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 Danse macabre ~ Malone DuMaurier

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Catherina Damoroff
Excelsien(ne)

Catherina Damoroff

Messages : 72
Fiche : Ici ✩
Vice : Inconstance
Faction : Conservatoire
District : Virtua
Influence : 2456
Occupation : Pianiste
Disponibilité : A peu près tous les jours

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MessageSujet: Danse macabre ~ Malone DuMaurier   Danse macabre ~ Malone DuMaurier EmptyJeu 12 Juil - 12:53

On venait de livrer sa canne à la pianiste, tandis qu’elle se reposait, étale, sur un sofa au cœur de ses appartements.

Cette immobilité forcée lui devenait pesante, sa jambe était étendue devant elle, inerte, et la regarder provoquait chez Catherina une pointe d’agacement tout à fait déplaisante.

Elle avait passé commande pour sa béquille voilà quelques jours, ajoutant bien que cette demande était instamment urgente, mais ils avaient pourtant pris leur temps, les bougres.

Il était hors de question qu’elle sorte avec un bête morceau de bois pour se soutenir, ç’aurait été un terrible aveux de faiblesse. Elle refusait tout bonnement qu’on puisse dire d’elle qu’elle était incapable de vaquer à ses habituelles lubies, bien que ce soit douloureusement exact et qu’elle prenne lentement conscience qu’elle serait cantonnée à ses devoirs durant les semaines à venir.

Son tempérament, à l’accoutumée enjoué, s’était ternis d’une nuance de frustration, qui ne seyait guère à l’égérie.

Cependant qu’Anita, la femme qui venait faire le ménage et préparer ses repas de temps à autre, montait lui remettre sa commande, la pianiste se redressa, le dos bien droit, refusant de laisser poindre la faiblesse à laquelle elle était actuellement réduite.

Entre ses longs doigts, Catherina réceptionna le corps lisse de la canne, orné de quelques motifs floraux qui léchaient les nœuds du bois dont la couleur, préservée intacte par un léger vernis, lui avait été évoquée par son récent séjour hors des limites de la cité. Le pommeau était d’argent, assez lourd, c’était ainsi qu’elle le préférait, il lui donnait un solide point d’ancrage, rassurant.

Elle déambula quelques instants dans sa salle de répétition, zieutant vers son piano, seul témoin de ses pénibles efforts, se reposant contre sa présence rassurante dès lors qu’elle se sentait vaciller.

Las, le temps lui manquait. Avant son départ, elle avait reçu une lettre d’un certain DuMaurier, qu’elle avait déjà eu le fugitif plaisir de croiser dans quelques fêtes et sordides réunions de la Cabale.

Après le succès de Sous la lune, étale, il lui demandait avec une insistance charmante, et un vocabulaire si plein d’éloges que Catherina n’avait pu y rester insensible, d’être l’une de ses interprètes.

Quand elle était partie pour la Fête de la Vie, elle avait mis de côté ce pli, donnant une date ultérieure pour leur rencontre.

Elle n’aurait pu prévoir sa convalescence, mais se refusait tout bonnement de remettre à plus tard cette entrevue.

- L’Art n’attend pas.

Lança-t-elle à son reflet, tandis qu’elle tressait ses cheveux en une complexe cascades de boucles bleues, retombant sur la dentelle vaporeuse qui ornait ses épaules.


Les couloirs du Conservatoire bruissaient de l’agitation habituelle, bien qu’on s’écartât pour laisser passer l’Egérie. Quelques murmures s’élevaient dans son sillage, cependant qu’elle cheminait, accompagnée du bruit régulier de sa canne frappant les parquets cirés, et les larges dalles de marbre.

L’attention de Catherina était bien loin des commérages, davantage tournée vers l’homme qu’elle allait rencontrer.

La fantasmagorie était un genre qu’elle explorait à tâtons, mais auquel elle goûtait avec entrain : il y avait quelque chose de grisant dans ce voile d’incertain qui planait toujours sur ce genre d’œuvres, beaucoup moins simplistes que les grandes épopées où le héros triomphait toujours.

DuMaurier avait réservé une salle pour la journée, et, quand la pianiste l’atteignit, elle ne prit pas la peine de frapper, mais poussa la battant d’une brève pression, débarquant en pleine lumière, son pas claudiquant rythmé par le bruit sec et assuré de sa canne.

