L'Octopus de verre [Winifred]

Voilà déjà presque un an ou deux que tu as repris la boutique, ou plutôt la grande entreprise qu’est la Verrerie Zarzycki. Le nom est resté le même pour plus de facilité et de commodité, sans doute que dans quelques années lorsque tu seras encore plus connu du grand publique en changera tu le nom, mais pour l’instant, ça te va comme ça. Il y a de cela quelques jours, tu as fait parvenir une missive à l’Octo au nom de la patronne, madame Cooper. Tu as déjà pu la croiser a quelques reprises et chaque fois elle ta fait l’impression d’une très bonne femme d’affaire avec un bon caractère alors tu te dis que cela se passera de façon agréable, tu ose espérer le mieux malgré que tu sois d’une nature peu positive.

Vous trouverez sans doute un bon terrain d’entente après quelques verres. Du moins, c’est ce que tu crois et espère de cette rencontre. Ton chapeau haut de forme, une chemise propre ainsi qu’un veston brun foncé et des chaussures cirés. Tu sors ton bel habit des instants important comme tout bon gentilhomme qui se respecte. Un regard sur tes mains torturer par les années de production dans le verre ainsi que sur ce visage encore un peu trop creuser par l’épuisement puis tu quitte ta demeure. D’une part tu te sert du transport en commun et de l’autre tu fini la route à pied. Prendre l’air avant un rendez-vous important est justement de grande importance à ton humble avis.

Souvent tu t’es rendu à cet établissement mais jamais tu n’aurais pensé y venir faire du business. Pas de beuverie ce soir que tu te dis en passant par la porte arrière. En franchissant le seuil de la porte, tu viens retirer ton couvre-chef et te rendre au bar où tu demande à voir la patronne.

« Artemis Fletcher, j’ai rendez-vous avec Madame Cooper. »

Il va de soi que la personne qui se retrouve derrière le comptoir connait déjà ton visage mais sans doute ne t’avait-elle jamais vu aussi soigné et aussi neutre qu’une poignée de porte. Elle s’excuse, te propose de prendre un siège avant d’aller chercher la patronne en annonçant ton nom bien évidemment. Tu ne prends pas place comme la demoiselle te la suggérer, préfèrent attendre debout et garder un certain avantage physique lorsqu’elle arrivera. Tu n’es pas d’une nature très nerveuse, tu crois fermement que tout se passera bien et que tout deux vous serez plus riche l’un et l’autre ou du moins, aurez différentes faveurs. Cette rencontre doit se finir sur une note positive mais tu ne dois pas lui laisser du terrain malgré ton affection pour la dame et son établissement.

C'est pas courant de recevoir des missives du type "rendez-vous d'affaire" car en général, c'était Winifred qui les envoyait.
Tous les trois ans environ, la patronne de L'Octopus avait l'habitude de mettre en bouteille le rhum arrangé qu'elle avait préparé et des préparations, elle en lançait plein à la fois. Tout ce sublime liquide dormait paisiblement dans des tonneaux conservés soit chez elle, soit chez des amis, soit à l'autre bout du monde. Et là justement, le courrier provenait du nouveau propriétaire de la verrerie Zarzycki. Quel nom imprononçable. Elle avait déjà vu le p'tit gars en question, il faisait jeune, en tout cas, plus jeune que la moitié des propriétaires d'établissements de renommée qu'elle connaissait. Jamais elle n'avait discuté avec lui de la verrerie et pourtant, ça aurait été l'occasion, mais bon, peut être ne savait-il pas, les fois où ils s'étaient vus, que Mme Cooper était une cliente du précédent propriétaire ?
Quoi qu'il en soit, Artémis Fletcher, comme il se nommait, devait passer dans la journée, en fin de journée, quelque chose de relativement approximatif qui avait fait que Wini ne s'était pas attardée derrière son bar au rez de chaussée mais était partie faire un petit inventaire à l'étage, des besoins matériels.
Et alors qu'elle donnait un dernier petit coup de balais, Zacapa, qui travaillait pour une fois en bas, fit interrpution dans la pièce où elle se trouvait pour lui signaler l'arriver d'un bonhomme bien habillé, comme elle disait.

