que c’était important, ma sœur. Ils font venir quelqu’un du Fort.
- Du Fort ?
- Un vicaire… »


Décidément, c’est de plus en plus louche. Logique, mais louche tout de même. Evidemment, la caserne a tous les hommes qu’il faut. Si on a fait venir quelqu’un c’est forcément que l’affaire est délicate, et qu’elle requiert l’utilisation des… compétences spécifiques à leurs frères des hauteurs. Mais dans ce cas la question est de savoir ce qu’elle peut bien venir faire dans cette équation-là. Chien d’aveugle ? Guide touristique des bas-fonds ?

Peut-être que le frère – la sœur ? – avait tant usé de ses talents qu’il en était devenu cul-de-jatte, et qu’il lui fallait quelqu’un de costaud pour le trimbaler un peu partout sur son dos ?

Oh, pourvu que ce ne soit pas une histoire comme ça.

Leur pas, après avoir longé les cuisines et le réfectoire, les mène finalement hors du large bâtiment qui rassemble les dortoirs. Une immense arche de pierre leur ouvre le passage vers la cour intérieure, quelques marches plus bas.

La Caserne Nord est un peu plus petite que celle du District Domus. Elle est prévue pour accueillir moins d’hommes, et bien que son enceinte fortifiée abrite également une prison, elle ne possède pas, par exemple, de salles d’audience ou de tribunal propre. On y procède parfois à des interrogatoires, quand les circonstances s’imposent, mais c’est là à peu près tout. La tripotée de gredins qui croupissent dans les cellules du bâtiment pénitentiaire sont soit en attente d’un transfert, soit déjà jugés, et en train de purger leur peine. Bon, il y en a peut-être quelques-uns qui ne recevront pas de jugement du tout, et qui croupiront là jusqu’à ce que quelqu’un décide que c’est suffisant. Ça arrive.
Ceux-là ont probablement eu la mauvaise idée de cracher au visage de Maître Chapel, le frère qui s’occupe généralement des dits interrogatoires. Il est assez regardant sur le respect, le frère Chapel, et c’est souvent lui qui note votre nom dans le registre, alors il ne vaut mieux pas le contrarier.

La prison pourtant est le plus petit des trois édifices principaux de la Caserne. Alignée sur le faubourg St Thomas, et longée, dans la cour intérieure, par les écuries, elle forme un angle droit avec l’imposant bâtiment administratif où se trouvent aussi bien les archives que les chambres et les bureaux des prieurs aux grades les plus élevés. En le longeant, on finit par tomber sur l’armurerie, bâtiment distinct à l’accès très strictement gardé.
Le bâtiment le plus imposant, évidemment, rassemble les dortoirs et les pièces de vie commune des prieurs, et s’étend, en diagonale, pour fermer la cour en un triangle presque isocèle.

Mais ce sont surtout les écuries qui intéressent ici nos deux prieurs. Le large percheron noir garé devant, pour être plus précis. Et, pour chipoter encore d’avantage, c’est surtout le gros bonhomme à la tignasse noire et frisée qui se tient devant le cheval en question qui est l’objet de toute leur attention. Présentement, l’homme est penché en avant, son uniforme recouvert d’un large tablier de maréchal ferrant, et brosse énergiquement le sabot avant droit de la bête.

Le Responsable de la Caserne, Frère Vitalis, est un homme très dur. Un grand barbu inflexible, toujours honnête, et au franc parler souvent douloureux pour ceux qui le déçoivent. Dans cette carapace militaire, pourtant, subsiste une faille de douceur bien tenace, mais celle-ci n’est malheureusement réservée qu’à Roland, son cheval.

Il accueille Isabela d’une œillade distraite, achevant sa besogne avant de reposer délicatement la patte de l’animal sur le socle en métal prévu à cet effet. Puis il se redresse, époussette son tablier, et range sa brosse dans un étui accroché à sa cheville. Enfin, et seulement après avoir tapoté affectueusement le flanc de son cheval, il se tourne vers ses visiteurs. L’ombre d’un sourire se dessine sous son imposante moustache.

« Ah ! Ma sœur. Vous voilà !
- Vous avez demandé à me voir, frère Vitalis ?
- Oui, il y a… hm… »


Le vieil homme semble hésiter, un instant, et retire un de ses gants pour pouvoir se gratter la barbe. Il a l’air plutôt pensif. Satisfait, mais légèrement indécis, ce qui est plutôt inhabituel pour le bonhomme.

« Il y a eu un peu de mouvement, dans une affaire sensible. La disparition du fils aîné de Gildebert Fland.
- Oui… je me souviens de cette histoire. »


Ou plutôt elle se souvenait du scandale qu’avait fait le paternel en rogne, quand il était venu se plaindre que personne ne faisait correctement son travail, alors que son fiston chéri, Célestin Auguste, n’avait disparu que depuis deux jours à peine. Il avait beuglé jusqu’à s’en rendre aphone, devant tout une troupe de novices, et on avait du faire sauter un des boutons de son précieux costume pour éviter qu’il ne s’étouffe.

« Est-ce que…
- Non, un instant, ma sœur. Il vaut mieux… Nous attendons encore quelqu’un. »


Ah oui. C’est vrai. Le confrère…

« Achille, voulez-vous aller faire un tour à mon bureau, pour vous assurer que notre estimé frère n’est pas en train de m’y attendre ? Sinon cherchez-le à l’entrée. »

D’un signe de sa grosse main gantée, le frère Vitalis congédie le pauvre blondinet, qui se met aussitôt à trotter avec le plus grand des zèle vers le bâtiment administratif. Restent le vieux prieur, et Isabela, un peu mal à l’aise avec sa chemise de détente jetée à la va-vite par-dessus le bas de son uniforme de la veille, qu’elle avait eu la flemme d’enlever avant de s’effondrer sur son lit ce matin. C’est tout juste si elle a eu le temps d’enfiler ses bottes. Elle remarque même une tache de vin sur le col de la chemise, en essayant de la reboutonner un peu plus dignement.

C’est qu’elle va vraiment faire une bonne impression, sapée comme ça…
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Izei Ingenoc
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptySam 27 Jan - 2:41

L'estimé frère (c'est moi) s'est plus ou moins caché dans un bureau administratif qui sent bon le bois et le vieux papier. Je joue au con qui attend, la jambe en l'air comme un flamand rose (mais c'est une technique très sérieuse de magie pour s'économiser la couenne quand tu as un truc qui pique accroché à la cheville). C'est un novice blondinet qui vient me prévenir qu'on m'attend dans la cour. Ah bon. Mais j'avais pas vu de gradé moi. Bon. Je m'y téléporte en posant le pied par terre. Ça pique.

Ah c'est parce que le gradé il s'occupe d'un cheval. Je saute plus près. C'est un costaud d'à peu près mon âge, accompagnée d'une très grande femme. Ma taille ou même quelques centimètres de plus. Je l'ai déjà vu de loin, je m'en souviens vu le format. Vu la girafe que c'est on la repère dans une foule. Mais je ne connais pas son nom ni rien, elle a dû devenir novice quand je m'étais déjà retiré dans les zones plus consacrées aux vicaires. Le gradé je suis à peu près sûr de lui avoir parlé, son nom va me revenir... C'est pas facile. Il y en avait un autre dans la caserne Nord avant. Enfin quand je te dis « avant » ça fait peut être dix ans hein... un mec tout petit... bon bref.

- Frère... Vitalis ?

- Oui ! C'est ça. Je ne me souviens pas de v...

- Izei.

Il y a pas grand chose d'autre à dire pour les civilités. On s'est croisé une fois parce qu'une usine avait explosé pas loin d'ici et que les ouvriers avaient foutu la merde à cause de leurs morts. Je suis assez fier de m'être souvenu de son nom. Je fréquente plutôt les autres vicaires et les étudiants. On a notre coin à nous au Fort, au calme, avec un jardin en terrasse très très joli. Des médecins et des salles de torture pas trop loin. Là bas les gens trouvent pas ça bizarre de se tenir sur une jambe comme un flamand rose.

C'est le coté concret et bête de la magie. J'apprécie pas forcément l'impact que ça a sur mes interlocuteurs quand je remonte le bas de mon pantalon pour retirer un cilice. Je préfère faire ça en privé, si j'ai le choix. C'est pas un spectacle pour tous les estomacs, surtout si c'est pour le remettre dans cinq minutes. Puis c'est intime comme objet, je peux pas le poser dans un coin (on a découvert y a un siècle ou deux que les vicaires avaient moins tendance à mourir quand ils se refilaient pas leurs outils tout rouillés et sales entre eux, je sais pas pourquoi). Du coup c'est option flamand rose obligatoire.

- Qu'est ce qui se passe ?

- Hé bien... il y a trois ou quatre jours, un jeune noble a disparu de la maison de son père. Ils est venu hier en faire part. Comme c'est un adulte, nous ne nous sommes pas alarmé, mais tout à l'heure quelqu'un a retrouvé son cheval avec les tendons arrière tranchés.

Il grimace un tout petit peu en le disant. Comme il se tient justement à coté d'un cheval avec des fringues de maréchal-ferrant, je me dis « il aime bien les canassons ». Et je fais le lèche-cul :

- Pauvre bête.

- Ouais hein ? Une petite femelle bai, je l'ai abattu le plus vite possible. Si c'est pas malheureux. Enfin bref. Le père a parlé d'une jeune fille quand il est venu, mais euh... comme il était un peu... agressif, je prendrais ça avec des pincettes.

Il l'a traité de pute en hurlant, ça veut dire. On connaît ce genre de bestiaux. J'aime pas les gens qui crient. A ce moment là le petit coin de mon cerveau qui s'occupe de la sociabilité me tire par la manche pour me dire que c'est bizarre d'être debout à coté de quelqu'un qu'on contraint au silence en ne s'était pas fait présenter. Je parle de la grande femme. Je tourne mon regard de son coté, en plissant les yeux derrière mes lunettes. C'est pas de l'ophtalmologie au laser, j'arrête par de les approcher et de les éloigner de mon visage pour faire une meilleure mise au point.

- Et vous êtes Soeur... ?
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Isabela Velásquez
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyDim 28 Jan - 22:02

« Velàsquez. Sœur Isabela Velàsquez. Bien que…
- La sœur Isabela compte parmi nos prieurs les plus dévoués. »


Tout de même, on a connu meilleure flatterie. Isabela hausse un sourcil dubitatif, mais pas trop haut tout de même, au cas où le regard de son supérieur reviendrait se poser sur elle.

« Elle connait le District comme sa propre poche, et elle y a quelques contacts qui vous seront sans doute utiles. »

Chien d’aveugle, donc. Hourra. Isabela peut sentir le piège qui se referme autour d'elle. Dire qu'elle avait prévu une petite journée tranquille à boire avec les copains...

« S’agissant d’une situation un peu… délicate, dirons-nous, il est dans notre intérêt de ne pas réagir trop précipitamment. » Il ôte son gant droit pour se gratter pensivement la moustache. « Outre le cheval, nous avons eu vent de quelques signes d’activités suspectes à l’Est de la Blanchisserie, mais rien que nous n’ayons pu confirmer pour le moment. Si c’est lié à notre affaire, et que nous nous y rendons en trop grand nombre, les éventuels ravisseurs pourraient s’affoler. Saint Gabriel sait à quel point ces corniauds là peuvent avoir l’âme sensible. Le fils bien aimé de Gildebert Fland risquerait alors d’y passer, ou pire, et moi je n’aurais plus jamais un instant de paix en ce monde. »

L’homme, à cet instant, à l’air d’avoir rassemblé toute la fatigue du monde dans ses yeux gris. Isabela a l’intuition que la scène à laquelle elle a assisté de loin, n’a été que la partie émergée de l’Iceberg, et que si ça ne tenait qu’à lui, le frère Vitalis enverrait toutes les forces de la caserne et du fort pour raser le quartier, ses habitants, ses criminels, et toute la lignée des Fland avec eux.

Mais on ne plaisante pas avec les gros bonnets de l’immobilier si louches soient leurs affaires – quoique, dans le cas des Fland, toujours irréprochables dans les faits – et si insupportables soient leurs patriarches. Alors le maître des lieux fait ce qu’il sait faire de mieux, et ce qu’on connait de plus efficace, d’ailleurs, pour s’adoucir les frustrations de la diplomatie : il refile la patate chaude à quelqu’un d’autre et s’en lave les mains.
Ce n’est pas une manœuvre idiote non plus ; avec l’intervention d’un vicaire, et d’une prieuse à la lignée relativement prestigieuse, personne ne pourra l’accuser de ne pas avoir pris la situation au sérieux, dans l’éventualité d’un échec. Et la présence d’Izei signifie également la possibilité de détourner les doigts pointés sur sa caserne le cas échéant. Non, le type n’est décidément pas arrivé à sa place par hasard…

« C’est pourquoi je vous demanderais d’agir avec autant d’efficacité que de discrétion. »

La discrétion. Sérieusement.
C’est la recommandation qu’il leur livre avant de leur taper sur les fesses et de leur dire bon vent.

Après lui avoir confié un putain de vicaire pour escorte.

Le regard de la jeune femme se coule discrètement jusqu’au troisième interlocuteur de cette conversation, sans vraiment trop savoir où s’arrêter. Ses yeux sont barricadés derrière d’épais lorgnons, et ses lèvres pincés. Elle a du mal à mettre une émotion sur son visage, sinon peut-être un certain malaise, qui pourrait signifier tout et son contraire, de l’anxiété sociale au pet qui ne sort pas. Mais cela n'est probablement lié qu'à cette étrange posture dans laquelle il se maintient, et qui le fait ressembler davantage à un pigeon fatigué qu'à un féroce combattant. Quelle drôle d’espèce, tout de même, que les vicaires…

Comment le frère Vitalis peut-il s’attendre à ce qu’elle fasse passer inaperçu  à quelqu’un comme lui, au beau milieu des quartiers les plus populaires de la Borée ?

« Heum… mon frère… »

C’est qu’elle a toujours eu un problème avec la magie, Isabela. D’un point de vue purement stratégique, elle peut évidemment en situer l’intérêt, et, si pour elle on touche quand même à quelque chose qui déforme les lois de l’univers les plus fondamentales, elle a toujours plus ou moins su s’en acclimater. De la même manière que l’on s’acclimate de la misère humaine ou d’un énorme bouton disgracieux sur un visage d’enfant : en faisant de son mieux pour regarder ailleurs.

C’est comme… comme ces insectes, qui sont tout à fait supportables de loin, voire même parfois utiles ou esthétiquement agréables, pour peu qu’on se tienne à une distance raisonnable, mais qui se transformaient en bêtes repoussantes, tout droit sorties d’un cauchemar, dès qu’on approchait d’eux une loupe pour les regarder de plus près.

« Sans vouloir… manquer de respect à mon illustre confrère et à ses talents, si la discrétion est la pr…
- Aurais-je manqué de clarté dans mes explications, sœur Isabela ?
- Je… Non, frère Vitalis.
- Et mettrais-tu en doute les compétences de ton estimé frère ici présent ?
- Non, bien sûr, mais…
- Dans ce cas qu’y a-t-il, ma sœur ?
- Je… »


L’idée de continuer à protester traverse l’esprit d’Isabela un court instant, puis elle s’éteint aussitôt dans un grésillement de mèche mouillée, tandis qu’elle se rappelle que l’homme en face d’elle, malgré les apparences, n’est pas un simple palefrenier.

Protection.
Vigilance.
Persévérance.
Obéissance.
Sacrifice.


Ses lèvres se pincent l’une contre l’autre, et elle patiente quelques secondes pour s’assurer d’avoir bien ravalé son indignation avant de parler à nouveau, plus humblement cette fois.

« Non, tout va très bien. Mes excuses, frère Vitalis.
- Bien. D’autres questions… ? »


Le regard du vieil homme s’est fait tranchant comme l’acier, et Isabela laisse retomber le sien à ses pieds, peu désireuse de s’attirer d’avantage les foudres de son supérieur. Cette mission sent la merde à plein nez, mais il faudra bien qu’elle s’en accommode. Et puis elle en a vu d’autres, pas vrai ?

