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 Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva

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Feriel Kiana
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MessageSujet: Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva   Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva EmptyDim 5 Aoû - 18:10

L’imposant bateau se dressait à quai, sa coque miroitant dans les reflets du zénith. Il n’était pas loin de midi, le port était en effervescence. Des marins allaient de ci de là en s’alpaguant à grands renforts de cris. Les dockers chargeaient les dernières cargaisons, suant sous le soleil de plomb, que pas un nuage ne venait voiler.

Le ciel était d’un bleu implacable, la mer d’huile. Une journée parfaite pour sortir en mer, songea Feriel alors qu’elle se donnait le temps d’observer le Saint-Virgile, une lueur d’approbation dans l’œil.

Elle aimait trop excelsa pour la quitter, partir guerroyer, contre quiconque, pirates ou étrangers belliqueux. Abandonner l’enceinte de sa ville chérie lui aurait fait trop mal, elle aurait eu l’impression de manquer à son devoir, pour autant elle portait une certaine admiration à tous ceux qui se jetaient à l’assaut d’horizons lointains pour la gloire de leur patrie.

Il fallait bien que chacun accomplisse son rôle pour le bien être de la Ville, or de ce qu’en savait Feriel, Maeva O’Fell était une femme rigoureuse qui avait réussi à se bâtir une flotte puissante.

La prieuse avait déjà eu l’occasion de venir se promener dans ces parages, pour ses patrouilles, ou simplement pour le plaisir, et la vue de la marine était toujours un rappel bienvenu de la force que devait représenter Excelsa.

Le Saint-Virgile en étant sans nul doute un véritable joyau. Feriel n’avait vu l’Amirale que quelques fois, durant des cérémonies officielles, ou quand O’Fell passait au Fort pour s’entretenir avec le Premier Prieur.

Légèrement paranoïaque, blasée, l’enquêtrice n’était pas du genre à idolâtrer qui que ce soit, mais au moins avait-elle un a priori positif, ce qui était, pour sœur Feriel, déjà énorme.

Apprendre que quelqu’un avait attenté à la vie de l’amirale avait échaudé les sangs de la prieuse. Pas à cause de la personne qu’on avait voulu atteindre, mais à cause de ce qu’elle représentait. Pour Feriel, c’était comme si on avait voulu s’en prendre à la cité elle-même. Une véritable insulte, en somme, qu’elle ne comptait pas laisser impunie.

Elle avait eu l’insigne honneur d’être chargée de quelques interrogatoires sur cette enquête. Elle avait sauté sur l’occasion, bien décidée à débusquer le coupable, même si elle devait se rendre elle-même dans cette campagne lointaine où avait eu lieu l’attaque.

Bien entendu, Feriel n’était pas seule sur le coup, mais elle ne désespérait pas que son gantelet de métal se referme tout de même sur le coup du félon, ou d’un des parjurés. Car, elle en était persuadée, on ne fomentait pas une telle affaire seul.
Pire que tout, des prieurs avaient été tués. Ses frères et ses sœurs. Ce n’était donc même plus une question de patriotisme.

C’était personnel.

L’enquêtrice avait fait demander un rendez-vous auprès de l’Amirale, ne pouvant pas débarquer dans son bureau sans préambule. Pour l’occasion, Feriel avait essayé d’atténuer un peu l’austérité guerrière de ses tenues, en retirant la mailles, et rajoutant de simples renforts de tissus, un peu comme sur un costume de parade, les colifichets encombrants en moins.

Sa lame demeurait à son côté, malgré tout.

Après plusieurs minutes, la prieuse fut invitée à monter à bord du navire de guerre, puisqu’on avait certifié qu’elle était bien attendue.

On la mena sur le pont, où l’air marin fouetta les voilures carmin qui entouraient son visage, avant de l’amener au bureau d’O’Fell, où sa guide disparut pour annoncer la Sœur à l’Amirale.

Parler à des gens importants, ce n’était vraiment pas le fort de Feriel, bourrue et s’exprimant sans le moindre détour généralement. Elle se prépara donc mentalement à saluer, ne donnant généralement pas dans les courbettes, et adoucissant son ton en prévision de l’entrevue.

Son carnet de notes était glissé dans son pourpoint, boursouflé par les années à être griffonné sans cesse et emmené partout. L’interrogatoire était de loin la partie la plus ennuyeuse de l’enquête, surtout quand il n’était pas contre un suspect, mais il fallait bien s’y plier pour arriver au cœur de l’action.