- Qui c'est ?
- Je sais pas, j'ai peut être vu sa tête déjà mais sans conviction.
- Il à l'air de quoi ?
- Ben descend !

Winifred lâcha un petit sourire à la belle brune, elle aimait bien ce ton de désinvolture qu'elle pouvait prendre. La mama se décida enfin à se bouger, devinant enfin de qui elle parlait. Elle descendit l'escalier en colimaçon tout en invitant la belle Zacapa à redescendre avec elle, elle tiendrait le bar le temps qu'elle discute avec Mr Fletcher.

- Bonjour, dit-elle en rentrant dans le bar en arrivant derrière le comptoir. Mr Fletcher je suppose ? Je vous attendait. Enfin, plus ou moins, je faisais deux trois bricoles en attendant votre venue. On s'installe au fond de la pièce si vous voulez bien ?

Wini désigna une petite table avec deux chaises, dans un angle de la pièce, près de la porte d'entrée.

Oui, le nom est difficile à prononcer mais en changer ferrais sursauter quelques clients, ce n’est que stratégie que de le garder ainsi malgré le changement de propriétaire même si tu fais visiblement un peu jeune pour le poste tu ne manque certainement pas d’ambition. De plus, l’âge est quelque chose de très relatif, techniquement dans ton domaine tu es un ancêtre. Les gens d’usine ça n’a pas une très grande espérance de vie. Quoi qu’il en soit, tu attends l’arriver de la patronne, non sans faire passer un peu de ton stresse sur le rebord de ton chapeau. C’est toujours un peu le trac avant une rencontre de ce genre, sans doute sera tu incapable de t’y faire un jour. Loin d’une bonne conversation autour d’un verre pour papoter de musique.

Lorsque tu entends les bruits de pas dans l’escalier, tu en profite pour inspirer un bon coup. Tu as quand même affaire avec une femme de beaucoup d’expérience dans le domaine, ce qui malgré tout ne t’as jamais empêcher d’avancer et de foncer. Dans cette grande inhalation, tu as calmé les doutes et craintes de ton esprit pour te concentrer sur les points important et essentiel, tout n’étant qu’une question de mental. Alors que tu vois finalement son visage, tu lui offre un signe de tête poli ainsi qu’un fin sourire, ne laissant rien paraitre de ce qui se passe dans ta tête, en mode joueur de poker.

« Toujours un plaisir madame Cooper. »

Un hochement de tête bien entendu.

« Après vous. »

Concernant la table dans l’angle de la pièce. Dans t’es mains tu n’a pas seulement ton chapeau haut de forme un peu usée mais aussi une petite boite dans lequel tu as ranger quelques matériaux en court de production. Tu ne viens quand même pas les mains vides ! Un peu d’innovation ne fait jamais de mal et peux facilement justifier certains changements de prix. Une fois que vous avez pris place et que ton regard a pu croiser le siens, les jeux commencent. Tu as posé chapeau et petite caisse de bois avec poignée sur la table. On dirait une petite boite d’Apothicariat un peu modifié.

« Je vous remercie du temps que vous m’accorder. Je m’explique, je suis le nouveau propriétaire de la verrerie depuis presque un an, je passe en revue chacun de nos clients. Évidemment pour faire des améliorations au dossier et offrir un bon service qualité/prix. Donc rien de très alarmant. »

Tu préfère la rassurer au cas où elle se serait inquiétée sur la question, ce qui fut le cas de certains d’entre eux que tu as rencontrer au courant des mois qui ont été prit d’une certaine panique à l’idée de perdre leurs fournisseurs.

« J’aurais aussi quelques produits a vous présentez si cela vous intéresse. »

Tu es si formel alors que d’habitude tu ne l’es pas. Tu te montres aussi professionnel que pour tes autres rencontres de ce type.

Winifred s'attendait bien à ce que le petit nouveau dans le domaine se mette à table, non pas pour boire, mais pour parler pognon, et ça n'avait par tardé. Après les quelques politesses classiques, il enchaina avec un petit discours, se terminant par "donc rien de très alarmant". Il pouvait dire ce qu'il voulait ensuite, ça voulait dire qu'il allait augmenter ses prix.