Quand à… Izei ? Bon, eh bien, c’est un vicaire. Mais peut-être qu’en mettant une cape par-dessus, et en le faisant marcher comme un être humain normal, on a une chance de ne pas provoquer un esclandre.[/b]
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Izei Ingenoc
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyLun 29 Jan - 19:37

Apparemment il faut aller discrètement là bas. Ce qui signifie probablement : sans téléportation. Avec ses jambes quoi. C'est une mauvaise nouvelle pour moi. Il y a autre chose : La jeune femme proteste à propos de ma présence, et tu sais je l'ai vu ton petit coup d'oeil paniqué vers moi. Je l'ai vu. L'horrible machine de la phobie sociale est en train de démarrer, et j'ai l'impression que même le cheval me fixe en me trouvant chelou. On m'estime incapable de marcher dans la rue normalement c'est ça ?! Sur une échelle de malaise de zéro à dix, zéro étant « tout seul dans ma cellule », et dix « un banquet officiel quelconque du Conservatoire », on est facile à huit. J'opte pour la seule réaction digne : faire semblant de pas comprendre et fixer le décor avec attention pendant qu'ils parlent.

Du coup, je dois enlever le truc que j'ai à la jambe non ? Si je dois y aller à pied. Je vais pas me retirer de la ferraille de la jambe en public, plutôt crever. Donc faut que je trouve une pièce vide pendant une minute. Donc que je m'éloigne. J'ai failli demander la permission – à cause du malaise – puis finalement je me suis rappelé que j'étais un grand garçon qui savait ce qu'il faisait.

- Euh... faut que je fasse un truc j'en ai pour trente secondes je euh... j'arrive.

Je me téléporte jusqu'à la pièce vide où j'étais tout à l'heure, j'enlève mon bazar, je le mets dans ma poche et je reviens. En marchant. C'est super lent. Très très lent. Isabela et Vitalis me regardent marcher. Le cheval aussi, j'en suis sûr. Arg.
C'est plus gênant quand c'est des Prieurs qui nous prennent pour des fous. Des connards du dehors je m'en fiche, mais si même des mecs de mon camp me trouvent fanatisé et chelou... ça me met des pensées horribles dans la tête. Peut être que je prends tout ça trop au sérieux ? Hein ? Y a rien qui vaut le coup de se torturer comme ça dans le fond. Peut être même que je devrais retourner à la ferme et oublier tout ce gâchis. Laisser les gens normaux travailler.

Bref, avec tout ça j'en oublierai ma vraie raison d'angoisser : on doit y aller dans la rue « discrètement ». Sans téléportation et sans montrer ostensiblement son appartenance au Prieuré, j'imagine. Comment donc ?

- Bah euh pour être discret euh j'ai pas trop prévu... j'ai que ces vêtements là. On m'a pas dit.

Même au Fort j'en ai pas, des fringues civiles. Mais c'est qui l'attardé qui s'occupe de transmettre les informations ? « Tiens il nous fait un mec discret on va demander à frère Izei c'est pile le gars qu'il faut », c'est ça qu'ils ont dit ? C'était la bonne idée ? Ou alors quelqu'un essaye de faire une crasse à frère Vitalis... c'est pas idiot ça. Moi je suis un peu hors jeu parce que j'ai aucune ambition, mais les vieux aiment bien ces trucs là. Je remarque qu'il se passe des choses autour de moi, des choses qui laissent à penser que des manœuvres de connard se déroulent, mais j'arrive jamais à piger ce qui se passe.
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Isabela Velásquez
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyMer 31 Jan - 20:12

Le type se volatilise. Comme ça. Au calme.

La posture d’Isabela se raidit aussitôt. Sa main file sans qu’elle y pense à l’endroit où devrait l’attendre sagement le pommeau de son épée. Mais cette place là est vide. Aussi vide que l’espace occupé un instant auparavant par l’illustre confrère. Elle retient de justesse un juron entre ses dents. Sous le regard noir de son supérieur, elle redresse ses épaules, et laisse ses yeux se promener parmi les petits gravillons de la cour. Dans le doute, on la ferme et on compte les cailloux par terre. Ça lui rappelle la douce époque du noviciat. Elle ne les relève de là que pour contempler l’interminable ‘Walk of shame du vicaire, qui revient à pied, mais probablement pas par égard pour les sensibilités d’Isabela.

Bon et bien il sait toujours marcher. C’est bon à savoir…

La discussion se conclut de manière plutôt expéditive, alors que le frère Vitalis arrive doucement au bout de sa patience, et les deux prieurs sont promptement congédiés, avec pour tâche première d’aller chercher de quoi planquer un peu l’uniforme du frère Izei à l’intendance. C’est donc là que commence, pour Isabela, ce qui se profile à l’horizon comme une très longue journée dans la peau d’un chien guide.

Puisque leur chemin les conduit en direction des dortoirs, Isabela prend sur elle d’y faire un détour pour récupérer son épée et sa sacoche, avant de reprendre les rennes de leur petite – et atrocement silencieuse – expédition jusqu’au sous-sol.

Le frère Izei ne proteste pas, mais à chaque nouveau pas qu’ils font dans le dédale des baraquements, Isabela peut sentir le malaise qui s’installe, et elle ne peut s’empêcher de conclure que tout ça est du à ses réactions de tout à l’heure. Elle l’avait peut-être vexé ? Ou bien peut-être s’attend -t’il maintenant à une certaine hostilité de sa part et n’ose pas entamer la conversation ?

Un petit pincement de culpabilité agacée vient serrer le ventre de la jeune prieuse.

Il faut probablement qu’elle s’excuse… pas vrai… ?

Bifurquant à droite en bas des escaliers, elle prend encore quelques secondes puis y réfléchir, puis, après une longue inspiration, elle se lance :

« Dites, euh… frère Izei ? C’est bien ça ? » Elle se mord la lèvre, pas tout à fait sûre de comment amener la chose sur le tapis sans vexer à nouveau le bonhomme. « Je… tenais à m’excuser pour ma remarque. C’était déplacé.»

Voilà. Un peu générique, mais relativement sincère. Avec un peu de chance il n’ira pas cafter à ses supérieurs du fort qu’elle s’est montrée désagréable ou qu’elle a contesté la compétence du vicariat. C’est que ça a le potentiel d’être mal vu, cette histoire…

Leurs pas les portent jusqu’au long couloir de l’intendance, dans le prolongement des laveries et autres réserves à matériel. Un seul prieur est installé à l’entrée, derrière un petit bureau, et semble bailler aux corneilles en contemplant un vieux registre griffonné.
Isabela lui sourit, réalisant aussitôt qu’elle a complètement oublié son prénom – heureusement, un « bonjour mon frère » suffit à la tirer d’affaire – avant de lui indiquer rapidement ce dont ils vont avoir besoin. Lentement, le type prend note, puis se retire dans une autre pièce, sa liste dans la main. La jeune prieuse en profite pour se retourner vers son compagnon d’infortune.

« Je ne sais pas si c’est une excuse mais, enfin, j’ai pas beaucoup dormi, j’ai passé la nuit dernière à cavaler après des étudiants armés de pétards et de trompettes. Cette mission c’est pas… » Elle passe une de ses mains dans le creux de sa nuque, pensive, raccrochant ses doigts dans les mèches emmêlées de sa tignasse. « … pas exactement ce que j’avais envisagé pour ma journée de repos. Alors p’t’être bien que ça me rend un peu désagréable. Mais c’est pas trop contre vous. »

Elle ne sait plus très bien où elle va, avec cette espèce de monologue d’excuses un peu gênant, et après quelques coups de rames supplémentaires, elle finit par abandonner. Heureusement pour elle, le type de l’intendance – avec tout ça elle n’a même pas cherché son nom – revient, les bras chargés de deux capes très simples, la première d’un beige crème un peu terne, l’autre grise, tirant vers le taupe, ainsi que de quelques autres bricoles d’équipement qu’il dispose sur son bureau avec un petit grognement.

Sans tarder d’avantage, Isabela se saisit de la cape la plus claire, pour la jeter sur les épaules du vicaire. Elle le laisse ajuster ça à sa convenance, en veillant bien à ce que le plus gros de l’uniforme soit couvert, avant de se reculer d’un pas pour admirer le résultat.

« Ouais, ça va le faire… je crois. »

Elle lui tapote l’épaule, l’air un peu plus confiant, mais se décompose rapidement en croisant le regard que le type lui lance. Son expression est tout aussi indéchiffrable que malaisante, et elle reprend sa main, un petit rire gêné coincé dans la gorge.

« Tant que vous… » Elle agite légèrement les doigts, dans un geste vaguement supposé mimer le concept de la téléportation, mais qui au final ressemble plus à ce que ferait quelqu’un qui vient de se mettre un coup de marteau sur l’index. « Hein ? Ouais, voilà. Ça ira. »

Réprimant très fort une grimace d’embarras, Isabela s’empresse d’enfiler l’autre cape, ravie de pouvoir échapper à cet échange qui ne va nulle part, et tire de sa sacoche la grosse fibule en laiton qui lui sert d’ordinaire à attacher la sienne. Elle ne prend même pas le temps de l’ajuster, accrochant ça du mieux qu’elle peut en se dirigeant vers la sortie, encourageant le frère à lui emboîter le pas.

« Qu’est-ce que vous en dites, mon frère ? On part directement pour la blanchisserie ou vous pensez qu’il y a quelque chose à tirer de la piste du cheval ? »

Oui, voilà, ça c’est déjà mieux. On va bien finir par réussir à tirer cette conversation du malaise où elle s’est embourbée, pas vrai ?
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Izei Ingenoc
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyJeu 1 Fév - 17:39

- Non non... ne vous excusez pas. Ça arrive tout le temps que... enfin voilà.

Ça arrive tout le temps d'être mal à l'aise avec un masochiste notoire. J'en ai parfaitement conscience. Je ne serais pas aussi gêné avec les gens du Dehors si ce n'était pas le cas. J'ai des collègues beaucoup plus serein par rapport à tout ça. En général c'est ceux qui adorent le sang, le pouvoir, semer la terreur dans le cœur des ennemis et faire pleurer leurs femmes. Moi j'aime surtout le travail bien fait. C'est presque pareil, certes.

Je mets la cape (et je fronce les sourcils quand Isabela me touche l'épaule parce que, tu l'imagines bien, je ne suis pas du genre tactile. Du tout). Et puis elle met la sienne. Tout ça dans un silence assourdissant. A ce moment là, comme je la regarde bêtement faire, elle lève les bras et j'ai un court bug mental sur la forme de son pantalon. On dirait qu'il y a une... Je me traite mentalement de grand malade, complètement malsain, qui devrait laisser l'entrejambe des gens tranquille. Je me demande quel vice j'ai pour avoir des pensées pareilles. Une pauvre sœur de la moitié de mon âge. C'est pas parce que les gens sont grands et musclés qu'ils ont... Enfin bref, encore une belle occasion de m'auto-insulter en pensée.

- Ouais, la blanchisserie... autant aller voir les « signes d'activités suspectes ».

Il était très vague ce frère Vitalis, mais sur le coup j'ai pas eu l'inspiration de poser des questions. Il avait l'air pressé je voulais pas l'embêter. C'est pour ce genre de timidité que je finis en charpie dans un coin. Heureusement cette fois ci je suis pas tout seul. On pourra être deux à finir en charpie, sauf qu'on osera pas se regarder dans les yeux en agonisant. Peut être même qu'au moment de faire le Dernier Caca (celui qu'on expulse en mourant) je vais brièvement revivre pour m'excuser en bafouillant.

On va dans la rue pour qu'Isabela me guide comme un attardé, avec quelques remarques laconiques de part et d'autre comme « c'est par là » et « attention y a une marche ». Je ne fais aucun effort pour l'amabilité. A ma décharge je suis en train de serrer les mâchoires à m'en broyer les molaires parce qu'on va dans la Rue, là où il y a du Bruit, de la Foule, des Enfants qui Jouent. Évidemment que ça a rien à voir avec de l'angoisse, de la timidité ou je sais pas quoi de pas viril et de pas digne. J'ai juste très chaud et du mal à respirer mais c'est la pollution. L'air est meilleur en hauteur, donc au Fort, j'y peux rien c'est scientifique.

Y a rien à dire sur le trajet mis à part que c'était long et qu'il y avait du monde. Je me suis beaucoup rongé les ongles (EVIDEMMENT que je suis un monumental castor des ongles, il en reste quasiment rien même). Des fois Isabela ou moi on essayait de vaguement discuter, mais j'étais trop occupé à réfléchir sur mes réflexions pour répondre à ce qu'elle disait par plus de deux mots. La météo j'ai eu rien à dire. Les commentaires qu'elle a eu la gentillesse de me faire sur le quartier, j'ai galéré aussi. Alors qu'elle faisait vraiment tous les efforts. Elle m'a même donné ses meilleures adresses pour manger, dormir, boire un coup. On est pourtant tous les deux du Prieuré mais la phrase que je réponds le plus souvent à tout quand on me pose une question c'est « je ne sais pas je reste plutôt dans l'aile des vicaires ». Comme le trajet était vraiment long et qu'Isabela faisait de gros efforts pour échanger des civilités, j'ai fini par lâcher que j'apprenais la magie aux gens. Je voulais pas spécialement lui cacher, mais j'arrive pas à réfléchir avec toute cette pollution. C'est comme ci tout mon cerveau se faisait aspirer à la paille et que je ne me souvenais de rien de ma vie.

On arrive à destination, je le sais parce que la sœur me fait « c'est là ». Une maison près de la blanchisserie, dans une petite ruelle complètement vide que je n'aurais jamais trouvé seul.

- Ah ouais ça a l'air suspect y a des tâches de sang... ah non merde c'est du vomi de pinard j'ai rien dit.

Je m'essuie les doigts sur le mur à coté. C'était rouge, voilà. Faut que je pense à ne pas toucher mon visage avec cette main tant que je l'aurais pas lavée.
Cette maison est très bien située pour ne pas être dérangé. On a l'air vraiment suspect avec nos capes dans une ruelle déserte, immobiles. Les fenêtres n'ont pas de vitre mais je ne vois que de l'obscurité à l'étage. Le rez-de-chaussée a l'air vide et inintéressant, de l'extérieur. Un vasistas donne sur une cave. Il y a des déchets devant, comme si on les avait balancé par la fenêtre. Surtout des éclats de bouteille. Tout est silencieux.

On pourrait rester là, debout, bêtement, jusqu'à ce qu'il se passe quelque chose. Ou je pourrais me téléporter à l'intérieur. Ça serait très facile et sans risque vu que je vois où je vais. Je sors mon arme et je me pince la base d'un ongle (ce qu'il en reste). Je suis à l'intérieur.
C'est très vide, comme on pourrait s'y attendre dans une maison qui n'a pas de vitre. Seulement des déchets, et les traces d'un feu. Une forte odeur de présence de clochard, type couverture pleine de vomi. Oh, et un cadavre aussi.

Il est jeune mais il ne ressemble pas à un noble. Il lui manque des dents et il est habillé comme un indigent. On lui a tiré dans le ventre de très très près, plusieurs balle. Il a du sang absolument partout parce que le type a mis du temps à mourir et qu'il a rampé dans tous les sens en attendant. Il a essayé d'ouvrir la porte d'entrée pour, mais elle doit être fermé à clef. Il a pas réussi à escalader une fenêtre pour sortir non plus. Je monte à l'étage en faisant très très attention, prêt à me dématérialiser au premier bruit. Le secret de la réussite, l'art ultime de la guerre, c'est de ne pas se prendre une bastos en pleine tête par un blaireau qu'on a pas vu. J'ai quarante six ans, crois moi sur parole. Peut être que j'ai l'air d'un suricate sous acide, mais je suis vivant. Connard.
A l'étage il n'y a rien. Enfin mis à part d'autres déchets. Les traces de fumette d'opium ou de n'importe quoi d'autre. Je pointe seulement mon arme à un moment contre un porte-manteau parfaitement incongru qui avait l'air d'un type très maigre dans l'obscurité de la bicoque crasseuse. Voilà. Je me téléporte auprès d'Isabela (en me faisant mal évidemment mais je vais pas le dire à chaque fois si c'est pas spectaculaire).

- Il n'y a personne de vivant, juste un cadavre, mais je ne saurais pas dire si c'est le fils disparu puisque je ne l'ai jamais vu. Je vous conseille de passer par cette fenêtre là, il y a des restes étalés partout ailleurs.
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Isabela Velásquez
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyMar 6 Fév - 2:23

Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est une journée qui s’annonce bien longue.