Feriel, méthodique, ne s’y soustrayait donc jamais.

Elle fut arrachée de ses ruminations intérieures quand on l’invita à entrer. La prieuse se présenta sur le seuil, et inclina à peine le chef.

- Amirale. Je suis la Sœur Feriel. J’ai quelques questions à vous poser quant à votre agression et aux évènements de Viminal. N’ayez crainte, je serai brève.

Tandis qu’elle parlait, le regard de l’enquêtrice balaya la pièce sans omettre le moindre recoin, avant de s’arrêter sur le visage de Maeva O’Fell.
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Maeva O'Fell
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MessageSujet: Re: Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva   Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva EmptyMar 7 Aoû - 5:51

Un nouveau télégramme.

Il est signé de l'une des mains les plus appliquées de la flotte Excelsienne et assure à l'Amirale le maintien à jour de l'un des navires les plus anciens que cette force ait à sa disposition. Elle promet également la présence de son maître à une réunion entre les commandants de vaisseaux sur le pont du Saint-Virgile d'ici quelques jours. Les formules de politesses propres aux vifs d'esprit sont remplacées par un rapport d'efficacité qui sied grandement aux yeux dorés qui parcourent le document, aucun incident à déplorer, aucun retard d'amélioration, les jeunes classes assignées au navire se font très rapidement à leur nouvelle vie et certaines paraissent très prometteuses. Le papier rejoint les autres, sur un coin du bureau rustique déposé au centre d'une pièce sans autre artifice que ce qui peut servir à un stratège et administrateur : des cartes, des instruments de mesure, un télégraphe personnel, des livres de comptes et de recensement, et bien d'autres choses. Aucun effet personnel ne dérange la vue de la dame d'acier dans cet espace si oppressant au premier venu. Entourée de quatre murs d'acier sans fioriture, avec une lourde porte de fer blanchi pour seul lien physique avec le monde extérieur, le tout éclairé à la lueur de lampes électriques perchées ci et là dans la pièce spartiate, la trentenaire se sent apaisée là où le commun des mortels tend à manquer d'air. Une grande carafe d'eau, sur sa droite, attire ses yeux d'or alors que son ouïe capte le fracas de pas sur la ferraille de l'autre côté de la porte close : quelqu'un approche.

Son aide de camp lui indique l'arrivée de Sœur Feriel, un nom que l'Amirale avait entendu sur moins de lèvres qu'elle l'aurait souhaité, car sa mention signifiait souvent qu'une affaire était résolue et le déclin de la criminalité au sein de la Cité, et si elle n'avait jamais eu l'occasion de converser avec elle malgré ses escapades sporadiques au Fort, elle ne lui ferait pas l'insulte de féliciter sa rigueur.

Les personnes aussi efficaces se devaient d'être prises comme exemples, et non vantées comme des héros.

L'aide est renvoyée quérir la femme en rouge tandis que celle en blanc, prévoyante, sert deux verres d'eau qu'elle dispose sur le bureau en face de deux lourdes chaises de fer. Ce faisant, elle dégage la plupart des documents disposés sur le plan de travail et les classe de façon à les retrouver une fois cette discussion terminée. Un nouveau télégramme sort de la machine qu'elle ne prend pas la peine de lire avant de le ranger à part, sur un coin encore inoccupé du bureau, face contre le bois.

Faire taire les questions qui rudoyaient son esprit avait été d'une simplicité alarmante, elle n'avait eu qu'à se lancer à corps perdu dans le travail. Recenser la moindre munition, le moindre départ à la retraite et la plus humble recrue dans le navire de transport le plus insignifiant. Réorganiser les méthodes de communication et gérer les comptes de la Flotte, préparer des réunions stratégiques ici et là, se tenir au courant de l'évolution des coûts de production qui l'intéressaient particulièrement, et bien d'autres tâches dont elle ne s'occupait que partiellement d'ordinaire. L'Amirale avait besoin de garder la tête froide pour réfléchir, et si elle avait la certitude que quelqu'un l'avait trahie, Maeva était rapidement arrivée à la conclusion qu'elle n'arriverait jamais seule à débusquer le félon. Alors, plutôt que de boire la tasse et de s'étouffer avec des problèmes insolubles, la cadette des O'Fell s'était attaquée aux tâches de son quotidien, car elle allait enfin pouvoir confier ses démons à quelqu'un de confiance.

