C'est une journée très particulière qui inaugure la Saison des Vents aux lendemains de la célébration en l'honneur des Navigateurs. Le peuple d'Excelsa attend cette journée-là depuis l'aube de notre année 1126, lorsqu'à la mort de Denvis Shah, le Conseil a élevé Maître Elikia Lutyens à la fonction princière. C'est une journée de réjouissances publiques que personne ne pourra ignorer, même en restant cloîtré chez soi, car dès les premières heures de la matinée, la Ville est entrée en ébullition pour fêter l'investiture du Directeur du Conservatoire. Et en réalité, plus que l'investiture d'un homme, c'est avant tout l'investiture des artistes et des penseurs de la cité, ainsi que de leur faction triomphante trop longtemps mise à l'écart de la politique excelsienne !
L'événement a été annoncé une saison auparavant, lors du discours d'ouverture de la grande course d'avirons, et le communiqué a été relayé essentiellement par la Ligne de Myre qu'on s'est arraché pour apprendre le plus petit détail sur la célébration à venir. Sa date précise est tombée il y a une bonne décade, au moment où la chaleur des Forges est tombée et où l'air est devenu plus respirable. Un vent agréable remonte de la mer. Le ciel est limpide et le soleil rayonnant. Le programme des festivités a été placardé en grande pompe dans tous les districts, et les patrons ont été priés de libérer une journée de congé aux employés qui en feraient la demande.
La plus grande animation prévue pour la journée n'est autre que le Grand Charivari : une gigantesque parade de chars sur laquelle les artistes des quartiers Virtua et leurs élèves travaillent d'arrache-pied depuis la Saison du Repos. Cette folle procession doit traverser non moins de huit districts de dix heures du matin à six heures de l'après-midi ! Vingt chars prennent le départ aux confins de la Ville, séparés en deux cortèges qui remontent chacun un grand axe, d'un côté l'Avenue de Myre, et de l'autre la rive sud du fleuve Cogwell. Le cortège de l'Avenue de Myre passe entre le District Manufacturier et le District du Cénacle, puis longe une partie du District Portuaire avant de s'engager sur le Pont Maha. Le cortège du fleuve, de son côté, parade à travers tout Domus et Sainte-Héléna. Ils se rejoignent au Pont Maha vers quatre heures de l'après-midi et ne forment alors plus qu'une file pour poursuivre leur route sur la grande avenue jusqu'au centre-ville. La parade prend fin sur la Place Gabriel devant le Palais des Princes. Elle aura été accompagnée sur son trajet par des musiciens interprétant des musiques traditionnelles ou encore des airs d'opéra populaires et les chants de la foule en liesse.
Dans les rues et sur les places que les chars doivent traverser, leur arrivée est annoncée de façon bien curieuse par un artiste qui, sans prévenir, au milieu de la foule, entame d'habiles pas de danse au son lointain des fanfares. Accueilli par des rires, des sifflements ou des ovations, l'audacieux est bientôt rejoint par un deuxième danseur, puis par un troisième, un quatrième, et rapidement, le talent des participants à cette performance ne trompe plus personne : la scène n'est pas improvisée ! La folie de leur sarabande se propage comme une traînée de poudre, c'est un galop qui s'empare de gens par poignées, qui tout à coup gagne la rue entière et la fait vibrer de la même cadence. Plus loin dans les entrailles de la ville, la rumeur de la parade approche, se répète en échos, et enfle jusqu'à former un énorme bruit de foule. Et voilà les chars qui se déversent un par un dans l'avenue, avec leurs féeries turbulentes. Ils sont précédés par une autre troupe de danseurs qui s'évanouit, épuisée, comme un essaim de lucioles, pour laisser le nouveau bataillon d'artistes prendre la tête du convoi ! Ils seront relayés à leur tour à la prochaine étape, de sorte que la gigantesque procession est sans cesse guidée par de nouveaux virtuoses endiablés qui appellent le peuple et l'emmènent toujours plus loin vers les beaux quartiers et le cœur d'Excelsa.
Les chars eux-mêmes ont été l'objet d'un travail minutieux du Conservatoire et chacun est décoré somptueusement, dans un style parfois tapageur, et parfois même énigmatique. Tout d'abord, trois immenses calèches dans chacune des deux processions se livrent sur leur route à une Bataille des Fleurs avec la foule, à laquelle des carnavaliers costumés lancent des gerbes de fleurs de saison – mimosas, œillets, gypsophiles, iris, marguerites ou limonium... Il en faut des plantes de toute couleur et de toute sorte pour orner les chars eux-mêmes et sculpter sur leurs planches des meutes d'animaux sauvages et de créatures fabuleuses, qu'on détruit au fil de la traversée.