- Bonjour ! Oh, je vous en prie, ne vous levez pas, c’est in-u-ti-le !

Lança-t-elle à la cantonade, embrassant rapidement d’un regard tous les comédiens présents dans la pièce, les danseurs, et les musiciens, bien que peu aient pris la peine de lever le fessier de leurs séants.

D’un œil critique, elle jaugea la scène, inspirant profondément les odeurs caractéristiques d’une salle dans laquelle elle avait pénétré des dizaines, voire des centaines de fois. Les maquillages, les huiles, la légère senteur de fumée qui accompagnait l’installation des différents trucages, avec l’échauffement des cordes et des poulies.

Un frisson d’excitation lui parcourut l’échine, lui tirant un immense sourire qui dévora bientôt son visage, lui faisant presque oublier la douleur qui irradiait le long de sa jambe.

Tout de go, elle se dirigea vers DuMaurier, tendant sa main avec son habituelle verve qui imprégnait chacune de ses attitudes.

- Monsieur DuMaurier ! Oh, mais permettez que je vous appelle Malone – vous pouvez évidemment m’appeler Catherina, pardi ! – Quel plai-sir, oui, un plaisiiir de vous rencontrer ! Je vois que vous avez déjà commencé à vous installer !
Elle avait énoncé cela comme à l’accoutumée : d’une traite, à toute vitesse, sans respirer, le ton sous tendu d’une note extatique.

- J’espère que vous m’avez gardé une place pour mon humble personne !

Catherina acheva sa tirade en feignant la modestie, ce qui lui enlevait encore un peu de cette vertu qu’elle ne possédait qu’en réserves limitées et disponibles sporadiquement.

D’un geste de la tête, elle s’inclina devant lui, dans un semblant de révérence, ne pouvant guère se fléchir davantage, et son regard, acéré, se porta bien vite vers la place qu'occupait le piano.
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MessageSujet: Re: Danse macabre ~ Malone DuMaurier   Danse macabre ~ Malone DuMaurier EmptyMar 17 Juil - 12:19

Le Conservatoire baignait dans la lumière d'une journée touchant à son terme lorsqu'Edmund Beo, mécène de Malone DuMaurier, s'annonçait à la porte de la chambre de fortune que le dramaturge avait aménagée dans les quartiers d'une salle de répétitions.

On préparait l'adaptation théâtrale de "Nuit de Prédation", un conte horrifique où il était question de romance plus par besoin d'attirer les foules que réel intérêt de l'auteur. La pièce était surtout un prétexte pour Malone, qui voyait en elle l'occasion d'utiliser les moyens les plus ambitieux jamais utilisés pour une fantasmagorie et n'importe laquelle de ses pièces. Une troupe de trente comédiens -comprenant danseurs, acteurs, et chœurs- avait été sélectionnée parmi les professionnels de l'institut artistique, et DuMaurier lui-même avait fourni une artillerie de machines et lampes magiques. En ce qui concernait les délais, à un mois de jouer la grande première, il ne manquait plus que de savoir si Catherina Damoroff, joyaux de la couronne scénique aux yeux de l'auteur, serait de la partie pour la composition musicale de l'ultime acte.

Jusqu'ici si l'on demandait à notre personnage son avis sur la représentation à venir, il chanterait les louanges des membres du Conservatoire. Les machinistes savaient manier les illusions des lampes aussi bien que les éclairages -soient-ils à trois points, aussi bien qu'en contre plongée- et les acteurs se permettaient assez de libertés pertinentes pour faire de chaque scène intéressante, sans pour autant éclipser les mirages techniques déployés.
Une fois un orchestre au service de la virtuose Damoroff le résultat ne pourrait converger qu'en une incandescente mélopée d'effroi tournée pour le seul ébahissement de la foule. Mais comme tout est relatif à chacun, les critiques trouveraient toujours quelque chose à dire, et tant mieux d'ailleurs, atteindre la perfection était aussi impossible sémantiquement qu'en pratique ; et fort ennuyant en son concept même.

Si a contrario de ses attentes, Catherina Damoroff ne se montrait pas demain DuMaurier avait un certain pianiste à l'esprit même si cette perspective ne l'enchantait guère ; le talent est un cruel cadeau et beaucoup -bien que doués- n'en démontraient jamais une once quelque soit le domaine. Damoroff en était gorgée, l'autre... moins.