Quelqu'un de compétent.

La porte s'ouvre sur cette personne, rougeoyante et sévère, de celles dont l'expression vaut plus que tout long discours. L'Amirale remarque la célérité de son œil unique, et attend qu'il ne se repose sur elle avant de répondre.


– Entrez, Sœur Feriel, prenez place, je vous attendais.

Elle répond à son salut d'un similaire, et tend son bras vers le siège disposé en face du bureau. Son éternel uniforme tranche immaculé quelque peu avec le teint incolore de la pièce, mais ce n'est rien comparé à celui de son interlocutrice. L'aide de l'Amirale fermera la porte derrière la Prieuse, laissant les deux femmes seule à seule dans l'une des parties les moins fréquentées du Saint-Virgile.

Une nouvelle feuille sort doucement du télégraphe, que Maeva dépose par dessus sa consœur non-lue dans la même position. Elle s’assiéra un peu avant Feriel si cette dernière accepte l'invitation, les yeux – légèrement cernés, quoiqu'elle n'admettrait devant personne manquer de sommeil – toujours tournés vers le visage de l'enquêtrice, encore que leur attention sera attirée par l'épée bâtarde portée par la Sœur. Elle-même ne porte guère plus qu'un poignard à sa ceinture, mais garde un pistolet posé dans un compartiment accessible d'elle-seule sous son bureau.


– Nous pouvons commencer.

Ses yeux clignent un peu plus lourdement qu'elle ne l'aurait souhaité, signe que ses heures de sommeil passées sur de longues lettres et feuilles de calculs commencent à lui peser. Une brève gorgée d'eau et un rabrouement mental suffisent à calmer les faiblesses de la chair, mais teintent son air glacial d'une pointe de lassitude qu'elle s'efforce d'effacer de ses traits et gestes. De plus, elle ressent, en son for intérieur, une légère esquisse de malaise en présence de cette femme à l’œil si vif, l'espace autour d'elle, pourtant si familier, semble se restreindre encore un peu.

Est-ce là un aperçu du ressenti qu'ont ceux qui se retrouvent en face à face avec la Prieuse Feriel ?

Intéressant...
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Feriel Kiana
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MessageSujet: Re: Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva   Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva EmptyVen 10 Aoû - 0:06

Quand l’Amirale lui proposa de s’assoir, Feriel hésita.

Dans un interrogatoire classique, comme elle en menait tant, elle serait restée debout, pour dominer de sa taille son interlocuteur. Cependant, ici, il était plus censé d’aborder la femme sur un pied d’égalité.

O’Fell avait un maintient strict, un port droit, dur, qui plut immédiatement à la prieuse. Le type de femme avec qui elle aimait frayer, décidée et capable. Maeva emblait fatiguée, cela n’échappa pas à la Sœur, et… remontée comme une horloge. Cela, l’enquêtrice ne savait si c’était un état naturel, ou si cela avait un lien avec les légers cernes qui s’égaraient sous les yeux d’or de la Dame Blanche.
Beaucoup de travail, peut-être ?

Feriel tira la chaise, s’assit, le dos raide. Elle délassa son épée, et posa la ceinture où pendait le fourreau près d’elle. Ça non plus, ce n’était guère poli, mais en vertu de sa fonction, de son rang, et de sa paranoïa, il était impossible pour elle de sortir désarmée. C’aurait été un aveu de faiblesse de devoir dissimuler un couteau ou quelque ustensile du genre tandis qu’elle portait les couleurs de son ordre.

D’un geste, la Sœur tira son carnet, et l’ouvrit, à une page relativement vierge, faisant un peu tomber son voile sur ses épaules, pour être plus à l’aise. La mine de graphite, usée, était légèrement mordillée de nervosité au bout, témoin des longues heures d’insomnie durant des affaires insolvables, fut empoignée par la main gantée, prête à s’activer sur le papier.

D’abord, Feriel prit le temps de dévisager l’Amirale. De sa face, à son uniforme. Des petits détails de son bureau, au télégraphe qui ne cessait de s’activer dans un bruit caractéristique mais passablement agaçant.

Du plus général au particulier. Elle voulait être bien sûre de saisir le personnage. Austère, mais d’une austérité étriquée. Le genre à se tenir d’un port impeccable, comme toujours investie d’un éternel devoir.

