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 Masque et pierre précieuse [PW Jakab]

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Alexander Shah
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Alexander Shah

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MessageSujet: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyMer 1 Aoû - 0:04

Le culte de la Machine ne disposait pas encore d'un repère, d'un quartier général attitré. Ses membres n'avaient pas de moyen bien définis de se reconnaître entre eux dans la rue. Bien sûr, on pouvait s'attendre à ce que les gros des sympathisants résident dans le district Manufacturier, mais il y avait aussi des amis ailleurs. Ceux-là, en général, se référaient à Incus Castellum s'ils avaient besoin de quelque chose. Le Grand Machiniste, était un homme occupé, il ne pouvait pas gérer chaque petit problème. Mais au fil du temps, des problèmes similaires refaisaient surface et étaient résolus de la même manière que les précédents.

Justement, Marcus Schirmer avait un problème. Propriétaire d'une petite entreprise, fabriquant du mobilier à base de composants métalliques, il tentait de se faire une place sur le marché, malgré la concurrence rude des fabriquant de marchandise en bois, plus populaires dans les quartiers moins aisés car moins cher. Dans ces conditions, faire son chiffre d'affaire n'était pas simple, alors quand un -ou plusieurs- petits voyous s'amusent à vandaliser la marchandise, des mesures devaient être prise. Le Prieuré n'était pas d'une grande aide, les attaques se faisant de nuit. Alors Marcus s'était tourné vers le Culte. Avec une demande simple : quiconque était à l'origine de ces attaques devait être éliminé.

Pour ce genre de problème, il fallait s'adresser à L'As. Garde du corps personnel d'Incus, c'était surtout un mercenaire capable de tuer homme, femme et enfant, pour peu qu'on y mette le prix. Derrière le masque, Alexander Shah, le petit-fils cadet de feu le Prince Denvis, mais cela, personne ne pouvait le savoir. Le jeune mercenaire était très prudent lorsqu'il s'agissait de préserver sa double identité. Incus savait sûrement, mais il ne l'avait jamais appelé par son vrai nom.

Après une première entrevue avec l'industriel, L'As avait accepté de surveiller l'usine de production, pendant une nuit. Il était environ quatre heures du matin lorsqu'une demi-douzaine d'individus, masqués, s'étaient introduits dans le bâtiments. S'ils avaient été désarmés, Alexander n'aurait eu aucune pitié, mais face à des outils rudimentaires tels que des gros bâtons cloutés ou des pioches, le surnombre évident des attaquants dissuada le jeune homme d'intervenir. Optant pour plus de subtilité, le cadet des Shah suivit silencieusement ses proies sur le chemin du retour. Cette traque le mena jusqu'au district Domus, et apporta un nouveau problème.

En effet, les six casseurs vivaient dans l'une de ces grandes résidences que la Ville avait fait construire. Des complexes d'habitations sur trois ou quatre étages, aux fondations solides, qui pouvaient accueillir des dizaines de familles. A partir de là, la question se posait : est-ce que les cibles du culte de la Machine vivaient dans l'un des appartements, auquel cas il fallait trouver lequel et faire le travail proprement ? Ou bien la totalité du bâtiment appartenait-elle à un gang plus nombreux, auquel cas non seulement l'endroit se transformerait en bain de sang, mais Alexander ne pourrait pas y aller seul. Même de nuit, avec l'effet de surprise, c'était trop risqué.

Dans la catégorie des points positifs, L'As c'était entièrement remis de ses blessures, dues à son altercation avec un Prieur, quelques blocs plus loin. Il était temps de reprendre du service, mais plus question de commettre la même erreur que précédemment. Il ne foncerait pas tête baissée, en solitaire, en espérant que l'effet de surprise suffirait à lui garantir une victoire facile. Alors il retourna voir Marcus, et il lui demanda de trouver des alliés potentiels. Extérieurs au culte, il fallait quelqu'un qui connaisse Domus. Il régnait dans ce district une loi différente de celle du Prieuré. Alexander avait besoin de quelqu'un qui connaisse les codes de ce district, et qui puisse le guider dans le complexe d'habitation. Si d'ordinaire il n'acceptait jamais de travailler avec quelqu'un, la situation l'exigeait et il était prêt à coopérer. Tant que son "partenaire" ne posait pas trop de questions. Quelques jours plus tard, Marcus Schirmer revint vers lui, avec le nom d'un groupe : Les Concubines.

Tant qu'ils sont prêts à m'aider et qu'ils n'ont pas peur de se salir les mains, ils peuvent bien s'appeler comme ils veulent.

Ils sont basés dans une taverne, pas trop loin du complexe d'habitation dont tu m'as parlé. Normalement, si on y met le prix, ils aident.

Alors rendons leur visite.

La nuit suivante, peu avant minuit, Marcus Schirmer et Alexander Shah, anonyme sous le masque de L'As, s'avançaient vers La Carie du Crocodile, une taverne du district Domus. Pour l'occasion, le mercenaire avait opté pour un masque entièrement noir, sans trop de fioritures. Le reste de sa tenue était habituelle, noire et ample, avec une large capuche. Son fleuret reposait dans son dos, harnaché de sorte qu'un simple mouvement de balancier suffisait à faire tomber la poignée dans la main droite d'Alexander.

Le Masque:

L'ambiance de la taverne était festive. L'heure relativement avancée laissait penser que l'alcool avait déjà bien coulé. La salle était bien plus coloré que les deux intrus qui venait d'y pénétrer. Beaucoup de clients portaient des bijoux en pierres précieuses, chose qui aurait pu sembler curieux si Marcus n'avait pas prévenu L'As qu'il s'agissait d'un signe d'appartenance aux Concubines. D'un pas mesuré, l'Industriel s'avança vers le comptoir, le mercenaire sur ses talons, tandis que les regards se tournaient vers eux. Indifférent, Schirmer s'adressa à la patronne :

Bonsoir. Désolé du dérangement, mais je souhaiterais savoir où vous avez acheté votre bague.

Sans sourciller, la jeune femme rétorqua qu'il s'agissait d'un bijou de famille. Il s'agissait bien sûr d'un code pour signifier de ses intentions.

Il nous faudrait une chambre avec vue sur la mer. Demanda ensuite Marcus.

Sur ces paroles, la tenancière leur fit signe de la suivre, tandis qu'elle les invitaient à monter à l'étage. Elle frappa trois petits coups, avant d'ouvrir et d'inviter les deux inconnus à entrer.
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Jakab Tangara
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptySam 4 Aoû - 15:53

Ma foi la soirée s’annonçait bonne.

Déjà parce que j’étais dans mon bain, au moment des faits, et ensuite parce que je n’y étais pas seul.

D’ordinaire, j’évite de faire monter les petites poules de la Maison de passe des Dunes jusqu’à l’étage qui me sert de quartiers, mais là c’est Esteban.
Esteban je l’aime bien. Il sait faire plein de trucs de ses mains, il a de jolies poignées d’amour très confortables au-dessus des hanches, et en plus de ça il n’est atteint d’aucune maladie vénérienne, ce qui est toujours un atout non négligeable dans sa branche professionnelle.

Je suis dans mon bain, donc, confortablement installé entre les cuisses dodues de mon Esteban, qui me fait la conversation. Quelque chose à propos du changement de saison, ou bien du cours du prix du savon. Je ne sais pas vraiment. C’est que j’ai d’autres choses à faire que la conversation quand je me lave en bonne compagnie.
Pourtant, le destin décide de se payer ma pomme quelque part entre le shampoing et le dessert, parce que quelqu’un vient toquer à la porte avant que les choses ne deviennent sérieusement intéressantes.

Je n’ai même pas le temps de grogner (ce qui est un comble), en me redressant dans mon eau chaude, que la porte s’ouvre sur le visage de ma sœur. Evidemment. Pour tambouriner comme ça à l’entrée de ma salle de bain, il ne peut y avoir qu’elle. Elle où un assassin, éventuellement, mais alors là je pense qu’il ne se serait pas emmerdé à frapper.
Ma sœur, donc, avec ses lorgnons relevés sur la tête, sa chemise des jours de boulot et sa longue jupe noire, qui me toise depuis l’entrée avec un air de profond déplaisir dans le fond des yeux. C’est le comble, ça, c’est moi qu’on interrompt et c’est elle qui est outrée. Mais à la façon dont elle referme la porte derrière elle, pour s’avancer vers mon baquet, je devine qu’elle veut parler boulot.

Je soupire.

« Ça pouvait pas attendre vingt minutes ?
- Non. C’est important.
- Ah. »

Là, c’est mon tour d’être dépité ; ça sent le roussi pour mon dessert. Je renifle. La frangine, elle, se contente de me tendre une serviette.

« C’est pas ton tour, ce soir ?
- Si. Mais ceux-là ils sont pour toi.
- Ils viennent avec mon nom marqué dessus maintenant ?
- Quand ils se pointent avec des cagoules en cuir de fétichistes ? C’est tout comme. Moi je ne m’en approche pas. »

Comme elle a l’air d’insister, je m’extirpe de mon baquet, pour me sécher, abandonnant avec regret les bras accueillants d’Esteban, qui me regarde, un peu confus. Avec un soupir, je pose ma main sur son épaule et le gratifie d’un sourire aussi rassurant que je le peux, faisant briller mes chicots dorés à la lumière des bougies.