C’est pas faute d’avoir essayé de tuer le temps, ou de désamorcer un peu toute cette tension bizarre qui s’est accumulée entre les deux prieurs, parce que bon sang Isabela y a mis toute son âme, pendant le trajet qui sépare la caserne de la blanchisserie, mais rien à faire. Elle en sort avec l’impression désagréable d’avoir passé une heure à essayer de faire rentrer le petit bout de bois carré dans le petit orifice rond d’un jouet pour enfant, et un vague sentiment d’échec personnel au cœur. Elle a un peu de charme et de conversation pourtant. D’habitude ça suffit à défroisser même les gueules les plus déprimées, mais là c’est comme faire marrer un mur de briques. Y’a comme qui dirait un problème de moyens.
Isabela en est à questionner intérieurement l’influence de la lune et du manque de sommeil sur la compatibilité des humeurs humaines lorsqu’ils arrivent enfin au carrefour en question.


Après un rapide examen des alentours – et un épisode désagréable de « doigts dans le vomi » pour son collègue, qui a au moins le mérite de faire sourire Isabela – le blond décide d’aller jeter un œil à l’intérieur, et elle ne le retient pas. Malgré la petite sensation de malaise qui se creuse dans son ventre alors que son confrère s’évanouit de son champ visuel, la jeune prieuse est presque soulagée d’en être libérée pour quelques minutes. C’est dire si tout ça commençait à lui peser…

Quelques minutes passent, puis le blond décide de réapparaître juste à côté d’elle, en manquant de lui flanquer une belle crise cardiaque au passage. Elle suit ses indications pour se hisser par une fenêtre, non sans un regard courroucé à son égard, mais décide de ne pas d’avantage commenter l’incident. Après tout, s’il y a un cadavre, ce n’est peut-être pas le moment de chipoter sur les méthodes de travail de ses collègues.

Le cadavre n’est effectivement pas celui de Célestin Auguste Fland. Le bonhomme est brun et basané, ou du moins il semble qu’il le soit, sous tout le sang séché, tandis que le jeune noble – du moins le maigre portrait mental qu’elle peut conjurer de lui, d’après la description de son père et la réputation générale des membres de sa famille – semble plutôt pencher du côté « petits rouquins chétifs et bons vivants, à la peau fine comme la chair des saucisses » de la grande fresque de l’Humanité.
Isabela se rapproche, en songeant déjà à la corvée de nettoyage qui va s’imposer le soir même, ne serait-ce que pour les bottes qu’elle a aux pieds, et rassemble les pans de sa cape sous son bras pour pouvoir s’accroupir.

Le gaillard n’est pas particulièrement plus ragoutant de près, mais son identité ne se dévoile pas d’avantage aux yeux de la jeune prieuse. Juste un pauvre type qui a mal choisi son squat. Ou ses employeurs. La seule chose qu’elle peut affirmer, c’est qu’il ne s’appelle pas Célestin Auguste.

« Ouais, non. Ça c’est un gars d’ici, pas un Fland.» Un petit ricanement nerveux, qu’un auditeur mal intentionné pourrait interpréter comme du dédain pour le pauvre macchabé – ou le rouquin avec qui on voudrait bien le confondre – échappe à la jeune prieuse. Elle l’étouffe aussitôt, en se mordant la lèvre. « Il a pas le bon port de tête.»

Et pas le bon tout le reste, évidemment.

Le truc, c’est qu’à l’urbaine, les gens développent de drôles de façons de gérer les trucs violents qui leur passent sous le nez. L’humour de merde et les rires nerveux en font souvent partie. Elle secoue lentement la tête en se relevant.

« Par contre, à l’odeur, il doit pas être là depuis bien longtemps. Et genre…» Elle jette un nouveau coup d’œil au bazar monstrueux de tripes et d’affaires renversées que le pauvre bougre a laissé dans la pièce. « Entre le coup de feu et… tout ça, ça a dû faire un sacré bruit…»

Elle se relève, gardant sa cape sous le bras pour éviter de la faire traîner d’avantage partout, puis retourne jusqu’à la fenêtre pour s’y pencher et examiner les alentours. Après tout, le rapport très sommaire que leur avait fourni oralement le frère Vitalis faisait mention de témoins. Avec un peu de chance, il en resterait un ou deux dans le coin…

« Tenez, je vais essayer l’échoppe, là en face. La tête de la vieille me dit quelque chose. Essayez de euh… pas trop vous faire remarquer ? Je me dépêche.»

C’est beaucoup demander, probablement, mais après tout pourquoi pas. Isabela est une femme plutôt optimiste, dans le fond. Et puis vu la fréquentation de la rue, à moins qu’il ne se mette à faire son numéro au milieu du carrefour…

Isabella se hisse à nouveau par-dessus le battant dénudé de la fenêtre, et prend le temps de traîner ses bottes dans la poussière, histoire de ne pas foutre du sang partout. Puis, d’un petit pas tranquille, elle trottine jusqu’à la rue principale, et pénètre dans la minuscule boutique.

Là, assise sur un tabouret branlant, à moitié enfouie derrière son propre comptoir, une femme à la peau brune et ridée s’évente à l’aide d’un vieil éventail. Devant elle, de grands plats métalliques sont alignés sur le bois, tous débordants de nourriture. Il y a là des sardines frites aux épices, des tranches d’aubergine grillée, des brochettes de viandes diverses et des petits pains de semoule cuits à la poêle. Chacune des spécialités, par sa forme ou son emballage, semble avoir été étudiée pour pouvoir être achetée ici et emportée dans la rue pour y être mangé en marchant.

S’attardant un instant sous le petit rideau de perles qui fait présentement office de porte, et ce malgré la fraicheur de la saison, Isabela sourit de toutes ses dents. Elle n’a jamais mis les pieds dans cette boutique-ci, pourtant elle reconnaît instantanément la vieille femme qui la tient.

« Bonjour, Nennoucha.
- Ooh… ma petite Isabela… Quel plaisir de te voir !
- Comment vont tes fils ? Ils se tiennent bien ?
- Bien sûr ! Oh, bien sûr ! Je les ai à l’œil, maintenant ! Monsieur Semaine les a pris tous les deux à la blanchisserie. Et l’ainé se mariera au prochain Renouveau !
- Ça c’est une bonne nouvelle !»


L’intérieur est relativement étriqué, pauvrement meublé, et imprégné d’une puissante odeur d’épices qui pourrait importuner les nez les plus délicats. Il y fait plutôt chaud, à cause des grils que l’on peut deviner dans une pièce adjacente, et contre le mur qui fait face au comptoir sont rangés quelques tables et tabourets d’allures disparates. Le plafond est si bas que Isabela peut presque l’atteindre, en se tenant parfaitement droite, pourtant elle choisit de se pencher, pour examiner attentivement les plateaux de cuivre où sont installés les diverses marchandises.

Quitte à se la jouer enquêtrice du pauvre, autant se trouver à déjeuner dans la foulée. Et puis ça fera plus authentique, pour ce qui est censé ressembler à une visite de courtoisie.

« Tiens, mets-moi quelques sardines… Tu as un sac en papier, pour moi ?
- Bien sûr ! Bien sûr !
- Dis moi, Nennoucha. Je suis contente d’entendre que tes garçons se sont rangés. Parce qu’il y a des bruits qui circulent, sur le quartier, à la caserne. Comme quoi quelque chose de pas très très net est en train de s’y produire.»


C’est qu’ils lui en ont causé, du souci, à leur Nennoucha, les fils Ad’din. Et ils en ont passé, des journées, à se prendre des choux pourris dans la tête sur la Place de l’Ecole. A une époque, Isabela passait pratiquement toutes ses nuits à leur courir après dans les marchés de minuit où ils venaient vendre leur camelote. En ce temps-là, ils étaient de tous les mauvais coups, et leur pauvre mère désespérait de les voir un jour de ranger. Aujourd’hui elle ne désespère plus. Ou du moins elle fait bien semblant, si ça n’est pas le cas.

« Alors, évidemment, moi, aujourd’hui je ne suis pas en service, mais comme je suis là, je peux quand même t’avertir.
- Mes fils n’ont rien à voir avec tout ça. Ils sont d’honnêtes travailleurs !
- Je sais, Nennoucha, je sais. Mais tu les connais, là-haut. Ça arrive qu’ils ne se posent pas trop de questions. Surtout quand on commence à toucher aux nobliaux…
- Personne d’ici y a touché, au nobliau. C’est des gars du Nord. Des une briquerie.»


Leurs regards se croisent, le temps d’une pause, et la jeune prieuse hoche doucement la tête, l’œil brillant d’un nouvel intérêt.

« Tu sais Nennoucha, si tu as vu quelque chose, tu peux me le dire à moi. Comme ça après moi je peux aller m’arranger pour que… enfin, personne ne soit accusé à tort, quoi.»

Nouveau moment de silence, un peu plus lourd, cette fois. Isabela s’efforce de prendre l’air le plus nonchalant qu’elle le peut, bien que la chose ne lui ait jamais été très facile. C’est suffisant pour la vieille Nennoucha, cependant, qui doit être en bien grande hâte de laver le nom de ses fils.

« Ils sont venu ici, la nuit dernière. Ils ont fait du grabuge dans la maison en face. Ils étaient quatre ou cinq. Hamda les a vu remonter la rue de la Carrière. ‘Parait qu’il y en a un qui est parti à cheval.
- Et les autres… ?
- Mh…»


La vendeuse se ratatine un peu, comme un vieux crabe regroupant ses abatis en position défensive, et ses yeux noirs semblent sonder le vide pendant un long moment. Seul le grincement des planches, sous les pieds d’Isabela, viennent encore crever le silence, de temps à autre.
Puis, enfin, et avec un soupir chargé de fatigue et de résignation, la vieille femme reprend la parole.

« Y’a des maisons de pêcheurs, près des falaises. Le genre carrément branlantes. Y’en a beaucoup qui sont plus à personne. Ou qui sont à tout l’monde. P’t’être bien qu’ils ont pu aller par là. Moi j’en sais trop rien. J’suis qu’une vieille femme qui vend des sardines frites…»

Un petit sourire malin se dessine sur les lèvres de Isabela, tandis qu’elle extirpe cinq pièces de bronzes de sa bourse, pour les tendre à la vieille femme.

« Et ce sont les meilleures de tout le District. Ça ne fait pas le moindre doute. Tiens, tu peux garder la monnaie.
- Merci bien, ma petite.
- Porte-toi bien, et garde un œil sur tes garçons pour moi, tu veux ?»



Elle finit par retrouver le frère Izei dans la rue, un sachet de sardines aux épices sous le bras, et, l’air de rien, lui fait signe de la suivre. Ils remontent la rue, aussi nonchalamment qu’il est possible de le faire quand on fait partie d’un duo aussi mal composé que le leur, et Isabela s’efforce, la bouche pleine parce que l’urbaine c’est aussi envoyer chier la bienséance de temps à autre, de résumer la situation à son collègue du mieux qu’elle le peut.

« Et donc, hmf. Soit c’est une fausse piste, et dans ce cas là les mômes de Nennoucha je sais où les trouver, soit elle dit vrai et alors dans ce cas là ça ne coûte rien d’aller jeter un œil aux bicoques. Je me dis que c’est toujours plus frais comme piste que les boyaux de Jeannot-la-Malchance, là-bas.»

Le pauvre prieur qui tente de l’écouter se fait ponctuellement arroser de miettes, et de minuscules nuages de cumin et de sel sont libérés dans l’atmosphère à chaque sardine dévorée, mais l’estomac de la jeune prieuse, lui, est aux anges. Tellement aux anges qu’Isabela se sent un peu coupable de garder ça pour elle.

Décidant de rendre son confrère complice de sa… collation de milieu d’enquête ? Isabela tend le bras pour lui agiter le sac en papier sous le nez.

« Au fait, hé. Vous en voulez ? C’est vraiment délicieux. Juste un peu, euh… Enfin ça brûle un peu la gorge quoi. Surtout quand on n’est pas habitué.»

Soudain, une interrogation particulièrement saugrenue lui saute au nez, et elle reste parfaitement bête en la considérant pendant de longues secondes. Même l’allure de son pas ralentit, ce qui force son voisin à choisir entre se cogner dans son bras tendu, ou à ralentir à son tour.

Elle se tourne parfaitement vers lui.

« Pardon si la question est stupide mais… ça risque pas de vous faire euh… vous savez ? »
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyMar 6 Fév - 23:11

J'ai serré les fesses en entendant « la question va peut être paraître stupide mais.... ». En général c'est le genre de préambule qui amène des mots comme « pince-téton ». J'ai aussi posé mon lot de questions stupides sans m'en rendre compte (et il m'en reste encore beaucoup en réserve) alors je me mets pas à pousser de hauts cris. Je me prépare seulement à être horriblement gêné. Et... en fait, non, ça va. Je suis putain de soulagé. J'aurais pas aimé qu'une très jeune femme me parle de cul. J'aurais probablement bégayé.

- Euh... bah ce n'est pas stupide, y a eu des bouquins écrits sur ce genre de problème, et puis c'est vrai qu'une fois qu'on a appris, c'est difficile d'arrêter de... de faire ça. Chez le médecin par exemple c'est un peu dur de laisser faire. J'ai cru que vous alliez poser des questions sur... sur rien en fait. Bref. Pour des sardines ça devrait aller quoi.

Puis j'ai la dalle et ça sent bon. Mais je deviens tout rouge et je me mets à tousser, évidemment, parce que ça pique. La sérénité d'Isabela m'a induit en erreur. Mais je me téléporte pas. A la limite j'ai été un peu transparent au niveau des orteils, si c'est possible, mais j'ai gardé le contrôle de moi même. Ça aurait été gênant comme se pisser dessus. Je marmonne un truc genre « je me suis fait avoir » et c'est marrant. Donc voilà, t'as vu le seul moment rigolo et pas trop malaise depuis le début. Fallait pas cligner des yeux au mauvais moment. Merci les sardines.
Ensuite on fait le trajet jusqu'aux cabanes, toujours avec des stupides jambes extrêmement lentes. Mes bottes sont pas conçues pour la marche, plutôt pour mettre un coup de pied dans la bouche de quelqu'un. Isabela fait encore le plus gros des efforts pour que tout ne se déroule pas dans un silence gênant, et je puise au fond de moi même les rares notions de conversations mondaines que j'ai pu grappiller. Ça me prend plus la tête que toute l'histoire pour laquelle je suis venu, c'est incroyablement con.

On arrive dans un quartier moche qui sent fort la marée basse. Beaucoup de cabanes en taule. De la corde moisie et des filets de pêche cassés partout. Sur les murs, sur le sol, qui dégueule par les fenêtres et les portes. Des petits vieux tout fripés réparent l'un ou l'autre de ces articles, assis sur des tabourets avec le dos cassé en deux. Tout ce que je déteste. C'est comme des paysans mais sur la mer. Ils sont probablement tous alcooliques et ils ont des arbres généalogiques avec des croix, voire en arc de cercle. Je le sais j'en ai un comme ça moi. Tous des abrutis.

Si j'ai bien compris on cherche un cheval. Il doit pas y en avoir dix milles dans le coin. Les locaux les ont sûrement boulotté. Ce secteur est pas très grand et on tombe vite sur un canasson attaché devant une cabane. Il paraît très saugrenu à cet endroit. Les gens ralentissent et font de grands détours pour l'éviter. Son harnachement n'est pas sophistiqué, mais complètement neuf. Le cuir est tout brillant. On s'arrête pour observer.
On remarque assez vite qu'un type sort très régulièrement vérifier que personne fauche le cheval.

- Je vois pas. Il est armé ou pas ? Ah merde.

Bon vu qu'il est armé on le bute non ? On va pas se prendre des bastos pour être poli et prévenir avant. Y en a qui ont besoin de gueuler des trucs aux gens avec les mains qui tremblent, c'est pas mon cas. Bon le problème c'est que c'est compliqué de tuer les gens en pleine rue, et je préfère pas me téléporter à l'intérieur. C'est une cabane. C'est probablement encombré de merdier, et ça va pas me faire de bien de fusionner avec des meubles aussi intimement. Il faut s'occuper de ce mec pendant qu'il est dehors, tout seul.

- Je veux pas la jouer « discret » si il y a une arme. On va mourir comme des andouilles. Bon, je le désarme et tu arrives juste après. Tu vois quel genre de holster il a d'ici ?

-Si je lui enlève son arme à feu, il y aura pas grand chose qu'il pourra me faire. Sauf si il est très rapide et très fort au couteau. Des fois je me fais avoir avec ça et je finis deux semaines au lit, c'est très pénible. Je prends une grande inspiration. Le monsieur ne sera probablement pas très content de me trouver accroupi derrière lui avec son flingue dans la main. Il va falloir que je lui renvoies ma douleur si il me frappe. Ça me demande de la concentration, des efforts, ça n'a jamais été simple comme la téléportation. Ça fait quelques années que je stagne au niveau de mes pouvoirs, pourtant j'aimerais aller beaucoup plus loin. J'espère que c'est qu'un plateau. Je m'approche juste à un coin de cabane pour m'accroupir à portée.