Le militaire prototype, avec la prestance en plus, en somme. Une femme avec une poigne de fer glissée dans un gant d’acier. C’était la digne représentante de la flotte excelsienne, mais elle fit l’impression à Feriel d’être une sorte de vitrine incarnant parfaitement et viscéralement son rôle. La personne derrière était difficilement perceptible, à part s’il s’agissait du genre à faire de sa fonction sa vie entière.
Probable vu le statut.

Après cet examen, et forte de ces suppositions, ayant réussi à dresser un tableau qui rassurait la prieuse, parce qu’elle pouvait désormais cadrer à peu près la conversation sans avoir l’impression de perdre pied, la Sœur songea qu’il était temps de rentrer dans le vif du sujet.

L’œil unique, sensiblement pénétrant, à l’iris d’ambre, quitta le regard d’or de Maeva qu’il avait brièvement accroché pour se reconcentrer sur ses notes, cessant sa courte mais pénétrante observation.

- Amirale O’Fell, j’ai eu brièvement vent, par quelques rapports, de la situation. Des témoins oculaires parlent d’une femme, qui vous aurait agressé alors que vous étiez dans les thermes. Il me faudrait plus de détails quant à ladite agression : type d’arme, profil de la coupable, contexte… Je vous précise que tout détail qui pourrait vous revenir en mémoire, la moindre phrase prononcée, le moindre signe distinctif, pourrait m’être utile. Mais avant, je cherche à retracer le théâtre exact de la scène, pour comprendre les tenants et aboutissants.

La voix de la prieuse était calme, et elle s’efforçait toujours de parler de manière distincte, lentement, articulant chaque mot, comme si elle les martelait. Son ton se voulait un peu moins sec qu’à l’accoutumée, parce qu’elle parlait avec le gratin, et elle se racla la gorge pour encore l’adoucir, même si sa phonation était naturellement rocailleuse.

- Bien entendu, vos suppositions, et les pistes que vous pourriez déjà avoir, sont les bienvenues. N’hésitez pas à m’en faire part, dans un second temps. Je prendrai des notes, elles seront directement transmises à ma hiérarchie, sentez vous donc libre d’être aussi exhaustive que vous le souhaitez.
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Maeva O'Fell
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MessageSujet: Re: Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva   Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva EmptyLun 27 Aoû - 3:19

Une sensation étrange et désagréable enserre petit à petit l'esprit de l'Amirale, une sorte d'inconfort, de malaise même, de ceux que l'un ressent lorsqu'il se trouve dans une situation dont il n'est pas véritablement maître. Une sorte de poids au fin fond de sa conscience qui alourdit ses membres et accélère déraisonnablement le flux de ses pensées, quelque chose s'approchant sans véritablement s'y assimiler à cette dépréciation des réunions mondaines qui la taraude à chacune de ces occasions. Une gène plus intense, provenant d'un point unique qui l'analyse comme une lentille s'imprègne des moindres détails d'une calligraphie afin d'en deviner les défauts. Une sorte de…

Vulnérabilité.

Toute déraisonnable que soit cette impression, la dame blanche met un certain temps à récupérer la concentration nécessaire à la levée du charme. Elle qui n'a ni raison ni l'habitude de craindre ou de redouter se trouve en ce moment face à un vis-à-vis dont le regard est plus acéré qu'un poignard, plongeant au travers de ses défenses jusqu'aux moindres détails de son maintien, jugeant, analysant, concluant.

Un véritable œil de lynx.

Le son du télégraphe la ramène à la réalité, un mouvement devenu mécanique retire la feuille de la machine avant de la placer, face vers le sol, sur la pile des rapports à lire. Ses yeux d'or soutiennent celui de son interlocutrice avec un intérêt renouvelé, cette prieuse semble avoir une emprise naturelle sur autrui, un talent indéniable pour quelqu'un de telle profession.

Une marque de compétence, voire d'excellence.