Lorsqu'Edmund poussa la porte où trônait une pancarte "Metteur en scène ; attention artiste méchant !" il se dépara avec une scène bien étrange. Allongé sur un lit aux tissus visiblement importés de sa propre demeure à vue de leur qualité, Dumaurier fumait sa pipe à opium de ses doigts fins, en levant sa tête aux traits durs sur deux corps qui dansaient contre le mur face à lui.

N'ayant pas été remarqué par son ami, Beo préféra rester en retraite observatrice quant à ce spectacle ; voir Malone dans son intimité était toujours quelque chose qui le fascinait. Peut-être était-ce là quelque perverse intention, allez savoir.

Les créatures qui s'agitaient contre le mur étaient magnifiques -et peu vêtues- si bien que l'instant d'une seconde, le mécène Oisillon fut convaincu qu'il s'agissait là de deux prostituées venues faire redescendre la pression d'une journée de répétitions. Mais, dans leurs mouvements ondulants, leurs courbes délicieuses, il y avait quelque chose que l'expression de l'artiste vint préciser.
Aussi ravissantes fussent-elles, les damoiselles n'étaient rien d'autre que des chimères translucides, de merveilleuses fantasmagories qui s'exhibaient sans pudeur pour leur créateur.

- Moi qui pensait avoir l'honneur de votre attention en cette soirée, me voilà déçu, Malone.

En l'entendant, l'auteur se redressa mollement sur une pille de coussins de velours rouge et se fendit d'un rire franchement contagieux.

- Faites du bruit pour Edmund Beo, beauté de Domus, remède contre l'ennui et bête transcendante de fougue ! Venez, venez, l'opium est bon et mon humeur farouche !

Edmund se jeta sur le lit sans plus attendre, et apprit ce soir là que DuMaurier pensait que l'avenir réservait aux Hommes un retour dans la Caverne ; ils contempleraient leurs besoins primaires dans de spectrales projections, et assouviraient théoriquement leurs désirs pratiques. Une triste évolution réservée à ceux qui n'avait pas le luxe de jouir de plaisantes compagnies tels l'Oisillon vigoureux.
Leur relation s'étendait sur de nombreuses années, dix au total, remontant à l'époque où Edmund avait mis une raclée monumentale au compagnon de Malone. Ce dernier avait applaudit, contre attente, achevant le pauvre bougre d'un coup de pied en pleine trachée, et scandant furieusement la violence dont il avait été -supposément- victime dans ses bras. Depuis ce soir là les deux hommes s'adonnaient à autant de méfaits moraux que légaux, allant d'orgies en arnaques à une allure délurée, et menés seulement par une amitié à toute épreuve.

Quelquefois, comme en ce moment alors qu'ils fumaient et riaient, en discutant d'affaires comme de beaux fessiers croisés durant la journée, Beo se demandait si le bourgeois DuMaurier aurait pu vivre comme n''importe qui d'autre sans tremper dans les eaux nauséabondes du crime. Mais Malone s'en fichait bien, et était au contraire excité par les activités hors-la-loi si bien qu'après chaque crime auquel il aidait son mécène (souvent en faisant jouer ses charmes en échange de faveurs des douaniers ou membres du Prieuré à la chaire faible) l'artiste Excelsien se procurait une lampe magique.
Aujourd'hui sa collection s'élevait à une trentaine de machines, et comme ils projetaient l'un des dessins animés du dramaturge, celui-ci lui expliquait ce qu'il aimerait faire de son avenir.

Le dramaturge ambitionnait à mêler la magie de la Cabale à ses performances -et aux fumées d'opium qu'il répandait déjà en salle de spectacle pour "éveiller" les perceptions- et ainsi livrer une expérience empirique jamais vue dans le domaine de l'horreur. Beo avait déjà vu les expérimentations de Malone, épaulé par des membres plus expérimentés, au sein des quartiers défavorisés.

Par certains soirs où la Lune brillait plus dangereusement que jamais, il arrivait qu'un groupe restreint descende aux fumoirs d'opium de Domus, ceux qu'Edmund gérait, pour narrer d'indicibles horreurs aux oreilles des âmes égarées. Les hurlements et les sueurs froides étaient les principaux effets recherchés, même s'il arrivait que des suicides et des démences fleurissent dans le terreau instigué par les narratives sous Empathie.
Petit prix à payer pour la gloire de l'art que Malone DuMaurier espérait bien explorer dans les plus brefs délais.