- J'y vais.

Je me pince fort le bras. Le mec panique en sentant une absence au niveau de sa hanche et se retourne pour me filer un coup de pied dans la bouche. Pourtant c'est lui qui recule en se tenant le visage en gémissant. Je me relève l'air de rien. J'ai des entailles dans la joue parce que mes dents se sont enfoncé dedans de ce coté. C'est ce qui arrive avec les coups de pied. Mais ça cicatrise hyper bien ce coin là alors c'est pas grave.
Je relâche la pression quand Isabela le chope par la gorge en mode costaud. La douleur revient dans ma bouche et mon cœur bat à un rythme plus apaisé. Frimer avec la magie c'est fatigant.

- Y a à qui à l'intérieur ?

Question prioritaire, parce que ça a fait du bruit toute cette affaire. Je mise sur le fait que la cabane est trop petite pour contenir grand monde. Le mec met trop de temps à répondre alors je lui mets un coup de crosse sur le nez. Un geste précis et vif. Isabela n'en est même pas incommodé. Je ressens la satisfaction du travail bien fait en entendant un « crac » avec des notes spongieuses. Note que je pratique pas la magie des bisous et des câlins, qu'on est pas dans une crèche et que personne m'a jamais dit qu'il fallait pas passer à tabac. Casser un nez c'est encore ce que je peux faire de plus sain à un être humain. Ça va plus vite que négocier. Je crache le sang que j'ai dans la bouche avant de parler.

- Y a qui ?

- Juste une pute !

- Armée ?

- Non ! Elle emballe ses affaires.

C'est pas une façon de parler des gens en les qualifiant de « pute », franchement. Je me rappelle que j'ai pas réellement de prétexte pour abattre le gars en pleine rue, ça va encore faire des histoires, du coup je sais pas bien quoi en foutre. Mais le Fort le sait à ma place : il m'a refilé Isabela. Isabela va s'en occuper à ma place.
Je rentre à l'intérieur. Il a une meuf qui a l'air de faire sa valise et de s'habiller en même temps. Et elle est seule. C'est très très bien.

- T'as pas le droit de...

Grosse droite dans sa face. Je cherche un bourge je fais ce que je veux. Je tire la fille par le bras pour aller faire signe à Isabela de rentrer, vu que l'intérieur à l'air sûr. Je cherche quand même du regard si il y a pas un flingue posé sur une table, l'air de rien. Je prends le couteau à pain qui traîne pour bien sécuriser.
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Isabela Velásquez
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyLun 12 Fév - 2:36

Quelque part, après cette matinée si riche en excentricités magiques et en silences gênés, ça fait du bien d’en revenir à l’action. Aux basiques.

On glisse le bras proprement autour du cou, on verrouille, et quand ça commence à gigoter un peu trop on profite de sa taille pour soulever à quelques centimètres du sol la pauvre andouille qui mélange ses priorités. Pas trop longtemps. Juste histoire de lui rappeler qu’un nez pété c’est quand même moins désagréable, dans l’absolu, que de mourir étouffé comme un con en se débattant contre une prise d’étranglement.

Peu désireuse de contrarier son collègue, Isabela le laisse faire, en faisant abstraction du mieux qu’elle peut des fluides tiédasses qui sont en train de lui couler sur l’avant-bras. Pour le reste, elle se contente de faire attention, en maintenant le type, de lui laisser quand même assez d’air, de temps en temps, pour pouvoir répondre aux questions qu’on lui pose.
Un détail qu'on oublie trop souvent et qui est pourtant essentiel au bon déroulement de ce genre d’interrogatoires.

Au final, tout ça n’est pas très concluant. Le frère Izei se précipite à l’intérieur, tandis qu’Isabela s’efforce de calmer le pauvre type qu’il lui laisse sur les bras. Il est encore à moitié sonné, et avec tout le sang qui lui coule dans la gorge, à cause de son nez cassé, l’imbécile commence à s’étrangler. La jeune prieuse finit par relâcher sa prise, profitant de la quinte de toux qui l’accable aussitôt pour lui bloquer un bras dans le dos d'une main, et de sortir une dague de l’autre, dès fois que ça lui donnerait des idées. A vrai dire, elle espère qu’il se tiendra sage, parce qu’il serait assez ennuyeux de devoir suriner ce qui est peut-être leur seule piste dans les environs. Mais bon c’est toujours bien d’impressionner un peu.

Ça dissuade.

Ça dissuade même très bien parce que le type cesse de gigoter – finalement, on est tous égaux face à la présence intrusive d’un objet pointu trop près de notre entrejambe – et se laisse conduire à l’intérieur aussitôt qu’on leur en donne le feu vert.

Le spectacle qui les y attend laisse Isabela un peu sceptique.

« Vraiment, mon frère… ? »

Avec un long soupir, Isabela referme la vieille porte en bois derrière elle, en la claquant d’un coup de botte, avant d’aller jeter Monsieur – elle a bien cherché un surnom à base de « pif explosé » mais son aimable collègue ayant décider de dégommer le cartilage nasal de tous leurs suspects, il allait falloir être plus spécifique – sur une chaise de bois branlante. Une fois qu’il est assis, et qu’il retrouve l’usage de ses deux bras pour s’éponger le sang qui lui dégouline sur la figure, la jeune prieuse se redresse, s’essuie sommairement les mains et range sa dague dans le petit étui à sa ceinture. Juste à côté de son épée.

Puis, avec un regard vaguement compatissant pour la pauvre fille dont l’œil droit ne va pas tarder à enfler, et qui n’a visiblement même pas eu le temps d’enfiler un froque avant de s'en prendre une, elle fait signe à Izei de s’approcher.

« Je propose qu’on fasse un échange, hm ? Gardez celui là une minute, vous voulez bien ? »

Avec un sourire un peu crispé, elle vient enrouler son bras autour de la jeune femme, et prend la place de son collègue tandis que ce dernier vient se poster, couteau à pain prêt à l’emploi, au chevet de leur ami commun.

« Voilà. Maintenant nous on va aller discuter par là-bas. Allez, en avant… »

Madame, donc, une petite brune au yeux gris remplis d’orage – du moins pour celui qui est encore ouvert – se laisse conduire, pas particulièrement plus rassurée, jusqu’au lit un peu crado qui traîne dans un coin de la pièce unique. Isabela l’y assoit, patiemment, en faisant de son mieux pour ignorer la légère étincelle de panique qui s’allume dans l’œil de la jeune fille.

« Je… »

La jeune prieuse n’est pas tout à fait certaine de ce qui est en train de traverser l’imagination de la brune, mais elle a au ventre la certitude glaciale que c’est quelque chose de tout à fait affreux. Et l’idée de s’y savoir associée, même à tort, même en pensée, la dérange profondément.

D’accord, il y a un certain nombre de choses que l’on pourrait considérer comme affreuse, dans le détail de ses états de services, mais jamais elle n’a levé la main sur quelqu’un qu’elle présumait innocent. Le recul instinctif de la jeune femme est compréhensible, bien sûr, surtout au vu des circonstances…

Et pourtant il n’en est pas moins désagréable à constater pour Isabela.

« Bon. Prenez ça. Vous pouvez… » Elle défait l’épingle qui retient sa cape, en essayant de faire les mouvements les moins brusques possibles. La brune lève sur elle un regard particulièrement confus – et légèrement sceptique. Isabela lui répond d’un haussement d’épaules. « Enfin mouchez-vous dedans, si vous voulez, c’est pas grave. »

Elle enroule le vêtement sur les épaules de Madame, avant de se redresser, et laisse la pauvre fille essuyer son museau ensanglanté dans un coin de l’étoffe. Le regard qu’elle lui lance, de son œil valide, est chargé d'une méfiance farouche.

« Et euh… pardon pour mon collègue. Il est un peu tendu. »

Vous comprenez, il sort pas souvent. Il reste beaucoup avec ses petits copains à faire des trucs pas très nets dans leur coin, et puis là il a passé la matinée à se faire plein de p’tites coupures un peu partout… Enfin voilà, ça rend un peu soupe au lait, tout ça. Faut l’excuser.

Madame lève son œil au ciel.

Elle ne reprend pas tout de suite la parole, occupée à jouer avec une de ses incisives, que le choc du coup a visiblement rendue branlante, mais quand elle le fait, sa voix est chargée d’un grondement orageux. Une colère acide, venue du fin fond de ses entrailles fatiguées.

« ‘Faites chier. J’sais rien du tout, moi ! C’est à l’autre tanche qu’il faut demander ! C’est lui qui traîne avec ces fils de chiens de briquetiers !
- Ferme bien ta gueule, Ludivine !
- ‘L’est pas question que j’perde des chicots à cause de toi ! T’as voulu jouer au bandit, bah t’assume tes conneries, maintenant !
- Mais tu vas la boucler, morue ?! »


Le regard d’Isabela passe de l’un à l’autre, avec un mélange de contrariété et de fatigue. Sa main droite s’est machinalement enroulée dans la boucle de sa fibule, et elle contemple un court instant la possibilité de retourner en mettre un coup dans la bouche de Monsieur. Juste pour accélérer un peu le processus.

Ceci dit si elle lui déchausse trop de dents à coup de ferraille, son témoignage, s’ils parviennent à le lui extorquer, risque fort d’être indéchiffrable. Et ils auraient bien l’air finauds, avec le frère, après ça.

« Il s’appelle Frank Jacobi, c’est le fils du boucher qui est dans la rue du Four et moi j’étais juste là pour une passe. » Elle renifle, les narines encore un peu croûteuses, et lance un regard courroucé en direction du pauvre type, qui commence à s’agiter sur sa chaise. « J’ai rien vu d’autre que ses vieilles noix toutes fripées. J’peux partir maintenant ? »

Une drôle de lassitude a envahi Isabela. Elle dévisage la jeune fille un court instant, s’attardant sur l’hématome à présent bien gonflé qui lui déforme la moitié du visage. C’est déjà bien cher payé pour ce qu’a dû lui rapporter la passe en question. D’un hochement de tête, et laissant son collègue s’occuper de calmer les aboiements de Frank, elle fait signe à Ludivine de se lever, et la raccompagne jusqu’à la porte. Là, elle tire encore trois pièces de bronze de sa poche – décidément sa solde va allait finir par y passer si ça continue – et les confie à la brune avant de lui ouvrir la porte.

« Allez, filez. Et pas un mot à qui que ce soit, hm ?
- Pff… C’est compris. »


Visiblement soulagée, mais pas particulièrement ravi du bilan général de sa matinée, la jeune femme empoche l’argent, puis s’en va sans demander son reste, longeant la falaise au pas de course pour regagner la sécurité de son quartier. Isabela referme la porte derrière elle, après avoir jeté un œil au canasson, toujours impassible, attaché au fronton de la barraque.

« Ah merde, j’lui ai laissé ma cape… »

Adossée à la porte, la jeune prieuse se sent un peu stupide, et baisse ses yeux jusqu’à la fibule de bronze, enroulée autour de ses doigts, et à présent parfaitement inutile. Elle va se faire engueuler par l’intendance, en rentrant.

Ça lui apprendra, tiens, à écouter ses élans de chevalerie à la con.

« Bon, comment on fait, vous êtes d’humeur à vous y coller ? » Elle reporte son attention sur la figure mécontente – et déjà pas mal amochée – de Frank. « On va p’t’être éviter de s’acharner sur la bouche, par contre. Il a des trucs à nous raconter, visiblement… »
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyLun 19 Fév - 21:19

Je lève les yeux au ciel par réflexe quand Isabela laisse sortir la fille dehors. En lui faisant la charité en plus ! C'est pas bien de désapprouver une sœur en public, alors afin de dissimuler mon expression je passe ma main dans ma crête. J'en ai pas fait exprès, c'est juste que ça me serait jamais venu à l'idée. Mon opinion politique ultime, la vraie, celle qui brûle au fond du petit organe racorni qui me sert de cœur, c'est qu'on crame tout, tout ces blaireaux et leurs saletés, et qu'on recommence de zéro avec des gens vraiment dévoués à la Ville. Mais je le dis pas à voix haute. Les gens ne comprennent pas.

Je me reconcentre sur Frank, comme un chat en train de fixer une souris particulièrement appétissante. De temps en temps je lui ai envoyé un peu de douleur, en silence, juste pour le mettre au défi de bouger et de finir égorgé par un couteau à pain. Il a encaissé, mais maintenant il est en sueur et il y a beaucoup de peur dans ses yeux. La sœur vient me rejoindre.

- Pas de problème, je peux taper ailleurs. Si vous préférez sortir je comprends.

Je soupèse le flingue de mon nouveau copain, théâtralement. Je compte pas tirer dessus, mais c'est fou ce qu'on peut faire avec quelques kilos de métal bien appliqué. Je passe ma langue sur les plaies à l'intérieur de ma bouche. Ça va se payer ça.

- Tu peux poser ta main sur la table, Frank ?

- Non ! Restez mademoiselle s'il vous plaît ! Me laissez pas avec lui !

Je lui mets un vigoureux coup de crosse dans la rotule. Il se met à brailler. Je lui mets un morceau de tissu sale qui traînait là – je crois que c'est un sous vêtement à la dame – dans la bouche, sans me faire mordre les doigts. Faudrait pas alerter le quartier. C'est un numéro que j'ai fait plusieurs fois, je le connais bien. Il est pauvre, mal nourri, terrifié, et moi je sais taper comme un sourd là où ça fait mal. Il y a vraiment besoin de détailler ? Je lui redis de poser sa main, puis je lui écrase contre le bois avec un autre coup de crosse. Il commence à se noyer dans sa morve alors je retire le tissu. J'ai même pas besoin de l'attacher. Il est complètement niqué et il le sait. Il essaye même pas de se protéger. Petite merde.

- Vous avez même pas posé de question !

- Ah oui ? Bah essaye de me dire des trucs qui m'intéressent, au hasard, et je t'arrête quand c'est bon.

Je crois qu'il est déjà bon pour une boîterie invalidante et une belle fracture de la main. A la réflexion, une paire de gifle aurait suffit, en fait, mais c'est pas facile de doser ces choses là. Je m'en fiche un peu, le résultat est toujours le même finalement.

- Le-le-le fils Fland y... y...

Je vais te faire une retranscription sans morve, sans sanglots, sans bafouillement. En gros le fils Fland voulait se faire passer pour mort afin de ne pas rembourser certaines dettes. Si nous étions allé à l'auberge où le cheval a eu les jarrets tranchés, on aurait trouvé un cadavre lui ressemblant, le visage hélas réduit en bouilli par une balle à bout portant. Là mon super copain Frank il était passé chercher un canasson de secours quelques affaires, et une pipes auprès d'une professionnelle compétente. Le fiston devait sortir de la ville dans une heure, il aurait touché sa thune et ça aurait été parfait. Le mec mort dans la maison ? Un témoin gênant, un serveur de l'auberge. Une bévue. Et donc, il est où le fils Fland ? A l'auberge de la Tête du Prince, dans la Borée, il attend son cheval de secours – puisque l'autre servait d'appât.

Je sors mon propre couteau, beaucoup plus tranchant qu'un couteau à pain. Il faut l'égorger non ? Il a tout dit. Ça me semble plus simple que de l'avoir dans les pattes, mon nouveau copain Frank.
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyVen 9 Mar - 21:48

« Whoa, mon frère. Ne faisons pas d’excès de zèle. »

Avant même de réaliser tout à fait que ses jambes se sont mises en mouvement, Isabela fait deux grands pas vers le milieu de la pièce –  d’où elle s’était retirée pour laisser son collègue… travailler en paix ? – et s’interpose entre les deux hommes. Levant les mains devant elle, la jeune prieuse fait de son mieux pour ne pas entrer en contact directement avec son collègue – vu le regard qu’on lui a lancé la dernière fois qu’elle s’est essayée à l’exercice... – mais parvient sans trop de problème à incruster son imposante présence dans la petite bulle d’intimité qui a entouré Frank et son tortionnaire.

Sur sa gauche, le pauvre Frank commence à s’agiter, réalisant avec quelques secondes de retard sur le reste de l’assemblée ce qui est en train de se jouer devant lui. Isabela se contente de tendre sa main gauche et de le rasseoir fermement dans sa chaise, sans même le regarder. Sa prise est suffisamment serrée sur son épaule pour que même son cerveau embrumé par les coups réalise la futilité d’éventuelles protestations.