Des produits à présenter à la patronne ? Pourquoi pas. Après tout c'est ce qu'ils faisaient tous et c'est aussi ce que l'ancien propriétaire de la verrerie avait fait. Mais il n'était pas venu à elle, elle était venue à lui car dans le besoin à l'époque. Par la suite ils avaient convenu d'une tarification pour un certain type de bouteille et ils s'en étaient contentés pendant des années et des années. Mais elle n'avait pas de lien avec ce gars là, pour ça qu'elle n'avait même pas tilté qu'il avait revendu l'entreprise, ou bien il était mort ? Comme la livraison de verre se faisait tous les deux ans et qu'elle stockait tout ça dans sa cave et une autre partie dans sa réserve, ça faisait un bout de temps.
Le petit avait intérêt à faire gaffe à ce qu'il allait dire à Mme Cooper car elle n'était pas toujours facile en affaires.

- Bah écoute, déballe moi tout ça que j'y jette un oeil.

Elle l'avait vouvoyé au début, histoire de faire genre, mais déjà que les Princes qui fréquentaient son établissement n'avait que très rarement le droit au vouvoiement, c'était pas un directeur d'entreprise de verrerie au joli chapeau qui allait se payer un tel titre sur la durée. Mais rien d’offensant, c'était sa manière de parler et d'être. Comme pour les Princes, elle leur donnait tout son respect mais ils n'avaient pas besoin d'être vouvoyés pour ça, et niveau conventions sociales, Wini n'était pas très à l'aise, elle aimait faire régner une sorte d'ambiance "familiale" "décontractée" même pour parler affaires. Après tout, c'était plus facile d'insulter quelqu'un en le tutoyant.
Quoi qu'il en soit, elle attendait de voir ce que Mr Fletcher avait à lui proposer mais elle espérait bien qu'aucune tarification n'allait changer, sinon ça allait vite se terminer.

Elle leva le bras et Zacapa arriva, Wini lui murmura un petit mot à l'oreille et la demoiselle revint aussitôt, apportant à la patronne un verre de jus de fruit. Pas d'alcool à cette heure ci, encore moins en parlant affaires.

- Vous voulez quelque chose ? Wini attrapa la carte des boissons et des prix de sous le bras de la brunette Zacapa et la tendit à Artémis.

Augmenter les prix ? C’est l’objectif de tout entreprise mais tu ne va pas le faire sans avoir une proposition ainsi qu’une raison bien valable. Celui qui augmente pour se sentir plus riche ou celui qui le fait pour proposer du meilleur matériel ce n’est pas la même espèce. Le précédent propriétaire était quelqu’un de vraiment charmant et patient, qui ne cherchait pas vraiment à voir plus loin, se satisfaisant de ce qu’il avait sans se soucier que le coût de la vie est quelque chose qui augmente à tous les ans.

Quoi qu’il en soit, la vitesse avec laquelle ton homologue avait changé de niveau de politesse était surprenante. Était-ce parce qu’elle ne te prenait pas au sérieux ? Elle ne serait sans doute pas la première à te voir comme un petit nouveau qui n’y connais absolument rien bien que tu aies appris les ficelles du métier directement de ton prédécesseur. Pour ta part, tu ne va pas lâcher le vouvoiement aussi facilement. Ne serait-ce que par habitude et très certainement pour l’admiration que tu portes à cette femme. Enfin, voilà qu’elle t’a demandé de sortir ton stock. Tu ouvres la petite boite doucement avec les échantillons mais tu arrête ton geste quand Winifred appelle la jeune femme derrière le bar et te propose à boire. STOP ! Pas d’alcool ! La première fois tu avait été berné et bien plumé ! On ne t’y reprend pas deux fois, alors tu réponds tout naturellement ;

« Seulement un verre d’eau merci. »

Tout en faisant un signe poli de la main pour refuser le menu que l’on te tend. Tu lâche un petit rire avant d’expliquer en anecdote ta mésaventure ;

« J’ai appris à mes dépends qu’il ne fallait pas mélanger alcool et affaire. »

Bah oui, tu sais sourire ! Tu n’es pas un type trop coincé une fois que tu te sens plus à l’aise, surtout que tu connais bien l’établissement, alors c’est un peu comme être dans son salon à la maison. Et donc, tu sors devant Madame Cooper un assortiment de différente couleur de verre. Allant du vert foncé, brun, transparent et même opaque ?