« T’en fais pas. Reste l’heure, j’ai déjà payé de toute façon. T’as qu’à… profiter un peu et euh… Je dirais à Nour de te mettre un verre sur ma note.  
- Laisse, Jak’, ça ne sera pas la peine.
- Hein ? »

Ouais, je sais. L’éloquence incarnée. Mais quand je me retourne pour éclaircir la question comme un grand garçon avec du vocabulaire, je tombe sur ma frangine qui commence à déboutonner sa chemise, et ça me bloque. Pas à cause des nibards, hein ? Soyez pas louches non plus. C’est ma frangine, ce qu’il y a à voir je l’ai déjà vu un millier de fois, et vice versa depuis qu’on est tout mômes, et très franchement ça suffit très bien à ne rien m’évoquer du tout. En revanche, j’ai beaucoup de mal à comprendre l’objectif de sa manœuvre.

« Bah v’là autre chose. Pourquoi qu’tu t’déshabilles, toi, maintenant ? »

Là-dessus, elle rigole. On dirait une pie quand elle rigole, ma frangine. Une pie coincée dans une cheminée. Moi je sautille dans un slip et j’ai l’air beaucoup moins digne.

« Tu connais la politique de la maison concernant le gaspillage. »

Et là ça percute.

Putain de harpie voleuse de baignoire. Elle a de la chance que je l’aime, mine de rien, parce que mon Esteban, je ne le prête pas à n’importe qui, gaspillage ou pas gaspillage. Quand je pense que je lui troque mon eau bien chaude pour un connard qui a confondu les romans d’aventures et ceux sur le sadomasochisme… Mais bon.
Si il faut mettre quelqu’un dehors, elle a raison : il vaut mieux que ce soit moi qui m’y colle. Je soupire.

« Très franchement, tu m’en dois une belle, sur ce coup-là. »

Drapant ce qu’il me reste de dignité dans une lourde robe de chambre à motifs de petits poissons, je traîne mes pantoufles jusqu’à ma chambre, pour me changer, laissant Djilla barboter à sa guise. Glissant dans des vêtements un peu plus appropriés (juste une chemise et un pantalon noir, rien de trop… excentrique), je plaque mes cheveux vers l’arrière en profitant qu’ils soient mouillés, et je ne décore ma tenue que de quelques béryls ; un à mon oreille et deux autres autour de mon cou, accrochés à leurs fines chaînes d’or blanc.

Je n’ai pas le temps de commencer à faire mes trucs de coquettes, alors je laisse mon visage tel qu’il est ; tant pis pour les rougeurs et les cicatrices. Ces messieurs devront se contenter de mes pores et de mon mépris. Et j’espère bien qu’ils s’en contenteront parce que se faire donner des conseils beauté par des fétichistes, ça pourrait bien faire redescendre ma soirée au rang de « soirée de merde », et ça ça me ferait bien chier.

Dans le couloir, j’intercepte Malka, une des filles de Nour, qui monte l’escalier avec un plateau chargé de Whisky. Notre bon Whisky, en plus. Visiblement c’est pour les clients, alors je lui prend des bras avant de la remercier, direction le ‘bureau’.

De bureau, en fait, les Concubines ne possèdent qu’une ancienne chambre d’auberge réaménagée pour l’occasion. Au dernier étage du bâtiment, et pourvue d’une minuscule fenêtre qu’obstrue un vitrail épais et parfaitement opaque. La blague, c’est que justement on voit pas du tout la mer depuis cette pièce. On est marrants, ici, hein ?

L’ameublement est assez simple, lui aussi. Un vieux bureau grinçant, quelques chaises, une bibliothèque dont je n’ai jamais lu le moindre bouquin, et la seule applique au gaz de toute la baraque. Une histoire que comme quoi mettre des bougies et du papier dans la même pièce c’est pas très prudent. Mais moi je ne me plains pas. On y voit mieux, et ça fait tout de suite plus professionnel que les rendez-vous romantiques aux chandelles avec les clients.
Sur le parquet, on a étalé le grand tapis tissé à motifs de Trius, qui était dans la « suite nuptiale », avant notre arrivée et sur lequel un paquet de gens ont déjà du se rouler dans le stupre. Mais ça on évite d’en faire la publicité. Mis à part les MST potentielles qui traînent peut-être dessus, il fait drôlement chaleureux, ce tapis.

Voilà pour le tableau dans lequel je retrouve mes deux hôtes de la soirée, tranquillement assis sur leurs chaises à m’attendre, quand je débarque, plateau en main. Hochant la tête dans leur direction, je m’avance pour poser tout ça, avant de leur flanquer sur les genoux, et reconnaît au passage le visage contrarié de l’un des deux hommes. Le seul que je puisse identifier, en réalité, parce que l’autre n’est présentement qu’une grosse… masse noire dont le cuir brille bizarrement à la lueur de la lampe.

« Ah. Monsieur Schirmer, bonsoir ! Et monsieur… ? »

Je m’efforce très fort de ne pas lui pouffer au visage, parce que ce serait probablement malvenu. Après tout, qui suis-je pour critiquer les choix en matière d’associés d’un ancien client (bon payeur, pas trop emmerdant, dans mon souvenir) de la maison.

Avisant les verres sur le plateau, j’en sers un à Marcus, un autre pour moi, et arrivé au troisième, j’ai un moment d’hésitation. Est-ce que je suis censé la servir, la momie, là ? Le silence tombe au milieu de nous trois comme un pigeon crevé, et moi je reste comme un con avec mon verre dans la main.

Finalement, au bout d’une vingtaines de secondes à écouter les puces sauter, et comme personne ne se décide à venir à mon secours, je sers son Whisky à monsieur et le laisse s’en débrouiller. Qui sait il a ptet des p’tits trous pour faire passer l’air, là dedans. Et si il a besoin il demandera une paille.

«Bien. » Je toussote, comme tout bon mec gêné qui se respecte, et passe une main dans mes cheveux mouillés.  « Je vous dirais bien d’excuser ma tenue, mais je sens comme une indulgence pour l’excentricité dans votre… »

Regard ? Non, de toute évidence, non. Sourire ? Non plus. Allure générale… ? Trop de risque que cela soit mal interprété. Je dois bien l’admettre, je sèche un peu, arrivé là, et j’en viens à regretter amèrement cette aimable tentative de plaisanterie.

« Sorte… d’aura générale. Hm. »

Après tout je ne suis pas homme à me laisser décontenancer facilement. Je suis professionnel, et en tant que professionnel, je me dois de traiter mes clients avec respect, sans égard pour leur situation financière, leurs origines farfelues ou bien leur… surface de visage visible. Tous méritaient mon respect, ma patience, et ma plus imperturbable attention.

« Pardon, mais vous ne transpirez pas un peu, là-dessous ? Ça a l’air épais, votre histoire, quand même, et... »

Bon, pour le professionnalisme, on repasserait. Mais à ma décharge, il doit être fichtrement inconfortable, son machin. Surtout en cette saison.

« Oubliez ça. Qui suis-je pour juger, après tout, hein ? Dites-moi plutôt ce qui vous amène, messieurs. »
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Alexander Shah
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptySam 4 Aoû - 19:39

La première chose à laquelle Alexander a pensé en entrant dans le bureau, c'est qu'on ne voyait pas du tout la mer. Puis il avait avisé l'installation des lieux, sa moue circonspecte évidemment cachée sous son masque. Un bureau, des chaises, une bibliothèque et un tapis. Minimaliste, dirait-on, surtout quand son alter ego aux cheveux toujours impeccables était habitué à plus de luxe. Mais il se ressaisit vite. Il s'attendait à quoi ? Il se trouve à Domus, pas à Mercantis. C'est déjà un miracle que la pièce ne soit pas éclairée à la bougie.

Minimaliste, c'est aussi l'accoutrement du type qui entre peu après, un plateau avec du whisky dans les mains. Une chemise, un pantalon. Baraqué, c'est une certitude. Le visage marqué par quelques coups, c'est un poil rassurant pour L'As. Si c'est avec lui qu'il doit travailler, au moins il est sûr qu'il peut encaisser quelques coups. Il risque d'y avoir du remue-ménage cette nuit.

L'homme en chemise blanche hésite à servir un troisième verre. Alexander, lui, n'a pas retenu un claquement de langue désapprobateur. Un verre de whisky avant un potentiel travail ? Dans leur domaine, mieux valait avoir les idées limpides si on voulait durer. Il laissait le bénéfice du doute, mais il commençait à jeter quelques œillades à Marcus. Bien sûr, sous le masque, personne ne pouvait s'en douter. Pour se rassurer, le jeune Shah se disait que son acolyte était trop attaché à son business pour faire appel à des amateurs.

Appelez-le L'As. Intervint Schirmer pour répondre à la première question de leur hôte. Bonsoir Jakab. Personnellement je vais plutôt bien, mais si je suis là, vous vous doutez bien que ça pourrait aller mieux.

Sur le chemin, Marcus avait insisté auprès d'Alexander pour mener les négociations. Alors pour l'instant, le masque préférait se taire. Il n'avisa pas le verre de whisky. Il ne s'était même pas assis, et demeurait debout les bras croisés, derrière le siège occupé par son client. Jakab, puisque c'est son nom, s'excuse pour sa tenue, tente de se justifier vis-à-vis de l'accoutrement d'Alexander. Il ne se retient pas.