Elle est prête à défendre son droit à continuer d’exister, mais pas celui d’essayer d’emmerder le monde.

« Même s’il nous a dit tout ce qu’il sait, et que par chance il a dit la vérité… »

Parce qu’on n’est tout de même pas à l’abri que la grande andouille ait balancé tout ce qui lui passait par la tête pour qu’on arrête de lui casser des os et des articulations, en se basant sur ce qu’il estimait que ses tortionnaires voulaient entendre. Ou ce qui serait le moins incriminant pour lui.
C’est sans doute accorder beaucoup de crédit à Frank « Je me fais tailler une pipe pendant le service » Jacobi, fils de boucher et escroc à la petite semaine, mais tout de même.

Il ne faut pas négliger cette possibilité-là.

« Les Fland ont de l’influence. Leur ramener leur fils par la peau de fesses c’est une chose, mais l’accuser de conspiration, de mensonge et de meurtre ou complicité de meurtre, sans le moindre témoin, et en laissant derrière nous plus de cadavres qu’on en a trouvé… »

Elle pince ses lèvres, ses doigts s’enroulant et se déroulant nerveusement autour du métal de sa fibule, qu’elle tient toujours en main. Elle n’est pas mauvaise en diplomatie, d’ordinaire, mais les circonstances n’arrangent rien.

« Ce n’est pas la plus judicieuse des approches. »

Oh, évidemment, le prieuré trouvera bien le moyen de couvrir leurs arrières, si jamais ils se décident à semer des cadavres dans leur sillage. On est plutôt doué pour soutenir les frangines et les frangins, quand ils dérapent, dans le coin. En particulier les vicaires.

Car bien que toutes les bavures ne puissent pas être imputées à l’honnête et inéluctable faillibilité de l’Homme, quand on représente à la fois l’armée et la justice, il est essentiel de conserver une certaine image, même illusoire, d’irréprochabilité.

En ce qui concerne Isabela, elle est de l’avis plutôt naïf – mais honnête – que, dans la mesure du possible, c’est toujours mieux d’essayer de faire son travail proprement et justement. Sans oublier, bien sûr, de prendre en considération l’idée que la ville est tout autant composée de ses citoyens qu’elle l’est des pierres de ses murailles.
Concept heureusement pas si révolutionnaire parmi les brigades de l’urbaine, mais qui parfois échappe à ceux qui vivent loin des poumons industriels de la cité.

« Ni la plus juste, à mon avis. Il vaut mieux attendre d’avoir… comment dire. Mené l’enquête à son terme ? Ou au moins compris avec certitude ce qui s’est réellement passé, avant de rendre des jugements quels qu’ils soient. »

Après tout, le Frère Izei est un peu hors de son élément ici. Elle ne peut décemment pas lui reprocher d’être moins familier avec les habitudes d’intervention de l’urbaine, lui qui avait plus souvent vu les champs de bataille que les ruelles basses d’Excelsa.
Cet homme – ce frère – à qui l’on doit plus souvent demander de « faire impressionnant » que ce soit au-devant d’ennemis féroces ou d’élèves sceptiques, il n’est pas compliqué de voir pourquoi son cœur penchera toujours en faveur de méthodes plus… expéditives que nécessaire.

C’est probablement la raison pour laquelle on l’a envoyée avec lui.

« Quant à… Frank, s’’il est directement impliqué dans la mort du serveur, alors il sera exécuté. Mais si ça n’est pas le cas alors son crime ne mérite pas la peine capitale. Il doit être soigné puis mis en place publique. »

D’autant que dans la jolie histoire qu’on vient de leur raconter, il y a plus d’un cadavre, et encore un paquet de zones d’ombres que le témoignage du pauvre apprenti boucher n’a su éclairer. Son degré réel d’implication dans les deux morts compris.

Evidemment, Isabela est bien consciente que ces considérations là risquent de les retarder. Ils ne disposent que d’une seule heure avant la mise en route des plans supposés du fils Fland, et n’ont ni le temps ni les moyens d’acheminer Frank jusqu’à un hospice où une caserne. Pourtant, le sort de la ville n’était pas en jeu. La Cité ne serait pas mise en péril par la fuite d’une bouture de patronat endetté jusqu’au cou. Aussi les circonstances ne justifiaient pas non plus que l’on se torche avec la notion de justice comme avec un vieux journal.

Sous le regard brillant d’un mélange de panique et d’espoir qu’a soudain braqué sur elle le pauvre nigaud, Isabela croise les bras, pensive, remuant tous les neurones de sa soupière pour essayer de faire coïncider les pièces du puzzle.

Il doit bien exister un moyen de concilier l’existence prolongée de leur prisonnier avec une intervention rapide à l’adresse que ce dernier leur a indiqué, pas vrai ?

« Je… je propose que nous l’entravions pour le laisser ici. » Bon, ça c’est un début pas trop bancal. Vu son état, et avec quelques entraves dans les pattes, il est plus qu’improbable que Frank parvienne à sortir d’ici sans leur assistance.« Il n’y a quasiment pas de passage, ici. Et le peu de pêcheurs qui traînent ont autre chose à faire que d’aller fouiller les cabanes miteuses de leurs voisins. »

Quelques lignes de concentration viennent plisser le front épais d’Isabela.

« Et puis… si nous croisons une patrouille, nous pourrons leur dire où le trouver, ou… dépêcher quelqu’un de l’hospice. Et… si c’est le cas, du renfort ne nous ferait probablement pas de mal non plus. »

Ses mains se sont nouées l’une à l’autre, dans un réflexe légèrement nerveux, et tandis qu’elle cherche le courage de venir confronter le regard de son collègue et aîné, son pouce retrace les bords grêlés de sa cicatrice. Est-ce qu’elle a eu tort de le contredire ?
Jusqu’ici le frère Izei s’est montré plutôt conciliant, malgré la divergence de leur méthode, mais à cet instant, elle ne peut pas s’empêcher de penser qu’elle vient peut-être de dépasser les bornes.

Le parquet grince méchamment sous ses bottes alors qu’elle le piétine, toujours à moitié coincée entre Frank et le vicaire, et tente de mettre sur ses lèvres le sourire le plus aimable qu’elle le peut.

« Je m’en voudrais de remettre en cause votre jugement, mon frère, mais je préfèrerais vraiment éviter de… bâcler une tâche qui m’a été confiée directement par mon responsable de caserne.
- Ouais hein ? Faut pas me bâcler !
- Oh, et vous fermez-là ! Vous n’arrangez pas votre cas. »


Emportée par l’élan de sa crispation, elle se retourne, levant une des pelles à tarte qui lui servent de main avec l’intention de l’étaler solidement sur le nez du pauvre crétin, là-derrière, mais se ravise au dernier moment, alors que ses yeux se posent sur le tas d’ecchymoses et de sang coagulé qui lui sert de visage.

On avait dit qu’on épargnait la bouche, après tout.

Elle soupire. Au moins ça suffit à fermer la grande gueule de Frank. Elle reporte son attention sur Izei.

« C’est un abruti et un complice, et peut-être qu’il mérite la peine capitale, je n’en sais encore rien, mais… c’est aussi un citoyen de cette ville. Et accessoirement un témoin qui peut encore servir. »
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyMer 14 Mar - 10:54

- Oui euh... ça me semble... raisonnable. On va faire comme ça. Mais j'ai pas de menottes ni rien.

Une corde c'est pas l'article le plus rare dans le coin, et Isabela se met à chercher. Moi j'ai rien contre les droits du citoyens tant qu'on me fait pas perdre de temps avec ça. En discutant cinq minutes, peut être que j'admettrai que dans l'absolu, ne pas tuer les gens si on a le choix c'est bien. Mais quand on ne les tue pas ça pose plein de problèmes logistiques comme « qu'est ce qu'on en fait » et « il va bien falloir le nourrir à un moment ». Moi j'ai pas envie d'attacher ce mec avec du matériel qui est pas homologué par le Fort. A tout les coups ça va être une corde pourrie et le gars va se faufiler dehors comme un serpent pour nous mettre un coup de couteau dans le dos. Mais dans le fond, quand on y réfléchit, Isabela a raison. On ne peut pas tuer les gens parce qu'ils nous encombrent. J'aurais jamais assez de balle pour finir le travail.

D'ailleurs, une fois l'étape entrave finie (j'ai poussé deux sacs crado du bout de la botte pour participer aux recherches), on doit retourner dans le putain de dehors. Faut que je fasse un effort. J'ai pas envie que la sœur se fasse disputer par son chef à cause du chemin de cadavres que je laisse derrière moi. Après je vais encore passer pour un barjot. Genre le gamin bizarre qui a pas d'ami et qui mange la colle. J'aime pas que mes collègues me voient comme ça je t'ai dit.

Donc, on marche encore. C'est fou ce qu'on marche aujourd'hui. Les rues sont étroites et évidemment j'ai aucune idée d'où je vais, c'est Isabela qui guide. Pourquoi je foutrais les pieds dans une auberge ? C'est pour les gens qui voyagent. Tu m'imagines voyager ? Pas trop hein ? En plus y a des gens partout. Plus qu'avant. Je sais pas à quoi c'est dû ce flux de population. Est ce qu'il y a un marché dans le coin ? Un mec qui distribue de l'argent ? En plus j'ai cru apercevoir un forain au loin, par dessus les têtes. Un mec qui jongle avec des chiens ou un putain de clown, je sais pas. J'interpose la sœur entre moi et la menace. Elle a une carrure qui donne envie de se cacher derrière. Je déteste les forains, entre autre. En fait je déteste toute l'engeance des gens habillés bizarrement qui t'abordent en braillant : les étrangers, les enfants, les prostitués, les vendeurs de trucs, les forains. Il y a beaucoup trop de foule pour que j'encaisse de l'attention sans criser. Je respire dans le creux de mes mains quand la sœur ne regarde pas pour ne pas hyperventiler. Ça fait combien de temps que je ne me suis pas forcé à marcher dans une rue comme ça ? En plus Isabela n'a même plus de cape, j'aurais pu esquiver tout ce foutoir et passer par les toits. Oui OK elle ne pourrait plus me guider, mais je sais pas... on aurait pu y réfléchir. Enfin maintenant c'est trop tard on est perdu dans les connards qui puent. J'ai l'impression de respirer de l'air très usagé, qui est passé par des centaines de poumons avant les miens. Et donc j'étouffe. Ça me rend fou d'être comme ça.

- N'empêche... quelqu'un doit vouloir faire une crasse à votre frère Vitalis pour m'envoyer. Je veux pas me mêler de ce qui me regarde pas, je dis ça comme ça.

Et le sale branle couille qui me mêle à sa gue-guerre, quand j'aurais mis la main dessus, il va apprendre à considérer les dommages collatéraux avant de foutre les petits copains dans la merde. Jusque là j'ai rien dit, mais me faire traverser une foule c'est vraiment la goutte d'eau qui fait déborder le vase. C'est pour ça que je me permets des commentaires intrusifs sur les relations du chef d'Isabela. J'aimerais bien qu'elle me lâche un nom, que j'aille mettre des coups de pompe dans le cul à qui de droit. Salaud. Je suis à deux doigts de faire une crise d'angoisse en public. Ça va se payer.
Les coups bas entre Prieur, ça arrive, et c'est la plupart du temps de ce niveau là. On est que des humains après tout. Je me sens pas concerné parce que pour se disputer avec quelqu'un, il faut déjà lui parler, et de toute façon j'ai autant d'ambition qu'une amibe – enfin une amibe qui voudrait travailler sa magie peinard. Y a rien à gagner en m'emmerdant.

Mais au final, on arrive dans une zone où y a moins de monde. Je ne me suis pas roulé en position foetale par terre pour pleurer. Victoire. Ah oui il faut trouver une patrouille non ? J'ai tracé comme un fou à cause de la foule je... je me déconcentre un peu. Une partie de moi à envie de faire un plongeon à poil dans des éclats de verre pour se téléporter jusqu'à une île déserte. Mais il faut trouver une patrouille. C'est vraiment une sale mort de crever de faim accrocher à une chaise parce que le flic qui aurait dû s'occuper de toi a des troubles anxieux. J'ai pas trop de soucis avec les passages à tabac, mais faut pas mal faire les choses. C'est tout.
Encore une fois, le Fort, dans Son ultime perfection, a tout prévu : il m'a filé Isabela. C'est Isabela qui va parler aux autres Prieurs. Quand on croise des mecs en rouges qui viennent dans notre direction je marmonne une demande à ce sujet. Je veux pas me dépatouiller de l'explication de « ouiiii alors j'y ai tapé dessus mais je croyais qu'il avait kidnappé un noble moi ». J'explique très très mal quand il ne s'agit pas de magie. La sœur présente beaucoup mieux. Déjà parce qu'elle a pas le teint pâle avec des cernes d'être restée trop enfermée, que je suis un vieux nain blond complètement ridicule à coté et qu'elle a pas l'air de répéter ses phrases dans sa tête avant de les dire. Les deux Prieurs jettent un petit coup d'oeil à mon uniforme et l'écoutent. La coupe de celui des vicaires est un poil plus « pyjama » pour les cabrioles nécessaires à la téléportation et j'ai du merdier pour me torturer tout seul accroché à la ceinture. Du coup ils posent pas de question et tout ces trucs pénibles. Bon, quand même, ils demandent pour quel motif le mec doit se faire embarquer. C'est légitime. Isabela coince un peu, forcément. On laisse pas les copains dans le caca alors je fais un effort :

- Baaaah je croyais qu'il avait enlevé quelqu'un alors j'y ai un peu tapé dessus, mais là je suis plus sûr alors il faudrait juste nous le garder au chaud deux trois heures le temps qu'on comprenne bien toute l'histoire, quoi.

Personne ne prend feu ou me pointe du doigt en riant parce que j'ai parlé, je peux arrêter de suer en me tripotant les cheveux. On reprend notre route.

Trois ampoules aux pieds plus tard, on arrive. Je vais pas faire une description de l'auberge parce que j'ai rien à en dire. Y a des murs, des fenêtres et des gens bruyants. C'est pas très très bourge. Ça a l'air bas de plafond. J'aime pas les endroits bas de plafond.
Bon on fait quoi ?
Parce que théoriquement, on a un mec qui s'est kidnappé tout seul ou peut être pas. Qui c'est le méchant ? Il faudrait mettre au clair cette histoire. Dans tous les cas je dois me mettre apte à me téléporter.

- Euh... faut que je fasse un truc, regardez pas s'il vous plaît.

Je sors un machin en métal noirci avec un joli manche que je chauffe avec un briquet tempête, caché derrière une poubelle. Puis je me brûle derrière le genou droit. C'est vraiment une belle image. C'est cool ça fait bien mal, de la peau de blond toute fine avec des grosses veines bleues, avec ça je vais y aller pour un moment. De retour auprès de la sœur :

- Hm... j'ai pas l'habitude de l'approche polie, mais faudrait la tenter quand même vous avez raison. J'aime pas la configuration de ce bâtiment et je sais même plus sur qui je dois taper.

La prise de parole avec Isabela devient un poil plus facile, mais la partie de mon cerveau en train de paniquer en permanence est sensible aux efforts qu'elle fait depuis deux heures pour être sympathique. Du coup on rentre et on demande à l'aubergiste où que c'est la chambre de Frank. Il dit en haut en face de l'escalier. Des fois c'est aussi simple que ça.

Ça me fait bizarre de rentrer quelque part les mains vides, sans flingue dedans. J'ai l'impression en permanence d'avoir oublié un truc super important ça me stresse. Donc voilà la chambre, que je n'ouvre pas d'un coup de pied. C'est le mode poli.

- Mais euh... on frappe à la porte et tout ?

Bah euh oui. Je me faufile à l'intérieur en premier parce que c'est moi qui ait le pouvoir de m'enfuir très vite. Mais ça ne me fait pas plaisir.

- Euh... Fran...

Et là dans la seconde je me prends une grosse droite sur la tempe, qui a jaillit du coté où je regardais pas. Je vois plein de couleurs. Je me téléporte sur le lit. La chambre est très petite, un mec s'était caché derrière la porte et il tient un gros tisonnier. Tout ce que je calcule c'est qu'il est costaud et qu'il est en train de lever le bras pour frapper la sœur. Je me téléporte sur lui, j'ai pas le temps de dégainer. Comme j'ai dit j'ai pas haut de plafond alors soixante quinze kilos de blondinet sont apparues sur ses épaules pour essayer de lui casser le poignet. Il est plus grand que moi ce con, c'est pas le petit clodo de tout à l'heure dont j'ai cassé le nez sans y penser. Il tombe en arrière, déséquilibré. Je me dégage de là pour retourner sur le lit avant qu'il ne m'écrase comme un bœuf. De toute façon la chambre est pas assez large pour qu'on s'allonge au travers, il part faire un trou dans la cloison minable de l'auberge.