« Vous connaissez déjà les matériaux conventionnels, il serait difficile de réinventer la roue. Mais que pensez-vous de ça ? »

Tu glisse vers elle le morceau opaque. Ce qui jusqu’ici n’avais pas été commercialiser. Oui, ce n’est qu’une question esthétique et de quelques procédés relativement différents que pour un verre brun. Après qu’elle a regardé le matériau, ou pas, tu lui sors un petit format de bouteille pour lui montrer le look mais pas seulement, tu as eu une petite touche bien personnalisée.

« Il faut évidemment l’imaginer un peu plus gros et j’ai cru que vous apprécieriez l’attention. »

Ce qu’elle a de particulier ? He bien, il faut le voir pour y croire ? Une bouteille bien particulière, destiné sans doute à un alcool fort et dispendieux, que tu pourrait aussi reproduire plus simplement et a moindre cout.

« J’ai demandé à un artisan vraiment talentueux pour le moulage. »

Oui, tu aime vraiment cette bouteille.

- Hé ma belle, tu serviras un petit verre d'eau au monsieur, histoire qu'il se fasse un plein de salive ? Dit-elle à Zacapa. Pour ce qui est des affaires et de l'alcool, lâcha t-elle en regardant Artémis, je suis tout à fait d'accord avec vous, c'est bien pour ça que je carbure au jus bien frais. Le mélange des deux n'est pas top pour conclure des affaires mais marche très bien pour rencontrer de potentiels contacts intéressants. Parole de tenancière qui voit du monde faire du business autour d'un verre. Et c'est pas d'l'eau.

Si jusqu'à là Winifred sentait le traquenard du commercial, avec son petit bout de verre opaque dont elle n'avait que faire, -elle préférait le verre bien transparent, celui à travers lequel on peut voir le liquide consommé-, là, il venait de sortir un quelque chose qui attira l'oeil de la responsable des lieux.
Ce qui intéressait à présent Winifred, c'était le nom de cet artisan "vraiment talentueux pour le moulage" comme disait Mr Fletcher.

- C'est qui ce gars là ? C'est du beau boulot en effet.

Ce n'était pas pour ce niveau là de l'établissement qu'elle s'imaginait sortir ce genre de gadget, mais plutôt pour sa belle clientèle de l'étage. C'était EUX qui méritaient dans un premier temps de recevoir un bon petit verre de whisky à accompagner d'une petite pipe d'opium - ou d'une petite pipe tout court, en fonction du contexte... -. Mais il fallait voir aussi ce qu'il en était niveau prix, et pour ça, Wini ne passa pas par 4 chemins.

- Combien, tes bouteilles ? Et c'est quoi "plus grand" ? Je tourne majoritairement au 75 centilitres, ça peut se faire ? C'est du... 50 ça, à vue d'oeil ?

La patronne se redressa sur sa chaise, enfin des affaires intéressantes et tape-à-l'oeil. Par contre, si elle prenait un petit lot de ces sublimes bouteilles, il fallait voir ce qu'il allait proposer niveau tarifs pour le reste de sa commande "habituelle", il était toujours hors de question qu'il ne lui offre un prix plus élevé, elle trouverait dans ce cas un autre verrier avec qui faire des affaires.

Est-ce qu’elle se moquerais de toi et de ton verre d’eau ? Quoi qu’il en soit, tu ne fais que lâcher un petit rire de politesse pour ne pas gâcher sa blague. La suite cependant fut beaucoup plus drôle, tu imagine effectivement tout ce qu’elle peut voir en tenant ce genre d’endroit, tu estime aussi qu’elle sait garder ou vendre des informations par le fait même, du moins c’est ce que tu ferais à sa place.