Pas vraiment.

Le ton était sec, cassant, mais surtout légèrement étouffé par le masque. Au fond, L'As se fichait bien de comment l'autre était habillé. Mais en l'état, il n'était pas vêtu pour aller massacrer des petites frappes. Il ne pouvait pas savoir, pas encore. Il se changerait sûrement avant de partir. En attendant, le chef du gang continuait avec les questions, ce que le mercenaire n'appréciait pas vraiment.

C'est mon problème.

Bien sûr qu'il avait un peu chaud. C'était le principe de porter un masque. La pratique de l'escrime, c'est surtout pratique quand il fait frais. Pendant les saisons chaudes, c'est plus compliqué à vivre, ça sens moins bon quand on se désape. Mais Alexander a bien appris à vivre avec ces contraintes. C'est aussi pour ça qu'il ne sort que la nuit, il fait bien moins chaud.

Enfin, on commence à discuter business. Marcus a laissé le semblant de conversation se faire, mais en tant qu'homme d'affaire et client principal dans cette histoire, il reprend fermement la main.

Bien sûr. J'ai affaire à des casseurs, depuis plusieurs semaines. Je mène une affaire déjà compliquée, ces gêneurs m'empêchent de travailler dans de bonnes conditions. L'As, ici présent, a accepté de m'aider à m'en débarrasser une bonne fois pour toutes. Il a repéré leur planque, à quelques rues d'ici. Nommez votre prix, je ne veux aucun survivant.

De la simple explication, le discours introductif de Marcus c'était fait de plus en plus véhément. C'était celui d'un industriel fatigué de voir son affaire retardée par des interventions extérieures, et qui n'avait aucune envie d'être indulgent. De la poche intérieure de sa veste, il sortit une petite carte de Domus, et indiqua à Jakab la cible à atteindre.

Ils vivent ici, ou du moins s'y cachent-ils. Comme c'est un grand immeuble, on ne sait pas si il y a des familles innocentes ou si c'est un QG pour un groupe de plus grande ampleur. C'est pour cela que nous avons besoin de vous. Vous connaissez le district, vous saurez nous guider. Enfin, surtout le guider lui. Si vous souhaitez garder les mains propres, ce ne sera pas un problème. Mais je veux que ce problème soit réglé ce soir.

Pour Marcus, cette mascarade n'avait que trop durer. Pour Alexander, l'envie de faire couler le sang se faisait plus pressante. Restait désormais à savoir si Jakab serait d'accord pour se mêler à cette affaire.
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Jakab Tangara
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyJeu 9 Aoû - 2:06

Mon index s’égare sur le relief de ma boucle d’oreille, tandis que je regarde Marcus déplier sa carte, pensif. Y’a des choses d’écrites que je ne parviens pas vraiment à déchiffrer, mais fort heureusement je connais la tronche de mon District. J’arrive sans trop de problème à situer l’endroit qu’il me montre, et je comprends aussitôt pourquoi c’est moi qu’il est venu voir avec son problème.

Le bâtiment en question, je l’ai déjà visité pour un boulot. Il a dû en entendre parler d’une manière ou d’une autre. Ceci dit, ça m’arrange. De mon côté, je sais déjà que ce qu’on me demande ne sera pas excessivement compliqué. A l’exception, peut-être, de la partie où il faut collaborer avec son pote l’As du déguisement subtil et discret.

D’une manière générale, je n’aime pas trop travailler avec les indépendants. Déjà parce qu’on ne sait jamais sur qui on va tomber, et que des bras cassés qui se prennent pour le nouveau Rocambole, par ici, il y en a probablement un de plus par semaine. Ceux-là ne font pas long feu, et il en va de même pour les abrutis qui leur font confiance. Pour tenir, dans la rue, c’est le nombre qui compte. Le nombre, et la loyauté du nombre. Le reste, sincèrement, ça relève du détail.

Et quand on travaille avec des guignolos qu’on ne connait pas, cette loyauté-là, on peut se gratter pour l’avoir.

Cela étant, Schirmer n’est pas n’importe qui. Quand on a un nom et une réputation de mec qui sait à peu près faire tourner son entreprise, on ne se laisse pas berner par la première branque en collant qui nous tombe sous la main. Si Marcus a confiance en son… As ? Alors probablement que le type est solide, malgré son absence totale de répartie.

Dans un soupir, j’ouvre un des tiroirs du bureau, pour chercher les cigarettes de ma sœur.

« Mes tarifs vous les connaissez, Marcus. Vous savez aussi que ce qui coûte, vraiment, ici-bas, c’est la discrétion. »

Au-delà de ça, et dans un tout autre genre de considérations, il y a le boulot lui-même. Qu’est-ce qu’ils demandaient, au juste ? Une escorte ? Le nombre de cible n’est pas très clair, mais visiblement cette partie-là du job serait à déléguer à coco l’As-ticot ici présent. Moi, si le type se sent prêt à tout faire tout seul, je ne vais pas me plaindre.

Mais ça ne m’empêchera pas de négocier.

« Un incendie bien placé, des représailles d’un gang anonyme, ce genre de petites choses très efficaces sont beaucoup plus abordables, quoique malencontreusement bruyantes. Mais puisque vous avez amené Monsieur ici présent… je crois comprendre que vous désirez quelque chose d’un peu moins brouillon. »

Je retrouve enfin les allumettes, qui avait glissé tout au fond de leur tiroir, puis, la clope au bec, j’en craque une et me remplit les poumons d’un bon nuage de fumée. Oui, bon, gnagna, fumer dans une bibliothèque, j’ai compris, mais calmez-vous. J’ai juste à pas me servir des bouquins comme cendrier et tout va bien se passer. Puis en ce qui concerne mes interlocuteurs, le premier je lui ai déjà fumé à la tronche, et l’autre il a la tête mieux emballée que les fesses d’un bébé. C’est pas la fumée qui va le déranger.

Je prends une longue taffe, ménageant un peu mon effet.

« Ma foi je serais même prêt à m’en occuper personnellement, si ça vous fait plaisir. Escorter votre sympathique ami jusqu’à l’endroit où il doit se rendre, lui tenir la porte et m’assurer qu’il ne se prend pas les pieds dans un tapis en partant. »

La vérité, c’est que je n’ai pas du tout envie de m’y coller. Une soirée à me cailler les miches sur un balcon pendant que l’autre zouave sans humour décime la marmaille urbaine à tour de bras, ça n’est pas exactement la soirée que j’avais prévu, moi, à la base. Mais comme c’est moi qui connait les lieux, je n’ai pas exactement le choix. Et puis, il faut rester positif : les clients sont toujours prêts à cracher un peu plus si on les fait se sentir spéciaux.

« Ce n’est pas très… conventionnel, mais ma foi, c’est quelque chose qui peut être fait. »

Oh oui, tu la sens ma grosse exception comme elle est belle ? Comme je la fais juste pour toi ? Tu te sens… privilégié ?

La bouche pleine de fumée, je bats des cils, considérant les rayonnages de bouquins dans le fond de la pièce.

« Et… parce que vous êtes un client sur le retour, nous dirons… Le double de la dernière fois ? Avec bien sûr la garantie que le travail sera terminé avant l’aube, et mon engagement personnel à voir la chose menée à bien dusse-t’il arriver quelque chose à votre… As. »

Que le saint patron des grandes gueules me viennent en aide : j’ai peur de ne pas réussir à passer la soirée sans accidentellement balancer un sobriquet à la tronche de mon futur collègue. Enfin la relative direction de sa tronche, parce que c’est difficile de bien savoir où sont les choses exactement là-dessous. Peut-être bien que ce sera ça, le plus grand défi de cette mission.

« Avons-nous un accord ? »

Ou puis-je tranquillement retourner à ma baignoire et à mon Esteban ?
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Alexander Shah
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyJeu 9 Aoû - 19:25

Silencieux, L'As se contente de suivre les instructions de Marcus, qui consistent pour le moment à rester debout bien droit et à le laisser négocier. Mais à l'heure actuelle, le plus dur pour le mercenaire n'est pas de ne pas piétiner pour se dégourdir les jambes, c'est plutôt de ne pas soupirer très fort. Alexander Shah n'est peut-être pas très impliqué dans les affaires familiales, mais il est resté suffisamment proche de son grand-père ou de sa sœur pour savoir comment gérer une entreprise. Engager des Oisillons pour faire le sale boulot à votre place, c'était un bon plan. Mais là...

*Le type boit, le type fume... putain dans deux minutes il va sortir de l'opium ou quoi ? C'est qui cet amateur ?*

Fort heureusement, le masque bloque le gros de l'odeur de la fumée. Quant à l'alcool, si Alexander est friand de champagne, son alter ego masqué est très à cheval sur la maîtrise de son corps au travail. En clair, il n'apprécie pas trop de voir ce Jakab profiter de ce que la vie peut lui offrir avant d'aller retirer la vie à des petites frappes. Il suggère même des alternatives, comme un incendie, quand bien même Marcus a signifié clairement qu'il attendait des cadavres. D'ailleurs, l'industriel balaye ces hypothèses d'un revers de main.

Mes volontés sont très claires, Jakab. Je ne veux prendre aucun risque. L'As a identifié six casseurs, je veux qu'il me confirme six morts au lever du soleil.