Pendant ce temps un mec sort d'une autre chambre pour jaillir derrière Isabela avec le meurtre dans les yeux. Tout ça se passe très vite, mais c'est là dedans que je suis très fort, la vitesse. C'est juste dommage qu'on soit dans un très petit espace où j'ai quasiment aucune option. Putain de couloirs étroits et de chambres au rabais.

En fait, concrètement, mis à vitesse réelle, j'ai l'air d'un papillon coincé dans une vitre. Voilà. Dans l'escalier il y a des gens qui viennent voir ce qui se passe, donc ils bloquent, et je peux pas me téléporter si je ne vois pas où je vais – au risque de finir en purée de fraise fusionné dans un meuble. Le second mec est pas du tout démonté par le fait que je me téléporte et il agite un couteau dans tous les sens (ce qui est la meilleure stratégie pour m'emmerder), et le premier se relève tranquillement. Au moins Isabela a pas fini avec un trou d'aération supplémentaire dans le dos au bout de deux secondes.

Et ce qui se passe ensuite c'est que je me fais pulvériser par le mec avec le couteau. Il me troue pas mais il m'attrape avec son autre main. Concrètement j'approche de la cinquantaine, j'ai un peu d'arthrose partout (bah oui ça commence) et il me démet l'épaule droite très facilement quand il me balance sur un gros broc en métal comme si j'opposais autant de résistance qu'une biscotte. Une très vieille biscotte au fond d'un placard. J'essayais de sortir un flingue entre deux coups de couteau qui me laissent peu de marge pour esquiver.

Je lui envoie toute ma douleur, ce qui me laisse le temps de sortir mon autre arme avec ma main gauche – je suis droitier. Je tire. La déflagration résonne au maximum dans ce petite espace, c'est insoutenable. Quand la douleur me revient je manque de m'évanouir, le recul du flingue m'a fait beaucoup de mal sur une épaule démise. Par réflexe j'ai tendance à me dématérialiser sur place quand la souffrance excède mes capacités. Là c'est un peu le cas. Il faudrait que sœur Isabela me sauve le cul.
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyVen 27 Juil - 23:48

BANG !

La déflagration du pistolet claque plus brutalement que la lanière d’un fouet contre le tympan droit de la prieuse, et elle en perd l’équilibre, un court instant, s’effondrant contre le chambranle de la porte. Elle se penche dans le couloir, légèrement hagarde, et la cervelle vrillée d’un atroce grésillement suraigu, juste à temps pour apercevoir leur second assaillant – un brun au cheveux bouclé, coincé dans une veste puante en mouton retourné – tituber dans sa direction.

L’épaule pleine de plomb, il braille avec la détresse aveugle du nouveau-né, et son bras racle le mur tandis qu’il recule dans le maigre couloir. Le frère Izei, lui, a atterri un peu plus loin, dans ce qui semble être une sale posture. Allongé sur le sol, le teint un peu mourant et la main enroulé autour de son épaule, il tente de lui gueuler une instruction, mais celle-ci se perd un peu dans le chaos environnant.

De toute façon, la situation est claire. On en est plus vraiment au stade où il faut s’échanger des instructions. Quand les coups commencent à pleuvoir, il n’y a que les imbéciles qui restent à discuter de la météo.

Sans plus de préambule, et retrouvant un semblant d’équilibre sous ses talons, Isabela met un pied dans le couloir, agrippe une poignée de cheveux gras à numéro deux, et le tire en arrière d’un coup sec. Le type brâme un peu plus fort, dissipant le reste des curieux figés de trouille, dans les escaliers, et que le coup de feu n’avait pas suffi à faire décamper un instant plus tôt, puis il s’effondre sur le dos dans une cacophonie de gargouillements énervés.
La prieuse s’applique alors à le faire taire à coup de bottes dans le pif, leurs positions respectives s’y prêtant admirablement bien. Il n’y a pas beaucoup de gloire à déchausser de l’ivoire aux types qui sont par terre, mais ça a le mérite de drôlement bien les empêcher de se relever. Quelques coups suffisent à le sonner pour de bon, et surtout – surtout ! – à transformer ses meuglements en gargouillis, ce qui fait le plus grand bien aux oreilles d’Isabela.

« Bah voilà qui…»

Le reste de sa vantardise se fait aussitôt et très grossièrement happer par l’élan d’un bras musculeux, qui se noue autour de sa gorge sans qu’elle l’ait entendu approcher, et coupe net le flux de sa respiration. C’est à son tour de gargouiller de panique, trainée à l’intérieur par le grand blond qui les avait attaqués en premier. Son front se heurte au linteau moisi de la porte, alors qu’elle gesticule pour essayer de se défaire de la prise, sourde à tout autre chose que le sang qui vrombit contre ses tempes.

Son adversaire, quoi que robuste, fait une tête de moins qu’elle, et la chose s’avère plus qu’handicapante pour la jeune prieuse. Tirée vers le bas, et à moitié arcboutée vers l’arrière, aucun de ses coups ne semble parvenir à atteindre leur cible, dont les muscles se contractent plus férocement à chaque seconde. La bave aux lèvres, le front criblé de veines et les poumons prêts à éclater, Isabela commence sérieusement à ressembler à ces taureaux, couverts de banderilles, qui sentent avec effroi la mort s’approcher d’eux.

Dans un élan d’inspiration comme seul le désespoir le plus absolu sait les concocter, sa main gantée se détache du bras qui la retient, et file à sa ceinture pour se refermer sur le manche de sa dague. Ses mouvements sont tremblants, et ses pieds dérapent dans la poussière tandis qu’elle cherche désespérément son équilibre. Le frère Izei, lui, semble encore aux prises avec le complice, qui l’a retenu à la porte. Il y a des étoiles qui commencent à crépiter en périphérie de sa vision.

Elle n’aura probablement qu’une occasion de frapper.


Le coup est rapide. L’effort, surhumain. Elle a l’impression que son bras est lesté de plâtre mouillé tandis qu’elle le soulève, pour planter sa dague dans le biceps de son assaillant. La lame ne pénètre pas très profondément dans le muscle bandé, mais la douleur est suffisante pour surprendre et Isabela sent l’étau sur sa gorge se faire plus lâche, l’espace d’un instant. Agrippée au manche de sa dague comme un noyé à une planche, elle insiste, malgré les remous, touillant et tournant l’arme dans la chair sanglante sous les grondements du colosse qui finit par la lâcher.

Elle s’effondre dans un grand fracas de toux et de métal, avant de rouler péniblement sur le dos pour contempler son adversaire se prendre une balle en plein dans le poitrail. L’homme titube, heurté par le recul, avant de cogner à nouveau dans la cloison. Isabela, elle, continue de reprendre très bruyamment sa respiration, le blanc de ses yeux rendu rose par l’éclatement des veinules, et le menton gluant de sang et de salive.

Lorsqu’elle parvient à se redresser sur un genou, la gorge encore sifflante, et à dégainer la courte épée qui dormait dans son fourreau, le combat parait achevé. Il ne reste plus grand-chose du brun à l’odeur de chien mouillé, qui gît en travers de la porte, quant à son comparse, il s’est adossé au mur, juste à côté de la fenêtre ouverte, les deux mains nouées autour de son ventre. La tâche plutôt laborieuse d’empêcher tout son sang de filer par le joli trou qu’on venait de percer sous ses côtes l’a rendu curieusement docile, et ça n’est pas plus mal.
S’approchant de la fenêtre, pour y trouver l’air frais qui semble manquer si désespérément à ses poumons, Isabela le tient en respect de la pointe de son arme, mais c’est plus pour la forme qu’autre chose. Dans son état, il ne se relèvera pas tout seul.

Pour accéder à un oxygène moins vicié que celui qui encombre la petite chambre, l’imposante prieuse doit se plier en deux, et passer toute sa tête par la fenêtre. Quelle n’est pas sa surprise, cependant, de tomber, ce faisant, nez à nez avec la tronche piteuse d’un certain blondinet au port de noblesse, bien moins noble, de son état, tout agrippé à une rambarde de fer forgé qu’il est, visiblement incapable de se laisser tomber un étage et demi plus bas. Il a l’air à bout de force, et la morve lui pend même au nez, tandis qu’il lève un regard terrifié dans sa direction.

Si elle avait assez d’air dans la poitrine, Isabela en soupirerait bien très profondément. A la place, elle tend un bras pour attraper le fils Fland par le col, et le hisser sans précaution aucune à l’intérieur de la chambre. Le type atterrit mollement, tout tremblotant sur le parquet pourri, les bras visiblement vidés de leur force par son petit tour d’apprenti voltigeur.

A bout de souffle et de patience, Isabela vient l’épingler là comme un cafard en lui collant le talon de sa botte au milieu du dos, puis, sentant la lassitude la gagner, à mesure qu’elle inspecte le résultat de leur altercation, elle relève les yeux vers son compagnon d’arme.

« F…aut…»
Sa voix est faible, et granuleuse. Sèche comme du papier de verre, elle irrite l’oreille qui la réceptionne autant que la gorge qui la produit. Quand au souffle, il l’abandonne tous les trois mots à peu près. C’est affreusement frustrant, en plus d’être douloureux. « Ram’ner… ces zouaves…»


La prieuse s’interrompt, le temps de laisser passer une grosse quinte de toux et quelques glaires.

Entre les deux amochés, et le fils prodigue à ramener en un seul morceau pour que son père soit témoin de son jugement, ils n’auraient jamais assez de bras et encore moins l’énergie de les transporter. D’autant que le frère n’avait pas l’air dans la meilleure des conditions, lui non plus.

« ‘Faut trouver… une c-charrette… ou quelque chose… je… surveille le morveux… »

Pensive, mais surtout très fatiguée par cette mission qui n’en finit pas de se compliquer, Isabela entreprend d’essuyer toute la crasse de son visage dans le creux de sa manche. Ça ne changerait malheureusement pas grand-chose à son allure générale mais au moins elle aurait un peu moins la sensation de s’être vomi dessus.
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyVen 3 Aoû - 16:29

Sœur Isabela fait très peur maintenant que toutes les veines de ses yeux ont explosé. J'ai jamais vu ça sur quelqu'un de vivant. Il l'a bien étranglé l'autre. Sa voix est à la hauteur de son regard : même un type avec la pire bronchite du monde fera jamais ce bruit là. On dirait qu'il y a du gravier là dedans. Là, j'dois reconnaître, avec l’œil du professionnel, qu'on est pas passé loin d'un décès. Je ne me félicite pas d'avoir tiré à temps, je me traite de sale con d'être arrivé aussi tard. Faut me comprendre aussi : Isabela n'a vraiment pas une tête de mission réussie.

Enfin j'ai mes problèmes aussi. Un seul, à vrai dire, qui occupe mon univers entier : j'ai un bras plus bas que l'autre. L'épaule démise de tout à l'heure. Elle est toujours là. J'ai essayé de le remettre à sa place tout seul, mais ça a pas voulu. Pas assez détendu. Dans le contexte, je pouvais pas faire mieux. Des gens voulaient nous tuer. Mais se balader et faire la bagarre, dans cet état... Je pue la détresse. J'ai la tête d'un type qui n'a plus qu'un objectif en tête : trouver quelqu'un pour lui remettre l'humérus à l'intérieur. Si j'étais pris en photo en flou, de dos, tu te dirais « tiens, cet homme a abominablement mal ». Même si tu me voyais dans le brouillard, de nuit, avec de la cataracte tu dirais encore « ah celui là il douille bien ». Et même si tu me montrais du doigt à un aveugle à deux cents mètres de distance à travers un mur de béton armé il dirait « ah, lui il souffre, non ? ». C'est insupportable. J'arrive à peine à rester réel le temps de lâcher entre mes dents serrées :

- 'te laisse ça. Au cas où.

Le mec agonisant se met à gémir avec toute l'énergie qui lui reste. C'est pas un sursaut de vie. Je suis en train de lui refiler ma douleur le temps de me pencher pour délicatement poser un flingue aux pieds de sœur Isabela (bah oui, j'allais pas jeter par terre une arme chargée, même avec une seule balle...). Ça m'embête de la laisser toute seule, même si y a pas le choix. Je lui laisse ce qu'il me reste de munition. Je ne peux pas recharger avec une main. J'espère qu'on apprend à tout le monde à se servir d'une arme au moins une fois. A mon époque ça ne se faisait pas. Trop cher.
Ensuite je me barre par une des fenêtres qui a été brisée dans l'affrontement.

Cette fois ci il n'y a pas de « oh non c'est la foule dehors », pas d'ampoule aux pieds, pas de « il fait trop chaud ». Je bondis de toit en toit comme un colibri fou à la recherche de collègues, d'une chapelle, d'une énorme défonce à la morphine, de la charrette promise. N'importe quoi. Heureusement les lieux de culte ont une architecture assez typique, y a les armoiries de la Ville en gros dessus. Même avec les yeux plein de larmes, ça se trouve.

Ça panique dans les rangs quand je déboule au milieu d'un mariage, d'une prière collective, d'un jugement, qu'est ce que j'en ai à foutre. Je me téléporte près du mec en rouge qui a l'air le plus éveillé. Son visage prend l'expression de celui qui réalise la quantité de merde gigantesque qui est en train de lui tomber dessus. Moi je mobilise toute mon énergie pour rester réel, arrêter de clignoter comme une ampoule mal vissée et ne pas envoyer de la douleur partout autour de moi comme un babouin. J'ai l'impression d'avoir les nerfs de tout le monde au bout des doigts, il suffirait d'une légère poussée pour me sentir beaucoup, beaucoup mieux. Mais non. J'explique à mots hachés, en laissant tomber les déterminants, les verbes, ces conneries. Nom de l'auberge. Charrette. Quatre personnes, dont deux morts, un coupable, une Prieuse blessée. Maintenant. Où est le placard à pharmacie avec-la-morphinemercibeaucouphaaaaarg.

Ça a été l'intraveineuse la plus rapide du monde. Ils en avaient trois seringues toute prêtes, comme dans les manuels, adorablement rangées dans une petite boîte avec du coton pour pas que le verre se brise. J'ai fait ma meilleure tête d'orgasme en quelques secondes. D'une, ça rend ma vie beaucoup plus supportable, de deux je ne suis pas obligé de me concentrer en permanence pour ne pas m'envoyer dans un mur ou torturer quelqu'un sans faire exprès. OK ça va être plus long d'aller voir le médecin comme ça, mais... mais j'en ai rien à foutre putain !

Bon maintenant... la charrette, sœur Isabela. Médecin pour l'épaule. Je ne peux rien faire de plus, c'est mes seuls objectifs de la journée. Je titube vers la sortie, avec mes pieds puisque je n'ai plus que ça. J'ai emporté la boîte. Je ne sais pas, en fait, si la sœur est sérieusement blessée ou non. J'ai juste vu ses yeux tout rouges, sur la fin c'était assez confus... enfin là, maintenant, dans cette chapelle, en pleine montée d'opiacée, je me suis dit qu'elle serait assez contente que quelqu'un lui apporte des anti-douleurs.

La fameuse charrette a mis deux longues, longues minutes à arriver. La leur habituelle d'ici était occupée qu'ils ont dit, alors ils ont emprunté celle du boucher à coté. Il a l'habitude, ça leur arrive tout le temps. Pas assez de panier à salade pour ce coin pourri. Mais ils ont des menottes ! Pas de civière par contre. Elle est cassée.
J'en ai rien à foutre, ma seule préoccupation c'est de savoir comment je vais monter à l'arrière. J'ai failli pleurer de soulagement quand j'ai vu qu'il y avait une petite marche. J'ai pas à escalader. Oh merci Myre d'avoir permis ce progrès technologique. On peut même s'asseoir sur le truc pour accrocher les carcasses ! Je vais m'écraser dans un coin, toujours un bras enroulé autour de l'autre, qui pendouille tristement. Je n'ai mis que quelques secondes à faire le trajet jusqu'à la chapelle, mais le retour... bon sang c'est long. Il faut suivre la trajectoire des rues, déjà. Et puis le boucher il a pas acheté son matériel dans l'idée de faire des pointes de vitesse. Je crois que je pique du nez, je ferme beaucoup les yeux en tout cas, dans une attitude digne des meilleures salles d'attente de CSAPA. C'est pas la plus mauvaise façon de profiter d'un trip. J'ai vu vite fait deux personnes partir avec la charrette, et puis une patrouille nous a rejoint. Mais ça devient très très difficile de maintenir une narration cohérente. D'ici une heure ça devrait aller mieux.