Lorsque tu lui présentas le nouveau matériel tu ne vis pas une ride sur le visage de la dame. Et donc, aucun impacte… faut dire que ce n’est pas tout le monde qui deviens surexcité en voyant un morceau de verre ! Toutefois, tu es plus que content de voir son intérêt pour la bouteille plus artisanale et unique. Si tu ne peux pas l’impressionner avec du nouveau matériel tu peux aussi bien lui plaire avec ce genre d’exclusivité. Un rire s’échappa de ta bouche lorsqu’elle demanda qui était l’artiste, ce à quoi tu répondis naturellement ;

« Voyons, ça ne serait pas drôle si je vous révélais mes sources madame Cooper. »

Tu as cette voix un brin taquin tout en restant poli en tout temps. Une fois le verre d’eau devant toi, tu n’hésite pas en effet à étancher ta soif. Oui, tu parle quand même beaucoup, Winifred a raison sur ce point. Si tu parle autant c’est surtout dans l’intérêt de la compagnie plus que par tes propres habitudes personnelles. Loin t’en déplaise que la dame se mettre à poser des questions, cela signifie qu’elle apprécie et le geste et la bouteille. Tu n’auras donc pas perdu ton temps à vouloir entretenir de bons termes avec l’Octo. Sans doute cela aurait été gênant de revenir ici si la rencontre avait eu un impact négatif.

« Sept Ducats le lot de 20. Le soixante et quinze peux tout à fait ce faire, cette bouteille n’est qu’un prototype, je peux aussi le faire dans du verre transparent selon votre préférence. »

Tu la laisse réfléchir un peu avant d’ajouter.

« Je ne suis pas venu ici dans le but de briser les accords mais plutôt pour poursuivre la bonne entente. J’aime beaucoup votre établissement et je tiens à ce que nos liens soient solides. »

De la main tu désigne la bouteille et reprend la parole encore une fois.

« C’est pour cette raison que cette bouteille vous est exclusif, aucun autre commerce ne pourra la posséder. »

Une bonne partie de ton charme consiste en cette façon avenante de discuter avec tes homologues. Tu ne sous-estime jamais ceux et celle qui t’entoure et encore moins Winifred pour qui tu as clairement de l’admiration.

Rire au nez de Winifred alors qu'elle posait une question sincère était quelque chose qu'elle prenait limite comme un outrage. C'était pas tant qu'elle estimait avoir été bafouée, mais plutôt parce que question de politesse, elle n'aimait pas ça du tout. Alors elle hésita à lui envoyer un flot de parole continue, mais pour une fois, elle prit une respiration et se dit juste que le jeune débutait et qu'il fallait le laisser faire son boulot. Effectivement, il n'était pas obligé de révéler ses sources, mais elle finirait pas le savoir, quand elle avait une idée derrière la tête, elle ne l'avait pas ailleurs. Puis elle retourna dans le vif du sujet car c'était ce qui importait là tout de suite.

- Je vais t'en prendre, 20 comme celle-ci en soixante quinze centilitre et tout autant en transparent. Mais quels sont tes délais ? Si tu me parles de prototype, sommes nous loin de la réalisation de cette commande ?

Winifred n'aimait pas attendre quand quelque chose lui plaisait vraiment et elle voulait la chose tout de suite. Ces bouteilles étaient vraiment belles et correspondaient parfaitement à l'ambiance de l'établissement. Des poulpes collées à des bouteilles, c'était pas quelque chose qu'on voyait quotidiennement et elle n'y avait jamais pensé. Déjà, elle avait de sublimes lustres au plafond à l’effigie des pieuvres, les bouteilles seraient un plus. Et sans le laisser répondre, elle enchaîna.

- J'ai également besoin de ma commande habituelle, celle que je passais à ton prédécesseur, on peut peut être trouver un arrangement sur les tarifs si je te prend le lot de bouteilles classiques en plus de celles-ci que tu me proposes ?

Elle repensa à la dernière livraison de marchandise où un jeune homme, chargé du transport, ainsi que son petit pote, avaient fait des dégâts considérables dans L'Octo en faisant tomber la livraison entière. Mauvaise manipulation qui leur avait coûté leur poste. Winifred ne les avait pas dénoncé, elle avait juste demandé une nouvelle livraison, mais on avait apprit que l'un des gaillard avait sacrément picolé avant de se mettre au boulot, et dans le transport de verreries, c'était un peu délicat.

Mais la tenancière était partie dans les comptes de bouteilles, pour savoir exactement ce dont elle avait besoin. Elle se leva un instant pour aller chercher un carnet derrière le comptoir, dans lequel elle tenait ses comptes en terme de matériel.