Schirmer est quelqu'un d'intelligent, L'As le sait, il l'a vu monter son affaire d'une main de maître. Avec une concurrence aussi rude, on ne survit pas plusieurs années sans un minimum de talent. Mais là, face à ce Jakab, il est en train de se faire escroquer comme un bleu. L'autre n'a pas besoin d'avoir inventé l'eau chaude pour voir que son client est exaspéré par les casseurs. Il a raison d'en profiter, d'essayer de faire payer plus cher. Le mercenaire, lui, se contente de regarder, toujours aussi inexpressif.

*Et il lui fait même le coup de l'exception. Te fais pas avoir Marcus...*

Le double de la dernière fois. Marché conclut.

*Tu t'es fait avoir, Marcus...*

Vous escortez L'As jusqu'à cet immeuble, vous l'aidez à contourner d'éventuels pièges et à éviter les pertes inutiles. Il se charge des six petites merdes. C'est un job simple, vous entrez, lui il tue, vous ressortez. Si ça ne vous dérange pas, je resterais boire un verre en bas ce soir. Vous ne devriez pas en avoir pour trop longtemps.

Une poignée de main et l'opération se met en branle. Retour au rez de chaussée, puis dans la rue nauséabonde de Domus. Les effluves d'alcool qui émanent de la Carie du Crocodile masquent légèrement la puanteur ambiante. C'est la chaleur qui veut ça, et les choses ne vont pas s'arranger avec la Saison des Forges qui arrive.

L'As et Jakab se retrouvent face à face, à l'entrée du bar, quelques minutes plus tard. A partir de là, il avait été convenu au préalable, entre Marcus et Alexander, que ce dernier menait sa barque comme il l'entendait. Bien sûr, il ne fallait pas abîmer l'autre type et collaborer avec lui... bref, être professionnel. Ça ne signifiait pas qu'il fallait devenir amis.

Bien. Jouons franc-jeu tout de suite : j'ai pas nécessairement envie de bosser avec toi, et je suis pas convaincu que l'inverse t'enchante réellement. Mais tu connais le coin, j'ai besoin de toi, et Schirmer paye bien. Alors on va régler ça vite fait.

Jakab étant le guide, Alexander attend patiemment qu'il annonce la direction à emprunter. Il n'a pas spécialement envie de faire la conversation, mais il préfère s'assurer de l'essentiel.

Normalement t'auras pas à te salir ce soir. Mais juste au cas où, t'as apporté de quoi te défendre ?

Le ton étouffé de sa voix est on-ne-peut plus neutre. Toutefois, il y a ce besoin d'être professionnel. D'asseoir sa réputation. Alexander sait qu'il est relativement nouveau dans le monde du crime, et son agression d'un Vicaire quelques rues plus loin ne suffit pas à faire de lui une pointure. C'est un long chemin pour arriver en haut de la liste des criminels recherchés. Et L'As ne veut pas se précipiter. Il a aussi conscience que des alliés dans ce genre de quartiers défavorisés seraient très utiles. Pas besoin d'être amis, juste de savoir ce que chacun vaut, et qui peut être fiable. C'est pour cela qu'il se permet des mots plus durs.

A moins que tu sois le genre d'attardé qui aime se ramener cul nu dans une mêlée où tout le monde sera armé ?
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Jakab Tangara
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyLun 13 Aoû - 23:56

L’affaire se conclut rapidement (ce qui m’arrange, je ne vais pas vous mentir, j’ai connue compagnie plus charmante) et après quelques derniers détails à régler, nous nous retrouvons dehors, dans les bonnes vieilles rues de Domus et leur odeur de vomi salé. J’essaie très fort de ne pas repenser à mon bain, parce que je pourrais bien en pleurer.

Qu’est-ce qu’on ne fait pas pour le pognon, je vous le demande…

Entre temps, j’ai enfilé une veste noire (et sobre), par-dessus ma chemise, et attrapé une sacoche élégante au cuir un peu rapé pour la passer à mon épaule. Je n’ai besoin de rien plus, au vu de ce que l’on attend de moi, n’en déplaise à monsieur l’as de la répartie.

« Je te trouve bien prévenant, l’ami. Moi qui croyait que ton truc c’était plutôt les silences de brutes taciturnes… je suis touché. »

Heureusement pour nous deux, je ne suis pas de cette race de petits chiots qui aiment à montrer leurs dents au premier pet de panique. Je sais maîtriser mes instincts virilistes, quant à l’occasion il m’arrive d’en attraper.

« Mais ne t’en fais pas, je suis un grand garçon. »

Avisant l’arme à sa ceinture, je me retiens de hausser un sourcil surpris, peinant à en identifier tout à fait la nature. Je ne savais même pas qu’on faisait des épées comme ça, et encore moins qu’on en trouvait par ici. Mais là encore, ça dépend probablement des amis qu’on a, et l’Asperge masquée semble en avoir des sympa. Je hausse nonchalamment les épaules, avant de me mettre en marche.

« Et puis je n’ai pas besoin d’une… grosse épée pour me sentir, hm… disons, en sécurité. »

Un petit couteau dans la botte et beaucoup de copains, ça restait ma méthode de prédilection. Ou bien encore une boîte d’allumettes. C’était imparable, ça une boîte d’allumettes. Et si on s’y prenait correctement, les risques de se manger un pommeau en fer dans les dents étaient quasiment nuls.

Là, en l’occurrence, on allait entrer par effraction. Discrètement. En marchant dans la rue avant et après. Alors monsieur l’Assistant Assassin devra me pardonner de privilégier la légèreté et l’aisance de mouvements à la surcharge d’artillerie.

Arrivé au bout de la rue de la Gorge, je bifurque sur la droite, contournant la grande place pour m’engager dans une longue ruelle en arc de cercle. Ça n’est pas du tout la bonne direction, en réalité, mais il me reste encore un accessoire ou deux à récupérer, histoire d’assurer nos (enfin surtout mes) arrières. Et puis ces rues-là possèdent également le net avantage d’être beaucoup moins fréquentées, ce qui, je vous ne le cache pas, m’arrange pas mal, vu la dégaine de mon escorte.

« Nous allons nous permettre un détour, si tu veux bien. Il y a encore des gens dehors, à cette heure, et je préfèrerais ne pas être vu avec… eh bien toi, pour être tout à fait honnête. »

Je fais un petit geste innocent, levant le nez vers le ciel nocturne et ses nuages effilochés, en lambeaux noirs sur fond étoilé.

« Il y a déjà suffisamment de rumeurs qui trottent concernant ma vie sexuelle. »

Et accessoirement, si jamais l’autre clown se foire, je préfèrerais qu’on ne laisse pas derrière nous une traînée de vinht-huit témoins affirmant m’avoir vu me balader avec le principal suspect. Je suis un mec sensible aux détails, vous voyez ? Et la pleine lune me rend prudent.
Tandis que ça grommèle, derrière moi, mon pas nonchalant nous guide, mon As-socié et moi, jusqu’à une petite porte verte, enfoncée dans une discrète façade de briques. Il n’y a pas de numéro, ou de plaque, simplement un dessin de coquillage tout écaillé, peint à même le bois, au-dessus du heurtoir.

« On va faire un arrêt ici si tu permets. Planque-toi un peu plus loin j’en ai pour une minute. »

Sans plus de considération ni d’avertissement pour mon partenaire, je me saisit du gros anneau de bronze pour le fracasser lourdement contre sa plaque assortie. Je frappe trois coups lents, puis remet mes mains dans mes poches, attendant que la vieille Abbondanza daigne se lever de son fauteuil pour me répondre.
Elle n’a pas l’air tout à fait ravis, emballée dans sa vieille robe de chambre miteuse, mais elle ne proteste pas lorsqu’elle me voit. C’est qu’elle commence à avoir l’habitude de mes horaires de truand, à force…

« Bonjour Abbie, je viens vous emprunter Pinar. »

Je n’ai absolument aucun visuel sur mon collègue, qui a disparu dans une ombre quelque part, mais je peux sentir son exaspération  me dresser les poils du dos meme à cette distance. Peut-etre qu’il s’imagine que je suis en train de me prendre à boire pour la route ? Allez savoir.
La vieille ronchonne un peu, pour la forme, à ma demande (forcément, il est tard) mais là encore, elle est sait bien qui lui paye le loyer, de quoi nourrir les gamins, et réchauffer son vieux cul à la saison fraîche. Elle n’a pas vraiment d’autres choix que celui d’accéder à ma requete.

Dans un tremblement de menton, elle s’en retourne brièvement à l’intérieur, où résonnent quelques chuchotements étouffés, puis elle reparaît, une fillette à la peau brune sur les talons. Je souris de toutes mes dents qui brillent.

« Bonsoir, Pinar. Tu vas bien ?
- Oui monsieur Jak !
- En forme pour un petit jeu ?
- Toujours ! »

La petite a enfilé un pantalon par dessous sa chemise de nuit, coincée sa touffe de cheveux bouclés dans un petit bonnet de laine, et lorsqu’elle s’aventure sur le porche, quittant le giron d’Abbondanza pour le mien, je peux voir ses yeux pétiller à la lueur de la lune. Elle a toujours aimé ça, les escapades nocturnes, la petite Pilar. J’avoue, ça m’attendrit toujours un peu : elle me rappelle moi, au même âge.