Puis vient le défilé des chars allégoriques qui représentent des tableaux de toute sorte. Une bonne part d'entre eux sont dédiés aux arts. On trouve par exemple, au départ du District Manufacturier, les « Toiles Vivantes » où des danseurs costumés, sur un char, donnent vie à des peintures célèbres qu'ils reproduisent au moyen de chorégraphies variées et des couleurs évocatrices de leurs déguisements.
Au cœur de la procession en provenance du District Domus, certains reconnaîtront peut-être les acteurs de la Maison des Sélénites sur le char consacré à la musique, « La lagune aux sirènes ». La voiture est conçue à partir d'une gigantesque sculpture à l'effigie d'une créature marine, dont les mains jouent avec une lyre. C'est de la « Lagune » que viennent les chants d'opéras populaires portés par la foule. Déguisés en sirènes, en naïades et en ondines, les figurants usent de leurs voix envoûtantes dans des reprises et des improvisations de haute volée, qu'ils ponctuent de danses et de rires au milieu de leurs musiciens.
Parmi les chars allégoriques, on compte aussi le « Carrousel des Mondes Marins», qui ressemble en tout point aux bateaux à aubes qui circulent sur le fleuve. Montés sur trois niveaux, des rails sont installés sur le char pour faire voyager des automates sculptés à l'effigie des créatures inquiétantes qui peuplent la surface de la mer jusqu'à ses abysses. Les quelques carnavaliers affectés à cette voiture sont habillés en marins et veillent à la bonne marche technique de cette structure – la plus sophistiquée de la parade. En début d'après-midi, quand la chaleur commence à peser, ils jouent avec la foule qu'ils arrosent d'eau au moyen de petits canons fixés sur les bastingages.
Mais le Grand Charivari n'est pas qu'un divertissement destiné à la distraction du quotidien, à l'oubli, ou à l'aliénation, c'est aussi un moment privilégié pour le peuple d'exercer sa citoyenneté. Plusieurs chars ont été conçus à des fins satiriques, quoi qu'en respectant toujours l'atmosphère joyeuse de la fête. Prenant départ au District Manufacturier, le char baptisé « A la gloire du Progrès » est surmonté d'un immense mannequin sculpté à l'effigie d'un homme d'affaires (Industriel, politicien, marchand ?), appuyé à une tribune de laquelle il semble déclamer une tirade. Il est affublé d'un chapeau haut-de-forme et d'un masque de Pierrot qui imprime à sa figure une expression de tristesse exagérée. Aux pieds de l'épouvantail s'amassent des seaux et des seaux de confettis dorés en forme de ducats, où pataugent des figurants grimés en ouvriers. Ils pellettent ensemble les fausses pièces et les jettent dans une bouche monstrueuse qui exhale des nuages de fumée, située entre les deux pieds de la statue. Leur ouvrage semble infini car un système de ventilation permet aux confettis de s'éparpiller à nouveau sur le plancher du char. D'autres figurants, déguisés cette fois en hommes et femmes d'affaires à l'image du grand mannequin, bombardent la foule de ducats de temps à autres, en armant de gros canons à confettis.
Du côté de Domus, ce sont deux chars arrimés l'un à l'autre qui présentent à la foule une parodie des scènes qui se jouent quotidiennement dans les rues excelsiennes. La voiture de tête représente un coq noir aux dimensions monstrueuses et la voiture de queue, qui poursuit la première, est fabriquée à l'image d'une tortue. Les deux carrioles sont peuplées d'étranges êtres costumés, armés de longues matraques. A l'avant, ce sont des diables noirs habillés de grandes plumes ébouriffés, et à l'arrière, des diables rouges dont les armures bizarres rappellent de grosses carapaces. Ils sont tous armés de longues matraques et tentent de bastonner la foule de chaque bord de leurs chars, ce qui chaque fois est un échec pitoyable car leurs armes qui semblent rigides ploient mollement sur les épaules du public. Ce spectacle de polichinelles devient plus désopilant lorsque les deux vilaines engeances se rappellent leurs vieilles bisbilles et commencent à se faire la guerre d'un char à l'autre, chacun tentant d'atteindre l'ennemi à distance au moyen de son grand bâton. Souvent, les diables rouges et les diables noirs se jettent des projectiles – des friandises et parfois des fruits trop mûrs – qui tombent souvent parmi le public.
Partant de Domus, on rencontre aussi un char conçu à partir d'immenses mains tendues vers le sol, dont on devine les manches de costumes et aux doigts desquelles sont emmêlés des rubans. Au bout des rubans, des figurants entravés par leurs poignets à la façon de marionnettes, sont déguisés en caricatures d'artistes divers, du peintre au chef d'orchestre. Parfois, les ficelles cèdent et se dénouent, tandis que les carnavaliers se débattent, et certains d'entre eux exécutent joyeusement des danses avec leurs rubans. Les autres restent attachés aux mains sculptées au-dessus de leurs têtes et se livrent à des performances acrobatiques semblables dans les cirques au tissu aérien.