Tu ne voulais certainement pas la froisser avec ton rire. Étant donner son tutoiement tu avais cru dans ton droit d’être plus familier et ainsi oser te montrer un peu plus léger et taquin. Heureusement que tu n’as pas vraiment remarquer l’agacement de la dame en face de toi, sinon quoi tu aurais sans doute présenté tes excuses. Oui, tu sens le petit « froid » et que quelque chose là sans doute légèrement déranger mais tu ne mets pas le doigt dessus, aussi te racle tu la gorge en redressant ton dos pour reprendre ton professionnalisme neutre. Le vif du sujet revint assez rapidement. Rapidement, sous ses paroles, tu sorti un petit calepin de note dans lequel tu écrivis ses demandes et besoins.

Tu en profite pour faire quelques petits calculs avant de pouvoir répondre clairement à ton interlocuteur. Sauf que tu n’en a pas l’occasion puisqu’elle reprends assez rapidement en voulant faire baisser le tarif des bouteilles régulières… Ce qui ne t’enchante pas particulièrement. Déjà que tu lui offre l’exclusivité ainsi qu’un bon prix, elle cherche à avoir plus… Ce que tu peux parfaitement comprendre mais que tu ne veux pas lui céder. Oui d’accord, tu as eu souvenir d’un évènement passer avec deux de tes livreurs qui d’ailleurs n’ont pas fait long feu mais est-ce une raison pour négocier des prix déjà bien établi depuis longtemps ? Quoi qu’il en soit tu réponds déjà à ses premières questions.

« Je dirais un délai d’une semaine pour préparer les différents moules et une autre semaine pour la production. »

Ce qui te semble être un délai assez raisonnable ainsi qu’un bon investissement en termes de temps. Tu ne gagnes pas beaucoup avec ce genre d’offre mais ton objectif est de garder un lien solide avec l’Octo. Tu laisse un léger suspend en la laissant aller chercher ses propres notes avant de répondre pour la suite :

« Pour ce qui est des tarifs réguliers, je suis prêt à descendre le prix si vous me garantissez un achat régulier sur les nouvelles bouteilles. »

Parce que mine de rien, c’est dispendieux fabriquer de nouveau moules pour des bouteilles spécialisés, surtout si tu ne les vends qu’à un seul client…

« Comme je souhaite vous garder l’exclusivité, je veux m’assurer de mon propre investissement. »

Que tu explique en prenant une nouvelle gorgée d’eau tout en griffonnant légèrement sur le papier avec ton crayon. Tu es de plus en plus à l’aise et même bien excité de faire des plans d’affaires, c’est toujours un sentiment angoissant au départ mais qui s’avèrent aussi être une monté d’adrénaline vraiment intéressante. Difficile de se lasser de cette émotion addictive. Le crayon toujours en main, tu as enfin lâcher le papier. Vraiment bordélique comme note mais tu te comprends et c’est l’essentiel.

« Si notre accord vous convient, je ferrais taper officiellement le contrat par ma secrétaire et vous ferrais parvenir la paperasse à signer. »

Pas que tu ne sache pas utiliser une dactylo mais que tu as quelqu’un qui peux le faire à ta place alors tu en profite tout comme Winifred as la jolie serveuse a son service pour lui servir un verre si besoin.

Deux semaines au total ? Bah dis donc, c'est qu'il cachait bien son jeu le jeune Mr Fletcher. Des délais aussi minces étaient bons à prendre, en tout cas dans l'optique où l'on est pressé. Winifred était déjà satisfaite de cette première annonce et le fit ressentir car après tout, ils parlaient business et dans le business, faut pas toujours être tout opaque. Si quelqu'un bosse bien, il faut le lui faire savoir.

Le discours qu'Artemis tint par la suite prenait tout son sens et montrait qu'il en avait dans la tête, et ça aussi c'était plaisant. C'est vrai quoi, entretenir une relation professionnelle avec un gus, ça aurait été tout pourri, mais quand bien même elle aurait adoré voir le jeune Artemis ressortir tout pâle à force de subir les négociations incessantes d'Octopus, elle se ravissait de faire affaire avec lui.
Il avait évidemment raison de proposer cette offre, faire un moule juste pour elle devait nécessiter un certain engagement sur la durée de sa part.