Quand je rouvre les yeux y a Isabela. Y aussi les façades des maison qui dansent et une voix de femme qui me dit « ça se rapproche de toi » mais c'est la morphine ça. Toujours le bordel. Mais qu'est ce qu'on est bieeeeen.

- Gmpf... t'en veux ? Désolé, j'peux pas...

Je cligne des yeux comme une chouette aveugle. C'est pas facile. Tout. Vivre. C'est pas facile du tout.

- Tu vas au toubib là ? Moi chi... enfin auchi... aussi. Si je reste dans la charrette je finis par y arriver ?
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyMer 8 Aoû - 1:16

Il y a du monde, à entasser dans la charrette, au bout du compte. Le colosse aux mains d’étrangleur avait fini par claquer, sous l’œil possiblement indifférent de la prieuse, et on avait enroulé son cadavre dans un draps de l’auberge pour éviter de foutre des entrailles partout en le trimbalant. Son collègue a subi le même sort, et Isabela, aidée pour l’heure par le civil chargé habituellement de la relative sécurité des lieux – d’une efficacité remarquable, visiblement – avait traîné les deux corps au bas de l’escalier.

Profitant de l’inconscience momentanée de leur prévenu – la collision de sa tête avec la botte de la prieuse avait été parfaitement malencontreuse – elle lui avait lié les poignets avec le lacet de sa botte, à défaut de mieux. Puis, la nuque enveloppée d’un linge humide récupéré au bar, et malgré les véhémentes protestations de la propriétaire, elle avait attendu là les renforts avec son tas de types au deux tiers crevés.

A l’arrivée de ses frères et sœurs, Isabela, soulagée de pouvoir relâcher son attention, leur avait confié l’inspection approfondie des lieux, ainsi que l’interrogatoire du personnel, jetant le fils Fland sur ses épaules pour se trouver une place confortable aux côtés du frère Izei, direction la maison.

Au final, deux cadavres et un suspect, il se trouve que ça prend tout de même de l’espace, et d’endroit pour s’effondrer, la jeune femme ne trouve pas grand-chose de plus qu’un petit coin où s’adosser, entre son Frère et le renfoncement de l’essieu, les deux pieds appuyés sur le tas de cadavres. En plus, malgré la relative fraîcheur des macchabées, il y en a tout de même un qui schlingue, à cause de son manteau en peau de chien pourrie.

Un voyage qui promet d’être charmant.

« Oh, bon sang, j’en peux plus des fils d’importants… »

Récupérant la seringue qu’on lui tend, elle l’inspecte, pas tout à fait certaine de ce qu’elle est censé faire avec. Vu l’état du Frère, c’est probablement de la morphine, ou quelque chose du genre de ce qu’on donne à l’hospice à ceux qui sont vraiment vraiment amochés. Pensive, Isabela se masse la gorge en grimaçant. Avec le rayonnement la douleur lui palpitait jusque dans les entrailles, et au bout de ses doigts. Sans parler de la migraine…

Ça ne pouvait pas faire de mal, pas vrai ?


Comme il est à peu près hors de question qu’elle essaie de se trouver puis de se piquer une veine dans une cariole qui rebondit toutes les vingts secondes sur une caillasse, Isabela opte pour l’option d’injection la plus sûre ; en surface, dans le haut de la cuisse. Comme ça, la diffusion se ferait plus lentement, et il resterait au moins un prieur sur deux qui ne se laisse pas mollement aller contre le bord de la charrette. Il ne fallait pas oublier qu’à la fin du voyage, il y avait la caserne, et Frère Vitalis, et tout un tas de rapports et d’explications épuisantes à fournir sur leur arrestation.

D’ailleurs, en parlant de ça…


« On va à la caserne, là. Y’a euh… enfin y’aura des toubibs, ouais. Je vous emmènerais. »

C’est si dur, de penser. Et de parler, encore d’avantage ; Isabela a l’impression de devoir aller chercher chaque mot au fond d’une gigantesque bassine de verre pilé. Mais de leur drôle de petit duo, à tout bien reconsidérer, elle n’est pas celle qui s’en sort le plus mal. Observant le drôle d’angle formé par l’épaule de son collègue avec son bras, la prieuse plisse les yeux, semblant peser une lourde décision au fin fond de son esprit cotonneux.

« Après c’est ptet pas… enfin votre épaule j’peux essayer de la remettre maintenant si vous… enfin si tu as confiance. »

A croire que se prendre des patates dans le nez ensemble est le genre d’expérience qui rapproche inexorablement les cœurs. Ça ou la morphine. Le frère Izei, lui, ne se fait pas prier. C’est dire si la chose doit lui être douloureuse.

« Mets-toi plus par terre… attend. Pousse celui-là, et met tes jambes sur lui…  voilà. L’important c’est que ton dos soit à peu près à plat. »

Des épaules, elle s’en est luxé, la pauvre gamine qu’Isabela était avant de devenir une véritable prieuse. Elle en a même luxé quelques-unes en retour. Les premières ont été soignées par sa mère, les suivantes, par des médecins du fort. Souvent, l’expérience n’a pas été particulièrement agréable, mais en tout cas, le sujet a laissé suffisamment de souvenirs à la prieuse pour qu’elle se sente en confiance, à cet instant précis.

Ça, et peut-être un tout petit peu de la morphine qui commence à soulager ses muscles endoloris.

« Faut que je prenne ton bras comme ça, en tenant le coude, euh… »

Elle doit palper, quelques instants, l’épaule et le bras du Frère, qui ne passe visiblement pas le meilleur des moments, mais elle lui décoche le sourire le plus rassurant que son visage aux yeux injectés de sang peut le lui permettre.

« Juste, ne fait pas de truc bizarre avec ta magie où ça risque de foirer, d’accord ? » D’une main sûre, elle vient chercher celle du prieur, tandis que sa jumelle retient son coude à quelques centimètres de son corps. « Allez, je compte jusqu’à trois. Un… »

C’est bizarre que les gens soient encore surpris par le truc du ‘on va compter jusqu’à trois’. Personne ne compte jamais jusqu’à trois, tout le monde le sait, et pourtant tout le monde se fait avoir à chaque fois. La prieuse n’arrive même pas à deux qu’elle se met à faire tourner, lentement, mais très fermement, son bras dans l’axe de son corps, pour l’étendre vers elle. Ça craque drôlement fort au passage – et heureusement que le pauvre frère est sous morphine, sinon il couinerait bien plus fort que ça – mais la tête de l’humérus finit par retourner se glisser sous la pointe de l’omoplate.
Reproduisant les gestes de sa mère, elle vient plaquer doucement son coude contre son torse, puis le reste du bras, le maintenant là d’une main ferme.

« Voilà. Maintenant faut juste… immobiliser… »

La manœuvre est complexe, à une main, d’autant plus avec le peu d’espace de mouvement que sa grande taille et le nombre d’occupants du véhicule lui octroient, mais Isabela finit par réussir à enrouler la cape du Frère Izei autour de sa poitrine. Son bras, ainsi emprisonné contre lui est bien mieux calé qu’il ne l’était jusque-là, et l’articulation encore fragile ne court plus le risque de se démettre à nouveau.

Le reste du voyage se passe sans beaucoup plus d’agitation. Placé sous les signes bienveillants de la médecine et de la chimie, les prieurs se prennent même à somnoler un peu. Carrément, dans le cas du vicaire, qui mérite probablement amplement un peu de repos, après tout ça. Célestin Auguste Fland, s’il se réveille, ne bronche pas, bien calé sous les bottes d’Isabela, quant aux deux autres, ils ne risquent plus de le faire, à présent.

Arrivé à la caserne, où on a été averti de l’incident, plusieurs frères et sœurs sont là pour les réceptionner. Le fils à papa est conduit au bâtiment pénitentiaire, où il attendra son père et son jugement – qui sera probablement beaucoup trop laxiste au vu des circonstances. Les cadavres disparaissent eux aussi, pour examen rapide et identification, puis on leur reprend même la charrette pour la ramener au pauvre boucher qui l’attend. Ne restent plus que les deux prieurs, dans leurs degrés plus ou moins avancé de chancellement.
Après un rapide aparté avec le frère Vitalis, Isabela est autorisée à conduire le vicaire jusqu’au lit d’infirmerie le plus proche, ce qu’elle fait, en le portant comme une petite princesse pour ne pas secouer son bras. Au point où elle en est, elle n’a pas le temps de le regarder se traîner dans tous les escaliers de la caserne en essayant de la suivre comme un homme. De toute façon, là, visiblement, il grommèle des trucs qui ne sont adressés à personne, ou alors très vaguement.

Au vu de la tête du médecin, à leur arrivée, il apparait clair que l’injection a peut-être été un peu rapide.

Allongeant le Frère sur les draps à l’odeur de désinfectant, elle le contemple une dernière fois, en flottant un peu bizarrement dans son propre corps, puis elle s’effondre à son tour dans un lit à côté de lui.

« Jee… j’vais m’allonger là une seconde. Et puis après j’irai faire les rapports... Mmh… T’en fais pas frangin. »

De toute façon, elle n’a aucun doute sur le fait qu’on se chargerait de la réveiller dès que Papounet Chéri serait arrivé à la caserne…
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyVen 10 Aoû - 20:12

Elle a dit qu'elle compterai jusqu'à trois ! Elle l'a dit et c'était un mensonge ! Espèce de connasse ! Enculé de prieuré de mes couilles qui donne pas de cours de math ! Épaule de pute qui marche pas ! Et... et...
Putain ça va tellement mieux.

Sans la morphine, je me serais téléporté sur le toit. Mais je l'ai quand même senti passer. Heureusement pour la diplomatie, le souffle m'a manqué quand je voulais hurler des insultes à voix haute. J'ai réussi à sortir le passage le moins offensant, un truc du genre « mais c'était pas trois là ». Puis je suis retourné à mon état larvaire, à piquer du nez au fond de la charrette.

C'était un moment pas désagréable, pas désagréable du tout même, d'autant que mon épaule produit maintenant une douleur gérable. Il s'interrompt soudain sur le contact le plus intrusif que j'ai jamais subi depuis... depuis que j'étais un bébé j'imagine. Je suis complètement défoncé mais je comprends quand même très bien que sœur Isabela est en train de me sortir en me portant dans ses bras. OK, d'accord, j'ai pas entendu quand la charrette s'est arrêtée. Mais franchement, on m'aurait laissé vingt minutes tranquille, j'allais à l'infirmerie tout seul. J'ai voulu me débattre, puis je me suis rappelé que je n'avais plus de magie et que j'allais donc m'écraser tristement au sol. Tant pis. J'ai fait le voyage dans les gros bras musclés de la sœur, avec tous les gens de la caserne qui m'ont sans doute vu passer. Y en a forcément un qui va appeler la voiture balais pour que l'équarrisseur vienne m'achever.

J'ai passé un délicieux séjour dans l'infirmerie cela dit. En injection ça dure moins longtemps mais c'est plus fort. Une heure à me gratter un peu partout dans un état proche du sommeil. C'est pas du vrai sommeil cela dit, c'est juste que l'univers est tellement complet et parfait que tu peux te contenter de rester allongé sans rien foutre les yeux fermés. C'en est même difficile de faire autre chose. Heureusement ça n'arrive pas souvent. J'ai beaucoup de défaut, mais pas celui de prendre de la morphine quand je n'en ai pas besoin.

Au bout d'une heure donc, j'ai commencé à me poser des questions comme où est passé mon second flingue, qu'est ce qu'est devenu mon copain Franck et est ce que les autres s'en sortent avec le gamin noble là. Je ne suis pas sobre, juste un peu moins défoncé. Assez pour être fonctionnel. Un peu comme quand tu as fait la sieste tout l'après-midi en plein été après avoir bu trop de vin à midi. Option toux pleine de glaires. C'est pile le moment de faire de la paperasse.

La sœur dort encore. Je fais très attention à ne pas la réveiller, c'est pas pour la ménager, c'est pour m'éviter la gênance de lui parler. Oui je m'ét ais un peu accoutumé à sa présence quand on traversait la ville à pied, mais maintenant on est dans une pièce avec des lits, je suis complètement défoncé... plein de facteurs qui me donne pas envie d'échanger avec d'autres humains. J'aimerais bien boire de l'eau... enfin la dernière fois que je suis venu ils venaient d'installer la plomberie partout, ça marchait pas bien... non je vais pas les embêter avec ça. Paperasse directement.

Il faut que je raconte ce qui s'est passé. C'est un noble quand même, ça va râler si on fait pas les choses bien. Au Fort c'est mieux, on peut tous se réunir dans la même pièce pour se donner un coup de main mutuel sur l'orthographe et la syntaxe. Là je suis en milieu hostile. Une caserne. C'est les mecs qui mettent les mains dans le camboui quoi. Je récupère une feuille, un crayon, un coin de table et je me mets à écrire en tirant la langue avec application.
Et là c'est la catastrophe. Frère Vitalis qui vient faire la commère, alors que je me suis caché derrière un bureau et que je ne faisais de mal à personne.

- Frère Izei ?

- Hein ?

Mais pourquoi il me regarde comme ça celui là.

- Vous avez du sang sur les dents.

- Ah merde euh zut oui je me suis pris un coup de pied c'est rien c'est séché.

- Isabela va bien ? On m'a dit qu'elle était à l'infirmerie.

- Ah, elle s'est faite étranglé.

Le teint de frère Vitalis devient un peu gris et son expression s'écroule.

- Non non non non ! Elle est pas morte le mec a pas fini le boulot ! Euh... Je veux dire qu'il a été neutralisé avant. Elle dort, là.

- Qu'est ce qui s'est passé ?

- Bah euh... je... j'essaye d'écrire un rapport là. Comment ça s'écrit subterfuge ?

- Moi j'écris ça « piège ». Mais j'ai vu le gamin Fland dans une cellule, pourquoi ?

- Bah euh...

Les rapports ça me prend un temps fou mais au moins le résultat est compréhensible (relativement compréhensible, parfois). Quand je raconte une histoire à l'oral ça se passe toujours mal. Puis là c'est compliqué, y a eu un cadavre au début mais c'était juste un témoin au mauvais endroit au mauvais moment. Après y a eu la vieille dame (mais j'ai juste dit que c'était « un voisin » pour pas niquer l'indic de la sœur). Et puis le copain Franck. Et puis les deux maboules qui nous attendaient de pied ferme avec ce petit con de noble. Enfin là c'est le récit dans ma tête en version courte. A l'oral ça donne plein de « euh » et de « j'ai oublié de dire mais ». C'est vraiment pas conçu pour un cerveau humain. A la moitié de l'histoire je me frotte les yeux et je conseille à frère Vitalis, très gentiment, d'attendre la version écrite ou qu'Isabela lui explique parce que moi j'ai des trucs à faire. Il ne me demande pas de continuer. J'admets piteusement que je suis fatigué.

Il a dû quand même faire chier, le père, pour que son gniard ait le droit à autre chose qu'une balle dans la tête. D'habitude y a pas de procès pour une double tentative de meurtre avec préméditation. Surtout sur des prieurs. On va où si on peut nous tuer ? Et d'ailleurs je ne me mets pas à monologuer sur lui par hasard, il déboule dans la pièce-à-paperasse. Il n'a pas l'air content.

- IL EST OU VELÁSQUEZ ? Je sais que c'est lui qui est chargé de faire le fouille-merde sur mon fils !

Et toi, tu as de la chance, tu sais directement qui c'est. Moi je l'avais jamais vu ce gars là. Jamais entendu le nom qu'il prononce non plus. Je comprends pas pourquoi un inconnu me hurle dessus, je fixe l'autre frère présent avec moi qui m'indique la direction de l'infirmerie avec des signes de la tête. Hein ? Quoi ? Je pige rien ! Quand je torture des gens, je supporte assez bien qu'ils hurlent et qu'ils m'insultent. Moi aussi je le fais, ça fait parti du boulot. En dehors de ça ça me fait plutôt flipper (même si sur ce coup là le frère Vitalis a sursauté aussi).