Comme lors de ses classes, l'Amirale se permet un temps de silence plutôt que de répondre de but en blanc à la Prieuse. La femme aux yeux d'or revit une nouvelle fois la scène des bains de Viminal, le message d'alerte, son réflexe défensif, la lutte brève mais intense, sa mémoire musculaire crispe ses mains et les muscles de ses bras à ce seul souvenir, tandis qu'elle remue et pince les lèvres au rythme de ses respirations d'alors. Elle revoit le visage de son assassin, l'éclat de sa lame sur la margelle, le contact de sa gorge au creux de son bras…


– J'étais à Viminal sur conseil de mes proches pour prendre du repos, incognito.
Elle insiste sur ce mot, mais ne s'y arrête pas pour l'instant. Je me reposais dans les thermes avant la fête, je me reposais le dos contre la margelle après qu'une conversation ait tourné court avec une jeune femme aux cheveux noirs et à la couleur de peau basanée. Quelques secondes plus tard, cette même jeune femme criait mon nom comme pour m'alerter. J'ai plongé et me suis mise en sécurité avant de remonter à l'air libre, face à une rousse très athlétique et désorientée. Elle avait glissé sur de la vaisselle lancée par celle qui m'a averti, par malchance ou précipitation. J'ai préféré attaquer sans poser de questions étant désarmée. J'ai d'abord tenté de l'assommer, mais elle a résisté et m'a repoussée, voulant sortir de l'eau pour récupérer son arme. Alors je l'ai tuée, étranglée sous l'eau après l'avoir tirée au fond avec moi. Lorsque je suis remontée, la femme aux cheveux noirs était partie et, quelques minutes plus tard, je tentais de rejoindre les Prieurs en faction à Viminal, je pense que vous avez appris leur sort.

L'Amirale marque une pause, elle a parlé suffisamment lentement pour que la Prieuse puisse prendre des notes si cela lui chantait, sans pour autant se donner l'air de dicter. Le télégraphe reprend son ballet de plus belle, laissant à la cadette O'Fell le temps de chercher dans sa mémoire un détail qu'elle aurait omis. Elle reprend avant que le rythme de l'appareil ne cesse.

– La lame de la jeune femme n'était pas faite pour le combat, c'était une arme d'assassin, tout comme son corps. Sans son étourderie, la lutte aurait été bien plus rude en tout cas. Mais nul doute qu'elle était formée au combat et qu'il ne s'agissait pas d'un assassin de bas étage. Des témoins de cette tentative, personne n'a tenté d'intervenir, et je n'ai rien discerné de leurs réactions.

Une nouvelle pause, la scène lui paraît bien reconstituée et le télégraphe requiert son attention. Elle retire un nouveau rapport de la machine qu'elle place avec ses compères, si ses comptes sont bons, il devrait s'agir de l'avant-dernier et elle peine à refréner sa curiosité lorsque ses doigts frôlent le papier industriel.

D'autres affaires requièrent son attention dans l'immédiat.


– L'assassin n'a ni crié ni parlé, la personne qui m'a avertie m'a simplement dit ''Attention, Madame O'Fell'' car je lui avais demandé de ne pas mentionner mon grade. Encore une fois, personne, à part un nombre restreint de personnes, ne devaient savoir que je me trouvais à Viminal.

Elle espère intérieurement que Sœur Feriel lui demandera la liste de ces personnes, encore qu'une pointe au creux de son ventre l'empêche de la divulguer d'emblée. Il lui paraît toujours si inconcevable que l'une de ces personnes soit un traître, et l'énoncer à voix haute transformerait cette possibilité en réalité, une réalité difficile à affronter.

– Aucune suite ne fut donnée à cette tentative, même alors que je me trouvais exposée sur une place publique lors de l'incendie de l'auberge ou sur le chemin du retour. Ma survie n'était donc pas un secret, soit les commanditaires manquaient de moyens, soit ils avaient trop confiance en leur rousse.

Son langage corporel ne fut guère aussi loquace que sa langue. Ses mains reposant sur les accoudoirs de sa chaise ne se sont levées qu'à quelques occasions pour frotter son menton dans une mimique de réflexion, retirer la feuille du télégraphe, ou, à l'instant présent, prendre une longue gorgée d'eau du verre préalablement posé devant elle. Son visage fermé perché sur un dos droit est tout tourné vers la Sœur Investigatrice dans l'attente de ses prochaines questions, inversant très volontairement les rôles d'évaluateur et d'évalué pour juger de la pertinence des réactions de la femme en rouge.

Si elle devait lu
i confier son destin, elle s'assurerait que la femme en rouge saurait qu'en faire.
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Feriel Kiana
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MessageSujet: Re: Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva   Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva EmptyJeu 30 Aoû - 12:18

La pointe de graphite émettait un son régulier sur le vieux papier, alors que Feriel prenait en notes, synthétiquement, tout ce qui lui semblait important dans le discours de l’Amirale.

