Winifred Cooper était suante à son réveil, un peu brutal. Des larmes perlaient sur ses joues, des petits cheveux étaient collés à son front et son oreiller transpirait tout autant qu'elle.
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Elle raconte :
C’est une petite réception qu’on fait là, à la maison. Pour notre dernière journée à Excelsa, on va bientôt déménager.
On fait des photographies avec Warwick, Rivière, Opthimus, maman et moi, Elikia est aussi là. On sort, on dirait la cour de la maison d'Excelsa dans un premier temps puis qui se transforme vite en un lieu de verdure sur une colline avoisinant Viminal. Il y a une grande cage à oiseaux au milieu de la cour, il y a du monde qui arrive par le petit chemin de la maison. Dans cette cage immense il y a hamsters, cochons d’inde, lamas (eh oui)… Tout le monde regarde les animaux qui sont dans la cage, un petit singe manque de s’en y échapper. Maman est là.
Je regarde un petit groupe d’hommes non loin de nous. Ils regardent en direction de Viminal avec inquiétude. Je regarde dans la même direction et je m’aperçois que le ciel au-dessus de la cité est noir, un orage se prépare. Je le montre à maman avec un clin d’œil « on va se taper un sale orage ». Puis je re regarde dans la direction que les hommes ne lâchent pas. Je vois au loin, des gens par centaines courir en sortant de la ville, ils sont très loin, mais on comprend très bien qu’ils fuient quelque chose. Je cherche la menace à l’horizon, puis je la trouve : un zeppelin a perdu le contrôle, il se dirige dangereusement non pas vers la cité, mais droit sur nous. Il est immense, très puissant et il y a beaucoup de monde dedans. Je le montre très rapidement à maman, je pars en courant vers le sens opposé ne sachant pas où il va aller, je tire maman avec moi par le bras et là, je me souviens que nous avions convenue d’un chose il fut un temps : Si on venait à mourir, maman me dirait où était placé mon biberon dans ma chambre de bébé. Et à ce moment elle me dit dans notre course : « Ton biberon, ton biberon était dans un angle de ta chambre, l’angle droit » et moi dans ma course (je vire à droite voyant le zeppelin se transformer en une espèce de bombe géante) « et moi je t’aime ». Au moment où j’allais pour sauter un petit muret qui me semblait pouvoir me sauver, la bombe explose.
Je me vois m’envoler sous une explosion monumentale, je devine le corps de maman soufflé à côté du mien. Puis plus rien.
Je suis devant un journal, dans un fauteuil brun, confortable, un endroit que je ne reconnais pas. Mais qui me semble toujours être la maison d'Excelsa. Dans la rubrique infos on parle d’une bombe qui a soufflé beaucoup de bâtiments importants, on voit plein de photographies de l’accidenté, comme un documentaire catastrophe. Et je me dis « mais, j’y étais… j’ai vécu l’accident ». Mais je suis indemne, et j’ai tout oublié de ce qu’il s’est passé depuis l’explosion, et comment je suis arrivée là.
Puis je change de lieu, je suis dans un hall de gare, très étroit et très sombre, je regarde sur la liste des victimes et recherchés voir si j’y suis, mais je ne m’y vois pas. Est-ce parce que la démarche n’a pas été faite ou juste parce que je suis en vie ?
Retour devant un autre journal placardé sur un mur je regarde les listes des disparus/décédés, on parle de milliers de personnes mortes. Je n’y trouve pas mon nom, mais j’y inscrit le mien par doute. Rivière est dans le canapé à côté de moi, et lis son journal. Je vais la voir et lui dit : Bon, si je suis morte, dit à tout le monde je veux que du monde vienne à mon enterrement (je lui montre une liste de personnes qui devraient venir à mes funérailles…). Rivière dit qu’elle me voit, et je lui dit, « oui, mais c’est étrange, j’ai été propulsée par la bombe, j’étais juste à côté, impossible que je sois encore en vie ». On se demande alors si elle n’est pas la seule à pouvoir me voir. On conclut donc un marché, j’accompagne Rivière en bas, dans la cuisine où se trouve probablement maman, et Rivière lui parlera de moi. On descend donc, maman se fait un café, dos à nous. Rivière dit « Winifred est là » et maman répond, en se retournant en pleure « si seulement… ». Je comprends donc que je suis morte. Voir maman pleurer de la sorte me fend le cœur, je suis là , je la vois, elle non. Je dis vite à Rivière : « Dis lui que je suis contente de savoir où se trouvait mon biberon ! » Et là, je me réveille… sans savoir si oui ou non on a réussi à faire comprendre à maman qu’on pouvait communiquer à travers Rivière.