Qui sait d’ici quelques années, si elle continue dans cette voie, elle pourrait bien se faire une petite place parmi nos recrues…

« Alors viens, tu peux prendre ma main si tu veux. Je te présente… Lassie. C’est mon ami, et il va jouer avec nous ce soir.
- Pourquoi il a un sac sur la tête ton ami ?
- Euh… bah parce qu’il aime bien se déguiser. C’est un petit farceur.
- Ah. »

La gamine est sceptique, mais elle ne me contredit pas. Maintenant que la vieille gardienne est partie se recoucher, et que mon Astucieux ami revient dans la lumière, elle prend le temps de l’examiner, un long moment, avant de faire un pas vers lui, sa petite main toujours dans la mienne.

« T’es déguisé en quoi au juste monsieur Lassie ? »

Oh, peut-être que finalement la soirée ne serait pas si ennuyeuse, au juste…
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Alexander Shah
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyMar 14 Aoû - 20:38

Le trajet commence. Alexander s'est simplement contenté de secouer la tête avec dédain. Alors comme ça, il a affaire à un grand garçon qui pense pouvoir se débrouiller avec ses poings ? C'est son choix... Pas le bon choix selon L'As, mais c'est un choix comme un autre. Après tout, peut-être que ce Jakab apprécie les cicatrices partout sur la gueule ?

En tout cas, il n'a pas l'air de comprendre que c'est un fleuret que le mercenaire se trimballe sur le dos. Sinon il n'aurait pas dit "grosse épée". Mais qu'importe la taille, le plus important c'est comment on s'en sert. Et Alexander, malgré quelques déboires avec le Prieuré, savait bien se servir de son jouet.

Sans broncher, il suit les pas du local de l'étape. Après la rue animée du bar, les petits coupes-gorges s'enchaînent sans que L'As n'y trouve à redire. Il n'est pas encore minuit, il y a encore pas mal de poivrots qui traînent, et le duo qu'il forme avec Jakab ne transpire pas l'innocence. Alors lorsque l'Oisillon tente de se justifier, le mercenaire ne prends pas outrage.

Je comprends bien. Tu voudrais pas que tes potes croient que tu t'es embourgeoisé... Je suis pas vraiment dans ta gamme de prix.

Ça, on lui avait jamais proposé, mais L'As se disait que si un ou une illuminée voulait lâcher quelques ducats pour une nuit avec un mec masqué, ça ne lui coûterait pas grand chose d'accepter. Il n'avait pas besoin d'argent, étant donné ses origines sociales. Mais ce serait un contrat plus relaxant qu'un assassinat doublé d'une course poursuite avec le Prieuré.

Ils parviennent devant une vieille bâtisse, comme il doit y en avoir des centaines dans Domus. Sans vraiment attendre les instructions de son acolyte, Alexander a pris de la hauteur. Accroupis sur un toit voisin, il observe le court échange. Sa position lui rappelle son combat contre le Vicaire, et lui arrache une grimace. Une blessure par balle, même quand c'est soigné correctement, ça traine toujours pour être entièrement rétabli. Mais à l'heure actuelle, après son petit voyage loin d'Excelsa, Alexander n'a plus de douleurs, et plus de problèmes pour bien équilibrer ses attaques.

Il perçoit le nom de Pinar, et se dit qu'il traine vraiment avec un alcoolique. C'est dangereux quand on abuse de ces choses-là, faudrait penser à consulter. Mais finalement, c'est une gamine qui débarque, encore en chemise de nuit et habillée à l'arrache. Franchement, réveiller des gosses à cette heure-ci pour ce genre de travail, c'est pas joli joli. Redescendant de son perchoir, L'As lance à Jakab.

Détournement d'enfant ? C'est du propre.

La gamine lui arrive à peine à la taille. Elle le regarde avec des yeux qui ne trahissent ni fatigue, ni même peur. Ça l'énerve un peu. Ces gosses de pauvre, orphelins condamnés à trainer dans la merde toute leur vie... ils ne craignent pas vraiment les mercenaires. Parce qu'à 8 ans, ils ont déjà tout vu, tout entendu, tout connu. Donc forcément, c'est pas un mec masqué avec un fleuret qui va l'impressionner.

Alexander n'est pas trop à l'aise avec les enfants. Malgré sa propension à enchaîner les conquêtes (en civil, restons sérieux un instant), il ne s'imaginait pas une seconde père de famille. Peut-être un jour, un petit Shah junior, ça lui ferait plaisir. Mais il faudrait se poser, coucher toujours avec la même personne, ça semblait un peu chiant. Puis comme il n'était pas l'aîné, ce n'était pas vraiment à lui de fournir les héritiers directs à la fortune familiale. Il ferait un môme au pif quand il en aura marre de papillonner.

En attendant, le boulot.

Je suis déguisé en panda cannibale. T'es un peu jeune pour comprendre la subtilité.

Bon, à tout moment la gamine allait lui dire qu'elle avait déjà manger du mollet de pouilleux, faute de mieux, mais tant pis. Alexander reporta son regard sur Jakab. Il pouvait pas lui donner un nom aussi ridicule que "Lassie" et espérer qu'il joue le jeu.

C'est pour faire diversion qu'elle vient avec nous ? Demanda L'As avec une pointe d'impatience.

Plus vite il quittait ce quartier de bouseux, mieux il se portait. Son envie de tuer, de se dégourdir les bras après son retour de "vacances", ne faisait qu'augmenter.
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Jakab Tangara
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyDim 26 Aoû - 0:35

« T'es bizarre. »

J’avoue que, sur le moment, même moi, ça m’a surpris. Pinar relève un œil vaguement inquiet dans ma direction, mais je secoue la tête pour la rassurer. Moi non plus je n’ai aucune espèce d’idée de ce que peut bien être un panda, mais en tout cas s’ils sont censés avoir la tronche notre aspirant comédien ici présent, il vaut mieux pour nous deux que nous ne poussions pas plus loin notre curiosité. Le peu que parvient à en conjurer mon imagination débordante me suffit amplement.
Afin de m’éviter d’avoir à poursuivre dans cette voie, je décide de m’allumer une clope, tranquillement, avant d’inviter tout ce petit monde à me suivre. Derrière nous, la maison au coquillage se replonge dans l’obscurité, une fenêtre après l’autre, nous laissant bientôt en tête à tête avec la lune et l’occasionnelle devanture de bar.

« Non, bien sûr que non. Elle est là pour faire le guet, cher ami. »

Je tire une longue taffe de ma cigarette, répandant mon odeur de sauge cramée un peu partout à chaque mot qui quitte mes lèvres. J’aurais pu le laisser cogiter sa question tout seul en marchant, mais je n’aime pas le silence. Et puis je n’aimerai pas qu’on aille m’accuser de trop maltraiter mes collaborateurs.

« Les diversions, par définition, et j’espère tout de même que je ne t’apprends rien, attirent l’attention. Pourraient risquer de faire sortir un de… tes lascars. Je doute que tu aies envie de te battre comme un zouave en pleine rue, sous la menace constante des autorités, pas vrai … ? »

Remarque, je parle à un type qui porte des masques en cuir en pleine rue et qui visiblement n’attend qu’une occasion pour se jeter sur la façade la plus proche et l’escalader comme un dingo au lieu de simplement se cacher dans l’ombre. Peut-être bien qu’en jugeant de son caractère, mon âme charitable lui a accordé plus de bon sens que le bonhomme n’en possède réellement. Allez savoir.

« Non, Pinar est là pour nous aider à pallier ce qui nous manquera le plus pendant cette mission.
- Des yeux ?
- Exactement, ma grande. Et il n’y a pas meilleurs yeux que toi dans toute la ville. »

La petite bombe le torse, sous son pyjama, toute emplie de fierté par le compliment. Si j’était le genre à me chercher une fibre paternelle dans les ruelles de Domus, mon choix se serait probablement porté sur elle. De grandes pupilles noires et curieuses, un sourire aux dents écartées, et toujours l’air malicieux d’un chaton qui vient de trouver sa queue. Très bonne élève, un peu trop curieuse pour son bien… Une orpheline à vous en faire fondre les cœurs des bonnes gens, et même des brigands au grand cœur. Malheureusement, je suis encore loin d’être tout à fait prêt pour ces responsabilités-là.

En attendant, je ne suis tout de même pas mécontent d’avoir empêché le prieuré de lui mettre la main dessus. Ils salissent tout ce qu’ils touchent, ces enfoirés, je serais vert de voir le potentiel brut de ma petite Pinar tout gaspillé à balayer le carrelage en silence ou à ânonner tristement des préceptes.

Elle me prend la main, tandis que nous reprenons notre route à travers le labyrinthe puant de Domus, et je la tiens près de moi tout le long du trajet. Ne croyez pas que j’oublie que les premiers mots du type, quand il a rencontré la gamine ont été ‘détournement d’enfant’. Et moi je vais être très colère si on me détourne mes orphelins.

Peut-être que je n’aurais pas dû lui montrer où je les range…

A mesure que notre petit groupe progresse sur le pavé humide, autour de nous les rues commerçantes et encore un peu illuminées laissent peu à peu place à des façades plus résidentielles et beaucoup moins bien entretenues. Les bâtiments se resserrent, d’escaladent, s’étouffent les uns les autres, laissant si peu de place à la rue qu’on les croirait près de s’effondrer, par les deux côtés, pour l’ensevelir tout à fait sous leur masse informe. Les fenêtres se font plus rares, plus sales, et plus étroites – ce qui est un exploit en soi quand on connait le reste du quartier – tandis que la brique se fait vieille et usée. On ne devrait plus tarder à présent.