Pour l'heure, DuMaurier usa plutôt de son Empathie pour ressentir les frissons de Beo sous ses sourires charmeurs et ses indécentes propositions, si bien qu'ils finirent par s'endormir de bonne heure -avant le lever du soleil en tout cas- et dans une position qui se serait avérée scandaleuse si un curieux avait poussé la porte avant leur réveil. (Ils partageaient néanmoins un amour pour le scandale, et semblable occurrence aurait tout simplement fait éclater de rire les compères avant qu'une balle perdue, dans quelque ruelle déserte, ne règle le problème de réputation.)

Rien de pareil n'arriva, et le lendemain les deux hommes encadraient les répétitions avec un entrain relatif à une agréable soirée. Beo dut néanmoins répondre présent à un contrôle douanier sur le Port, dans lequel son or serait le bienvenue pour écarter les suspicions -infondées, bien entendu !- sur la cargaison d'un de ses bateaux, laissant DuMaurier seul face à son équipe. Ce qu'il préférait largement.

Au milieu de la scène d'introduction, où la sorcière déchaînait un mal ancien sur un pauvre village, Catherina Damoroff s'annonça à sa manière, c'est à dire comme un ouragan.

- Bonjour ! Oh, je vous en prie, ne vous levez pas, c’est in-u-ti-le !

Lança la pianiste tandis que l'assemblée se suspendait le temps de son entrée, interrompant une énième réplique dont on révisait le ton et les gestes, figeant les lumières en un point centrale, si bien que seul le fond fantasmagorique ; une onirique forêt brumeuse pleine de feux-follets, subsistait en mouvement.

Malone se leva instantanément, encore un peu sonné de l'opium de la veille, et gratifia l'arrivante d'un regard rieur.

- Monsieur DuMaurier ! Oh, mais permettez que je vous appelle Malone – vous pouvez évidemment m’appeler Catherina, pardi ! – Quel plai-sir, oui, un plaisiiir de vous rencontrer ! Je vois que vous avez déjà commencé à vous installer !

Comme dame Damoroff parlait sans prendre la peine de respirer, instillant en Malone un sentiment de vive allure qu'il appréciait, loin de la lenteur de certains esprits insipides, il saisit sa main qu'il baisa courtoisement. Sous un auditoire bondé, inhabituellement silencieux.

- Catherina Damoroff, le plaisir est partagé ! -Nul besoin de vous présenter le fabuleux invité qui nous assistera désormais, envoyez un garçon prévenir les orchestres, le travail se fera en musique désormais !-

- J’espère que vous m’avez gardé une place pour mon humble personne !

- Bien plus que cela, chère collègue, bien plus ! Votre personne mérite les honneurs de l'acte suprême ! -Qu'on apporte un scénario, et un peu de thé pour la demoiselle je vous serais gré, l'assistance !- Venez, installons-nous, je n'ai pour confort à vous offrir que ces sièges de spectateurs et des appartements sommaires à l'arrière, veuillez m'excuser. Mais le piano est quant à lui prêt ! Vous devez avoir moult questions concernant cette collaboration... inopinée, je propose que l'on discute un peu avant de reprendre les répétitions à l'endroit où vous le souhaiterez cette fois. -Tout le monde, prenez une pause, une heure, pas plus, restez dans les environs !-

Intérieurement, et si son interlocutrice usait de l'Empathie pour deviner ses émois, DuMaurier bouillonnait d'excitation.

Il tapota le siège à ses côtés en se rasseyant et admira l'illusion fantasmagorique dépérir sous l'arrêt des lanternes magiques. Les phantasmes de bois maléfiques, pleins d'une brume verdâtre, de spectres discrets et feux étincelants se turent progressivement en ne faisant qu'un avec l'obscurité d'une scène déserte.

Une toile fantasmagorique que l'on effaçait pour permettre un travail nouveau, aux démentes possibilités limitées par l'imaginaire seulement. Quelles nouveautés délicieuses apportait Catherina de son allure fougueuse ?! Que d'excitation !
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