- Tout cela me semble très honnête, Artémis. Mais avant de m'engager, je veux bien que vous reveniez avec un exemplaire de cette bouteille au format souhaité, histoire que je puisse me faire une idée. Si c'est plaisant, je m'engage avec toi à faire un achat "régulier", dit-elle en ponctuant de ses mains ce dernier mot.

- Bon, mais en ce qui concerne la régularité, à quoi tu t'attends ? Parce que... Moi, dans l'idée, j'utilise ces bouteilles pour mettre des alcools forts. Mes bouteilles ont un prix. Enfin, le liquide dedans j'entends. Du coup je n'ai pas des achats quotidiens de ces produits (en fait si, mais pas de grandes quantités et elle n'avait pas besoin de le lui dire). Et enfin, les bouteilles ne sont pas consignées mais les gens ne les embarquent pas pour autant. Ils consomment sur place ou bien prennent au verre et il y a peu de casse. Je peux te proposer de faire un achat conséquent annuel pour commencer, quitte à ce que je revienne vers toi si je vois que les bouteilles font leur effet.

Puis plongée dans sa réflexion, Winifred ne s'arrêta pas.

- L'idée que tu m'as fait là, en me proposant ces bouteilles très personnalisées, est géniale. On peut même envisager qu'il y ait un certain visuel de bouteille pour un certain type de breuvage. Une bouteille pour les rhums, une pour les whiskys, une autre pour le vin, les jus... A partir de là, mon engagement sera illimité.

Un homme entra dans la pièce et passa faire un baise-main à Winifred avant de lui demander si elle pouvait aller le voir à l'étage dans l'heure qui suivait, question à laquelle elle répondit par l'affirmative voyant que les affaires avec Artémis allaient se conclure prochainement et de façon plutôt positive pour les deux partis.

Oui, les affaires avec la dame étaient des plus agréables. Chacun pouvant mettre ses droits et besoins et être respecter pour cela. Tu as plaisir à marchander avec Wini’ et tu ne t’en cache pas car après tout c’est l’un des aspects du boulot que tu aime bien, surtout quand ça se passe aussi bien que tu ne l’espérais ! D’accord, tu cède à certaines de ses demandes mais tout te semble très honnête et légitime. Tu passe tes doigts sur ta mâchoire, pensif, caressant légèrement cette barbe de quelques semaines qui te donne un air légèrement négliger mais plus « homme ».

À sa demande, tu hoche la tête. Oui, une bouteille au format demander te semble aussi être une bonne idée. Tu le ferras dans un moule moins dispendieux que celui que tu compte faire. Un moule « test » si on veut, moins résistant mais qui ferra amplement l’affaire pour un modèle plus grand. Tu ne veux pas risquer des frais si jamais la version plus grande ne lui convient pas… quoi que tu sois pas mal sûr de ton affaire et que tu as la prétention de croire que ta bouteille est vraiment magnifique. On ne cache pas ton obsession et appréciation du travail bien fait, surtout lorsqu’il s’agit de verre. Après tout, c’est ton travaille, aussi bien l’aimer, non ?

Encore une fois, tu ne pouvais que te montrer positif face à ses paroles. Elle a bien raison. Le mot « régulier » possède plusieurs sens. Ta vision de la chose n’était pas si différente de la sienne. Ce ne sont pas des bouteilles que l’on utiliserait aussi fréquemment, réserver a des alcools plus « exclusif » alors il était bien naturel que la demande soit différente elle aussi.

« Je comprends et ça me conviens. Je voulais seulement m’assurer qu’il y aura un roulement dans la marchandise. »

Une bouteille du genre, c’est bien joli, mais ses petits détails la rendent légèrement plus précieuse et fragile que les contenant plus usuel. Les matériaux seront aussi solides que le verre le permet évidemment et tu ne lésine pas sur la qualité pour ne pas défaire le nom et la réputation de ton entreprise. Donc tu n’as pas trop peur quant au besoin de la dame, elle devra sans doute t’en redemander d’autres. Elle évoque aussi des variantes et des compliments qui te font bien plaisir à entendre.