Cependant, on ne se livre pas qu'à de purs spectacles sur les chars. En tête de cortèges, aussi bien au District Domus qu'au District Manufacturier se situent les Chars de l'Abondance, chargés de distribuer de la nourriture aux mains qui en réclameraient. Il s'agit souvent de pains chauds, et de brioches fumantes, mais aussi de sucreries destinées aux enfants. A la sortie de Domus, le Char de l'Abondance désormais vide devient l'Arche des Bienfaisants. Le Char de l'Abondance à la sortie du District Manufacturier est simplement évacué, car une Arche des Bienfaisants le suivait déjà dans la procession.
Quiconque dans la foule en fait la demande peut grimper sur l'estrade fleurie des Arches et être acclamé facétieusement par les carnavaliers et par le public, car ces chars servent à la collecte d'argent pour des œuvres de charité. Les mérites des donateurs et leur générosité sont vantés haut et fort à la foule par un personnage costumé de pied en cape, qui s'amuse parfois à ponctuer ses éloges de moqueries et de dérision.
A l'approche de la parade, quand la musique se fait entendre, une liesse irrésistible s'immisce dans tous les cœurs et un sentiment mystérieux s'affaire à dérider les plus grognons parmi la foule. Bientôt, les danseurs, les chars, les chants, les orchestres et les performances sont là. Elles engloutissent l'avenue dans une vague d'euphorie que rien n'explique et que personne, sur le moment, n'est en mesure de questionner. Parfois, l'impression est plus intense que d'autres, où elle soutient simplement la bonne humeur naturelle du public. Et puis, la parade passe. L'entrain fabuleux qui régnait dans les rues s'étiole paresseusement dans les rues, où le peuple demeure un peu ivre, et entièrement repu.
La traversée d'Excelsa est longue et on peut remarquer parfois que la parade s'arrête pour permettre à d'autres figurants de remplacer leurs camarades exténués, mais aussi pour le confort des chevaux qui tirent les chars. Ce sont le plus souvent ces bêtes de traie qui font avancer le défilé, mais quelques voitures – les plus imposantes – disposent de hautes cheminées et sont conduites par des moteurs à vapeur.
En marge de la plus grande attraction, d'autres manifestations sont prévues au programme de la journée. De bon matin jusqu'à quatre heures de l'après-midi, le Conservatoire organise des concours artistiques en plein air sur le prestigieux Pont Maha. Alléchés par des prix inédits ou bien des sommes d'argent rondelettes, des citoyens de tout poil – beaucoup d'amateurs, mais aussi des artistes indépendants et des étudiants – se sont réunis là-bas avec leur vieil matériel ou leur attirail du dimanche. Une estrade fleurie s'est montée pour l'occasion et sert à mettre en valeur les candidats aux auditions de chants et de musique. Le Prince Compositeur a promis de financer une date de récital pour le grand vainqueur à l'Opéra. Il ou elle accompagnera également les dauphins au Palais des Princes, le soir-même, pour faire démonstration de leur talent parmi l'orchestre qui animera le Bal.
Sur une autre estrade, on déclame des vers et des exercices de style, ailleurs des peintres couvrent leurs toiles de couleurs libres d'exalter la façon dont leur apparaît le monde, des dessinateurs imitent des beautés naturelles sous les pointes graciles de leurs crayons et de leurs fusains... Des sculpteurs, d'autre part, taillent la pierre, le bois ou cisèlent le métal pour donner corps à leurs visions. Les œuvres des vainqueurs auront l'honneur d'être exposées au Musée d'Excelsa.
Mais à quatre heures de l'après-midi, les artistes doivent avoir plié bagage, car le cortège de chars venu du District Manufacturier s'apprête à traverser le Pont.
Au District Sainte-Héléna, sur la Place des Explorateurs, un autre événement attend les Excelsiens : une heure avant le passage de la parade le long du fleuve, chaque citoyen est invité à participer au tirage au sort du Grand Charivari animé par la très aimée Madame Cooper, patronne de l'Octo. Sur les programmes placardés à travers la Ville, le Prince Compositeur promet aux gagnants une place offerte à l'Opéra le soir-même pour la représentation de sa nouvelle œuvre, mais aussi une invitation au Bal du Palais des Princes. Quelle que soit l'origine des participants, sociale, géographique, ou de faction, cette opportunité leur est offerte et le Conservatoire s'engage à prêter costumes et parures aux heureux élus, s'ils désirent se laisser pomponner ! Bien sûr, il ne faut pas manquer le tirage au sort qui a lieu à trois heures de l'après-midi et est effectué par la main innocente de Madame Cooper, pendant qu'on assiste au passage de la parade le long de la Place des Explorateurs.