Le bâtiment qui nous intéresse s’élève fièrement sur trois étages, coincé entre une maison plus petite, au toit de tôle, et un immeuble mesurant bien le double de sa taille. Un semblant d’architecture décorative a survécu aux intempéries, notamment quelques moucharabieh percés, accrochés courageusement aux fenêtres de la façade, ainsi que deux colonnes, fines et rongées par le sel, soutenant un balcon au deuxième étage.
La porte, enfin, lourde et à la peinture très écaillée, est gardée par deux bonhommes. Deux grands trentenaires, l’air plutôt alcoolisés, qui jouent aux cartes sur une petite caisse de vin retournée, vissés dans des fauteuils à bascules.

Parce qu’évidemment, ça aurait été trop beau que la voie royale soit libre. J’écrase ma clope contre le talon de ma chaussure, et soupire, arrêtant notre petite troupe avant qu’elle ne s’aventure trop loin dans la rue.

« Pinar, tu sais quoi faire. Mets-toi à l’angle, là, pas la peine d’attirer leur attention. »

La petite hoche vivement la tête, puis libère ma main pour s’en aller trotter en direction du carrefour. Là, elle se trouve un petit coin de mur où se tapir, appuyée contre la façade, son bonnet bien enfoncé sur la tête. Elle me fait un petit signe, et je lui souris.
Derrière moi, en revanche, mon éloquent associé commence à s’impatienter.

« Quant à toi, suis-moi. On peut accéder au bâtiment voisin en passant par l’autre rue. Il va falloir grimper un peu, mais de ce que j’ai vu t’as pas trop le vertige, alors ça ira, hm ? »

Je lui fais signe de me suivre, abandonnant Pinar à son poste pour contourner la dernière maison de la rue.

« Par l’avant, c’est trop risqué, avec les zouaves, et puis les fenêtres sont difficilement accessibles. Le mieux, c’est de grimper sur l’arrière du bâtiment d’à côté, et de se laisser glisser sur le balcon. »

Tout en murmurant, je lui désigne, de loin, les empilements de briques noires du plus haut des trois bâtiments, juste avant qu’il ne disparaisse derrière d’autres construction. En bifurquant dans une rue, puis une ruelle, puis un chemin, et enfin en escaladant les restes d’une vieille palissade humide au bois à moitié défoncé, nous finissons par atterrir dans ce qui semble être un dépôt d’ordures sauvages, entassées dans le minuscule cul de sac entre l’immeuble et la clôture. L’odeur est infecte, mais comme promis, l’arrête sud du grand bâtiment nous fait face, avec son lot de briques délogées et de bonnes prises pour la grimpette.

« Le troisième est inoccupé. On pourra y attendre sagement que le reste de la troupe s’endorme. J’espère que ma compagnie ne t’importune pas déjà complètement. »

Moi-même, je ne suis pas tout à fait sûr de mon avis sur la question.

« Ensuite je descends t’ouvrir la porte du balcon et tu te débrouilles pour la suite. »
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Alexander Shah
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyDim 26 Aoû - 19:44

Le mec fait bosser des enfants, fume pendant qu'il travaille, ne porte aucune protection visible et est à peine armé. Il a bu de l'alcool avant aussi. Pour le coup, L'As est moyennement enjoué à l'idée de suivre le plan de ce type, mais vu que c'est lui le guide et que Schirmer paye bien, il persiste à ne rien dire. Aussi parce que si jamais il ouvrait la bouche, ce serait sans doute pour dire des choses pas gentilles sur sa génitrice. Faut pas parler des mamans.

La petite va servir de guet. Pourquoi pas après tout. Bon, à cette heure-ci, une gamine en pyjama avec un bonnet sur la tête, seul en pleine rue, ce sera sans doute un peu suspect. Quoi que, à Domus ils ont peut-être l'habitude ? Alexander n'a pas vraiment pour habitude de se promener dans ces zones là.

Bon. Tant qu'elle nous gène pas, fait ce que tu veux. Mais si jamais elle s'attire des emmerdes, tu te débrouilles tout seul.

Il dit ça pour la forme, visiblement la petite en est pas à son coup d'essai. Il n'y a pas de peur dans ses yeux, ce qui est un excellent point. Le désormais trio progresse ensuite plusieurs minutes dans les ruelles étroites de Domus. Parfois, il faut se mettre en file indienne, parfois même ils doivent progresser en pas chassé, de profil. Qui est l'architecte qui a dessiné les plans des rues ? Parce que franchement le mec a fait n'importe quoi. On n'a pas idée de faire des immeubles qui ont l'air de se soutenir mutuellement.

Finalement, ils débouchent sur une petite place. L'immeuble cible est bien en évidence. Trois étages, comme prévu. Gardée par deux mecs au nez rougis par l'alcool, pas clairement prévu mais le contraire aurait été étonnant. D'un côté, une petite maison qui ressemble à une guérite de gardien. De l'autre, un immeuble bien plus grand, sept étages. La route à suivre se dessine toute seule pour le mercenaire. Jakab envoie la gamine en position, puis indique un début de plan à L'As.

Grimper. Je sais faire.

Ils se faufilent, laissant la gamine derrière eux. C'est bien malin tiens, pense Alexander. Si ils passent par l'arrière du bâtiment, comment ils sont supposé apercevoir le moindre signe de la petite, qui est restée de l'autre côté de la rue ? Sans doute quand ils seront sur le toit, ils auront un meilleur visuel, mais tout de même. Pinar ne peut pas voir à l'intérieur, comment savoir si la voie est libre ? Si il y a des pièges ?

Avec l'alcool qu'ils avaient ingurgité, et sa vitesse, le fleurettiste n'aurait sans doute pas eu de mal à se défaire des deux zigotos. Mais pour le coup, Jakab avait raison, c'était trop risqué. Un cri, un éclat de voix, les autorités alertées, les cibles prévenues et c'est tout le plan qui tombait à l'eau. La discrétion serait bel et bien le maître-atout. Entrer, tuer, ressortir. Rien de plus. Jakab ouvrira la porte du balcon.

Le plan me va. Je commençais à croire que Marcus m'avait vraiment refilé un amateur.

Bon, dans l'esprit d'Alexander, son associé d'un soir était toujours un demi-amateur. Mais un demi-amateur doué d'un minimum de réflexion et de connaissances du terrain, c'était mieux que rien. Il lui emboîte le pas, direction le grand bâtiment à escalader. L'avantage des immeubles de Domus, c'était leur absence d'entretien. C'était facile de se creuser des prises à coups de pieds dans les murs fatigués. L'inconvénient, c'est qu'il fallait quand même s'assurer que la bâtisse complète n'allait pas s'écrouler sur lui.

Après s'être assuré qu'ils n'étaient pas suivis et que personne aux alentours ne pouvait potentiellement les déranger, Alexander entama son ascension. Parvenir au troisième étage ne fut qu'une simple formalité pour le mercenaire, qui s'immisça rapidement à l'intérieur. Dégainant son fleuret à peine le pied posé sur le plancher poussiéreux, il fit rapidement le tour du propriétaire pour s'assurer que Jakab disait bien vrai. Une fois leur solitude vérifiée, le mercenaire voulut se poster à la fenêtre pour observer leurs cibles. Si il pouvait voir à travers le carreau, il ne parvenait en revanche pas à distinguer de mouvement dans le bâtiment d'en face.

Il est encore tôt... Si jamais ils sortent pour un nouveau casse, on va devoir attendre qu'ils rentrent.

Autrement dit, ils risquaient d'en avoir pour un moment.
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyMer 12 Sep - 15:58

J’ai le sentiment que la nuit va être longue. Heureusement pour nous deux, j’ai de la patience à revendre, et la consolation de savoir que je suis beaucoup trop bien payé pour faire ce job beaucoup trop simple, et dont, en somme, la principale difficulté ne réside que dans le fait de parvenir à supporter les humeurs du collègue.

Et croyez-moi, j’ai enduré bien pire, pour bien moins d’argent.

Avec ce genre de type, le mieux à faire reste encore le sourire aimable, quitte à se forcer. Mais pas trop, attention ; c’est un conseil que je vous donne, de vous à moi : plus votre sourire est grand, plus le mépris qu’il y a derrière va commencer à se voir. Alors faux cul, oui, mais subtilement.

Par ailleurs, je me retiens assez aisément de m’offusquer de sa remarque sur mon hypothétique amateurisme. Si je devais m’arrêter à tous les types qui me prennent pour un guignolo, je passerai plus de temps à leur expliquer la vie qu’à vivre la mienne. C’est que je dois avoir la tête de l’emploi.
Mais des clients j’en ai, et tant qu’eux sont content de la prestation, à la fin de la journée, je suis d’avis qu’il n’y a pas grand-chose de plus à ajouter. Si vous voulez : nous, la boutique ça fait quelques années qu’elle tourne (pas trop mal en plus), et croyez-moi, c’est pas en braillant dans les ailes des moulins (ou dans les oreilles des ânes) qu’on l’a fait prospérer.

Les énergies éoliennes, c’est un truc de riches, de toute façon.