« Je travaillerais sur la question avec grand plaisir. »

Que tu réponds sans cacher ton enthousiasme et le plaisir que tu prends à marchander avec Winifred. Tu fais quand même bien attention a ne pas trop déborder devant elle, quand même ! Tu garderas ta joie une fois à l’abri des regards, pour le moment, tu restes assez raisonnable dans le genre. En voyant l’homme entrer dans la pièce pour attirer l’attention de la patronne, tu compris qu’il était temps de conclure. Elle a un business à gérer et tu es dans ses pattes maintenant que les affaires semblent être officiel.

Alors tu te lève lentement, poussant le prototype vers Winifred.

« Je vous en fais cadeau. Je produirais un autre prototype dans le format de votre choix ainsi que les documents officiels avec ce dont nous avons discuté aujourd’hui, je vois que d’autres affaires vous attendent à l’étage et je ne voudrais pas prendre plus de votre temps. »

Te voilà déjà en train de remballer tes petites affaires, ainsi que t’es notes. Prêt à tendre la main vers Winifred pour dire que tout est bien conclu et entendu entre vous deux.

« Ce fut un plaisir et n’hésitez pas à me contacter en cas de besoin. »

Une petite pause alors que tu ajoute sans malice mais plutôt sous le signe de la confidence.

« Je suis heureux que vous appréciez mon travail. Cette pieuvre était un beau défi. »

C’est ainsi que tu lui avoue que tu as personnellement travailler sur la bouteille, que tu es celui qui a sculpter la créature. C’est que tu as un certain talent a force d’échec.

Voilà que tout se déroulait pour le mieux. Madame Winifred Cooper et le brave et jeune Artémis Fletcher allaient conclure leur accord marchand en ces lieux et à ce moment même.
Il ne leur restait plus que la paperasse étant donné que tout le reste avait plus ou moins été établit.
La patronne passa sa main dans ses cheveux pour se recoiffer un peu, pensant déjà à son prochain rendez-vous qui n'avait rien à voir avec celui-ci, même si ça allait parler affaires.
Ce gars qui venait d'entrer était un capitaine d'un grand navire marchand, Winifred concluait beaucoup d'affaires avec ce dernier et au fil des années, ils avaient lié une amitié et il avait été "autorisé" à pénétrer au second étage, lieu privé et tenu secret pour beaucoup.

- Donc, 20 comme celle-ci, dit-elle en désignant le prototype que venait de lui offrir Artémis, ainsi que ma commande habituelle. Je ne l'ai plus en tête mais tu dois avoir les papiers dans ton bureau, si ton prédécesseur te les a laissé, sinon je regarderais. J'ai eu pas mal de casse ces derniers temps, une petite baston qui a mal tourné alors que nous étions en plein après midi et que des bouteilles séchaient près de la fenêtre. Bref, des dégâts comme il en arrive dans ce genre d'établissements.

Puis elle commença à se lever à son tour, pour raccompagner son hôte jusqu'à la porte de sortie tout en réajustant cette fois sa robe pailletée. Elle avait toujours ce look de diva pour une tenancière de bar, mais encore une fois, c'était lié au fait qu'elle avait besoin d'être toujours présentable pour la clientèle, surtout celle de l'étage.

- Merci pour ton présent, je ne manquerais pas de te contacter au besoin, fais en de même.

Puis Artémis avoua son talent, c'était lui le petit malin qui bidouillait de jolies bouteilles, ça c'était une bonne nouvelle, elle qui voulait aller envoyer un de ses employés en mission de reconnaissance pour trouver le mystérieux sculpteur. Plus besoin !

En s'approchant de la porte, tout en félicitant Artémis pour son travail, elle salua les derniers entrants dans le bar.

- Messieurs, madame, je m'occupe de vous tout de suite, un instant je vous prie. Leur dit-elle en faisant un signe de la main à la serveuse du jour pour qu'elle comprenne qu'elle n'aurait pas à s'en charger.

Ceux là n'étaient pas des habitués du rez de chaussée, des têtes inconnues qu'elle se devait vite aller rencontrer.

Elle attrapa alors la main d'Artémis pour la lui serrer, se rencarda une dernière fois pour voir comment tous les deux allaient s'organiser pour la paperasse et le laissa quitter l'établissement, satisfaite.