- Parce que je suis allé chercher chez moi hein ! Et j'ai trouvé ça ! Il va bien être emmerdé votre limier d'élite pour harceler ceux qui font vraiment la richesse de la Ville ! On est pas sans ressource face aux emmerdeurs !

- Mais euh vous êtes qui ?

- Gildebert Fland ! Mais ça vous le savez déjà puisque vous essayez de tous nous faire tomber !

- Ah oui-oui j'ai vu votre fils.

- Mais ça va pas se passer comme ça hein ! Regardez ça !

Il m'agite une feuille sous le nez, j'ai beau reculer la tête il arrête pas de la rapprocher ça me met beaucoup trop la pression. Comme il arrête pas d'agiter ça dans tous les sens j'arrive pas à lire dans le détail, mais je comprends que c'est un contrat de location.

- Le limier il vit chez moi ! Avec sa mère ! Mais si il s'avise d'accabler mon fils d'accusations ridicules ils finissent tous dehors ! C'est quoi votre nom, à vous, vous êtes pas ici quand je viens d'habitude ?

- Euh bah euh... Egidio.

J'ai dit le premier truc qui me passait par la tête. Moi aussi j'ai de la famille locataire.

- Qu... comment ?

- Je suis son tonton.

- Oui hé bien... ça ne change rien !

En fait depuis tout à l'heure j'essaye de m'enfuir en crabe vers la porte. Je crois que frère Vitalis fait la même chose. Du coup le monstre nous poursuit tous les deux.
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyVen 14 Sep - 23:56

« Ma sœur… Je suis désolée mais il faudrait vous réveiller… »

Depuis les profondeurs cotonneuses de son sommeil, sœur Isabela grommèle faiblement. Les bras confortablement emmêlés sous le moelleux d’un oreiller, elle y enfouit son visage, espérant échapper aux affreuses secousses que l’importune qui en veut à son repos lui inflige sans aucune pitié.

Si elle avait la force de faire le moindre mouvement, elle y collerait bien une baffe, un peu au hasard, histoire d’avoir la paix. Malheureusement, la morphine l’a sonnée plus sûrement qu’un coup de bâton sur le crâne, et si son corps n’aspire tout entier qu’à la torpeur la plus complète, il est bien trop faible pour arracher un peu de paix à son assaillante.
Au bout de quelques minutes, qui paraissent à la prieuse endormie plus longues et insoutenables qu’une éternité toute entière de torture, elle finit par céder, et soulève une paupière avec beaucoup de mauvaise volonté.

« nquoi… ? »

En face d’elle : le visage blême de Sœur Aadi, qui la dévisage avec un mélange d’inquiétude et d’impatience, depuis l’autre côté de ses énormes lunettes. Isabela fronce aussitôt les sourcils. La lumière, qui se reflète sur le blanc immaculé de la tenue médicale de la sœur, vient lui tambouriner au fond du crâne et réveille dans sa poitrine un semblant de nausée tout à fait immonde. Mais la jeune femme ne lui laisse pas le temps de s’apitoyer sur son état.

« Il faut que vous vous leviez. Un homme est là… je crois que c’est le père Fland. Il vocifère dans toute la caserne à votre recherche et… »

Fland ? La perplexité vient se mêler à la douleur, dans l’expression toute plissée de la prieuse. Elle connaissait ce nom là…

La chose lui revient de plein fouet, comme une grande baffe dans la figure, et dans un élan de panique très peu maîtrisée, Isabela se relève d’un bond. Enfin, elle essaie de se relever d’un bond. Dans la réalité, c’est beaucoup plus mollasson, et il lui faut s’accrocher maladroitement à sa sœur pour réussir à atteindre la position assise. Pourtant, derrière le coton qui semble avoir envahi le moindre de ses muscles, son cœur commence à s’emballer, réveillant avec lui les mécanismes d’un énervement bien rodé.

Mais d’abord, avant toute chose…

« Vomi… ‘te plaît… »

Sœur Aadi, elle aussi visiblement formée avec précision à gérer ce genre de réveils, fait apparaître devant sa bouche un petit bassin en fer dans lequel Isabela s’empresse de rendre tout ce qu’elle a sur le cœur. C’est un miracle si elle ne s’éclabousse pas au passage, d’ailleurs, quoique ses vêtements de civils aient connu de meilleurs jours, entre le sang et la morve qui y ont joyeusement séché.

Une fois l’estomac vide, et la tête un peu désembrumée par l’adrénaline, la prieuse peut désormais s’atteler, avec l’aide de sa sœur, à la lourde mais nécessaire tâche de se mettre debout sur ses grandes cannes.

« Il faut que je… euh… trouve le frère Vitalis…
- Je crois qu’il est avec lui, ma sœur. Ainsi que… Le vicaire. Je ne sais plus son nom.
- Frère Izei… ?
- Peut-être bien.
- Ugh… »


Ça va faire beaucoup de monde dans la même pièce, tout ça, lorsqu’il sera temps de rendre son rapport. Beaucoup de gens et beaucoup de voix qui vont se marcher les unes sur les autres dans le but de se faire entendre.
Elle n’a pas la prétention de le connaître parfaitement, après une petite journée passée à courir après des héritiers disparus, mais Isabela se console en se disant que le frère Izei, lui aussi, passerait un moment aussi désagréable que le sien, dans cette pièce-là. Peut-être même pire encore. Elle lui devait bien de ne pas le laisser affronter ça tout seul, surtout si le père Fland avait décidé de faire cracher les décibels et de taper du poing sur la table.

Solidaires face à l’ennemi et ses postillons, ils monteraient au front ensemble !

« Allez haut les… »

La porte de l’infirmerie s’ouvre dans un claquement sourd, et rebondit presque aussitôt dans le nez du pauvre type qui l’avait ouvert d’un coup de pied. Pauvre type qui, profondément vexé, se décide ensuite à insulter la porte, avant de l’ouvrir à nouveau d’une manière civilisée. Du moins avec autant de délicatesse que son apparente fureur ne lui permet.

« Cœurs… »

Les Flands, visiblement, avaient l’émotion qui montait à la face, rouge et enflée comme un bouton de fièvre sur toute la surface du visage.

« VELASQUÈZ ! »

Son nom, ainsi vociféré, semble comme le mugissement d’un buffle. Un son guttural et profond, qui jaillit des lèvres de l’industriel entouré d’une impressionnante gerbe de postillons. Depuis le fin fond de sa sidération, Isabela a l’impression de voir la scène se dérouler au ralenti devant elle, et de pouvoir distinguer chaque petite veine gonflée de fureur à l’intérieur de la sclère de ses yeux. C’est tout particulièrement impressionnant.

Elle se dresse dans ses bottes, dans un réflexe enraciné là par les lointaines années de son noviciat, et se fait dure comme un rocher, dans ses habits crasseux, permettant au passage à sœur Aida de s’abriter derrière sa large épaule. Sa voix, elle, est un peu moins assurée.

« Monsieur… ? »

Isabela ignore tout de la tournure que vont prendre les choses, à partir de cet instant. Mais si elle parvient conduire toute cette houleuse discussion sans lui vomir sur les chaussures, alors elle pourra déjà considérer ce moment comme une victoire.

« Je cherche le Frère Velasquèz ! Dites moi où il est bon sang ! »

La confusion vient se mêler à la stupeur, sur le visage de la prieuse, et son nez se retrousse doucement dans une expression de méfiance.

« Je suis Velasquèz. La Sœur Isabela Velasquez…
-Hein… ? »

Visiblement, l’homme s’était figuré un portrait bien différent de celui qu’il avait à présent en face de lui. Serrant dans ses mains gantées son si précieux morceau de papier, il plisse les yeux lui aussi, visiblement désemparré par la situation. Peut-être aussi un peu par le fait qu’Isabela, maintenant parfaitement tonique, dans sa posture, le dépassait facilement d’une bonne tête et demie.

Du bout des doigts, il déplie le document pour le consulter une nouvelle fois, perplexe, avant de relever le menton vers la jeune femme.

« Mais…
- C’est moi qui ait interpellé votre… fils, je crois, hm. Monsieur.
- C’est vous… Joaquin… ?
- Isabela. Maintenant… dites-moi ce que je peux faire pour vous, monsieur, je ne suis pas en état de…
- Pas en état ! Ha ! Pas en… Vous laissez mon fils unique croupir en cellule pendant que vous vous planquez ici comme une grosse dinde, et vous avez le culot de me dire que…
- Allons allons. Monsieur, un peu de calme. »


C’est Vitalis qui s’interpose, cette fois, enroulant une grosse main pleine de cicatrices autour de l’épaule rondouillarde de l’industriel. Ce dernier, lui, semble comme une grosse cocotte prête à imploser en chaleur et lumière. Ses joues luisent d’un rose vif, et ses narines tremblent comme si de la vapeur s’apprêtait à en jaillir. L’intervention du brave responsable de caserne, malgré sa bienveillance, ne parvient qu’à le rendre plus nerveux encore.

« Du calme ?! »

Les postillons, cette fois, se projettent un peu partout sur le menton et dans le cou d’Isabela, qui frissonne, particulièrement répugnée, sans pour autant oser esquisser un geste pour les essuyer. Après la journée qu’elle venait de passer, elle en avait vu d’autre. Fland, lui, profite de cette imobilité pour venir lui secouer son bout de papier au visage.

« Ah, vous ferez moins la fière quand vous comprendrez que je vous tiens, vous et votre petite gueule de menteuse ! Vous voulez faire tomber mon fils ? Fabriquer une histoire tordue de toute pièce ! Faire passer ses agresseurs pour des complices ? Mais vous ne ferez rien de tout ça, non ! Car j’ai… ceci ! »

C’est limite si le bonhomme ne lui essuie pas le visage avec son papier, à présent.

« Monsieur, je… si vous me l’agitez sous le nez comme ça je ne peux pas lire… »

Il a de la chance, le père Fland, d’être important, et arrivé au moment où la descente de morphine empâtait encore les mouvements d’Isabela. Entre le retour de la douleur, les beuglements incompréhensibles de l’industriel, et sa foutue feuille de papier qui lui chatouille le museau, sans ce carcan de coton dans ses muscles, la baffe serait probablement partie depuis longtemps.
Un petit soupir de désespoir coincé dans la gorge, la prieuse tourne son regard vers le frère Izei, visiblement pas très heureux d’être là, lui non plus, et croisant son regard, elle lui lance un appel à l’aide silencieux, genre « Mais qu’est-ce qu’il me veut ?! T’as compris toi ? ».

« Monsieur… »
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MessageSujet: Re: Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa]   Un petit moment de bonheur rien qu'à vous. [Isa] EmptyDim 30 Sep - 17:25

Cette histoire de Joaquin, j'ai rien compris. Je me suis juste dit qu'il devait y avoir son frère sur le bail. C'était pas vraiment le cœur du problème de toute façon. Le problème c'est qu'on a un braillard dans la pièce. Et personne fait rien. Pourquoi frère Vitalis il fait rien ? Ça sert à quoi d'être le chef si c'est pour se comporter comme le novice qui apporte le thé et qui ose pas interrompre une discussion ? Ça me stresse beaucoup. Ça fait trop longtemps que je suis loin du Fort et j'ai encore la gueule dans la farine et un bras en écharpe. Ça me tape tellement sur le système. Il faut que ça s'arrête. Je vais faire absolument n'importe quoi si ça s'arrête pas.

Je suis un peu spécial mais pas complètement cinglé non plus. J'arrive encore à mobiliser deux trois neurones sur une réaction cohérente. Sinon je ne pourrais pas rester dans le service actif. On me laisserait dans un endroit au calme pour que je ne fasse du mal à personne. Enfin j'avoue que la limite est floue parfois, et très lointaine. Mais quand même, pour le boulot j'arrive à me servir de ma tête de temps en temps.

- Euh... hrm, écoutez monsieur, c'est qu'une simple troufionne elle ne peut pas faire libérer votre fils comme ça sur un caprice. C'est pas une auberge ici.

Je la traite pas de troufionne parce que je suis méchant, mais pour la couvrir. Évidemment, le mec se tourne vers moi comme un taureau furieux. Isabela est jeune, le frère Vitalis est encore habillé en maréchal ferrant, j'imagine que je colle mieux au rôle du responsable. En plus c'est moi qui ait l'uniforme bizarre. Et puis techniquement, je suis officier. J'oublie tout le temps mais c'est vrai. J'imagine que c'est normal que les gens me demandent des trucs, mais j'aime pas ça du tout.

- Ah oui ?! Bah sa maman finira quand même à la rue ! L'acte de résiliation de bail est déjà rédigé, il est sur mon bureau. Parce que on sait comment ça se passe hein ! Ceux qui sont trop malins pour vous, vous les couillonnez ! Mais même si je vais en prison, mes employés trouveront le papier !

C'était soit l'angoisse, soit la colère. La colère l'a emporté. J'ai la tête dans le cul et j'aime pas bien ces façons de faire. Il est un poil plus grand que moi le monsieur, ça rajoute une petite touche humiliante que j'apprécie pas de ressentir devant des collègues qui me trouvent déjà siphonnés. La journée a été longue. On est pas dans une foule. Il commence à bien me casser les burnes avec son papier, celui là.

- Oui bah choupinet chéri il a essayé de nous tuer quand même. Alors arrêtez de... non c'est pas la peine de hurler plus... non mais ça va nul part votre... OH ! TU ME REFOUS CE PAPIER DANS LA GUEULE JE TE L'ENFONCE DANS LE CUL CONNARD.

- COMMENT QUE...

C'est pas la peine de rapporter la suite. J'ai craqué, voilà. J'avoue que sortir une des répliques de mes frères c'était pas très « officier ». Mais on peut leur reconnaître au moins ça : si j'ai besoin de dire quelque chose qui me semble percutant et méchant, ils sont toujours là, dans ma mémoire. C'est pas forcément riche et hyper recherché, mais c'est toujours ridicule d'essayer de faire lyrique quand on est très en colère. Un coup à bafouiller en hurlant. Très mauvais pour le charisme.

Et donc voilà, le mec s'est mis à hurler à plein poumons près de mon visage. Ça aurait peut être mieux tourné si il s'était mis à pleurer en disant qu'il adorait son gosse. Me hurler dessus quand on est un civil, c'est vraiment une erreur. J'ai aucune barrière mentale contre ça, ça me fait monter dans mes tours direct. Je me sens agressé, de façon très viscérale. Et mes viscères et moi on forme un très mauvais couple.

Ma magie est un peu en bordel là, à cause de la fin de mon trip de morphine qui traîne en longueur. Je voulais pas être pris de court. J'ai secoué mon épaule déboîté avec ma main valide. Un geste étrange qui a peu fait tiquer le monsieur vociférant devant moi. Il aurait dû tiquer plus.

J'ai envoyé tout ce que j'avais sous le pied niveau douleur multipliée. C'est assez facile quand tu as les boules. Ça rend plus concentré. Le mec s'est écroulé sans crier ni rien (ce qui aurait dû m'alerter un peu, mais j'étais lancé...) et au bout de quelques secondes la magie m'est revenue à la gueule comme un élastique pété. Et si elle est revenue, c'est qu'il n'y avait plus rien qui pouvait souffrir en face de moi. Ça m'est arrivé deux trois fois dans la vie alors je comprends tout de suite de quoi il s'agit.

- ….  oh merde merde merde ! Mais les mecs qui bouffent trop ils ont le cœur fragile aussi ! Ça m'arrive jamais avec les petits crève la dalle ça ! Oh putain de chier...

C'est un grand moment de solitude. J'ai tué quelqu'un que j'étais pas censé tuer. Oh bordel de cul... je me sens trop mal. C'était un espèce de bourge ça va foutre le zbeul ça...

- … ou y a une petite veine dans le cerveau qui a pété. Ça m'est déjà arrivé une fois avec un syndicaliste. Mais... putain... j'ai fait de la merde là.

J'ose pas regarde sœur Isabela, dont la pauvre maman va finir à la rue. J'aurais bien voulu lui payer l'hôtel ou quelque chose, mais mes frères m'ont encore tout piqué. Je me pince l'arrête du nez avec le pouce et l'index. La honte. Bon, pour les ennuis que moi je risquerais... ben pas grand chose. Enfin, pas de mon expérience. C'est la faute à la magie ? On m'a jamais rien dit quand j'ai tué des gens. Tant que c'est discret. Des fois, avec les criminels, faut être un peu coercitif quoi. Tout le monde est au courant. Mais là c'est un espèce de bourge. J'avais jamais tué un bourge avant (enfin je crois pas, je me souviens pas de tout non plus). J'aime pas ce qui est nouveau.
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