Toutes les animations prévues au programme peuvent compter sur la protection et de l'extrême vigilance du Prieuré, dont les soldats encadrent la parade du début à la fin, pour prévenir en particulier les accidents. Les chars ne sont jamais à l'abri d'un dysfonctionnement mécanique, après tout, et la foule d'être troublée par des agitateurs.
Une fois les deux cortèges de chars réunis à la sortie du Pont Maha, ils ne font plus qu'une seule file et remontent jusqu'à la place Saint-Gabriel, où la fête se poursuit en mêlant les citoyens les plus aisés aux habitants des Districts les plus éloignés qui ont eu le cœur de suivre la parade depuis leurs confins. Les orchestres animent les réjouissances jusqu'au cœur de la nuit, qui sera couronné par un glorieux feu d'artifice.
Soyez les bienvenus à ce nouvel événement !
Comme indiqué précédemment, la fête d'investiture se déroulera en trois parties, et vous lisez présentement l'introduction de la première étape, celle de la parade du Conservatoire ou du « Grand Charivari ». J'aimerais vous exposer ici le fonctionnement du jeu en quelques points.
1.
Tous les membres sont invités à participer ici, s'ils le souhaitent, et à décrire ci-dessous quelle a été la journée de leur personnage en cette occasion toute particulière. Nous vous demandons en revanche de limiter votre récit à
un post uniquement. Si vous voulez approfondir une interaction avec un autre personnage joué, dans le cadre du Grand Charivari, vous êtes libres évidemment
d'ouvrir un topic annexe à celui-ci et de rp en toute tranquillité ! (Merci seulement d'indiquer dans votre titre que vous liez votre topic à la fête.)
2. Il n'y a
pas d'ordre de posts défini, écrivez ici quand bon vous semble, mais attention à ce qui aura été écrit précédemment ! Respectez la cohérence de vos décisions avec celles qui auront déjà été prises. Vous pouvez prévoir de jouer
des démarches à plusieurs, si vous voulez que deux personnages joués passent la journée ensemble, par exemple, ou qu'une altercation ait lieu entre un personnage joué et le vôtre. Mais n'oubliez pas qu'ici, tout se fait en un post et un post seulement.
3. Toutes les animations décrites ici peuvent être prises en compte et
vous pouvez en devenir les acteurs à votre gré. Que vous fassiez un don à l'Arche des Bienfaisants, que vous participiez aux concours artistiques du Pont Maha, que vous soyez peut-être figurant sur un char, ou que vous vous mesuriez aux Prieurs pour troubler le déroulement de la parade, vos actions publiques auront un impact, petit ou grand, dans un futur proche ou lointain. Des journalistes couvrent l'événement et ont l’œil aux aguets, c'est peut-être le moment d'en profiter. Mais vos talents pourraient aussi par exemple trouver la protection d'un mécène privé ou du Conservatoire, qui sait ?
4. Pour ceux qui s'interrogeraient, c'est bien la magie d'Empathie des quelques cabalistes présents durant la parade qui accompagne les chars à travers Excelsa et que vos personnages pourront ressentir. Bien sûr, cette faculté étant un secret pour toute la ville excepté pour certains officiers fort importants du Prieuré, le puissant enthousiasme qui s'exerce sur la foule est un mystère complet pour le commun des mortels ;)
5. Pour les participants intéressés, prenez bien en compte que
l'animation du tirage au sort a lieu dans un topic séparé où vous devrez poster pour que votre présence soit effective. A 14 heures dans le jeu, vos personnages pourront s'inscrire à la loterie et à 15 heures, au moment où la parade arrivera à la Place des Explorateurs, on annoncera les noms des heureux gagnants !
6. En ce qui concerne
le nouvel opéra d'Elikia, vos personnages pourront y assister dans le jeu à 20h. Évidemment, la représentation ne fera pas l'objet d'un topic comme celui-ci, mais vous êtes libres d'ouvrir les vôtres à l'Opéra pour y faire ce qui vous chante ;) Une description du spectacle sera bientôt postée là-bas pour les curieux et ceux qui désireraient s'en faire une opinion !
7. Je poste bien entendu ce topic au Pont Maha pour plus de commodité. Vous aurez compris que si vous écrivez ici, cela n'empêche pas votre personnage de se trouver à n'importe quel endroit de la ville :)
Anonyme parmi la foule ou grand personnage salué à tous les coins de rue, c'est un jour d'opportunités à ne pas manquer !
Si vous avez la moindre question, ma boîte à MP est ouverte ! Merci de votre attention et bon jeu !