Quasiment tout, en fait, parce que ce que disait O’Fell jetait un sacré voile d’incompréhension sur toute l’affaire. Quelque chose clochait, tout était trop simple, et à la fois trop compliqué.

Auprès de Zolt, Feriel avait réellement cru à un ennemi de l’extérieur, mais… Seuls des proches étaient au courant du départ de l’Amirale ? Alors quelqu’un avait trahi. Un compatriote. Ce serait sûrement la question la plus difficile à poser, surtout auprès de quelqu’un de ce rang-là. Demander une liste de tous ceux qui savaient, de tous ceux qui auraient pu parler.

Comment avoir encore confiance en son entourage après un tel évènement ?

Brièvement, la prieuse eut un élan d’empathie, bien vite arrêté par son froid professionnalisme. Elle s’arracha à ses notes, et de nouveau, en revint à l’Amirale.

- Ils ont mis le feu à l’auberge en guise de dernier mouvement, même alors que vous étiez tout près. Ils avaient encore des moyens. Il est impensable que la même personne qui vous a porté atteinte ait également tué les prieurs. Donc l’un d’eux courait toujours.

Cherchait-il à effacer des preuves, dans l’auberge ? A couvrir sa fuite par l’incendie ? C’aurait pourtant été une parfaite diversion pour fondre de nouveau sur l’Amirale, pourquoi ne pas avoir saisi cette chance ?

Feriel commençait à être persuadée qu’il lui manquait un élément clef dans cette affaire, qui expliquerait tout. Avec un peu de chance, ce serait résolu avec le mystère du corps de la rousse, mais il y avait surtout ici une absence de motivations probantes.

O’Fell était certes une femme importante, mais qui dans son entourage aurait bien pu vouloir lui faire du mal ? Mieux, qui aurait accepté consciemment qu’elle reparte en vie, après avoir monté tout cela ?

Et pourquoi ? Des prieurs morts. Tous morts. Une incapacité des forces de l’ordre à réagir. Une Amirale en cible devenue beaucoup plus aisée. Pourquoi n’avoir pas saisi cette chance après avoir été aussi loin ?

- Ils se sont donnés beaucoup de mal, de préparation, pour être finalement à court de possibilités en cas d’échec. Je…

La prieuse croisa ses mains sur ses cuisses, prenant une grande inspiration. Ses traits étaient fermés, mais pas froids, simplement austères, alors que son regard demeurait acéré malgré l’état d’ébullition dans lequel se trouvaient ses pensées.

- Je pense qu’on tente de nous mener en bateau, aussi j’aurais encore deux questions, Amirale O’Fell.

Et quelles questions ! Epineuses, comme toute cette affaire. Feriel se tenait tellement droite, que son dos semblait redressé comme un i, malgré sa légère appréhension, ses lèvres articulèrent très naturellement la suite, de ce même ton lent, mécanique.

- Dans un premier temps, il me faudrait savoir pourquoi on aurait pu vouloir vous nuire. En dehors du fait que vous êtes l’Amirale d’Excelsa. Avez-vous proféré des paroles qui auraient pu déplaire à quelqu’un, et, Madame…

Imperceptiblement, le ton de la prieuse se fit encore plus atone. Cela ne plairait sûrement pas à O’Fell, mais la sœur avait elle l’habitude de trouver des moutons galeux au sein du troupeau. Il était possible que, une fois encore, le souci vienne de l’intérieur.

- … Je veux dire déplaire à des citoyens dans notre belle cité même. J’ai conscience que ce soit difficile à envisager, mais je ne souhaite écarter aucune piste. En ce sens, pourriez vous me transmettre la liste de toutes les personnes de votre entourage qui savaient, ou auraient pu savoir, que vous étiez partie de la cité à ce moment ? C’est très important.

Le plus dur était dit. Feriel ne pouvait désormais qu’espérer qu’un élan de patriotisme déplacé ne viendrait pas annihiler toute l’enquête, et que l’Amirale ne prendrait pas la mouche que l’on puisse soupçonner certains de ses proches.

C’était malheureux, mais la corruption se cachait partout.
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MessageSujet: Re: Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva   Ce qui ne nous tue pas ferait mieux de courir ~ Maeva Empty

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