A la place, je m’allume une clope. A l’intérieur, parce que je suis un sagouin, et parce que de toute façon il y a assez de trous dans les murs et dans les fenêtres pour nous éviter de finir la soirée dans un aquarium. Avisant quelques vieux meubles entassés dans l’une des pièces, je m’en vais me dépoussiérer un fauteuil miteux à coup de pompes, avant de le traîner jusqu’à une fenêtre. Jakab Tangara, décorateur de génie.

Là. Le coin de la traverse comme cendrier, une petite caisse de bois pourri où croiser les jambes, et me voilà posé pour quelques heures. Il en faut peu pour être heureux.

Et puis moi je ne suis pas un chamois. La grimpette, j’ai beau pratiquer régulièrement et ne pas peser bien lourd, c’est un peu éprouvant pour les muscles des bras. Alors quitte à patienter, autant le faire confortablement. Depuis le fond de mon fauteuil, je regarde l’autre gaillard s’agiter, visiblement pas décidé à me croire sur parole en ce qui concerne l’inoccupation des lieux. Ce qui est fou c’est qu’il arrive à me stresser rien qu’à sa façon de déambuler autour de sa fenêtre.

Les mercenaires, ces éternels impatients. Pire que des mômes hyperactifs qui courent partout avec des couteaux. C’était à se demander comment où pouvait donner dans l’assassinat quand on n’était pas foutu de poser son cul deux minutes.
Avec le bon espoir qu’il me fasse enfin assez confiance pour s’asseoir comme un grand garçon, je tente de le rassurer.

« Ma foi, je ne les connais pas intimement, les gaillards, mais enfin ils m’ont tout l’air de fêter quelque chose. »

Ou du moins, c’est ce que semblait indiquer l’état des deux types en charge de garder le bâtiment. Ce genre de pratiques n’étaient bien souvent autorisées sur le temps de travail que lorsqu’on avait déclaré la bringue générale. En tout cas du moins dans les business où on était un brin sérieux.

« Espérons qu’ils auront l’amabilité de ne pas s’effondrer ivre mort trop tard dans la nuit. Bien que ta compagnie soit charmante, il ne me reste pas beaucoup de cigarettes, et j’aime l’idée d’avoir au moins un semblant de nuit pour dormir à la fin de toute cette histoire. »

Et peut-être même un semblant d’Esteban, si ma sœur ne l’avait pas trop fatigué.

Restait à espérer que l’Astucieux compagnon ne se vautre pas dans sa partie de la mission, parce que j’avais donné ma parole que tout ça serait bien fait, et que ça ne m’enchanterait pas plus que ça de devoir me jeter dans la mêlée pour finir le travail, le cas échéant.
Mais en même temps, assassiner une bande de type qui ronflent, ivres morts, sur leurs lits miteux, on aura vu contrat plus périlleux. Tout chanceux qu’on est ; lui est moi, si il arrive à se planter, vraiment, qu’on ne vienne pas m’annoncer que c’est moi l’amateur.

Mais puisque ruminer des inquiétudes hypothétiques ne nous amènerait nulle part, je décide de mener la conversation vers des contrées plus vertes, où j’espère que mon interlocuteur trouvera la force de se détendre un peu.
Si on avait un petit feu et des bières, pour faire un peu de team building à l’ancienne, évidemment, ça serait parfait, mais au nom du professionnalisme et de la discrétion, nous nous abstiendrons pour cette fois.

« Bon. Alors raconte moi un peu, l’ami. La vocation de… bretteur masqué en location. Ça t’es venu comment ? »

Peut-être que j’exagère un peu, avec l’insolence. Il y a quelque chose dans la dégaine du type qui me fait un peu régresser, au niveau de la conversation, c’est plus fort que moi. Et puis quoi, le mec est bizarre, mais il a des clients sérieux. Ça m’étonnerait qu’il soit du genre à compromettre une mission parce que son partenaire avait un peu trop la grande gueule.

En tout cas j’escompte bien. Sinon, et bien au moins ma sœur pourra tirer une belle somme des poches de Schirmer pour les pertes occasionnées par son champion. Une maigre consolation pour moi, je vous l’accorde, et pourtant je persiste et signe ;

« C’était un rêve de môme ? Ou bien genre… un matin tu t’es réveillé avec les draps emmêlés autour de la tête et tu t’es dit’bon sang, ça y est, je sais ce que j’vais faire de ma vie’ ? »
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Alexander Shah
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyJeu 13 Sep - 14:00

L'habitation est belle et bien vide. Bien sûr, Jakab n'avait aucune raison de mentir à ce sujet, mais Alexander avait préféré vérifier. Ne serait-ce que jeter un œil dans le couloir pour être sûr que personne n'allait les déranger pendant la longue attente qui s'annonçait.

Entre l'état pitoyable de la vitre, la distance entre leur planque et l'appartement-cible et l'obscurité de la nuit, c'était mission impossible d'observer un minimum ce qu'il se passait à l'intérieur. Mais le local avait raison, vu l'état des deux gardes à l'entrée, il y avait peu de chance pour que les principaux intéressés se mettent en mouvement ce soir.

En tant que gosse de riche tout ce qu'il y a de plus respectable, Alexander était dégoûté par absolument tout ce qu'il voyait depuis son arrivée à Domus. L'odeur, l'état des rues, la moisissure dans les habitations abandonnés, le fait que Jakab s'asseye dans un fauteuil dégueulasse et fume à l'intérieur... La liste s'allongeait de minutes en minutes.

Mais en tant que L'As, il ne laissait rien paraître. Le masque aidait beaucoup, il fallait l'avouer. C'était difficile de décrire les sentiments de quelqu'un dont on ne voit pas le visage. Alors après quelques minutes, le mercenaire tourna le dos à la fenêtre quasiment opaque et s'adossa au mur juste en-dessous.

Un craquement dans son dos. Mauvaise idée de s'adosser, il se positionne en tailleur, le dos droit, et entreprend de dégainer son fleuret. Il observe la lame, bien nettoyée, sous toutes les coutures. C'est surtout un moyen de s'occuper les mains. Le jeune Shah est très consciencieux avec ses jouets, il prend bien soin de les nettoyer.

Pour pallier au silence, Jakab tente d'initier la conversation. Alexander retient un soupir, il n'a pas vraiment envie de discuter, mais vu qu'ils vont poireauter un moment, autant ne pas le faire en se regardant dans le blanc des yeux. Mais alors que dire ? Parce que, pour des raisons évidentes, L'As ne peut pas annoncer à son associé du soir qu'il est devenu mercenaire par ennui après la mort de son grand-père.

Enfin, il pourrait, mais d'une, il ne prendra pas le risque de mentionner son grand-père de peur que quelqu'un fasse le lien. De deux, tuer des gens parce qu'on s'ennuie, c'est pas la plus glorieuse des descriptions. De trois, il y a plus à raconter, notamment vis-à-vis de ses liens avec Incus et le Culte de la Machine, mais il ne fait pas assez confiance à Jakab pour lui parler de ça. Alors il botte en touche avec une langue de bois digne des meilleurs politiciens.

Les mêmes raisons qu'un paquet de gens, sans doute. Un imprévu, plus un rond, l'urgence de la situation... c'est juste une fois pour te sortir de la merde, et puis sans que tu t'en rendes compte, t'en arrives à tuer des gens et à y prendre goût.

C'est tellement bateau... Alexander ne serait pas surpris si Jakab ne croyait rien de ces conneries. Mais bon, dans l'hypothèse où il y croirait, L'As commence à réfléchir à toute vitesse à différentes histoires pour justifier le masque, le fleuret, les vêtements, l'attitude... tout. D'ailleurs, même si l'autre ne croyait pas à ces histoires, il pourrait poser ce genre de question dans le simple but de le piéger. Ça a l'air d'être le genre.

En attendant, le mercenaire décide d'omettre l'hypothèse sur le pourquoi du masque, et de retourner la question originale.

Et toi, t'as une histoire plus originale que la mienne ?
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Jakab Tangara
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyDim 7 Oct - 22:01

Alors, j’avoue, je ne m’attendais pas vraiment à ça.

Laissant ma cigarette se consumer lentement au bout de mes doigts, je le dévisage longuement (enfin façon de parler), un air particulièrement dubitatif sur le visage. Non parce que ce qu’il m’expose, là, c’est un point A et un point B ma foi crédibles, quoique discutables, d’un point de vue purement moral. Mais alors pour ce qui est de relier le premier au second…

Je veux dire, il n’y a pas que moi qui trouve ça rude, comme escalade, pas vrai ? N’allez pas me dire que je cherche la petite bête quand en face on me balance des trucs pareils.

« Oh bah j’avais besoin de manger et hop maintenant j’y ai pris goût » (là, il faut imaginer avec une voix, parce que dans ma tête je fais toujours les voix ; ça rajoute de la couleur). Mais il pose ça de manière… parfaitement urbaine. Il y aurait pris goût comme on prendrait goût aux épinards ou à l’accordéon passé quelques réticences initiales.Parfaitement, ma bonne dame !

Je veux bien que le meurtre n’aie plus grand-chose d’impressionnant, pour les gratteurs de fange que représente mon corps de métier, et toutes les mouches qui gravitent autour, mais enfin tout de même ! On ne parle pas d’un truc vaguement pénible, là. Même moi qui ne rechigne pas à mettre les mains dans le fumier de temps à autre, ce n’est pas un truc que j’apprécie, quand j’ai à le faire… Et pourtant je suis dans le métier depuis un bon moment.

Alors on m’excusera, mais quand on vient me dire qu’on en est venu à se prendre de passion pour le massacre organisé, moi je fais une petite note dans ma tête qui dit ‘ouh la la en voilà un qu'est bien citronné’. Mais peut-être que j’ai le diagnostic facile, allez savoir.

Ou alors peut-être que les citrons gravitent inexplicablement autour de moi.

Enfin. Que cette question-là reste sans réponse encore quelques temps. Pour le moment, il en est une plus pressante qu’il me faut solutionner : celle que mon astucieux compagnon vient de dérouler pour moi.

J’esquisse un sourire aimable (mais pas trop).

Comment raconter une histoire comme la mienne sans se faire accuser de mentir, ou pire, de s’apitoyer sur son propre sort. Je ne vais quand même pas lui sortir les violons et les anecdotes d’orphelins pour le plaisir de passer pour un sensible.
Ça porte pas chance d’essayer de se la jouer sensible devant les psychopathes, je vous ferais dire.

« Alors plus originale, je sais pas. C’est qu’on a déjà atteint quelques hauteurs, là… »

Non, moi, à la place, je préfère me moquer d’eux. Mon instinct de conversation est tout pété dans les deux cas, mais là, au moins, ça m’épargne un minimum le charisme.

En plus, avec tout ça, ma cigarette n’est plus qu’une longue cendre, que je laisse s’écraser par terre avec un soupir avant de me brûler les doigts.

« Qu’est-ce que je pourrais dire… Pour ma part c’était – et c’est encore à c’t’heure – une histoire de famille. Un petit conte touchant genre papounet m’a appris à faire les poches quand j’avais huit ans et maintenant j’ai des gens que j’paie pour l’faire à ma place. J’ai fait fructifier mon héritage avec talent. »

Inclinant légèrement la tête, je lève mes deux mains à portée de regard, et agite fièrement mes doigts, et les quelques bagues qui les décorent, comme si elles étaient la preuve irréfutable de mon succès. Ce qu’elles sont, dans un sens, bien que les carats qu’elles pourraient cumuler, sous l’œil attentif d’un bijoutier aguerri, ne soit pas tout à fait représentatif de la comptabilité des Concubines. Celles-là, je les porte plus pour un savant mélange de sens pratique (elles ne se coincent pas dans des trucs et ne gênent pas mes mouvements quand je travaille) et de sentiment (il y en a bien une ou deux qui m’ont longtemps servi de porte bonheur, dans le lot).

« Et en ce qui concerne mes passions, ma foi, j’ai peur de m’en être tenu à des choses un peu plus… classiques. Posséder des choses prendre du bon temps, ce genre de… »

Je ne sais pas très bien où je vais, avec mon baratin. L’idée, à la base, c’était surtout de remplir le silence (et peut-être bien un peu d’aller chercher les limites en matière de patience de mon aimable collègue), mais plus je m’écoute causer, plus le besoin de rediriger cette conversation vers quelque chose de plus participatif se fait sentir. En plus il faut que je me rallume une cigarette.

Miraculeusement, mes yeux en viennent à papillonner jusqu’à  l’éclair brillant que fais sa lame en croisant un rayon de lune. Dès lors, le chemin à prendre est tout tracé pour moi.

« Hm. Puisqu’on en est à parler de possessions : je n’ai pas pu m’empêché de remarquer que ton équipement est… particulièrement original. Je veux dire, loin de moi l’idée de me faire juge en ce qui concerne… enfin, les choix purement stylistiques qui t’habitent, mais tu reconnaîtras que c’est tout de même assez inhabituel, sur la scène qui est la nôtre. »

Oui, je sais, c’est encore beaucoup moi qui parle, là, mais j’aime bien enrober mes questions d’un peu de contexte. Et de beaucoup d’insolence. J’y peux rien, c’est comme ça qu’on m’a fait, il faudra vous y faire…

« Et puis tu admettras qu’entre l’image du petit blaireau qui a besoin d’argent et… l’homme masqué avec son épée customisée, il y a un sacré univers. Et moi j’suis plutôt habitué aux blaireaux qu’aux… toi. »
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Alexander Shah
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MessageSujet: Re: Masque et pierre précieuse [PW Jakab]   Masque et pierre précieuse [PW Jakab] EmptyLun 15 Oct - 15:26

L'air circonspect de son acolyte du soir laisse entendre qu'il ne croit pas plus que ça à l'histoire d'Alexander. Il a beau y avoir mis de la conviction, utilisé un ton qui se voulait convaincant, l'autre n'a pas l'air de mordre. Ou alors il mord, mais dans ce cas là il le cache bien. Quoi qu'il en soit, le mercenaire n'a pas vraiment besoin de changer son discours pour le moment. Juste attendre les questions et tenter de rester crédible dans son récit aussi longtemps que possible. Voire espérer qu'un quelconque signal vienne donner le top départ à leurs opérations nocturnes. Parce que quand on mène une double vie publique et privée, les nuits sont courtes, et le jeune Shah ne cracherait pas sur une bonne grasse matinée. Mais bon, d'abord le business, ensuite le dodo.

Un léger sourire vient barrer le visage de l'homme de Domus. Pour l'heure, c'est à son tour de s'exprimer, puisque le Masque lui a posé une question. Dans le silence de cet appartement abandonné du District, avec des trous dans les murs et des vitres dégueulasses, Alexander attend patiemment. Il est assis en tailleur, le fleuret toujours dans les mains, le visage fixé sur celui de Jakab. De son éducation de riche, Alexander avait bien retenu quelque préceptes : les gamins de Domus étaient au mieux des voleurs à la tire, au pire des apprentis mafieux, et dans tous les cas de la main d’œuvre pas chère qu'on peut exploiter 16 heures par jour sans que personne ne vienne se plaindre. Ça, c'est Papy Denvis qui le disait souvent. Et Papy Denvis était Prince, donc Papy Denvis avait sans doute raison.

Sauf que depuis qu'il avait commencé à mouiller dans des affaires pas nettes, Alexander avait bien compris que Domus ou la Borée représentait des lieux de travail tout à fait charmant. Et pour la première fois, il collaborait avec un gars de Domus. Si sa carrière venait à durer, et le jeune homme espérait bien que ce soit le cas, ce ne serait sans doute pas la dernière. Et puis, malgré tout ce qu'il avait d'irritant, Jakab avait au moins le mérite d'avoir l'air de savoir ce qu'il faisait. Ce qui, dans leur domaine, faisait une grosse différence.

L'histoire de son compagnon d'infortune représente parfaitement l'idée que l'As se fait des gens de Domus. Des mecs doués pour voler des trucs, et qui ne savent faire que ça. Lui avait sans doute un meilleur sens des affaires, puisqu'il n'avait même pas besoin de travailler dans les usines à côté. Les bagues qu'il exhibait fièrement avaient l'air d'être des vrais, bien que le jeune Shah ne soit pas vraiment un expert en termes de bijouterie. Dans la vie publique, il n'achetait des bijoux que lorsqu'il avait une idée précise derrière la tête. Le genre d'idée qu'appréciait beaucoup Alexander Shah, et que Jakab, de ses dires, semblait également friand.

Malgré tout, l'As n'est pas porté sur la chose. Les femmes (ou les hommes, mais lui est plutôt porté sur les femmes), il ne le sait que trop bien, peuvent être très distrayantes. Cette nuit, ils ne pouvaient pas se permettre d'être déconcentrés par un jupon. Peu de chance que ça arrive, mais bon, on était jamais trop prudent.

La discussion revient sur lui, c'était ce qu'il redoutait. Le pourquoi du Masque, pourquoi tout en noir, pourquoi aucune parcelle de peau visible. Pourquoi ce besoin maladif d'anonymat absolu ? Bien sûr, la réponse était évidente, mais dire la vérité n'était pas une option pour Alexander. Rengainant son jouet, le mercenaire se leva et jeta un nouveau coup d’œil par la fenêtre. Sans surprise, il n'y voyait toujours rien. D'un ton mi-blasé, mi-amusé, il commenta.

Il y a une raison pour laquelle je met un masque et je m'habille comme ça. Il y en a plusieurs d'ailleurs, certaines très simples, d'autres plus personnelles.

Il marque une pause, marche un peu au hasard dans la pièce. Il s'ennuie, attendre ce n'est pas trop son fort, même si il y est bien forcé. Alors au moins, il continue de faire circuler le sang dans ses jambes.

Après t'as raison. Entre le connard fauché que j'étais la première fois, et ce que je suis maintenant, il y a une grosse différence. Tout vient avec le temps. Quant à ça...

L'As dégaine à nouveau, montre son fleuret à la lumière de la lune. Coins de la lame bien aiguisé, garde modifiée, pommeau alourdi pour les coups contondants... Il y a bien quelques modifications, mais son fleuret ressemble quand même à n'importe quel autre fleuret pour l’œil d'un néophyte. Un fleuret avec une garde personnalisée, mais un fleuret quand même.

Si tu sais où traîne Marcus, tu sais d'où ça vient.

C'est vrai qu'à la réflexion, si Jakab est au courant des fréquentations de son employeur du soir, le lien est quand même assez vite fait, surtout vu le style d'Alexander. S'il ne le sait pas, en revanche... et bien il fera peut-être le lien un autre jour, quand l'As sera déjà bien loin.
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